La perception de l’imaginaire peut nous entraîner parfois dans de curieux méandres intellectuels. Tiens, prenons par exemple cette toile illustrée par cette photo à la une de cet article, une peinture acrylique aux couleurs chatoyantes que l’on doit à l’artiste icaunais Jacques NIOGRET, dont une trentaine d’œuvres sont visibles jusqu’au 08 décembre – jour de l’Immaculée Conception soit dit en passant ! – à l’Espace culturel de Gurgy. Certains y voient une représentation du Christ sur la croix. D’autres, plus terre-à-terre, imagine la représentation de rubans permettant de contenir un bouquet de fleurs accrochés à une poterne ! Quoi qu’il en soit, l’exposition de ce peintre ne laisse pas indifférent !
GURGY : Ses sources d’inspiration se nomment Jean MIOTTE, Fernand ROLLAND ou Nissan ENGEL. Des maîtres de l’abstraction et du collage, forme d’expression artistique qui favorise aujourd’hui l’épanouissement créatif de Jacques NIOGRET, un peintre bien connu dans le terroir de l’Yonne, travaillant à partir de l’acrylique, qui nous régale durant un mois avec une exposition, permettant de traduire plusieurs époques imaginatives de sa vie. Pour cette première visite en l’espace culturel local, le garçon nous a gâtés !
D’une part, par la quantité d’œuvres suspendues aux cimaises du site. D’autre part, et surtout, par la qualité de l’ouvrage. Un peu timide face à la presse, Jacques NIOGRET n’en explique pas moins l’approche de son travail, devant ses toiles qui traduisent ses envies créatives entre 2023 et 2024. Lorsqu’il vivait dans la région Aquitaine. L’artiste avait jusque-là privilégié les expositions collectives. Avec les Artistes Contemporains Icaunais. Mais, également avec d’autres structures qui lui auront permis de présenter ses tableaux du côté de Parthenay (Deux-Sèvres) ou de La Roche-Posay dans la Vienne.
Un autodidacte qui avance pas à pas dans sa carrière artistique
C’est avec le collectif « 4’Arts » qu’il nous revient en 2023 en terre de l’Yonne, lors du fameux Salon d’Automne pictural, accueilli au parc des expositions auxerrois. Une poursuite collaborative qui lui va à ravir puisqu’il enchaînera depuis le début de l’année avec des manifestations proposées à la bibliothèque d’Appoigny en février ou en mai à la salle gothique de Vézelay…
Un artiste autodidacte qui avance pas à pas dans sa vie créative déjà fort riche, glanant au passage des récompenses ayant salué son cheminement artistique que ce soit en 1986 où il reçut le premier prix du Lions Club de Sens ainsi que le prix du public lors de l’édition du Salon d’Automne des Amis des Arts à Auxerre, cette année-là.
Depuis 1982, Jacques NIOGRET est dans le circuit artistique régional, où il s’efforce de développer une peinture intuitive, libre, spontanée et « profondément personnelle ». Prévoyant de poser ses toiles à la Médiathèque de Saint-Florentin en 2025, l’artiste balade son pinceau entre le figuratif et l’abstrait, laissant la libre interprétation à celles et à ceux qui contemplent son travail. Parfois se situant à la limite de l’art spirituel où les croix sont omniprésentes sur ses tableaux.
Une dominante côté couleur : le rouge comme au pays Basque !
Quant à la couleur rouge, elle prédomine l’ensemble de l’œuvre. « Le rouge, je l’ai apprécié lors de mes déplacements réguliers au pays Basque ! ».
C’est sa rencontre au château du Tremblay avec Fernand ROLLAND qui le fait basculer irrémédiablement vers l’abstrait, où la pensée peut davantage vagabonder.
Parmi les projets, Jacques NIOGRET prévoit d’autres tableaux à présenter comme ceux réalisés à base d’écorce d’arbres, de bouleau et de platane, ainsi que des collages, associés à des techniques mixtes.
Ancien judoka et rugbyman, le natif de Montargis (Loiret) se retrouve aux côtés de ses œuvres tous les mercredis, samedis et dimanches après-midi l’Espace culturel de Gurgy jusqu’au 08 décembre. L’entrée étant libre : il faut en profiter pour y pénétrer, discuter avec lui et investir dans ses toiles…
Thierry BRET
Revoilà en ce mois de novembre, et plus précisément à la date du 16, une programmation culturelle à l’estampille de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne (SSHNY) à se mettre entre les oreilles ! Surtout il ne s’agira pas nécessairement de littérature ni de poésie, mais bel et bien de…musique, cette fois-ci ! A travers l’œuvre de la fameuse poétesse icaunaise, Marie NOEL, et d’une conférence assurée par une musicologue, en son antre qui fut sa demeure…
AUXERRE : Ce n’est pas la facette la plus connue de la poétesse auxerroise. Pourtant, l’œuvre mérite intérêt. Sa passion pour la chose musicale servira de trame didactique pour une conférencière de qualité, en l’occurrence la musicologue Marie-Dominique PELLET, de décortiquer avec minutie et talent les partitions figurant dans sa bibliothèque musicale.
L’exercice, cette conférence proposée dans le cadre des animations culturelles et intellectuelles de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne (SSHNY), est attendu par les puristes des belles lettres et autres admirateurs de l’écrivaine. La conférencière offrira l’opportunité de découvrir le travail de composition de Marie NOEL à travers l’écoute d’extraits sonores. Elle y évoquera ses sources d’inspiration, les techniques utilisées pour créer une atmosphère émotionnelle riche, ainsi que le processus de création des œuvres depuis le premier manuscrit jusqu’aux versions éditées et enregistrées.
Marie NOEL et la chanson, c’est tout un programme en vérité ! Comme le soulignent les titres de ses recueils de poèmes « Les Chansons et les heures », « Chants et psaumes d’automne », « Chants d’arrière-saison »…
L’entrée sera libre, sans réservation à la Maison Marie Noël, au numéro 1 de la rue éponyme, au cœur d’Auxerre, et ce, à partir de 16 heures, le samedi 16 novembre prochain. Attention : le nombre de places est limité !
Thierry BRET
C’est l’évènement du mois à l’espace MOUV’ART auxerrois. La présence artistique d’une créatrice de talent surfant sur l’originalité de ses pièces de feutre et de textile où son imaginaire nous offre un vagabondage de l’esprit étonnant : Stéphanie BODIN. L’exposition s’installe dès lundi, avant son ouverture le lendemain. Une belle opportunité de découvrir « Rêver l’Obscur » de cette esthète du travail de la laine cardée, feutrée, modelée en mode enchanteur et onirique.
AUXERRE : Depuis plusieurs jours, elle inonde les réseaux sociaux de messages invitant à la découverte de sa nouvelle présentation officielle de son travail. L’artiste de l’Yonne possède la maîtrise de la communication dans sa stratégie relationnelle. En parler, encore et toujours, via les outils numériques mais pas seulement. La presse, aussi, est à son écoute. La preuve !
Le retour de Stéphanie BODIN à Auxerre doit se savourer comme une succulente confiserie fondant délicatement sur la langue. Après sa précédente intervention au Domaine de l’Ocrerie à Pourrain, la dame pose ses valises – ses œuvres à la typicité éclectique dirons-nous plutôt – dans l’un des endroits que les férus de la culture locale apprécient beaucoup -, cet espace MOUV’ART réservant toujours d’excellentes surprises.
De quoi parle-ton cette fois-ci avec Stéphanie BODIN ? D’une série de coiffes et de masques en feutre de laine dont elle a le secret conceptuel. Toutefois, l’artiste ajoutera d’autres pierres dans cet édifice textile avec notamment la fabrication de gilets en feutre. Une matière qu’elle affectionne tout particulièrement pour assouvir sa féconde créativité.
Le bonus supplément d’âme : les ateliers de création
Clin d’œil à l’époque et au calendrier, Stéphanie nous gratifiera d’une représentation très réussie de…champignons ainsi que de fleurs en textile ! Rien d’hallucinogène dans l’interprétation de « Rêver l’Obscur » en variante végétale mais les champignons pourront se présenter de multiples couleurs quant à leurs chapeaux : bleu, jaune, rouge, marron et même rose ! Tous les goûts sont dans la nature, non ?! Particularisme : quelques « Vénus » de feutre, étranges personnages un peu mystiques, seront également dévoilées au regard curieux des visiteurs.
Si le vernissage est prévu le samedi 09 novembre à 18 heures, il sera bon de noter sur les agendas deux autres dates se rapportant à cette exposition fleurant bon le climat automnal fait d’humus et de pluies, le 10 novembre et le 17 novembre. Deux matinées dominicales où à partir de 10 heures, des ateliers feutrage de la laine sur site seront assurés en présence de l’artiste. Un petit plus dans cette animation, façon supplément d’âme, afin de bien appréhender et de dévoiler les techniques du feutrage de la laine cardée. Un bonus que Stéphanie BODIN expérimente pour le plus grand plaisir de celles et de ceux qui se passionnent pour son travail…
En savoir plus
Exposition Stéphanie BODIN
Espace MOUV’ART Auxerre au 02 Rue de l’Yonne
Du 05 au 17 novembre 2024
« Rêver l’Obscur » (coiffes, parures, gilets, parures…).
Du mardi au vendredi de 14h à 18h
Samedi et dimanche de 14h à 18h
Entrée libre.
Inscriptions pour les ateliers au 06.13.88.37.17.
Vernissage le samedi 09 novembre à 17 heures.
Thierry BRET
En 2019, elle s’investissait déjà dans ARTEM en qualité de trésorière. Depuis peu, elle vient de succéder à Rémy GEMBLE, à la tête de la structure associative culturelle auxerroise. Quoi de plus naturel, en somme, pour cette dynamique personne qui aime les artistes et l’un des lieux les plus emblématiques de la ville où ils peuvent se produire, la fameuse péniche cabaret de « La Scène des Quais ». Mercredi soir, Marie CHIMAY est montée sur l’estrade pour lancer la cinquième édition du festival faisant travailler les zygomatiques, « Rire à flots »…
AUXERRE : Elle est ravie, Marie CHIMAY ! Pour débuter sa présidence à la tête de l’association ARTEM – une locution latine signifiant le talent et le savoir-faire entre autres -, la nouvelle responsable de ce concept encourageant la créativité artistique a pu s’appuyer sur une programmation de très belle facture, mercredi soir, inaugurant la première des quatre soirées du festival « Rire à flots », en compagnie de Mathilde PELEN, gérante de « La Scène des Quais ». Un judicieux préambule marquant la période du cinquième anniversaire de la structure associative qui sera célébré début décembre.
Une entité que les Auxerrois connaissent bien désormais, puisque associée au développement et à la pérennité des projets culturels qui sont accueillis au cours de l’année sur la péniche demeurant à quai, en plein cœur de la capitale de l’Yonne. ARTEM, outre la présentation de spectacles en variante « seul en scène » ou en petite formation, c’est également l’encouragement des jeunes comédiens et artistes non répertoriés dans les réseaux de diffusion structurés en mettant à leur service un espace scénique pour leur permettre de jouer dans des conditions optimale. A l’image de ce festival « Rire à flots » qui arrive à point nommé pour dérider une atmosphère, on ne peut plus lourde et délétère par les temps qui courent.
« Nous souhaitons partager ensemble des émotions, des créations, de la détente, de l’amitié, des rencontres, à travers le rire, explique l’interlocutrice, cela va de l’absurde à la compagnie, à titre d’exemple… ».
« On aime avoir le cœur joyeux à « La Scène des Quais »… »
Un rire qui se sera donc invité dès hier soir pour tous les goûts et tous les âges à l’occasion du lancement de ce cinquième rendez-vous avec des artistes un brin déjanté mais tellement drôles.
« Le rire est un état d’esprit, ajoute Marie CHIMAY, ici, à « La Scène des Quais », on aime bien avoir le cœur joyeux et fêter le rire comme il se doit. Ce sont des spectacles de qualité que la commission spectacle a visionné en Avignon lors du festival. Cette année, elle ne nous a pas déçue en ramenant de belles pépites à apprécier jusqu’à dimanche ».
Fidèle, le public devrait être présent à ce cinquième rendez-vous. Des férus de l’endroit mais aussi de nouveaux spectateurs, parfois extérieurs au département, dont les pas les conduisent aux abords de l’Yonne près de cette singulière embarcation à quai.
La nouvelle responsable apportera-t-elle sa griffe particulière à la structure associative ?
« Je ne l’a vois pas sans le collectif, rétorque Marie CHIMAY, l’association repose vraiment sur une équipe de bénévoles, des personnes qui cooptent de nouvelles recrues, avec son binôme féminin à la tête… ».
Une excellente manière de défendre le spectacle vivant, tout en soutenant Mathilde PELEN, l’âme de cette péniche culturelle qui n’a pas fini de nous épater par l’éclectisme et la qualité de ses programmations, insolites et décalées, mais très réussies…
Thierry BRET
L’intitulé de l’exposition, présente à l’Espace culturel de Gurgy, a été une source d’inspiration du regretté Alain BASHUNG. « Madame Rêve ». Et ses paroles si envoûtantes, au phrasé érotique qui évoquent dans une sorte de lancinance répétitive l’art du plaisir en solitaire en version féminine. Une ode à la masturbation et à la libération de la femme, datant de 1991, extrait de son album, « Osez Joséphine ». De l’érotisme à peine voilé, il y en a aussi dans le travail original et intense, fruit de longs mois de réflexion, de la plasticienne franco-suédoise, Catherine RYMARSKI. « Des songes de nuits d’été » qui se muent en expériences troublantes et intimes où une quarantaine de femmes racontent sans pudeur par le son, l’image et l’écrit leurs rêves. Des plus étranges aux plus charnels…
GURGY; « Madame rêve d’archipels, de vagues perpétuelles, sismiques et sensuelles… ». Les puristes de la chanson française auront sans nul doute reconnu les paroles de l’un des tubes de ce trublion hexagonal, Alain BASHUNG, en digne héritier d’un certain Serge GAINSBOURG. Le rêve et son importance. Le rêve et sa signification. Le rêve, dont on n’ose parler parce que parfois trop libidineux. Le rêve, dont l’humain se nourrit toutes les nuits. Et qui le rend plus fort le jour venu…
L’intime, le désir, l’amour, mais aussi la peur, les doutes, le cauchemar, la mort. Autant de sujets disparates mais effleurés de la même manière dans la nouvelle création originale de l’artiste plasticienne Catherine RYMARSKI. Une exposition se situant aux antipodes de ce qu’elle a pu nous présenter à date. Comme une aurore boréale, signe distinctif de ses origines scandinaves, qui serait visible (et c’est de plus en plus le cas à présent) dans notre ciel étoilé.
Un « bed-in » comme à la grande époque…
Le décor est pour le moins curieux. Les fidèles de l’espace culturel local n’ont guère l’habitude de voir des matelas posés à même le sol à cet endroit, placés sous des mobiles qui bougent avec lenteur et qui représentent des étoiles. On dirait l’un de ses fameux « bed-in » comme à la grande époque où Yoko ONO et John LENNON s’allongeaient en pyjamas rayés ou dans leur plus simple appareil pour protester contre les ravages de la guerre dans le monde, et plus particulièrement celle du Vietnam à la fin des années 60, dans les palaces de Toronto ou d’Amsterdam.
« War is over » et « Peace and love ». Mais, point de rock-stars allongés sur les matelas à Gurgy. Seules, deux dames d’un certain âge viennent tenter l’aventure si particulière. Ecouter dans la posture la plus optimale sur le sol et de manière confortable les histoires oniriques d’une quarantaine de femmes, toutes rencontrées par l’artiste, et qui se sont livrées sans fard et sans pudeur pour permettre ce narratif de leur intimité nocturne. Des rêves uniques, incroyables, troublants, vivants. Plein de fraîcheur et de richesses émotionnelles.
Un procédé datant de 1842 comme source d’expression
Cette exposition se dévoile sous forme de triptyque. Il y a les tableaux où le regard se pose instantanément. Des clichés aux coloris si étrange, façon sépia mais d’un bleu à la douceur extrême. Des femmes, jeunes et plus âgées, en phase de sommeil profond qui se sont prêtées au jeu de la prise de vue photographique. L’artiste a su les convaincre de les immortaliser dans ces moments bienfaiteurs, le repos de la « guerrière ». Les clichés ont ensuite été travaillés par Catherine RYMASRKI selon les principes de la procédure « cyanotype ». Explication de la créatrice.
« C’est un procédé photographique en monochrome négatif ancien, souligne-t-elle, par ce biais, on obtient un tirage photographique bleu de cyan, d’où cette appellation technique… ».
Un procédé qui ne date pas d’hier puisque imaginé en 1842 par un scientifique britannique, John Frédéric HERSCHEL, qui avait aussi le particularisme d’être un fervent pratiquant de l’astronomie. Une histoire de ciel qui se conjugue à merveille avec le monde de l’onirisme.
Deuxième temps fort, la lecture. Sous chaque pièce soumise à la sagacité des observateurs, est accrochée une enveloppe. A l’intérieur, le songe du portrait dédié dont on peut lire la moindre signification à travers les mots. Le texte est court, parfois poétique, mais livre des ressentis. Puis, et ce sera le troisième axe sensoriel qui nous est proposés là, l’écoute du rêve par écouteurs interposés. La bande-son peut être susurrée, chuchotée, parlée. On peut ainsi déambuler à travers la salle, avec son casque rivé sur les oreilles et s’imprégner de chacun des mots qui peuvent soigner les nôtres. Curieuses sensations qui permettent le lâcher-prise intégral.
Un sacré voyage anthropologique dont on ne sort pas indemne aux côtés de ces « Dormeuses du val » que n’auraient nullement renié Arthur RIMBAUD…
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Exposition « Madame Rêve » de Catherine RYMARSKI
Espace culturel de Gurgy
Jusqu’au 27 octobre 2024
Entrée libre
Ouverture du le mercredi, samedi et dimanche de 14 à 18 heures.
Thierry BRET