Les 35 heures, l’âge de départ à la retraite, les aménagements du temps de travail, sont autant de facteurs qui impactent l’économie, les finances publiques, et la productivité. Les sempiternelles polémiques politiciennes font florès. Chaque parti, chaque espace médiatique, les dirigeants politiques assènent des statistiques parfaitement manipulées. Alors qu’une seule et unique question se pose aujourd’hui : les Français travaillent-ils assez ?
Le 1er mai dernier, durant sa conférence de presse, le Président Emmanuel MACRON a estimé que les Français devaient travailler plus, en affirmant que nous travaillons moins que nos voisins. Tout fut immédiatement contesté, chiffres à l’appui, mais rien n’est comparable ! De quoi parle-t-on ? Les uns comparent la durée hebdomadaire tandis que d’autres, la durée moyenne annuelle, largement défavorable à la France ! La durée du temps de travail n’est pas comparable avec les autres pays européens : les lois diffèrent, les données statistiques sont compilées différemment, et les choix politiques en matière d’emploi ont une incidence sur le temps réel passé au travail.
Trop de querelles idéologiques qui sont préjudiciables aux Français
La seule question possible : est-ce qu’il y a une nécessité économique à travailler plus en France ? Il est déjà évident que l’âge légal du départ à la retraite, fixé à 64 ans, a permis de rééquilibrer partiellement, les principaux régimes de retraite. La solution fut simple et efficace sur le terrain financier, mais dramatique sur le contexte social. Alors que la rue était dehors, vent debout, Elisabeth BORNE faisait violemment passer la réforme à coup de 49.3 ! Aujourd’hui, le RN et le NFP veulent abolir la réforme des retraites. Mais là, attention, le RN refuse toute proposition émanent du NFP et réciproquement ! Les querelles idéologiques sont aujourd’hui dramatiques pour la France et les Français. Actuellement le Conseil Constitutionnel a jugé irrecevable et anticonstitutionnel toute loi abaissant l’âge de la retraite.
En abrogeant la réforme des retraites, on supprime 4 milliards de coûts nouveaux, mais on se prive de 19 milliards de rentrées nouvelles ! Résultat, une telle réforme produirait 15 milliards de charges supplémentaires. Peu envisageable dans le contexte de surendettement de la France. Pour compenser les 15 milliards, chaque parti propose des solutions de recettes nouvelles : pour le Rassemblement National, limiter et diminuer les avantages sociaux réservés aux émigrés, voire les supprimer, et pour le Nouveau Front Populaire, il faut prendre encore plus aux entreprises. Ce sont des solutions violentes, dénuées d’humanisme et hors de contrôle économique.
Du 49.3 au 47.1, il n’y a qu’un pas !
Le Premier ministre propose une réforme des retraites, sans toucher à l’âge de départ et propose quelques aménagements plus anecdotiques que rassurants pour les salariés. Le locataire de Matignon doit et veut entériner la réforme des retraites. Après le 49.3, les Français vont sans doute se familiariser avec le 47.1 ! Un coup de génie politique pour les uns, un coup de force antidémocratique, pour beaucoup d’analystes.
Le gouvernement souhaite maintenant aller vite, tout en évitant le 49.3, et en ayant recours à un projet de loi rectificatif, concernant le financement de la Sécurité Sociale afin de porter la réforme des retraites. En substance, le 47.1 se présente ainsi : l’Assemblée nationale à vingt jours, après le dépôt du dossier sur le bureau, pour faire passer une loi. Ensuite, le texte est proposé au Sénat qui a quinze jours pour se décider. Si les Sénateurs tombent d’accord, le texte est voté. C’est une option possible, le Palais du Luxembourg étant majoritairement à droite et en faveur de la réforme des retraites. Cependant, si les sénateurs ne trouvent pas d’accord, le texte arrivera en commission mixte paritaire, composé de sept députés et de sept sénateurs. De toute façon, entre le dépôt du texte et la fin des délibérations de la commission, la durée de vie de l’instruction ne peut pas dépasser 50 jours !
Faire davantage travailler les seniors en France
Si aucun accord ne fait jour au bout des 50 jours, le texte passera par « ordonnance ». Outre la rapidité de l’exécution de la loi, l’ordonnance met au silence le Conseil Constitutionnel. Si le 49.3 a mauvaise réputation du côté de l’opinion publique, c’est tout de même un coup de poker que pourrait jouer Michel BARNIER. Il peut provoquer la colère du peuple déjà bien exacerbée par les agriculteurs, les « Gilets jaunes » et autres grévistes !
Le seul avantage, c’est d’améliorer la connaissance de la Constitution française, après avoir été des incollables du 49.3, nous allons découvrir les vertus maléfiques du 47.1. Faire machine arrière et permettre une réforme des retraites produiraient une catastrophe économique et financière. Travailler plus longtemps, une nécessité pour le pays et doit permettre un aménagement central en fixant une durée de cotisation, privilégiant ceux qui ont travaillé très jeune, en les laissant partir plus tôt. C’est un projet défendu par le RN. Un point central : élaborer des schémas innovants qui déboucheraient sur le travail des seniors. Des aménagements spécifiques, du temps partiel, des exonérations sociales pour les entreprises… Seuls la Suède, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie et les Pays-Bas voient plus de 70 % des 55-64 ans travailler. La France est quant à elle à la 16e place sur 27, avec un taux d’emploi des seniors de 55,9 %. Trop faible, en vérité…
Travailler plus, c’est remettre en cause les 35 heures
Gérald DARMANIN a avancé des pistes d'économies avec l'objectif de faire « travailler plus » les Français, un débat qui agite la classe politique quasiment depuis l'instauration des 35 heures dans les années 2000. Nombreux, à droite, sont ceux qui demandent la fin de ces 35 heures. En réalité, le système est tellement complexe, qu’aujourd’hui, dans les entreprises, personne n’a vraiment envie d’y toucher. Ce n’est d’ailleurs pas une demande formelle du patronat. Les employeurs affirment avoir mis tellement de temps à signer des accords, et à adapter l'organisation du travail, qu’ils n’ont plus envie de revenir dessus.
En plus, c’est une bombe sociale ! Les syndicats monteraient immédiatement au créneau, et personne n’a très envie de rentrer dans un conflit social dur. Enfin, cela compliquerait encore les recrutements, car les salariés aspirent tous à un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Ils sont sensibles à la semaine de quatre jours, ou aux 32 heures. Cependant, par rapport aux autres pays, les Français travaillent moins et c’est le problème en réalité. Le déficit de la France concerne surtout la durée globale de travail tout au long de la vie. Or, les Français rentrent tard sur le marché du travail, et en matière d’emploi des seniors, le pays est à la traîne.
En tout cas, pour financer le système social, l’équation ne tient pas. Il faudra laisser le soin à un prochain gouvernement, ou président, de traiter le problème des 35 heures. Il y a plus urgent. Taux de chômage élevé, menaces concernant les retraites, entrée en récession, défaillances en cascades des entreprises…impactent considérablement la productivité de nos entreprises. Alors attendre un miracle ? Non, chacun doit devenir son propre miracle !
Les économistes créent des fables. Un économiste, un chimiste et un physicien sont échoués sur une île déserte avec comme seul moyen de survie des boîtes de conserves, mais pas d’ouvre-boîtes… Le chimiste propose : « il n’y a qu’à les mettre dans l’eau de mer et attendre que le sel ronge le métal ». Le physicien propose : « on les pose sous un cocotier et on attend que des noix de coco les brisent en tombant ». L’économiste prend alors la parole : « bon, posons notre première hypothèse : nous avons un ouvre-boîte… ». Elle est de Paul A. SAMUELSON, prix Nobel d’économie en 1970. O combien d’actualité !
Jean-Paul ALLOU
Antan, ce fut « Le Bistrot du Canotier », une autre dénomination chapelière s’il en est ! L'entreprenant chef migennois Nicolas BRELAUD - on l’a connu voilà dix ans au « Restaurant du Canal » - a repris ce bistrot fermé, pour en faire un endroit chaleureux, revendiquant une cuisine de tradition française faite maison.
JOIGNY: Une chance ce midi-là, il restait une table de deux personnes, sur la cinquantaine de couverts de cette salle lumineuse dont la vue laisse apparaître les collines du vignoble jovinien. Les nappes à carreaux rouge et blanc semblent donner le tempo de cette jeune maison dans laquelle le service apparaît plaisamment désordonné. Ainsi l'apéritif nous arriva enfin presque en même temps que les entrées !
La carte fait la part belle aux œufs mimosa, à la terrine du bistrot, à la saucisse-purée et autres langues de bœuf. Les prix y sont étonnamment doux et à l'instar d'un bouillon parisien, entrée, plat, dessert forment une formule à environ 22 euros.
Ah, les harengs pomme à l’huile !
Les entrées sont de belle présentation, un brin soigné. Ainsi les poireaux vinaigrette (3,5 euros) sont-ils servis bien assaisonnés, surmontés d'un peu d'œuf et surtout, surtout à bonne température si importante. Le hareng pomme à l'huile à l'élégante présentation remporte aussi tous les suffrages que mérite ce grand classique des tables bistrotières (chez vos poissonniers, choisissez les harengs fumés de la maison David, sise à Boulogne-sur-Mer, un produit d'excellence !). Ajoutons aussi que le pain est bon.
Un poulet à la Gaston Gérard à la sauce onctueuse
En plat, le poulet Gaston Gérard est un grand classique de la cuisine bourguignonne qui mériterait d'ailleurs de porter le prénom de madame, mêlant suavement moutarde, vin aligoté, moutarde et crème fraiche. Il est servi ici par le biais d'une escalope de poulet, là où l'on adorerait un vrai morceau de poulet comme dans la tradition. La sauce est onctueuse. Quant à la purée, elle est bonne, mais manquant peut-être d'un rien de relief. Le coq au vin, rarissime sur les cartes de nos restaurants, est servi ici effilocher. L'alliance avec le vin d'Irancy se fait paisiblement par verrerie interposée (notons que les verres à eau sont des « Duralex », rappelant les cantines d'antan !).
Les réclames des années soixante sur les murs
L'assiette de fromage est de belle texture. Quant à la bonne mousse au chocolat, elle ne nécessite pas me semble-t-il de Chantilly. Le temps du café laisse observer la déco rigolote sur les murs blancs : chapeaux variés, paire de menotte (destinée aux clients récalcitrants ?!) et autres affiches « Dubo, Dubon, Dubonnet », rappelant la réclame des années soixante dans les souterrains du métro parisien !
Bonne pioche pour le chef Nicolas BRELAUD et sa souriante équipe ! Cela mérite un « petit coup » de chapeau indéniablement !
En savoir plus :
Les - : le service est gentiment débordé ce midi-là !
Les + : le très bon rapport qualité-prix. Et clin d'œil qui vaut le détour sur la déco !
Contact :
Le Bistrot du Chapeau »
01, Promenade du Chapeau
89300 JOIGNY
Tel : 03.58.44.81.71.
Midi et soir, fermeture les dimanches et lundis. Parking aisé.
Gauthier PAJONA
On appelle cela l’art de l’anticipation. De la prévoyance, aussi ! Quarante-huit heures avant que ne tombent de manière surprenante les premières chutes de neige sur notre territoire et une large bande septentrionale de l’Hexagone, le Conseil départemental de l’Yonne passait en revue les dispositions techniques de son plan de « viabilité hivernale ». Un dispositif bien huilé destiné à gérer de la façon la plus optimale les routes de l’Yonne, sous la responsabilité de l’institution…
APPOIGNY : Ils étaient déjà sur le pont, lundi après-midi, lors de la présentation du plan « viabilité hivernale » avec démonstration à l’appui ; cette fois-ci, quarante-huit plus tard, ils sont rentrés dans le vif du sujet ! Les premiers flocons d’une neige qui aura eu le particularisme de bien tenir au sol dans les zones rurales ont pu éprouver la sagacité technique des professionnels des services ad hoc de la gestion des routes du Département.
C’est dans l’une des salles agréablement bien chauffées du dépôt technique, situé aux abords de l’autoroute A 6, que le vice-président du Conseil départemental Christophe BONNEFOND et les services techniques de l’organe institutionnel avaient convié les représentants de la presse. De manière, à ce que le Pôle des infrastructures départementales leur expose les stratégies à venir, en fonction de la variabilité de la météo et de ses conditions hivernales. Et ce, sur une période qui court du 115 novembre 2024 au 15 mars 2025. Sachant que si le « général Hiver » poursuivait l’offensive au-delà de cette date, les services étaient toujours mobilisés pour apporter des conditions de circulation optimale aux automobilistes de l’Yonne.
Nonobstant, dès le début de sa prise de parole, Christophe BONNEFOND s’est voulu rassurant : « un épisode neigeux dans l’Yonne, cela ne représente qu’un ou deux jours dans l’année, dorénavant… ». Mais dans le cas présent, les flocons l’ont pris au mot en arrivant nettement plus vite que prévu !
Automobilistes, pensez au choix de vos pneumatiques !
Placée sous le sceau de la nouveauté, la conférence de presse se voulait très didactique pour les représentants de la presse. Outre les principaux chiffres qui furent évoqués avec leurs analyses lors de la présentation de slides, les organisateurs avaient ajouté une cerise sur le gâteau – une cerise un tantinet glacée puisque à déguster à l’extérieur sous un vent aux origines quasi polaires ! – soit une démonstration de montage et démontage sur deux véhicules pouvant être utilisés comme de potentielles saleuses après transformation technique.
Durant ses explications, le vice-président de l’institution départementale rappela que tout devait être fin prêt en ce début de période délicate, avec le verglas et la neige, pour faire face.
« Nous avons des usagers de la route qui ne sont pas forcément préparés à affronter les conditions météorologiques de l’hiver, expliqua l’orateur, en visant notamment l’importance des pneumatiques parfois méconnue des automobilistes. Evoquant les principes de la loi montagne, Christophe BONNEFOND insista sur les pneus toute saison qui devraient équiper selon lui les véhicules tout au long de l’année.
Puis, il y eu une présentation du site Internet.
« Tous les citoyens peuvent naviguer chaque matin sur le site du département pour aller consulter en temps réel les conditions de circulation des 4 800 kilomètres des routes départementales à notre charge… ».
Un montage/démontage en un laps de temps record !
Des tablettes furent distribuées parmi l’assistance afin de passer à la phase pratique de ces explicatifs. Un site naturellement consultable via les smartphones.
Côté matériel, et afin de ne pas l’immobiliser toute l’année du fait de la raréfaction des épisodes neigeux dans la partie nordique de la Bourgogne ce qui pourrait engendrer des coûts inutiles, le CD 89 a développé un système d’adaptabilité du matériel spécifique anti-neige et verglas, selon les besoins. Plutôt astucieux au vu de la démonstration qui fut assurée quelques minutes plus tard sous le vent !
« Cette opération du montage/démontage nécessite à peine une demi-heure de manutention, se félicita Christophe BONNEFOND, et grâce à cela on peut utiliser les camions en mode saleuse toute l’année ! ».
Dans les faits, le Département de l’Yonne dispose d’une flotte de trente-six véhicules, pouvant être transformés à tout moment en potentielle saleuse. Un minimum afin d’assurer le maintien des conditions de circulations satisfaisantes pour garantir la sécurité des usagers et la continuité des activités économiques de notre territoire. A la base, il faut résoudre les problèmes d’adhérence sur des accès où la neige peut s’accumuler, le verglas, voire le givre rendre la circulation dangereuse, à la limite du possible.
L’un des techniciens explique : « pour y parvenir, il nous faut faire fondre la pellicule de neige ou de verglas à l’aide d’un fondant routier ».
825 tonnes de sel ont été utilisées en 2023
Deux solutions peuvent alors être employées. « Pour la glace ou la neige compactée, nos services utilisent de la saumure, un mélange d’eau et de sel, qui agit instantanément mais pas longtemps. Le sel en grains ne tient pas sur la chaussée puisque chassé par le trafic routier. Mais, il agit plus lentement au-dessus de – 7 °. ».
Les stocks sont bien fournis. Plus de 5 500 tonnes de sel qui sont répartis sur une dizaine de sites, un peu partout dans le département. Toutefois, l’intégralité du réseau routier ne dépend pas que du seul Conseil départemental. Les autres acteurs de cette gestion ô combien importante pour la mobilité se nomment les collectivités locales pour le réseau communal ; APRR ayant en responsabilité les autoroutes et la DIR Centre-Est (Direction Interdépartemental des Routes) qui intervient uniquement sur les routes nationales. Il est parfois difficile de s’y retrouver notamment depuis le déclassement desdites voies de circulation !
L’an passé, on a recensé une quinzaine de jours d’intempéries dans l’Yonne, soit un jour de neige et treize journées de verglas. 825 tonnes de sel furent utilisées. Un constat que ne manque pas de signaler Christophe BONNEFOND, le nombre de jours d’intempéries diminue depuis les dix dernières années. De quoi jeter le doute dans les esprits des climato-sceptiques ?!
Nonobstant, la gestion de cette viabilité hivernale engendre un coût pour le Département. Il s’est élevé à 374 000 euros l’an passé contre 367 000 euros lors de l’exercice antérieur. Soit environ 27 000 euros ramené au jour d’intervention.
« Parmi ces coûts, explique en pédagogue Christophe BONNEFOND, cela englobe le sel, la main d’œuvre en intervention, les astreintes, le site météo et les stations météorologiques. Elles sont au nombre de cinq et fournissent de précieux renseignements… ».
Une équipe de 66 agents pour traiter 4 800 kilomètres de routes
En termes d’effectifs, ce sont 66 personnes dont 41 pour le traitement des routes départementales et 25 assurant la surveillance du réseau qui constituent cette force de frappe contre les rigueurs de l’hiver. Elles ont pour mission des fonctions de patrouilleurs, de mécaniciens, de chefs d’opération, etc. Avec une prédominance des périodes d’intervention se faisant la nuit.
Les automobilistes icaunais ont la faculté de pouvoir en direct suivre l’évolution de l’état des routes et de la circulation en consultant le site du Département. Très pratique, en vérité ! Moyennant quoi, la consigne demeure toujours la même dès que les conditions de circulation patinent sur les routes, soyez prudents !
Thierry BRET
Dans le jargon journalistique, on appelle cela un marronnier. Une sorte de récurrence informative qui nous ramène à la réalité de notre société, dans le cas présent. Ce prochain week-end sera organisée sur de nombreux points de collecte de l’Hexagone, d’ordinaire près des accès des grandes surfaces commerciales, la traditionnelle collecte de la Banque Alimentaire. Pour nous présenter le fondement de cette structure associative apparue en juin 1984, son président régional, Laurent BRONDEL, de passage à Auxerre ce mardi 19 novembre…
AUXERRE : Le mot tourne plusieurs fois dans sa bouche. « Bénévolat ». Même s’il est aujourd’hui retraité de médecine, à 70 ans, Laurent BRONDEL ne compte toujours pas ses heures. La preuve, il nous présente son agenda grand ouvert avec ses innombrables pages noircies de rendez-vous à honorer aux quatre coins de la Bourgogne. Un sacerdoce ? Non, la foi, la vraie, du service accompli, chevillé au corps de la perfection et de l’engagement, tel un chef d’entreprise téméraire et courageux qui tiendrait le gouvernail de son unité de production devant affronter les tempêtes de la conjoncture économique.
Car, dans son esprit, une entité associative de la dimension de la Banque Alimentaire régionale (la Bourgogne, sans la Franche-Comté) dont il tient les rênes de la destinée depuis plusieurs années, se vit tel un outil professionnel. Pour s’en convaincre, les mots prononcés par ses soins afin de mieux expliquer ce qu’est réellement cette structure ressemblent à s’y méprendre aux termes utilisés de l’autre côté du « tunnel blanc », celui de la vie active.
Transparence, communication, marketing, ouverture sur le monde extérieur, développement, amélioration, fonctionnement…le parfait langage du dirigeant de société, à défaut de celui du cadre supérieur, à la tête de son équipe de commerciaux et de techniciens à animer pour mieux vanter la qualité intrinsèque de l’enseigne « Banque Alimentaire » autour de soi !
Un euro collecté, c’est la distribution de 12 euros de nourriture !
Bref, et cela marche ! En l’espace de quarante ans – cocorico, l’anniversaire de la naissance de la structure était effectif en juin dernier ! -, la vénérable institution portée sur les fonts baptismaux hexagonaux par Bernard DANDREL, recense à date près de quatre-vingts entités similaires en France, soit le premier réseau d’aide alimentaire national. Un chiffre, un seul, est à retenir pour ces « grossistes de l’aide alimentaire », ce sont 2,6 millions de personnes qui bénéficient de leur sens de l’altruisme et de leur générosité.
Pragmatique, Laurent BRONDEL abat ses atouts, carte sur table, pour que l’on comprenne mieux ce qu’est vraiment cette « banque » moins conventionnelle que les autres dans ses faits et gestes ! Disposant d’un effectif de 285 bénévoles sur le territoire bourguignon – onze personnes y interviennent en qualité de salariés -, la Banque Alimentaire régionale distribue chaque année l’équivalent de 3 000 tonnes de denrées alimentaires – soit un total de six millions de repas – aux associations (elles sont au nombre de 191 à en bénéficier) qui subviennent aux besoins alimentaires de 72 000 personnes en situation précaire. Parmi les associations et les partenaires institutionnels de cette générosité puisée dans les collectes et autres dons des citoyens lambda que nous sommes, citons la Croix-Rouge, le Secours Populaire, le Secours Catholique, les Restos du Cœur, les CCAS, les foyers, les épiceries sociales, etc.).
Adepte des formules plutôt réalistes quant à leur interprétation, Laurent BRONDEL ajoute : « Un euro collecté sur le terrain permet de distribuer l’équivalent de douze euros de nourriture ». Ou encore la locution suivante, aux accents plus automobiles, « 3 000 tonnes de produits collectés, c’est un peu comme si on offrait 3 000 Clio puisque ce modèle pèse une tonne ! ».
La multiplicité du nombre des soutiens et partenaires
Grâce à une lorgnette plus significative au niveau des chiffres, il faut savoir que l’Yonne a reçu pour la seule année 2023 305 tonnes d’aide alimentaire qui aura profité à 6 060 bénéficiaires. Soit une hausse de 4 % par rapport à l’exercice antérieur de 2022.
« La collecte annuelle de novembre, c’est un peu le seul moment où le public nous voit, souligne le président régional, cette année, nous allons opérer avec nos équipes de bénévoles (2 500) – signalons que bon nombre de clubs service à l’instar du Rotary de Puisaye-Forterre à Toucy et à Saint-Fargeau à titre d’exemple se joindront à elles sur le terrain – dans près de 285 magasins. L’objectif sera de récolter le maximum de denrées alimentaires de type pâtes, riz, pains, etc. ».
Qu’en sera-t-il exactement au soir du 24 novembre, terme de cette édition 2024 ? Avec une conjoncture complexe où les approvisionnements se ralentissent alors que la précarité ne cesse de progresser.
« Ne parlons pas des frais de fonctionnement, s’insurge Laurent BRONDEL, ils explosent ! Heureusement, le soutien de l’Europe, de l’Etat, des institutions et des collectivités locales permettent de compenser. Il y a aussi les mécènes et les industries de l’agroalimentaire qui se prêtent au jeu… ».
Pourtant malgré un contexte de plus en plus difficile, la Banque Alimentaire aura vécu un bon cru au terme de 2023. Avec en substance plusieurs points positifs comme l’augmentation de la collecte de novembre avec le nombre de magasins ramassés à la hausse ; la maîtrise des dépenses malgré l’expansion inflationniste des coûts énergétiques ; l’achat de nouveaux locaux en périphérie de Nevers ; le déménagement de l’entrepôt de Saône-et-Loire sur une zone d’activité près de Chalon-sur-Saône ; le renforcement des liens avec les partenaires institutionnels et économiques ; la création d’un logiciel permettant de fluidifier les relations établies avec les partenaires ; la création d’un atelier cuisine ; le soutien aux déplacés venant d’Ukraine ; sans omettre une présence plus significative dans de nombreuses manifestations publiques.
Des projets en trois ou quatre grands axes à décliner en 2025
Lorsqu’il se projette sur 2025, Laurent BRONDEL n’hésite pas avant d’annoncer sa stratégie ! « Nos projets s’articulent en trois ou quatre points essentiels, explique-t-il, nous souhaitons améliorer nos approvisionnements auprès des producteurs du cru (coopératives, abattoirs, agriculteurs…) par des achats qui deviennent de plus en plus nécessaires. A ce titre, nous avons embauché deux personnes, l’une en Saône-et-Loire et l’autre qui intervient sur la Nièvre et l’Yonne) pour y parvenir. Nous voulons favoriser la transformation des denrées peu distribuables mais parfaitement consommables comme peuvent l’être les fruits et les légumes. Comment ? En proposant des soupes, des compotes ou encore du reconditionnement des gros volumes. Là aussi, différents partenaires entrent dans la danse : les lycées agricoles, les cuisines des collectivités territoriales, les centres de réinsertion sociale… ».
Sur le sujet, il est intarissable, l’ancien praticien de Dijon ! Il déroule sa feuille de route en évoquant les « zones blanches ». Pas celles inhérentes à l’absence de téléphonie ou de numérique mais bel et bien ces zones rurales pauvres, vieillissantes, à l’écart de tout ou presque.
« C’est le cas de certains endroits localisés dans le Morvan, le Nivernais. Là existe la vraie pauvreté ! ».
La Banque Alimentaire veut y assurer la distribution de denrées alimentaires avec ses partenaires mais aussi des vêtements, un accompagnement informatique, voire cerise sur le gâteau une aide sociale et psychologique si besoin…
« On doit aussi travailler entre acteurs sociétaux sur la mutualisation des ramassages et de la distribution, insiste Laurent BRONDEL, être en étroite osmose avec les donateurs, et créer du lien ». Le programme existe : il se nomme « Collect’o ».
L’homme est heureux. Bien conscient que le chantier est loin d’être achevé. « Beaucoup reste à faire pour parfaire nos actions en Bourgogne pour répondre aux plus démunis tant au plan des quantités que de la qualité nutritionnelle des produits ou de l’accompagnement social. Mais, je crois que notre volonté est entière pour y parvenir tous ensemble… ».
Un combat mené par ce bénévole de l’âme et ses équipes qui n’est pas prêt de se tarir…
Thierry BRET
La perception de l’imaginaire peut nous entraîner parfois dans de curieux méandres intellectuels. Tiens, prenons par exemple cette toile illustrée par cette photo à la une de cet article, une peinture acrylique aux couleurs chatoyantes que l’on doit à l’artiste icaunais Jacques NIOGRET, dont une trentaine d’œuvres sont visibles jusqu’au 08 décembre – jour de l’Immaculée Conception soit dit en passant ! – à l’Espace culturel de Gurgy. Certains y voient une représentation du Christ sur la croix. D’autres, plus terre-à-terre, imagine la représentation de rubans permettant de contenir un bouquet de fleurs accrochés à une poterne ! Quoi qu’il en soit, l’exposition de ce peintre ne laisse pas indifférent !
GURGY : Ses sources d’inspiration se nomment Jean MIOTTE, Fernand ROLLAND ou Nissan ENGEL. Des maîtres de l’abstraction et du collage, forme d’expression artistique qui favorise aujourd’hui l’épanouissement créatif de Jacques NIOGRET, un peintre bien connu dans le terroir de l’Yonne, travaillant à partir de l’acrylique, qui nous régale durant un mois avec une exposition, permettant de traduire plusieurs époques imaginatives de sa vie. Pour cette première visite en l’espace culturel local, le garçon nous a gâtés !
D’une part, par la quantité d’œuvres suspendues aux cimaises du site. D’autre part, et surtout, par la qualité de l’ouvrage. Un peu timide face à la presse, Jacques NIOGRET n’en explique pas moins l’approche de son travail, devant ses toiles qui traduisent ses envies créatives entre 2023 et 2024. Lorsqu’il vivait dans la région Aquitaine. L’artiste avait jusque-là privilégié les expositions collectives. Avec les Artistes Contemporains Icaunais. Mais, également avec d’autres structures qui lui auront permis de présenter ses tableaux du côté de Parthenay (Deux-Sèvres) ou de La Roche-Posay dans la Vienne.
Un autodidacte qui avance pas à pas dans sa carrière artistique
C’est avec le collectif « 4’Arts » qu’il nous revient en 2023 en terre de l’Yonne, lors du fameux Salon d’Automne pictural, accueilli au parc des expositions auxerrois. Une poursuite collaborative qui lui va à ravir puisqu’il enchaînera depuis le début de l’année avec des manifestations proposées à la bibliothèque d’Appoigny en février ou en mai à la salle gothique de Vézelay…
Un artiste autodidacte qui avance pas à pas dans sa vie créative déjà fort riche, glanant au passage des récompenses ayant salué son cheminement artistique que ce soit en 1986 où il reçut le premier prix du Lions Club de Sens ainsi que le prix du public lors de l’édition du Salon d’Automne des Amis des Arts à Auxerre, cette année-là.
Depuis 1982, Jacques NIOGRET est dans le circuit artistique régional, où il s’efforce de développer une peinture intuitive, libre, spontanée et « profondément personnelle ». Prévoyant de poser ses toiles à la Médiathèque de Saint-Florentin en 2025, l’artiste balade son pinceau entre le figuratif et l’abstrait, laissant la libre interprétation à celles et à ceux qui contemplent son travail. Parfois se situant à la limite de l’art spirituel où les croix sont omniprésentes sur ses tableaux.
Une dominante côté couleur : le rouge comme au pays Basque !
Quant à la couleur rouge, elle prédomine l’ensemble de l’œuvre. « Le rouge, je l’ai apprécié lors de mes déplacements réguliers au pays Basque ! ».
C’est sa rencontre au château du Tremblay avec Fernand ROLLAND qui le fait basculer irrémédiablement vers l’abstrait, où la pensée peut davantage vagabonder.
Parmi les projets, Jacques NIOGRET prévoit d’autres tableaux à présenter comme ceux réalisés à base d’écorce d’arbres, de bouleau et de platane, ainsi que des collages, associés à des techniques mixtes.
Ancien judoka et rugbyman, le natif de Montargis (Loiret) se retrouve aux côtés de ses œuvres tous les mercredis, samedis et dimanches après-midi l’Espace culturel de Gurgy jusqu’au 08 décembre. L’entrée étant libre : il faut en profiter pour y pénétrer, discuter avec lui et investir dans ses toiles…
Thierry BRET