A date, 64 communes adhèrent à l’association des « Cités de Caractère » de Bourgogne Franche-Comté. Elle a pour vocation de promouvoir le patrimoine et le tourisme de nos territoires. Réuni dans la jolie localité de Druyes-les-Belles-Fontaines, samedi en matinée, son conseil d’administration, présidé par Frédérick HENNING, édile de Pesmes en Haute-Saône, a pu tirer les enseignements de cette année écoulée, au cours d’une séance de travail fructueuse.
DRUYES-LES-BELLES-FONTAINES : Son logo nous est connu. Il s’affiche de manière parcimonieuse mais avec élégance du fait de sa calligraphie originale aux entrées des localités qui y sont adhérentes. De petits panneaux qui se remarquent et identifient ce total de soixante-quatre villages et villes, à ce jour, qui possèdent comme dénominateur commun le désir de vouloir valoriser leur patrimoine à des fins de sauvegarde, de découverte touristique mais aussi de retombées économiques.
Samedi en matinée, onze membres du Conseil d’administration de ladite association se retrouvaient dans la salle du conseil de la mairie du quatrième village préféré des Français, période 2024 ! Objectif de cette réunion : faire le point à quelques jours de la bascule en 2026 sur les perspectives.
Parmi les propos entendus, on y parlera des plans « cavaliers » réalisés en 3 D et dont certains villages adhérents sont déjà pourvus. Celui de Druyes trône sur une table. Déplié, il présente en trois dimensions les aspects caractéristiques de la localité de fort belle manière esthétique. D’autres prétendants attendent déjà leur tour en vue d’une réalisation similaire dès l’année prochaine.
A la manette de la réunion qui se veut très participative au niveau de la circulation de la parole, Frédérick HENNING. Il en assure la présidence. Il explique à mon égard que les réunions du CA s’effectuent au rythme de croisière d’un rendez-vous tous les deux mois, une fois en Franche-Comté dont il est originaire, une fois en Bourgogne, comme c’est le cas aujourd’hui. Les deux secrétaires salariées assistent consciencieuses aux travaux où les élus se penchent sur les dossiers du moment.
« Notre cœur de métier, c’est la valorisation de notre patrimoine et la valorisation des connaissances autour de ses particularismes et spécificités. Nous répondons aux besoins de nos adhérents par le biais de solutions déclinées par notre ingénierie et de la veille informative… ».
Valoriser un patrimoine si important pour les communes
L’atmosphère est plutôt sympathique. Chacun y va de ses arguments mûrement réfléchis sur tel ou tel point de l’ordre du jour qui se déroule depuis ce matin. Café et viennoiseries accompagnent les échanges.
« La structure se porte bien, mais il faut répondre aux besoins des communes dans un contexte budgétaire très complexe, explique le président, il faut les soutenir dans leurs démarches de valorisation de ce patrimoine si important… ».
Soutenue par la Région et la DRAC, la structure associative est à l’écoute des besoins de ces collectivités de toute taille, qu’elles soient petites comme moyennes. De 50 habitants ou de 5 000 habitants, selon les cas de figure.
« Notre organigramme prend en compte ces différentes composantes, explique le premier vice-président et maire de Guérigny (Nièvre) Jean-Pierre CHATEAU, on doit créer cette idée de réseau avec des services, émanant de notre architecte qui travaille à nos côtés. « Cité de Caractère » est une association qui doit aussi se positionner en tant que réseau constructif à part entière envers les autorités que sont les préfectures, la Région, les départements. Nous apportons des réflexions pertinentes autour du développement de ce patrimoine dans nos territoires… ».
Se tourner vers les acteurs économiques du privé
L’entité n’est naturellement pas en concurrence avec les structures institutionnelles existantes dans le domaine du tourisme et du patrimoine.
« Nous intervenons toujours en collaboration avec elles, souligne Frédérick HENNING, nous réfléchissons également à étendre ce réseau, notamment sur la Nièvre… ».
Créé en 1989, le réseau est à l’image de ce que chacun en fait. « La difficulté dans une grande région aussi étendue que la nôtre est de faire vivre la structure en développant des contacts directs, en présentiels, ajoute le président, il faut rester humain dans notre communication… il n’y a que cela qui marche vraiment ».
Inquiets par la baisse des subventions, les adhérents pensent à d’autres stratégies. L’ouverture économique vers des partenaires privés et le mécénat est déjà à l’étude afin de pérenniser ce modèle associatif vertueux. Quant à la notion du patrimoine, elle s’inscrit dans une logique de développement du territoire et de son développement économique.
Pour 2026, les responsables de « Cités de Caractère » veulent garder la foi en restant résolument dans l’optimisme et en demeurant force de propositions auprès de leurs partenaires et adhérents. La prochaine rencontre du Conseil d’administration retournera en Franche-Comté, à la date du 07 février. Comme cela est établi dans le règlement intérieur de l’association.
Thierry BRET
Alors que la 5ème édition de la manifestation « Auxerre Impériale » se déroulera le samedi 13 décembre sur les artères principales de la capitale de l’Yonne, un évènement qui commémore le 160ème anniversaire du décès du capitaine Jean-Roch COIGNET, natif de la belle cité de Druyes-les-Belles-Fontaines, la préfecture de l’Yonne s’est vu décerner en octobre dernier le label de « Ville impériale », lui permettant de rejoindre un prestigieux réseau, où ses valeurs patrimoniales et touristiques sont mises en évidence…
AUXERRE : Il y avait jusque-là Fontainebleau, Rueil-Malmaison ou La Roche-sur-Yon, il faudra désormais compter sur les atouts de la capitale de l’Yonne, Auxerre ! Officialisée « Ville impériale », la cité chère à Paul BERT hérite donc de cette labellisation nationale. Elle rappelle l’engagement de la collectivité pour la valorisation du patrimoine napoléonien et l’histoire du Premier et du Second Empire.
La candidature d’Auxerre s’est appuyée sur un riche héritage local, et plus particulièrement en cette année 2025 sur la commémoration du 210ème anniversaire de la rencontre historique du 18 mars 1815 entre un Napoléon Bonaparte, échappé de l’Île d’Elbe et le maréchal Ney, venu l’arrêter, se réconciliant dans l’actuelle préfecture de l’Yonne. C’est à Auxerre que s'est joué le tournant des Cent-Jours !
Depuis plusieurs années, la Ville d’Auxerre mène une politique culturelle ambitieuse autour de cette mémoire. Par le truchement de conférences accueillies à l’Abbaye Saint-Germain, la mise en valeur de la Salle Davout d’Eckmühl, des actions éducatives et artistiques, et surtout la série d’événements « Auxerre Impériale », dont la 5ème édition se tiendra le samedi 13 décembre 2025, à l’occasion du 160ème anniversaire de la disparition du capitaine Jean-Roch COIGNET, fidèle d’entre les fidèles de l’armée de l’Empereur.
Notons, à ce titre, que moult reconstitutions, conférences et animations historiques rythmeront cette journée particulièrement intense et riche en informations.
Quatre figures impériales majeures sont liées à Auxerre. Par un étonnant concours de circonstances, à Auxerre se croisent les destinées de quatre acteurs majeurs de l’Histoire de France, tous liés - parfois de très près - à l’épopée napoléonienne. Autant de personnages dont les portraits traduisent un aspect essentiel de l’époque. Ce sont Louis-Nicolas DAVOUT (icaunais de petite noblesse, il se hisse au premier plan d’une carrière militaire inégalée. Maréchal d’Empire, stratège hors pair, il ne connut aucune défaite. Une salle lui est consacrée dans les locaux près de l’Hôtel de Ville), Louis-Joseph MARCHAND (premier valet de chambre de Napoléon, il l’accompagna dans les dernières heures de l'Empire, mais aussi en exil à Sainte-Hélène. « Les services qu'il m'a rendus sont ceux d'un ami », écrivait Napoléon, qui fit du fidèle Marchand son exécuteur testamentaire. Revenu en France, il s’installa à Perrigny, à quelques kilomètres d'Auxerre), Jean-Roch COIGNET, le grognard des « Vieux de la vieille », conscrit en 1799, soldat de la Garde impériale, il a suivi l’armée aux quatre coins de l’Europe et en a rapporté des « cahiers » qui demeurent un remarquable et unique témoignage de la vie de la troupe à cette époque et dont la valeur documentaire est une référence pour toutes les personnes participantes à la reconstitution. Revenu vivre à Auxerre, où sa maison est encore visible place Saint-Eusèbe, il est inhumé au cimetière Saint-Amâtre et Joseph Fourier, le savant. Il naquit à Auxerre où il vécut. Admiré de Napoléon en tant que brillant mathématicien et érudit, il fit partie des scientifiques qui participèrent à la campagne d’Egypte. Mathématicien et préfet sous l’Empire, figure scientifique majeure du XIXᵉ siècle, il est le découvreur de l’effet de serre, base de la climatologie actuelle, mais son application des mathématiques à la physique constitue également le fondement des études physiques actuelles.
Thierry BRET
Elles ont quasi disparu de nos bords de routes départementales et nationales, elles aussi, avec leur dénomination passée par pertes et profits. On se demande bien pourquoi. Qui ça ? Je veux parler de nos auberges traditionnelles, hélas. Terrassées par l'autoroute, les fast-foods graisseux et autres sandwichs triangulaires. C'est triste pour un pays encore défini, mais pour combien de temps encore, contrée de la Gastronomie…
ROSOY : Mais tout espoir n'est pas totalement perdu. Il en demeure encore quelques-unes. Des vaillantes, des volontaires et forcément, des courageuses. Au sud de Sens, à Rosoy, « L'Hélix » est de celle-ci. Cet hôtel-restaurant à la façade rougeoyante apparaît dans un virage pour le moins accueillant. Au siècle dernier, cela s'appela « Le Bon Abri ». Sous la férule d'un couple dynamique et travailleur, l'établissement s'est modernisé.
Dernier virage culinaire en date : la création récente d'un bouillon. Quesako pourra-t-on répliquer ? A l'instar du bouchon lyonnais (les vrais comme de bien entendu), le terme de « bouillon » résonne plutôt favorablement, lorsque l'on évoque les restaurants. La création des bouillons remonte au XIXème siècle sous le Second Empire. Petits restaurants bon marché, créés à Paris tout d'abord, l'on y servait initialement à la portion du bouillon accompagné de bœuf bouilli. Depuis lors, l'Yonne coula sous le Pont-Neuf et les cartes s'y sont un peu allongées ! L'œuf mayo cohabite avec le céleri rémoulade et le cervelas en salade, tandis qu'en plat, bœuf gros sel ou lieu noir meunière revigorent fort légitimement le convive.

Un œuf mayonnaise franc du collier !
Bon marché, tel est le cas, car bien des années plus tard, ici le menu (entrée, plat, dessert) oscille entre 19 et 21 euros, selon les mets choisis. Combien coûte une immangeable pizza industrielle ou une formule « X » ou « Y » chez « Burger » machin ? Au bouillon rosaltien, la cuisine est faite sur place, avec des produits bruts.
L'œuf mayo y est servi à 2,90 euros. Quant aux poireaux vinaigrette, c'est un euro plus cher ! Il y a aussi la terrine du moment, voire les six escargots. L'œuf mayo est franc du collier, accompagné pour saucer d'un pain de bonne qualité. Sur les œufs, on n'aurait pas boudé un rien de persil ciselé, mais bon ! Les poireaux vinaigrette sont très joliment dressés, et la sauce y est des plus onctueuses : 3,90 euros, rappelons-le.... Une très bonne entrée.

Le « parmentier » de canard nous fait de l’œil !
En plat, entre la saucisse et sa purée de pommes de terre, sauce échalotes, et la cuisse de poulet sauce suprême, agrémentée de son riz, trône la tête de veau à l'ancienne, sauce ravigote (9,90 euros). L'abat emporte les suffrages, en ce mois des produits tripiers, hommage mérité s’il en est au cinquième quartier. L'assiette, servie chaude, a de la gueule, et le plat de la mâche. La sauce complète parfaitement le tout et ravit légitimement tout amateur de triperie. On en profite pour saluer les sympathiques frangins MAGNONI, dernier tripier icaunais de nos marchés. Il y manque - éventuellement - un peu de persil ciselé, histoire d'y ajouter un brin de couleur. Autour de nous, ça se régale, aussi. Quant au « parmentier » de canard, accompagné d'un ramequin de salade, il semble nous faire de l'œil ! Allez, ce sera pour la fois prochaine…

En dessert, les classiques sont là aussi. Le flan pâtissier est bon, il est accompagné de l’inutile « chantilly » en bombe : il paraît que c'est la mode ! La mousse au chocolat possède une vraie texture, c'est déjà ça, mais de surcroît, elle est fort bonne.
L'addition, parlons-en. A deux, entre l’apéro servi plus une petite bouchée, et le menu, ci-dessus, une bouteille d'un côte du Rhône très honnête et deux cafés : c’est 60,20 euros. Bravo à nos aubergistes pour ce très bon rapport qualité-prix. En conclusion : venez nombreux !

En savoir plus :
L'Hélix
52 RN6
89100 ROSOY
Tel : 03.86.97.92.10.
Formule bouillon le midi, du mardi au vendredi inclus. Stationnement facile.
Gauthier PAJONA

En dépit d’un ciel capricieux, la 77ème Fête des Vins de Chablis a tenu toutes ses promesses, rassemblant vignerons, élus, visiteurs et autres amoureux du chablis, autour d’un terroir d’exception. Entre tradition, discours inspirés, dégustations et bans bourguignons, le village a une fois encore vibré au rythme de son vignoble légendaire.
CHABLIS : C’est en 1949, au sortir de la guerre, que Chablis célébrait pour la première fois ses vins, symbole du renouveau après les années noires du phylloxéra. Soixante-dix-sept ans plus tard, la tradition perdure et chaque dernier week-end d’octobre, le village tout entier se transforme en temple de la convivialité, entouré de coteaux flamboyants sur lesquels l’automne a jeté un voile doré. A peine 10 heures et déjà beaucoup de monde en ce dimanche matin, le marché bourguignon faisant comme à son habitude le plein de visiteurs. Une effervescence mise en musique par la fanfare des « Enfants de Chablis », dont les accents cuivrés ont eu tôt fait de lancer le défilé. La pluie menace et il faut faire vite, le pas est alerte et cadencé ! En tête de cortège, le parrain du millésime 2025, Jacques BONNAFÉ fait le show, mimant un défilé militaire… On a connu soldat plus discipliné ! La fanfare doit évoquer chez l’acteur quelques souvenirs, lui qui était au générique du film éponyme d’Emmanuel COURCOL, au succès populaire incontesté, avec plus de 3 millions de visiteurs. Ça bouchonne un peu en traversant les allées du marché mais on n’est pas à Chablis pour rien et le « bouchon » a tôt fait de sauter !
Une météo maussade pour taquiner Bacchus !
Cette année, la prudence était de mise et la météo maussade a contraint les organisateurs à se replier à l’heure des discours et intronisations, sous un podium, plutôt que sur le traditionnel perron de pierre du Château Long-Depaquit, hôte de l’évènement. Grégoire GAUTHERIN, nouveau président de l’Office du chablis a ouvert la cérémonie, saluant un vignoble unique par sa typicité : « ici, la vigne n’est pas seulement une culture à part entière. Elle façonne nos paysages, notre économie, notre esprit. Le nom de Chablis résonne bien au-delà de nos frontières. Porté par des vins d’exception, il est reconnu dans le monde entier… ». S’engageant à poursuivre l’aventure « dans le respect de nos valeurs avec l’envie de faire rayonner toujours plus haut le nom de Chablis… ».
A seulement vingt ans, il succède à Patrice VOCORET, chaleureusement remercié pour avoir su donner un nouvel élan à la manifestation, en la jumelant avec le « Marathon de Chablis », comme l’a rappelé Marie-José VAILLANT, maire de la commune : « ton idée de jumeler ces deux festivités à caractère international était tout juste géniale ! L’une et l’autre sont si différentes mais tellement complémentaires… ».
Tout en taquinant le Dieu du vin d’un clin d’œil météorologique : « on aurait pu croire que cette fête était bénie de Bacchus mais ce matin, il doit être fatigué de son samedi ou perturbé par le changement d’heure ! ».

Le meilleur ambassadeur de l’Yonne, le chablis !
Les représentants du Département, de la Région et du Sénat ont tour à tour souligné le rôle moteur du vignoble dans l’économie locale et son rayonnement international. Pour Christophe BONNEFOND, vice-président du Conseil départemental, « Chablis est une pépite que nous dégustons sans modération… ». Son homologue à la Région, Nicolas SORET, mettait en avant les efforts engagés pour adapter la viticulture aux défis climatiques, notamment à travers le projet de recherche « Canopée ». La sénatrice Dominique VÉRIEN, insistant pour sa part, sur la « mission d’ambassadeur » que portent les élus et les vignerons, narrant avec fierté comment elle promeut les vins de l’Yonne jusqu’au Canada. Ambiance à la fois protocolaire et joyeuse, comme lorsque le Président de la 77ème Fête des Vins, l’acteur Nicky BARBOT, visiblement conquis, a lancé un ban bourguignon, repris par toute l’assistance : « partout où je vais, à New-York, à Tunis, en Afrique du Sud, tout le monde connaît Chablis et tout le monde dit que c’est le meilleur vin du monde… ». Nul doute qu’avec de tels propos, il a déjà son billet en poche pour revenir en qualité d’invité !

Le chablis vin des rois ? Non, le vin roi !
La marraine de l’édition, Sandrine QUÉTIER a remercié une fois encore les Chablisiens pour leur accueil chaleureux, « nous avons dégusté, beaucoup et marché, un peu ! ». Son complice Jacques BONNAFÉ concluant à sa manière avec un savoureux accent « ch’ti » : « j’dois vous dire, à un moment, faut tomber l’masque ! J’suis pas vraiment du Sud et plutôt habitué à la bière… Mais ici, on apprend vite ! ».
Et à voir les visages quelques peu « fatigués » au lendemain du banquet de la veille au soir, certains sont meilleurs élèves que d’autres ! On attribue à Rabelais ce dicton : « Jamais Homme noble ne hait le bon vin » Une maxime qui sied bien à Chablis et à ses vins, auréolés depuis longtemps de leurs lettres de noblesse. « Chablis vin des rois »…? Non ! Le « vin roi » !
Dominique BERNERD
Dans ce haut lieu du patrimoine viticole qu’est le site du « Petit Pontigny », le vignoble chablisien a célébré samedi matin son nouveau millésime en présence de nombreux ambassadeurs et amoureux de l’appellation. Avec, pour le porter sur les fonts baptismaux, une marraine et un parrain de choix en la personne de l’animatrice télé, comédienne et musicienne, Sandrine QUÉTIER ainsi que du comédien et homme de théâtre Jacques BONNAFÉ. Une 77ème édition marquée par le passage de témoin entre Patrice VOCORET et le jeune vigneron Grégoire GAUTHERIN, nouveau président de l’Office de Chablis.
CHABLIS : Depuis plusieurs années, il était de coutume que la commune où doit se dérouler la Saint-Vincent tournante du Chablisien, accueille en parallèle la cérémonie du baptême du millésime. L’édition 2025 a mis à mal cette tradition et ce moment phare de la Fête des vins s’est déroulé à Chablis, en ce lieu hautement symbolique qu’est le « Petit Pontigny », « âme monacale d’un vignoble d’exception » selon le « grand architrave » de la Confrérie des Piliers Chablisiens, Yvon VOCORET. On y trouve également le siège du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) et de la Cité des Climats et Vins, dont le responsable, Damien GUERAULT, confiait avoir vécu quelques sueurs froides aux premières heures de la matinée, lorsque la pluie fit disjoncter la sonorisation. Mais, on ne peut pas avoir œuvré pendant des années à la réussite des marchés de Noël aux Caves de Bailly sans un petit côté « Mac Gyver » et à 10h30, tout était rentré dans l’ordre ! La cérémonie pouvait commencer, profitant d’une accalmie bienvenue de « Dame météo » !
Passation des pouvoirs entre Patrice VOCORET et Grégoire GAUTHERIN
L’édition 2025 restera celle du renouveau : après vingt et un ans à la présidence de l’Office du chablis, Patrice VOCORET a passé le flambeau à un jeune vigneron de vingt ans, Grégoire GAUTHERIN, symbole d’une nouvelle génération prête à continuer de défendre haut et fort, les couleurs du vignoble. Certes, la verve et la faconde de son prédécesseur ne sont pas encore de mise, mais si « Paris ne s’est pas faite en un jour », Chablis non plus !
Première prise de parole en public pour le nouveau président qui a su maîtriser l’exercice, rappelant toutes les promesses de ce millésime 2025 : « un bel équilibre et de bonnes conditions sanitaires mais qui se sont vite dégradées. Qualité et quantité sont au rendez-vous, ce qui change bien évidemment, du millésime précédent, particulièrement compliqué… ».
Première également pour Xavier GARNIER, président de la prochaine Saint-Vincent tournante du Chablisien, qui se déroulera à Ligny-le-Châtel, les 07 et 08 février 2026. Un village de tradition viticole, devait-il rappeler, « même si l’appellation chablis ne date que de 1976, pour une surface de 40 ha, au nord du vignoble, exploité par une dizaine de vignerons… ».

De la poésie et des envolées lyriques pour la mise en bouteilles !
Mais que serait un baptême du millésime, sans l’épreuve redoutée de la mise en bouteilles ! Deux premiers échantillons scellés « à l’ancienne », avec une machine à boucher ancestrale. La marraine 2025, Sandrine QUETIER, s’en est sortie avec brio, sous les applaudissements et le regard admiratif de l’ancien maître de cérémonie, Patrice VOCORET, évoquant en aparté avec son voisin, l’acteur Nicky MARBOT, président de cette 77ème Fête des vins, l’idée de rajouter l’an prochain le « maniement d’une cireuse » pour pimenter l’exercice !
Quant à son alter ego masculin, Jacque BONNAFÉ, force fut de constater la « supériorité » en la matière de sa partenaire, usant pour l’occasion d’une verve poétique dans un hommage à la profession à la manière d’un « gars du ch’Nord » » : « Grand Dieu ! Quel métier d’galère que d’être vigneron ! Toujours à gratter la terre en toutes saisons… ».
Ne restait plus aux deux héros du jour qu’une ultime épreuve gouleyante très « chablisienne », avant de se voir remettre le précieux ruban or et vert, symbole de leur intronisation au rang de stylobate au sein de la confrérie des Piliers. L’occasion là encore, pour le nordiste fidèle au cinéma d’auteur, d’une envolée emphatique à la gloire des trésors du cru : « Arômes délicats et pénétrants de fleur d’églantine je dirai, avec une pointe de pivoine et de violette très pure ! Un nez qui développe miel et pâte de coing. Un chant vibratoire intense qui d’emblée, t’emmène dans le cosmos ! Le chardonnay, c’est de la fibre quantique, il faut en écouter les racines et le chant des profondeurs… ».
Fermez le ban ! Face à tant de lyrisme, Sandrine QUÉTIER a fait le choix de la sobriété : « maintenant que le vin est tiré, il faut le boire ! ».
La messe était dite et le public a eu tôt fait de mettre en pratique le précieux conseil en s’empressant d’aller déguster la cuvée spéciale préparée toute spécialement pour la prochaine Saint-Vincent. Avec cette ultime recommandation et ce trait d’humour du « Grand Architrave » : « profitez bien de la fête ! On dit toujours avec modération, mais c’est un mec qu’on ne connaît pas, alors faites comme vous le sentez ! ».
Dominique BERNERD
