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La crise sanitaire est passée par là et nombre d’interrogations se posent aujourd’hui, sur le sens même du travail et de ses différentes dimensions. Phénomène conjoncturel ou réel changement de paradigme, notamment auprès des jeunes générations ? Les « Entretiens d’Auxerre 2023 » ont donné lieu à une table ronde sur le sujet, avec pour invités, deux sociologues de renom, Jean VIARD et Roger SUE…

 

AUXERRE : Selon une enquête de la fondation Jean-Jaurès, rappelée en préambule de la table ronde par la sociologue Anne MUXEL, 42 % des salariés souhaiteraient aujourd’hui voir leur activité salariale partagée entre bureau et télétravail.

Les changements apparus dans la façon de vivre le travail, après la COVID sont bien réels, notamment auprès de tous ces « démissionnaires silencieux », qui ont fait le choix de changer de vie, en s’affranchissant du travail, privilégiant avant tout la réalisation de leur vie personnelle. Adhésion implicite aux thèses développées par Paul LAFARGUE dans son pamphlet, « Droit à la paresse ». Pour autant, se dirige-t-on vers la fin du travail, alors même, rappelle le sociologue Robert SUE, « que nous vivons dans une société qui se définit par le travail. On a même parlé de « religion » du travail… ». Avec in fine une contradiction entre le fait que nous ne disposons pas aujourd’hui de substitution à ce modèle, « si vous enlevez la question du travail aux politiques, il leur reste quoi ? ». Et le constat d’une évolution ne nous plaçant plus dans une « société du travail ».

Selon le professeur émérite à Paris-Cité, trois éléments ont fait bouger la machine, à commencer par le télétravail, « le travail à distance fait la distance au travail », mais aussi la COVID, « qui a mis sur le devant de la scène non seulement les vraies valeurs mais aussi la promotion de la santé pour le bien commun… ». Avec en filigrane, cette question à la dimension environnementale, « travailler pourquoi faire ? ».

 

Un salarié que l’on ne voit pas, ne travaille pas !

 

Pour son comparse Jean VIARD, le travail se définit avant tout comme un élément de fierté : « c’est fondamentalement l’appropriation d’un projet de construction avec les autres, une forme d’utilité… ». Avec là encore, cet élément nouveau apparu après la pandémie, « où nombre de gens n’ont pas travaillé et 40 % d’entre eux s’en disaient très heureux… ».

Une révolution accentuée là encore par le désir du télétravail, « 25% des gens en bénéficient, 60 % des gens en rêvent », même s’il y a à faire en la matière : « en France, on considère encore aujourd’hui qu’un salarié que l’on ne voit pas, ne travaille pas ! ».

 

   

Trouver un travail qui ait du sens

 

Travailler encore, mais comment et surtout, pourquoi ? Avec, dans une économie jusque-là fondée sur la croissance, un nouvel item, celui de la question écologique et environnementale, susceptible d’interférer sur le sens de la production par le travail.

Selon Roger SUE, « l’on revient à l’interrogation qui fut celle du temps du COVID, celle du bien commun. La croissance sans fin est aberrante et le travail pour le travail est devenu une aberration… ». Avec l’idée que le travail utile socialement, ne passe pas nécessairement par un « moment salarial… Comment intégrer cette société civile dans la production ? ».

Pour le sociologue, les jeunes sont aujourd’hui confrontés à un défi, « que nous entrevoyons, mais qu’eux vont vivre in vivo, notamment pour tout ce qui concerne l’environnement : la recherche d’une voie alternative… ».

Un mode qui ne serait pas forcément salarial et permettrait de pouvoir se projeter dans le bien commun : « cela existe avec le service civique qui est une forme de contribution importante et capitale à la production du bien commun, mais au nom de quoi est-il réservé aux jeunes ! ».

Appelant à inventer un statut du volontariat où chacun pourrait participer tout au long de sa vie, complémentaire d’une activité salariée : « je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas cumuler l’un et l’autre. Les jeunes de plus en plus, mettent l’accent sur le fait qu’ils veulent bien trouver un boulot, mais il faut qu’il ait une utilité sociale, qu’il ait du sens… ».

 

 

A quand un véritable statut de l’étudiant en France ?

 

S’interrogeant également sur le sujet, Anne MUXEL est revenue sur ce nouveau rapport qu’ont aujourd’hui les jeunes générations face au travail, en quête d’impératifs en phase avec leurs valeurs, liés notamment à l’écologie et aux préoccupations environnementales, « qui poussent bon nombre de jeunes même après de grandes études, à refuser au bout d’un moment des postes qui leur demanderaient d’agir de façon contradictoire avec les impératifs éthiques auxquels ils souscrivent… ».

Si l’on voit ainsi émerger de nouveaux repères, attention prévient Jean VIARD, à ne pas creuser un peu plus le fossé pouvant séparer les jeunes ayant décroché très tôt avec l’école, des étudiants qui réussissent le mieux : « que tu ne veuilles pas travailler chez Total, je le comprends très bien, va dans une start-up pour essayer de faire avancer la place écologique des entreprises dans la société ! Quand on met en avant un tel refus, il faut faire attention au discours, face à des gamins qui n’ont pas pu faire d’études et ne se demandent même plus pourquoi ils votent au RN ! ».

Pour le directeur de recherche au CNRS, spécialiste des transformations dans notre société, il serait important de créer un réel statut étudiant pour tous les jeunes de 16 à 26 ans, autorisant des aller/retours entre le travail et les études, « comme en Belgique, où les jeunes peuvent travailler pour 4 000 euros par an sans aucune charge… ».

De conclure, avec cette dernière interrogation : « pourquoi n’a-t-on pas droit à un certain nombre d’années d’études si l’on a arrêté l’école à 14 ans, après s’être aperçu que l’on avait déconné et que l’on souhaite apprendre un job ? ». 

 

Dominique BERNERD

 


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Soucieux d’en connaître davantage sur la cinquantaine d’exposants et leurs typicités, ceux qui prenaient part au premier Forum de l’Emploi et de l’Insertion, proposé par le Conseil départemental de l’Yonne et Pôle Emploi dans les salons de l’hôtel de ville de Joigny, le sous-préfet d’arrondissement de Sens a pris soin de discuter avec chacun de ces spécialistes du monde du travail. Tout sourire et à l’écoute, Wassim KAMEL s’est ainsi renseigné sur les ultimes opportunités d’immersions professionnelles déclinées sur son territoire afin d’en approfondir toute la substance.  

 

JOIGNY: Depuis sa nomination remontant au 02 août dernier, le sous-préfet de Sens, Wassim KAMEL, successeur de Rachid KACI parti sous d’autres cieux, n’avait pas eu encore l’opportunité de s’immerger au cœur d’un Forum de l’Emploi et de l’Insertion. C’est donc chose faite, ce mardi à Joigny !

Car, tels les fameux marronniers qui nourrissent d’ordinaire les colonnes de la presse avec la récurrence annuelle de leurs informations, c’est en novembre que se manifeste le plus d’opérations propres à cette thématique au demeurant prépondérante au niveau sociétal : le retour à la vie active des publics fragilisés.

Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées oblige – il en sera d’ailleurs fait mention avec le concours de CAP EMPLOI 89 lors d’une intervention de l’un de ses représentants (David SAUTEREAU) juste avant le terme de la manifestation -, ce forum, le premier d’une série de six rendez-vous déclinés par le Conseil départemental et Pôle Emploi - tombait donc à point nommé pour procéder à une revue de casernement générale des offres et potentialités existantes au niveau de notre territoire.

 

Pas d’offres d’emploi mais de l’immersion professionnelle à la place

 

On notait aussi la présence des responsables du club des « Entreprises qui s’engagent » (l’efficace tandem Sandra VERBRUGGEN et Jean-Pierre LANTERNIER), concept porté par la CCI de l’Yonne et adoubé par la préfecture, le tout sur des principes très conventionnels de partenariat utile, qui étaient aussi à la manœuvre en ce jour de découverte pour certains ou de retrouvailles pour d’autres du monde du travail.

Pour cette cinquième édition, une particularité se dégageait parmi les nouveautés. Elle nous a été présentée par Céline STERLE, directrice de Pôle Emploi de Joigny.

« C’est l’immersion professionnelle pour pouvoir mieux découvrir des métiers, des univers d’entreprises, précise-t-elle, on n’est pas sur un forum d’offres d’emploi traditionnel même s’il y en a tout de même quelques-unes à pourvoir. L’idée pour les huit structures entrepreneuriales présentes, c’est de pouvoir accueillir sur une matinée, une journée, voire un peu plus, des demandeurs d’emploi en leur sein afin de les familiariser avec l’environnement de la boîte… ».

 

 

Plus de 150 personnes attendaient l’ouverture des portes dès 09 heures

 

Une démarche jugée judicieuse et plaisante à plus d’un titre pour celles et ceux des participants, tout âge confondu, qui recherchent absolument à raccrocher les wagons du plein emploi, grâce à ce type d’initiative opportune.

Naturellement, les partenaires habituels de ce genre d’évènements se manifestaient par leurs stands, plutôt bien fréquentés (aide au budget, garde d’enfants, santé,…) sans omettre les organismes de formation, délivrant diplômes et cursus.

Les bénéficiaires du RSA, les personnes inscrites à Pôle Emploi ou les travailleurs handicapés figuraient au premier rang de ce public sollicité par cette démarche intéressante, où les échanges directs prévalaient en face à face sur les différents stands, avec remise de cartes de visite à l’appui.

D’autres rendez-vous sont d’ores et déjà programmés dans l’Yonne jusqu’à mi-décembre avec Auxerre, Sens, Toucy, Avallon et Tonnerre. Sachant que chaque bassin possède sa propre spécificité d’une animation à l’autre même si le fil rouge commun demeure l’immersion professionnelle en entreprise.

Signe de l’incontestable attente du public : plus de cent cinquante personnes attendaient devant les portes à l’ouverture du forum (09 heures) ; ce qui ne manque pas de satisfaire Céline STERLE. Quant aux entreprises, elles ont fait elles aussi leur beurre avec une demi-douzaine de stages immersifs programmés avec les potentiels candidats, quelques minutes seulement après le début des hostilités.

Quant au sous-préfet de Sens, il s’est enrichi de la diversité informative et de l’offre proposée par tous les participants qui n’ont qu’un seul mot d’ordre : accompagner du mieux possible les candidats au retour vers l’emploi…

 

Thierry BRET

 

 


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Sur le papier, l’endroit fait déjà rêver. L’hôtel du Golf à Deauville. Un somptueux quatre étoiles sur l’échelle du confort, de la qualité, de l’esthétisme et de l’accueil ! Rien que cela et ce, pour une durée de deux jours, mazette ! Une centaine de directeurs des Ressources Humaines – un peu le gratin des plus belles entreprises hexagonales -, une cinquantaine d’experts et de spécialistes, le tout en provenance des quatre coins de l’Hexagone. Voilà en filigrane l’environnement de la 46ème édition du Salon Top DRH dans lequel va plonger la société de Sens, OBIANCE. Partenaire et prestataire de l’évènement…

 

DEAUVILLE (Calvados) : Il n’a qu’un seul objectif en tête, Michaël OUDMEDJKANE : capitaliser sur les deux jours de présence de sa structure et de ses équipes afin de distribuer le maximum de cartes de visite et assurer le plus grand nombre de prises de contact pour faire connaître son entreprise ! Et les prestations qui y sont associées, il va de soi !

Jusqu’au 23 novembre, OBIANCE participe au 46ème Salon national Top DRH dans la célèbre cité normande, immortalisée par Claude LELOUCH en 1966 (« Un homme et une femme ») qui en filma les plus beaux atours.

Mais, dans le cas présent, Michaël OUDMEDJKANE fera fi des références cinématographiques pour se concentrer uniquement sur son cœur de cible, celui avec qui il réalise son business depuis la création de son entreprise, positionnée sur le bien-être des collaborateurs dans une unité de travail. Car pour l’entrepreneur sénonais, le credo est simple : le bien-être en entreprise n’est pas un vain mot et passe par des moments de détente ô combien nécessaires et salvateurs à grand renfort de relaxation et de partage.

En lien direct avec le saint des saints de la vie professionnelle  - les décisionnaires et les dirigeants qui feront une halte à Deauville -, le patron d’OBIANCE déclinera, via un atelier et des démonstrations à l’appui, les manières positives d’optimiser la valeur du travail, dans un monde entrepreneurial de plus en plus complexe, après la crise sanitaire, observée ces dernières années.

 

 

Dire qu’il attend depuis longtemps la tenue de ce rendez-vous annuel biffé de longue date sur son agenda est un doux euphémisme ! D’autant que par le passé, les échanges réalisés dans les salons de ces hôtels feutrés qui accueillent l’évènement national se sont montrés très probants. OBIANCE a pu ainsi nouer des liens avec des enseignes de cosmétiques aussi prestigieuses que CHANEL ou Yves SAINT-LAURENT pour y parler, non pas de mode, mais plutôt de gestion du stress, de bien-être, de détente ! Il compte bien être sur la même dynamique durant ces deux journées à vivre, non loin du Cotentin.

D’ailleurs, l’évocation de la gestion du stress en y apportant des points d’amélioration auprès des collaborateurs n’est plus un sujet tabou, désormais, dans les sociétés. Mieux : ce serait plutôt un argument positif pour les directeurs des Ressources humaines, à la fois dans la conservation de leur personnel, mais aussi un gage sérieux de recrutement pour attirer de nouvelles pépites. On pense en premier lieu aux « milléniums », inféodés à ces nouvelles tendances sociétales qui ne rebutent pas non plus les seniors !

Intervenant aujourd’hui en métropole mais aussi dans les DOM-TOM auprès d’une dizaine de mutuelles, OBIANCE dispose d’une offre éclectique qui ne manquera pas de séduire les DRH présents à Deauville. Ces derniers en découvriront davantage sur les bienfaits de l’hypnose afin de gérer le stress et l’anxiété, la pratique du yoga pour améliorer la flexibilité et l’équilibre, le do-in pour se détendre et se rééquilibrer, le tai-chi et le Qi-gong pour la souplesse et l’énergie, le self-défense pour la sécurité, la méditation pour se connecter avec son subconscient, voire la langue des signes pour accroître ses capacités de communication et de compréhension. Cerise sur le gâteau : les cadres supérieurs pourront aussi bénéficier d’une séance de massage assis, un pur régal pour les cervicales, trapèzes et autres vertèbres !

 

Thierry BRET

 


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C’est nouveau et cela fonctionne plutôt bien depuis le lancement. Celui-ci est survenu en septembre. Un apprentissage de la viticulture, porté avec efficacité par le CFA Agricole La Brosse. Quoi de plus naturel, en somme, dans une zone géographique où le vignoble règne en maître et les emplois sont légion, même en période de hors saison !

 

VENOY : L’affiche fait plaisir à voir. Promotionnelle, de prime abord, elle résume à elle seule, à l’aide de quelques mots bien choisis et d’une jolie iconographie placée en son centre, la philosophie de la formation. On y voit un adolescent pieds nus dans le vignoble, scrutant attentivement des ceps de vigne. Le tout nimbé par la luminosité de l’astre diurne. Effet garanti ! Quand on voit cela, on a envie d’en savoir davantage sur le nouveau pôle viticulture par le prisme de l’apprentissage, décliné par le CFA Agricole La Brosse.

Ouverte depuis la rentrée, l’option viticole en mode apprentissage assujettie à l’obtention d’un CAP semble d’une logique absolue. Ici, au centre de formation agricole, on s’intéresse déjà de très près à ce tout ce qui a attrait à l’agriculture, les espaces verts, les spécialités équines, alors y ajouter dans l’escarcelle la viticulture ne dépareille pas de l’ensemble. C’est ce que confirme la toujours dynamique Hélène DECULTOT-TREMBLAY, aux commandes de cet univers pédagogique de premier plan.

« Pour nous, c’était naturel d’accueillir une formation spécifique à la viticulture dans nos murs, explique-t-elle, d’ailleurs, nous avons pour projet de l’étoffer avec un baccalauréat dès la rentrée… ».

 

 

 

Prioritairement les jeunes sortis de la 3ème mais pas que !

 

 

Le postulat de départ était simple : alors que le département de l’Yonne brille par la présence de ses nombreux vignobles dont certains sont de réputation mondiale (le chablis), peu de formations étaient jusque-là proposées sur le territoire. Une étrange curiosité que la directrice du CFA La Brosse a souhaité corriger.

« Ce nouveau pôle viticulture par l’apprentissage est notre manière de réagir par rapport à cet état de fait, ajoute la jeune femme, nous avons repris l’offre de formation à notre compte, l’ouvrant au passage à un public fraîchement émoulu de l’école (juste après la classe de troisième) mais aussi pouvant accueillir de jeunes adultes âgés de 29 ans maximum… ».

Les fondamentaux du travail de la vigne y sont abordés. A l’instar du travail quotidien sur le terrain mais aussi la connaissance du cycle de la vigne, et les différents aspects inhérents au métier.

La filière peine à pourvoir tous les emplois qu’elle propose à l’année et non en période saisonnière des vendanges. Une quinzaine de jeunes constituent la cible privilégiée de l’établissement qui attend beaucoup de ce nouveau pôle éducatif autour de la viticulture. L’accueil de formations supérieures de type BTS intègre les projets de développement à l’avenir. C’est un beau projet pédagogique qui ne demande qu’à prospérer avec le concours de maître d’apprentissage bienveillant et soucieux de transmettre leur savoir-faire aux plus jeunes…

 

Thierry BRET

 

 


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C’est l’un des leitmotivs du jour, fréquemment rappelé lors de ces échanges constructifs. Peut-être à inscrire dans la feuille de route de la ministre déléguée en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Bérangère COUILLARD, qui n’aura pas perdu une miette de ces discussions. Face à elle : des spécialistes de l’entrepreneuriat au féminin. Avec leur spécificité toute particulière se rapportant à l’employabilité dans le milieu rural…

 

CHABLIS : L’emploi et l’entrepreneuriat des femmes en milieu rural – la parfaite typicité du territoire de l’Yonne - constituaient l’ossature principale de la seconde partie du déplacement en terre icaunaise de la ministre déléguée en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Bérangère COUILLARD. Accueillie par Marie-Josée VAILLANT, mairesse de Chablis, la représentante du gouvernement a pu goûter tout à loisir, non pas le subtil breuvage local dont la réputation n’est plus à faire au-delà des océans, mais les propos explicites de ses « invités », venus la rencontrer lors d’un échange informatif des plus courtois et républicain.

Si le matin de ce déplacement aura permis à la représentante de l’Etat d’aborder la lutte contre les violences conjugales, le tantôt lui permit de constater qu’en matière de disparités entre les deux sexes, notamment en termes de rémunérations, de qualifications, de formations, d’a priori discriminatoires et sexistes observés dans certaines filières corporatistes, il restait encore beaucoup de travail à accomplir dans l’Hexagone afin de faire bouger les lignes et surtout les mentalités.

Logique, en fait, que la dame s’y intéresse, puisque l’autre versant de sa mission ministérielle se rapporte à la lutte contre les discriminations. Et, comme chacun le sait, le monde du travail est loin d’être un modèle de vertu à ce sujet !

 

Le masculin en minorité durant les échanges !

 

Même si l’apport de l’écriture inclusive dans les offres d’emploi permet d’atténuer quelque peu les clivages entre féminité et masculinité, fera remarquer fort justement en guise de préambule la ministre qui par ailleurs à titre personnel n’est guère favorable à son utilisation dans la langue française.

Durant ce court exercice de prise de parole – une soixantaine de minutes, montre en main et vérifiée scrupuleusement par la maîtresse du temps, Juliette ROME, déléguée départementale aux droits des femmes et de l’égalité de l’Yonne -, plusieurs personnalités spécialistes de l’emploi sur notre territoire eurent l’opportunité de pouvoir exposer leur point de vue avec Bérangère COUILLARD.

Ainsi, interviendront tour à tour au fil des échanges Evelyne CHAPUIS que l’on ne présente plus : elle qui avec son époux, Didier, est à la tête de l’un des fleurons économiques de l’Yonne, FESTINS ; Isabelle JOAQUINA, directrice de RENOUER 89, structure associative spécialiste de l’insertion ; Emmanuèle BONNEAU, dirigeante de société évoluant dans le BTP et présidente du MEDEF 89 ou encore Claire DUCHET, responsable de l’antenne icaunaise de FETE (Femmes Egalité Emploi). La seule touche de parité en faveur de la gent masculine (tiens, tiens, cela change enfin pour une fois !) était apportée par Yves HUTIN, directeur départemental de Pôle Emploi qui eut à présenter, notes à l’appui, les stratégies territoriales mises en place par la structure.

 

 

Un panorama autour des discriminations…

 

Pour ouvrir le bal, la conseillère départementale Isabelle JOAQUINA proposa à l’assistance une immersion résumée en quelques minutes parmi les arcanes de RENOUER 89. Avec en toile de fond, les problématiques inhérentes à la reconversion des populations en délicatesse, bien malgré elles, avec l’emploi.

Assurant avec son appétence en communication qui est la sienne, Claire DUCHET fit une excellente promotion du prochain « Carrefour des Carrières au féminin », la traditionnelle manifestation annuelle, prévue dans le cadre de sa future édition, la vingt-septième, en janvier 2024, vraisemblablement à Appoigny. Un « Carrefour » qui a le mérite devait-elle rappeler, d’inciter le public féminin à s’intéresser davantage aux filières professionnelles dites masculines. Interpellée par le témoignage, Bérangère COUILLARD a pris des notes : et si elle revenait dans l’Yonne début 2024 afin d’inaugurer ces nouvelles retrouvailles du public avec l’entrepreneuriat au féminin ?

A la question ministérielle qui lui fut adressée, relative aux différentes discriminations subies par les femmes et observées par la responsable de FETE, Claire DUCHET répondit tout de go : la situation de famille, l’apparence physique, le handicap – un argument valable pour les deux sexes en règle générale -, les moqueries dans certaines corporations à l’instar de l’industrie, des transports ou du BTP.

Les grands classiques des préjugés masculins, en vérité.

Puis, Bérangère COUILLARD mit les pieds dans le plat, en évoquant la disparité des rémunérations entre les deux sexes. « Nous avons conscience au gouvernement de ces écarts trop importants… ».

 

Faites visiter les entreprises par les plus jeunes !

 

Renchérissant, elle fit un focus sur la sempiternelle problématique de la garde d’enfant. Citant l’exemple des crèches, implantées au plus près des entreprises, voire en s’appuyant sur le service public de la petite enfance afin de résoudre ces difficultés récurrentes dans le monde du travail.

Toutefois, la discrimination contre les genres revint au cœur des discussions, suivies avec grand intérêt par la sénatrice Dominique VERIEN – on l’a sait très engagée sur bon nombre de ces sujets de société – et le préfet de l’Yonne, Pascal JAN.

« La mise en place d’un service public de « testing » dans les entreprises est envisageable, devait concéder la ministre, peu avare en explications, avec leurs corollaires en actions correctives à trois ans… ».

La priorité à la défense des droits individuels dans ces espaces collectifs que sont les entreprises ne pouvant être bafouée, visiblement.

Quant à Evelyne CHAPUIS, elle ne se fit pas prier pour mettre le doigt là où cela fait parfois très mal : « l’Education nationale doit s’ouvrir de plus en plus aux entreprises ! ». Du petit lait pour Pascal JAN qui avait tenu lui aussi ce genre de propos il y a quelques semaines face aux représentants du club consulaire, porté par la CCI, des « Entreprises qui s’engagent ». Un préfet qui parle en connaissance de cause, lui-même ancien recteur d’académie !

La dirigeante des FESTINS aborda son intervention en mettant l’accent sur la prime à l’emploi d’une femme. En posant tout simplement la question dans son préambule : combien cela coûte-t-il exactement ? Un dossier que l’entrepreneuse icaunaise connaît bien puisque son entreprise emploie 47 % de représentantes de la gent féminine. Elle poursuivit sur l’impérieuse nécessité d’un rapprochement entre l’Education nationale et le monde de l’entrepreneuriat.

« Faites visiter les entreprises, affirma-t-elle, emmenez les jeunes dans les champs du possible ! Faites venir des assistantes sociales au sein des structures professionnelles ! ».

 

 

Favoriser la mixité des métiers en milieu rural

 

Un son de cloche quasi similaire résonna avec les propos de la patronne du MEDEF 89, Emmanuèle BONNEAU. Elle qui rêvait, petite, de conduire un tracteur, se retrouve aujourd’hui à la tête d’une PME positionnée dans le BTP et à présider à la destinée du syndicat patronal sur sa zone de prédilection.

« J’apprécie ce genre d’initiative, souligne-t-elle, car la parole libère et permet d’avancer ! ».

Pourtant, Emmanuèle évoque l’image de la femme dans le secteur du bâtiment. Pourquoi obliger les entreprises à avoir des locaux spécifiques aux hommes, et ceux destinés aux femmes, s’interroge-t-elle, « n’est-ce pas contre-productif en termes de discriminations ? ». Sans compter le bilan carbone et le coût imputable à ce dédoublement de locaux !

Bérangère COUILLARD ne se dérobe pas dans sa réponse : « En France, on vit en « absurdistan » ! On est souvent dans un entre deux au niveau des décisions… ».

Voilà qui a le mérite d’être clair, sans la pratique de la langue de bois !

Il ne restait plus qu’au seul homme de cette table ronde informelle de s’exprimer, un Yves HUTIN qui brossa ensuite un portrait très concret des axes d’intervention de l’organisme qu’il représentait, à savoir Pôle Emploi 89. Il devait saluer la grande première nationale imputable récemment à ses services, soit le recrutement de la première femme conductrice de poids lourds avec une reconnaissance de travailleuse handicapée au profit d’une entreprise de l’Yonne !

Soudain, Juliette ROME, en excellente gardienne du temps minutieuse qu’elle était, se rappela au bon souvenir de tous les intervenants, en sifflant le terme définitif de ces échanges nourris et passionnants, permettant ainsi à la ministre de passage sur le territoire d’honorer le rendez-vous suivant, c’est-à-dire la visite du domaine viticole de Charlène et Laurent PINSON.

Consciente de la situation – les difficultés des femmes dans le monde entrepreneurial en ruralité (mais aussi en ville) -, Bérangère COUILLARD pouvait quitter la réunion avec bon nombre d’exemples concrets au fond de sa besace, de vrais outils favorisant la mixité des métiers entre les sexes.

 

Thierry BRET

 


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