Optimiste, le président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Yonne ? Visiblement, il l’est et l’a dit en public lors de l’inauguration du Salon de l’Etudiant et de l’Apprentissage, qui a ouvert ses portes pour une durée de deux jours au parc des expositions d’Auxerre. Toutefois, s’il préfère mettre en avant l’intelligence artisanale plutôt que l’intelligence artificielle – la belle trouvaille sémantique ! -, il s’est montré menaçant si un jour « l’avenir des apprentis était pris en otage ». Une petite phrase pas si anodine que ça et lourde de significations…
AUXERRE : Ombre et lumière, Jean-Pierre RICHARD ? Le président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Yonne a soufflé le chaud et le froid lors de sa brève intervention inaugurale, à l’occasion de l’ouverture du troisième Salon de l’Etudiant et de l’Apprentissage, au parc des expositions.
S’il est montré serein et satisfait de la pertinence de cet évènement, organisé avec la Chambre de Commerce et d’Industrie, le Conseil départemental et l’Académie de Dijon (« c’est la fête pour les jeunes qui vont découvrir les métiers de l’artisanat durant ces deux jours »), en revanche, il se sera montré un brin menaçant dans ses propos en concluant son bref discours d’une phrase pour le moins énigmatique : « Si on n’ose un jour prendre en otage la jeunesse et l’avenir de nos apprentis dans l’Yonne, je ne le tolèrerai pas et je ferai tout pour interdire ce genre de chose… ».
Une allusion à peine voilée aux conséquences de la baisse de subventions de l’Etat sur l’apprentissage, que prévoit de mettre en place le gouvernement de François BAYROU, en diminuant de 6 000 euros à 5 000 euros la subvention pour les PME et de 2 000 euros pour les grands groupes. Une baisse qui serait catastrophique pour poursuivre la dynamique de l’apprentissage qui convainc les entreprises hexagonales et séduit tant les plus jeunes d’entre nous, à l’amorce de leur intégration dans la vie active.
L’artisanat ? 93 % de l’économie de proximité de l’Yonne !
Personne parmi l’assistance de représentants institutionnels et politiques présents n’aura osé poser la question à l’intéressé à l’issue de sa courte prestation, micro en main.
Bon, il est vrai que Jean-Pierre RICHARD s’était tout de même réjoui un peu plus tôt que la France ait de nouveau un budget, favorable à la reprise si attendue de l’économie. Livrant au passage quelques chiffres sur la situation de l’artisanat sur notre territoire, soit la présence de 10 500 ressortissants au sein de la chambre consulaire, pour 1 200 apprentis et 20 000 salariés. Un secteur d’activité qui pèse au bas mot 850 millions d’euros de chiffre d’affaires, c’est-à-dire 93 % de l’économie de proximité de l’Yonne. Ce qu’aura bien noté dans ses tablettes le président du Conseil départemental, Grégory DORTE.
Décidément, en verve, en ce début de matinée, le président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat icaunais a même suggéré que « les artisans pouvaient se comparer à des possesseurs de startups du fait de la diversité de leurs métiers ». Rien que ça !
Mais, la référence sémantique du jour est sans aucun doute celle-ci : son allusion à l’intelligence artificielle dont on nous abreuve les mérites à longueur de journée en « intelligence artisanale » pour tous ces jeunes apprentis qui s’essaient avec bonheur dans les 250 métiers et plus, proposés par la filière ! Gonflé, non !
Thierry BRET
Elle est lancée la troisième édition du Salon de l’Etudiant et de l’Apprentissage de l’Yonne ! Deux jours durant, au parc des expositions AUXERREXPO, la manifestation, fruit d’un étroit partenariat entre les chambres consulaires, le Conseil départemental et l’Académie de Dijon, accueille élèves et familles au gré de multiples stands et ateliers, répartis dans la grande enceinte de l’infrastructure auxerroise. L’inauguration a eu lieu, vendredi, à 08h45 précises dans le hall…
AUXERRE : Soixante-cinq exposants. Qui dit mieux, dans le panorama départemental ? Personne, évidemment ! Le Salon de l’Etudiant et de l’Apprentissage, troisième du nom, a donc ouvert ses portes tôt ce vendredi matin, mobilisant une noria d’élus et de représentants institutionnels, sur la rive droite de l’Yonne, au parc des expositions dont la délégation de service public est sous la responsabilité de la filiale évènementielle de Centre France.
Nombreux étaient les élus du département à avoir effectué le déplacement de bonne heure afin d’assister à la cérémonie inaugurale, placée sous la présidence du nouveau responsable de l’exécutif territorial, Grégory DORTE. En parfait maître de cérémonie et hôte de ces lieux, il revenait au directeur du parc des expositions auxerrois, Sébastien FUENTES d’ouvrir le bal des traditionnelles prises de parole.
Ce dernier se satisfaisait de la présence d’un aussi grand nombre de participants, plus de soixante établissements et centres de formation de la Bourgogne Franche-Comté mais aussi des départements limitrophes.
« L’orientation scolaire, c’est l’affaire d’un choix, expliqua le représentant d’AUXERREXPO, et d’une seule rencontre. Cette rencontre, elle peut se réaliser dans les allées de notre parc exposition aujourd’hui ! ».
Donner aux jeunes un bon bagage pour réussir
Un optimisme revigorant, confirmé par les cohortes de collégiens – les classes de 4ème et de 3ème – qui pénétraient bruyamment dans le vaste hall d’entrée du parc des expositions, au point de faire caisse de résonnance durant les discours des intervenants.
S’accordant deux minutes pour introduire le sujet – il en prit en réalité plus de quatre ! -, Sébastien FUENTES évoqua ensuite l’anniversaire symbolique du complexe dans lequel il accueillait ses invités, un bâtiment érigé il y a juste trente ans de cela. Emmanuel DUBOIS, de la Chambre de Commerce et d’Industrie, lui succéda. Une CCI qui a placé naturellement le curseur de la formation parmi ses priorités en 2025.
« Cette manifestation offre la possibilité à nos jeunes gens de pouvoir explorer les métiers et leurs filières, poursuivit-il, on est sur un monde en pleine évolution avec l’intelligence artificielle (IA) mais pas que ! Il faut donner aux jeunes le bon bagage pour pouvoir réussir… ».
Peu de jeunes sont bacheliers et poursuivent des études sur l’Auxerrois
Avec une option, à cela : que les jeunes demeurent sur le territoire de l’Yonne car celui-ci voit partir chaque année ses étudiants ailleurs, sans réel espoir de retour une fois la formation effectuée. Emmanuel DUBOIS ne manqua pas de parler du nouveau pôle de formation de la Chambre de Commerce et d’Industrie, « Octopus » - le complexe devrait être inauguré à la mi-mai après les derniers points de détail à régler -, et de souhaiter une bonne exploration à ces jeunes gens à la quête du Graal de l’orientation professionnelle.
Prenant ensuite la parole, la représentante de l’Agglo et de la Ville d’Auxerre, Emmanuelle MIREDIN devait s’inquiéter des mauvais chiffres se rapportant au bassin de l’Auxerrois.
« Ils ne sont pas très bons, précisa-t-elle, nous n’avons pas beaucoup de jeunes qui passent le cap du bac à Auxerre et qui poursuivent avec des études supérieures. Nous sommes en dessous de la moyenne nationale… ». Inquiétant, en effet, pour favoriser l’attractivité du territoire…Un salon qui selon elle représente une chance pour toute cette jeunesse.
C’est passionnant de découvrir les métiers de la fiscalité !
Quant au président du Département, Grégory DORTE, il remercia l’ensemble des partenaires présents, ayant chacun financé cette opération.
« C’est un salon qui manquait sur notre territoire et je suis heureux que nous l’ayons initié il y a trois ans de cela. Nous sommes arrivés à un beau résultat avec autant de collégiens qui viennent visiter le site – ils étaient plus de 5 000 l’an passé -, des collégiens qui sont notre cœur de métier au Département… ».
L’élu de l’Yonne esquissa même une plaisanterie en citant la présence du stand de la Direction départementale des Finances publiques (DDFIP) : « C’est passionnant ça comme métier ! Nos jeunes vont aussi connaître comment sont collectés nos impôts et comment ils sont utilisés ! Ce qui me fait dire que les impôts du département de l’Yonne sont très bien utilisés pour organiser ce beau salon ! ».
Un excellent retour sur investissement donc !
C’est la représentante de l’Académie de Dijon qui devait conclure cette succession de discours, Marie-Thérèse BOUCHER. « C’est un enjeu très important pour les élèves et c’est une occasion unique sur le territoire pour ces derniers de pouvoir rencontrer les établissements proposant des formations… ».
En savoir plus :
Salon de l’Etudiant et de l’Apprentissage à AUXERREXPO
65 exposants à découvrir gratuitement toute la journée de samedi 09 février
Thierry BRET
L’une des œuvres se nomme « Lagon ». Un titre évocateur des mers du Sud et des tropiques. Là, on y voit un assemblage de fils aux différents coloris (bleu outremer, bleu plus clair, beige – une note de fantaisie pour rappeler le sable fin -, noir…), de taille plus ou moins différente. La pièce est plutôt volumineuse et est accrochée à l’une des cimaises de la galerie. Elle est née de l’imaginaire fertile d’un artiste natif de l’Yonne, Guy LEHMANN, qui entame sa seconde semaine d’exposition dans l’antre très agréable du « Théâtre des Arts », qui l’accueille encore jusqu’à mardi…
AUXERRE : Originale vision artistique que celle-ci ! Qui nous renvoie à l’une des spécialités artisanales tombées quelque peu en désuétude au fil du temps, le tissage. Des tentures et des fibres ! Tout est dit ou presque dans cette inattendue présentation – celle de l’artiste auxerrois Guy LEHMANN - accueillie dans la sympathique petite galerie, sise juste en face du théâtre et qui se nomme « Au Théâtre des Arts » !
Là où s’active une Claire EVIEUX, toujours bon pied bon œil, qui a su associer avec la création de ce concept insolite et cosy, le mélange entre l’art de la table – l’endroit fait office de salon de thé et propose des pâtisseries et tartes maison des plus appétissantes à déguster en sirotant son chocolat chaud ou son café -, et la présence de toiles et autres sculptures, qui décorent l’ensemble. Un enchantement des sens, entre gustatif et visuel ! On en redemande, bien évidemment…
Il ne reste plus que quelques jours pour y admirer les pièces uniques de Guy LEHMANN. Un garçon influencé par un artiste venu à Auxerre jadis, Thomas GLEVE qui avait présenté une exposition de tentures. Avec son épouse, Micheline – elle présente également des œuvres lors de cette exposition -, l’artiste se passionne pour le tissage, construisant à partir de plan son propre métier à tisser, en y découvrant les fondamentaux de la technique.
Petits et grands tissages sont à découvrir
Du pur plaisir à l’époque, en parallèle de ses activités professionnelles. Puis vint le temps des premières expositions, au « Coche d’eau » en 1976. En 2011, à la galerie « Expression », tenue par la Banque Populaire locale, Guy LEHMANN réalisa une présentation plus conséquente, permettant de montrer au public l’étendue de ses possibilités dans cette discipline.
Ce n’est pas une surprise de retrouver ses œuvres sur les cimaises de la nouvelle galerie d’Auxerre, ouverte il y a quelques mois.
A base de fibres végétales qui sont incorporées dans l’ensemble, Guy LEHMANN dévoile sa touche artistique, en mettant en exergue les volumes via différentes textures de fils, de laine, de laine acrylique, de corde, de coton, voire de ces fameux végétaux (des écorces de palmier !). On y appréciera aussi les petits tissages, réalisés parfois sans métier à tisser.
Quant au message véhiculé par ces œuvres, il est simple. Guy LEHMANN en fournit l’explication : « le tissage et la tenture ne sont pas encore rentrés dans l’esprit des gens, dans cette approche artistique, souligne-t-il, à l’inverse de la peinture. Mon épouse pousse même la démarche beaucoup plus loin en y ajoutant des éléments de crochet et de tricot. Toujours en volume… ».
C’est aux Arts décoratifs de Nice que le natif de l’Yonne a rencontré son épouse, avec une passion commune pour le tissage que cet ancien collaborateur architecte a su partager durant tout ce temps comme un fil d’Ariane…
En savoir plus :
Exposition Guy LEHMANN
Galerie « Au Théâtre des Arts »
45 Rue Joubert à Auxerre
Jusqu’au 11 février 2025
Entrée libre.
Salon de thé
Thierry BRET
Belgique, Pays-Bas, Espagne, Portugal…cela fait bientôt vingt ans que la plupart de ces pays européens ont statué en légiférant sur la pratique de l’euthanasie active. Une « aide à mourir » que réclament les personnes ou leurs familles en phase de situation critique. Même la province canadienne du Québec a adopté ce principe du dernier choix avant de partir. En France, entre polémiques politiciennes à n’en plus finir et aspects sémantiques administratifs à la virgule près, rien n’est encore applicable sur cet épineux sujet. Comme d’habitude, pourrait-on dire dans ce pays miné par sa traditionnelle lenteur en matière de prise de décision…
Lundi
En ce 27 janvier, journée de mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’Humanité, la commémoration prenait un relief tout particulier cette année, se conjuguant avec le 80ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques. Mais, suite à la cérémonie qui s’est tenue à Auxerre, il est permis de s’interroger : pourquoi avoir retenu le monument aux morts plutôt que celui dédié aux déportés, situé à quelques pas de là, certes moins « ripoliné » de frais ? Plus étrange encore : « La Mer » de Charles TRENET était-elle appropriée pour bercer de « ses golfes clairs et reflets d’argent » cet instant de recueillement ? Une incongruité déjà relevée le 11 mars dernier, lors de la Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme, où la même partition servait déjà de fond musical ! Les autorités et les organisateurs connaissent-ils seulement ce chant de mémoire qu’est le « Chant des marais », écrit par des prisonniers politiques allemands en 1933, devenu depuis la Libération, l’hymne douloureux de la déportation ? Sans doute pas assez glamour, pas assez « fou », pas assez « chantant »… !
Mardi
Le 20 janvier dernier, jour son investiture à la présidence des Etats-Unis, Donald TRUMP, entre outrances verbales, attaques en règle contre son successeur et discours au vitriol, avait donné le ton de ce que serait son second mandat présidentiel. Les premiers décrets pris depuis, ratifiés d’un trait de plume rageur, avec l’emphase qu’on lui connaît, n’ont fait que rajouter à la partition… Pauvre Amérique, pauvre Europe, pauvre monde ! Les nuages s’amoncellent et commencent à recouvrir la planète, sans que l’on sache dans quel état elle retrouvera le jour dans quatre ans… « Make the world great again » !
Mercredi
Bien décidés à jouer un rôle plus prépondérant dans le paysage syndical agricole icaunais, les sympathisants de la Coordination Rurale multiplient les démonstrations de force, comme en témoigne le blocage la semaine dernière pendant plusieurs heures, de l’entrée du centre-ville auxerrois. La vingtaine d’agriculteurs présents sous la banderole « Coordination rurale de l’Yonne », ont reçu le soutien de la députée de la deuxième circonscription, la souverainiste Sophie-Laurence ROY, passée les saluer aux premières heures de la matinée. Pour autant et bien que marqués très à droite sur l’échiquier syndical, pas d’appartenance à un parti politique selon le vice-président de la CR 89, par ailleurs tête de liste aux élections de la Chambre d’agriculture départementale, Xavier DEBREUVE, « nous ne sommes pas politisés du tout…, on s’adresse à tous les élus de la République » (Presse Evasion 21 janvier). Des propos qui ne sont pas sans rappeler un sketch du regretté Coluche : « Nous, on ne fait pas de politique ! On n’est pas de droite, ce n’est pas vrai, on n’est pas de droite ! Mais encore moins de gauche, il ne faut pas déconner non plus… » !
Jeudi
Il est des émissions qui sont l’honneur du service public. Le reportage diffusé ce soir dans le cadre d’« Envoyé Spécial » sur cette québécoise de 64 ans atteinte d’un cancer incurable, faisant le choix d’abréger ses souffrances et de partager ses derniers jours de vie face à la caméra, dans un ultime éclat de rire est de ceux-là et restera dans les mémoires. Lumineuse, Odette, filmée en famille, pour une ode à la vie et à la mort, bien loin du débat sur la fin de vie en France, où le plus urgent est … de ne rien faire ! Alors que l’euthanasie est légale au Canada depuis 2016, le Québec est devenu la première province canadienne à légaliser l'aide médicale à mourir, plébiscitée par une grande partie de la population et perçue ici comme soin ultime. A l’image d’autres faits sociétaux, celui-ci est douloureux, mais notre pays saura-t-il un jour s’affranchir des positions partisanes ou politiciennes pour dépassionner le débat et légiférer sereinement sur le sujet ? A l’issue de sa courte vie, Odette a su s’inventer une route, puissions-nous un jour, trouver la nôtre…
Vendredi
Depuis un quart de siècle, l’armée française faisait fabriquer une partie de ses uniformes « de gala », notamment ceux portés par nos valeureux « pioupious » lors du défilé parisien du 14 juillet, par un atelier textile calaisien. Un marché représentant la quasi-totalité de la production de l’entreprise nordiste, mais qu’elle vient de perdre au bénéfice d’un concurrent disposant d’usines à… Madagascar ! Une décision conduisant la société-mère MARCK & BALSAN à fermer son site de fabrication de Calais, entraînant de facto le licenciement de 65 salariés. La « Grande muette » semble coutumière du fait, ayant déjà dans le passé, remplacé son emblématique « Famas », fabriqué trente ans durant à Saint-Etienne, par des fusils d’assaut allemands, jugés moins onéreux… A quand une bombe atomique tricolore « made in China » ?
Samedi
Joie et soulagement après la libération de premiers otages israéliens détenus depuis le 7 octobre 2023 par le Hamas. Mais que la trêve semble fragile et sombre l’avenir face au sentiment commun de haine, partagé par les populations en présence. D’un côté, Gaza et ses dizaines de milliers de victimes, de l’autre, le souvenir de 1 200 personnes assassinées ou enlevées, terreau fertile pour jeter à la trappe toute idée de deux états vivant en paix côte à côte… Comme toujours, les extrêmes se réjouiront de la situation et sauront en tirer parti, surtout pas pour le meilleur, mais bien pour le pire !
Dimanche
Episode neigeux, goutte de froid venue de Scandinavie, vent polaire, des départements en alerte… les superlatifs ne manquent pas lorsque venue la sacro-sainte heure de la météo, les médias rivalisent pour soliloquer sur les températures enregistrées. Il fut un temps, pas si lointain, où l’on savait s’affranchir de ces prévisions anxiogènes et se contenter d’un constat aussi naturel que rassurant : c’est l’hiver, il fait froid et c’est normal !
Dominique BERNERD
Du brouillard. A couper au couteau pour arriver depuis Auxerre jusqu’à la salle des fêtes de la localité de Puisaye-Forterre, Ouanne. Devenue le temps d’une réunion publique d’un soir la capitale hexagonale de la droite traditionnelle, un rendez-vous concocté par les Républicains de l’Yonne, avec la présence de leur leader charismatique, un Laurent WAUQUIEZ très à l’aise dans le verbe et en verve dans les formules, qui près d’une heure durant, va dérouler ce qui pourrait s’apparenter à un futur programme de présidentiable à l’orée de 2027…
OUANNE : Conditions météo oblige, le timing de cette réunion publique de belle facture avec la participation d’une personnalité politique nationale de premier plan, à venir dans l’Yonne en cette année 2025 à la rencontre des Français, n’aura pas débuté à l’horaire initial. Prévu à 18h30, il aura fallu s’armer d’un peu de patience pour un auditoire mobilisé comme aux plus jours d’une campagne électorale et il n’y avait visiblement pas assez de chaises pour accueillir toutes les personnes ayant bravé un brouillard tenace et épais, soucieuses de converger dans les meilleurs délais vers la salle des fêtes communale.
Qu’à cela ne tienne ! Le temps imparti à cette attente prévisible sera largement compensé par des discussions et rencontres opportunes avec les ténors de la droite républicaine de l’Yonne, mobilisés comme un seul homme pour la circonstance dans le village de Puisaye.
Toute la droite républicaine de l’Yonne était là !
Aux premiers rangs, on retrouvera l’ancien ministre Henri de RAINCOURT, toujours en grande forme, dissertant longuement avec son ami et voisin du Loiret, Jean-Pierre DOOR, ancien édile de Montargis durant deux décennies et pensionnaire de l’Assemblée nationale. Un peu plus loin, Christophe BONNEFOND, vice-président du Département de l’Yonne discutait avec Sonia PATOURET, promue au rang de première vice-présidente du Conseil départemental depuis l’élection du président, Grégory DORTE. François BOUCHER n’était pas loin. A l’instar d’Isabelle FROMENT-MEURICE ou de Gilles ABRY…Même le maire de Montholon, Fernando DIAS GONCALVES avait effectué le déplacement. A l’identique de nombreux élus de Puisaye-Forterre. On apercevra même l’ancien député de l’Yonne, André VILLIERS, pourtant auréolé des couleurs de l’ancienne majorité présidentielle, « Horizons »…
Vint le moment si attendu par la salle où, accompagnée de Céline BAHR, la conseillère régionale, Guillaume LARRIVE en maître de cérémonie en sa qualité de président des Républicains 89, précédé de Grégory DORTE, pénétra dans la salle avec à ses côtés Laurent WAUQUIEZ, l’ancien président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et aujourd’hui président du groupe des députés de la droite républicaine au Palais Bourbon.
Sous un tonnerre d’applaudissements, le presque quinquagénaire – il fêtera ses 50 ans tout rond le 12 avril prochain ! -, traversa d’un pas alerte la salle en s’excusant de son léger retard, puisque arrivant de l’Assemblée nationale.
Le principal danger pour le pays, c’est LFI !
On connaît la passion du Lyonnais pour l’Histoire puisque cet énarque est également agrégé dans cette discipline. Aussi ne fut-ce pas surprenant que Laurent WAUQUIEZ, une fois les salutations et les remerciements d’usage effectués, débuta sa longue intervention de quarante minutes consacrée à la situation ubuesque et gravissime de l’Hexagone par une référence à Rome et à ses empereurs. Surtout à la chute de ces derniers ! « Tout cela était lié à des affrontements entre les clans pour prendre le pouvoir… ».
Fait-il allusion à la sempiternelle guerre des chefs qui mine la droite républicaine depuis tant d’années ? Que nenni ! Il pointe alors du doigt le rôle de La France Insoumise, « le pire pour la France, ce serait que Jean-Luc MELENCHON dirige un gouvernement ! ».
Le ton est donné. Posé, calme jusqu’à dans l’intonation de la voix, mais percutant par le biais de ces petites phrases assassines pour ses adversaires, l’orateur brosse le tableau d’une France en proie aux velléités gouvernementales de LFI – « un parti qui prône l’apologie du terrorisme en France et qui a rompu avec les valeurs de la laïcité en soutenant les islamo-gauchistes » - et qu’il considère comme le principal danger pour la république.
Un budget, certes, mais imparfait…
Sur le sujet de la censure du gouvernement, Laurent WAUQUIEZ rappelle que les Républicains ont accepté de faire le pas en soutenant d’une part celui piloté par Michel BARNIER – on connaît la suite de l’histoire -, et d’autre part, celui de François BAYROU. A ce titre, l’intervenant admet que « c’est un peu plus difficile avec le maire de Pau ! ».
« Nous sommes dans un soutien au gouvernement exigeant, texte par texte, souligne Laurent WAUQUIEZ. Puis, critique envers le Rassemblement national, il dénonce que celui-ci ait fait tomber le gouvernement BARNIER. « Le comportement de Marine LE PEN a changé avant et après son procès ! Avant, elle ne parlait pas de censure… ».
Le prétendant à la présidentielle 2027 n’a donc pas aimé cette prise de décision : « ses intérêts partisans sont passés avant les intérêts de la France et je n’ai pas aimé ce qu’elle a fait en censurant le gouvernement ni à nos agriculteurs, à nos maisons de retraite… ».
S’occuper de la France, c’est se mettre au niveau et privilégier la stabilité et les intérêts du pays ? Oui, affirme l’orateur, sans se départir de son calme olympien malgré un souci technique de micro.
« Oui, ce budget est imparfait, ajoute-t-il, et j’aurai préféré avoir d’autres lignes budgétaires dedans, mais l’essentiel, c’est que la France a de nouveau un budget ! ». Le pire des budgets n’est-il pas de ne pas en avoir finalement ?!
Les organes étatiques trop gourmands dans l’œil du cyclone
Désireux de remettre le pays « la tête à l’endroit » alors qu’il vit des moments de déclin, Laurent WAUQUIEZ fixe la feuille de route à venir, soit un programme servant de trame à la présidentielle 2027, articulé vers deux axes prioritaires : sanctionner les délinquants et récompenser le travail.
« Il nous faut remettre de l’ordre dans ce pays, explique-t-il, et non nous faire croire que ce sont les chèques qui font notre pouvoir d’achat, principe du socialo-étatisme ! Des chèques qui sont financés par nos impôts payés par celles et ceux qui travaillent… ».
Chantre de la lutte contre le gaspillage – « il existe partout ! » -, Laurent WAUQUIEZ cible tout particulièrement les agences et organismes d’Etat officiant dans le pays. Un millier de ces entités qui engloutissent un budget annuel de 80 milliards d’euros ! Ces dix dernières années, les budgets de ces différentes structures étatiques ont augmenté de 50 %.
« Peut-on en dire autant de nos soignants, des effectifs de nos écoles, s’interroge le député LR, ce ne sont pas les policiers et les gendarmes qui bénéficient de telles sommes ! Ce sont ces organismes qui nous abreuvent de normes et qui dégoûtent toutes celles et ceux qui entreprennent et qui travaillent ! ».
Se voulant encore plus pragmatique, l’orateur accentuera le trait en donnant l’exemple de l’ADEME, dont le budget de fonctionnement s’élève à 270 millions d’euros pour mille agents. « Tout ça, pour dire aux Français, combien de fois doivent-ils laver leurs vêtements ?! ». Rires dans la salle.
Résoudre l’incivilité par l’application de petites sanctions
Et d’égrener ensuite tous les organismes inféodés à l’environnement et à la protection de la nature.
« Ce sont eux qui traquent les agriculteurs, parfois avec un pistolet à la ceinture ! Et on se demande où on peut faire des économies ! ».
Face à cette prolifération sans borne de toutes ces structures de l’Etat, la droite républicaine n’a qu’une seule réponse : supprimer les budgets et ces organismes. « Cette bureaucratie nous étouffe et est en train de ruiner la France ! ». C’est la bataille fondamentale de Laurent WAUQUIEZ. Une démocratie qui s’est fait confisquée ses marges de manœuvre pour agir dans l’intérêt de nos concitoyens ? Le président du groupe de la droite républicaine se veut catégorique dans sa réponse : « oui ! ».
Fermer les yeux sur les abus de la carte Vitale ou l’annulation des rendez-vous médicaux furent des sujets abordés ensuite par l’orateur. « Nous devons obtenir enfin un référendum sur ce sujet des aides sociales. De GAULLE a toujours dit que les Français devaient s’exprimer, alors chiche ! Alors qu’ils s’expriment sur de vrais sujets comme l’école, la délinquance, le système social… Ce ne sont pas les cours suprêmes qui doivent agir au nom des Français ».
Saluant le travail du binôme Bruno RETAILLEAU et Gérald DARMANIN, Laurent WAUQUIEZ souhaite que la France tape au portefeuille, notamment sur le dossier de l’Algérie – « ce pays se moque de nous ! » -, en fiscalisant les transferts de fonds. Il est également favorable à l’application de petites sanctions pour résoudre la recrudescence des incivilités dont se plaignent les Français. Même si la France a un problème de sous-capacité carcérale. « Il nous faut une loi d’urgence pour construire les prisons dont on a besoin… ».
En finir avec l’assistanat qui ruine le pays
S’insurgeant contre le système social actuel – « ceux qui sont sanctionnés, ce sont les personnes qui travaillent ! » -, l’orateur cite les exemples de salariés qui sont pressurisés par les impôts ou des retraités en grandes difficultés financières. « On est en train écœurer les gens, du fait des charges trop élevées en France. Il nous faut combattre l’assistanat et ses abus ! C’est en train de ruiner notre pays… ».
Aider les gens par le travail ? Un précepte de bon sens pour Laurent WAUQUIEZ qui veut remettre la France au travail en y ajoutant la reconnaissance de l’effort.
« C’est la différence fondamentale avec le RN, notamment pour remettre les allocataires du RSA sur la voie professionnelle, eux qui sont souvent leurs électeurs… » .
Des propositions que le responsable des Républicains entend bien expliquer auprès du plus grand nombre de nos concitoyens ces prochains mois en vue de l’échéance présidentielle du printemps 2027. Douze ans que les Républicains ne se sont pas occupés de la Nation. Un bail pour celles et ceux qui assistaient nostalgiques à ce meeting de la droite traditionnelle…Alors, la reconstruction de la droite responsable et solide, capable de mobiliser les Français, a-t-elle débuté hier soir dans l’Yonne ?
Thierry BRET