Vingt-cinq minutes d’intervention. Pas une de moins. D’un ton solennel et déterminé, le président du Conseil départemental de l’Yonne Grégory DORTE s’est fendu d’un long discours en début de séance plénière, à l’occasion du vote du budget 2025. La suite logique après le débat d’orientations budgétaires, survenu le 21 février dernier. Un budget n’ayant pas de précédent, selon les mots du président de l’exécutif. Face à une situation inédite et une conjoncture économique fortement dégradée, le CD 89 n’avait pas d’autres choix que d’entériner de la sorte. Pour éviter l’asphyxie menaçant les finances et entrer en résistance…
AUXERRE : Le ton est grave. La voix est forte. Une fois l’hommage rendu publiquement à l’entrepreneur et homme politique Gérard BOURGOIN décédé il y a peu – la minute de silence sera scrupuleusement respectée sur sa durée initiale avant une salve d’applaudissements nourris -, le président de l’exécutif départemental Grégory DORTE s’est donc attelé à expliquer les tenants et aboutissants de ce futur budget 2025, devant être voté au cours de la matinée par les élus de l’Yonne. Un budget, on l’aura compris beaucoup plus complexe et restrictif à présenter que d’ordinaire, du fait du contexte international et hexagonal.
« Nous avons connu trois Premiers ministres en un an, et une dissolution, souligne l’orateur, cela n’aura apporté que de la confusion, du brouhaha et de l’immobilisme. Dans ce contexte, le pays ne pouvait pas espérer un redressement rapide des comptes de la Nation dans la loi de Finances… ».
Un contexte qui impacte de plein fouet les départements de France. De trente à quarante d’entre eux sont aujourd’hui au bord de la faillite. Le premier département pouvant être potentiellement en cessation de paiement n’est autre que celui de l’Aisne.
« Cela ne peut engendrer que des conséquences dramatiques pour un territoire, ajoute Grégory DORTE, le regard rivé sur ses notes, c’est un scénario catastrophique sur l’ensemble de l’architecture institutionnelle locale. L’effet domino sera désastreux… ».
En 2024, le couperet de la guillotine budgétaire n’était déjà pas passé loin pour ce département de l’Est de la France : un fonds d’urgence de 22 millions d’euros avait été inscrit urgemment dans son plan de redressement par la collectivité territoriale. L’Etat l’avait alors abondé.
« Ce n’est pas une solution pérenne pour les départements, poursuit Grégory DORTE, surtout si à terme une quarantaine de départements utilise cet artifice budgétaire ! ».
« Nous ne sommes pas là pour infantiliser nos concitoyens ! »
Offensif, déterminé, l’intervenant ne souhaite pas se résigner face à cette situation inexorable. Au nom de la responsabilité envers le territoire et sa population.
« Elle attend de nous une protection, des services et surtout un cap. Nous devons arrêter de subir cet Etat qui fait peser sur nous des décisions qu’il n’a plus les moyens d’assumer… ».
Une phrase servant de préambule à l’explication de la présence insolite mais pas gratuite dans les faits de cette bâche placée au-dessus de la tribune officielle.
« C’est une ardoise, renchérit le maire de Pont-sur-Yonne, faite de débits que nous doit l’Etat français chaque année. Je le dis au gouvernement : il est inutile de nous adresser un manuel de survie budgétaire ! Nous sommes des élus responsables, de proximité et nous savons que nous devons voter un budget en équilibre ! ».
Ironique sur le fait que les Français devaient dorénavant se prémunir de boîtes de conserve, d’une lampe-torche et de piles neuves en cas de crise ouverte, Grégory DORTE rappela que les élus de proximité étaient là pour agir et « non infantiliser » leurs concitoyens !
Un budget 2025 qui devrait constituer un précédent de l’aveu même de l’orateur.
« La période qui s’ouvre est très périlleuse tant la situation budgétaire et financière de l’Etat est alarmante avec 3 505 milliards d’euros de dettes ! Il n’y a pas une once d’économie structurelle qui pointe à l’horizon des décisions gouvernementales ! Bien au contraire… ».
Alors, pourquoi l’Etat se priverait-il de lorgner un peu plus sur les comptes des collectivités territoriales ? Des collectivités, à l’instar de l’Yonne, qui présentent des comptes sains, grâce à une gestion responsable…et qui deviennent in fine des proies si faciles à prélever alors que la déconnexion est irrémédiable entre l’Etat et le terrain ?
« Aujourd’hui, l’Etat nous doit 70 millions d’euros par an, reprit de plus belle un Grégory DORTE très véhément contre l’exécutif hexagonal, je dis bien 70 millions d’euros par an, au titre de l’exercice 2024 ! Cela représente près d’un cinquième de notre budget de fonctionnement : c’est énorme. Aujourd’hui, la maison (CD 89) ne peut plus faire crédit ! ».
L’Yonne ne versera pas la part non-compensée de l’Etat sur le RSA
En visite la veille dans l’Yonne, le ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation François REBSAMEN est reparti avec la lettre de doléances du président de l’Yonne en poche. Un haussement de ton qui non seulement se produit dans les paroles mais également dans les actes.
« Je vous annonce que le Département de l’Yonne ne versera pas à partir de juin prochain la part non-compensée par l’Etat du RSA (Revenu de Solidarité Active) de 27 millions d’euros. Un RSA qui coûte déjà 60 millions à notre collectivité… ».
Une fronde généralisée dans les départements de l’Hexagone ? Ils ont plus de 70 à refuser de verser la part non-compensée de l’Etat, imputable à la hausse de 1,7 % du RSA décidé par le gouvernement. Si ces mesures sont symboliques – elles ne remettent nullement en cause la volonté du Conseil départemental de ne pas subvenir aux aides des allocataires du RSA -, elles permettent en revanche de prendre l’opinion à témoin.
Un peu plus loin, Grégory DORTE souleva la question des principales ressources de l’exécutif départemental : « nous ne prélevons pas l’impôt, nous recevons une fraction de TVA, nous recevons des dotations de l’Etat, et nos ressources principales n’ont plus d’ancrage territorial. C’est un non-sens démocratique ! Pire, nous ne faisons que réaffecter la majeure partie de ces dotations puisque 80 % de nos dépenses sont contraintes. Nous avons glissé au fil des années vers une logique de guichet : ce qui est un second non-sens démocratique… ».
Une des raisons de la crise financière des départements : l’absence de lien direct entre le contribuable et le territoire. « Cela a aussi des conséquences néfastes entre le citoyen et l’élu, concède Grégory DORTE, il nous reste juste les DMTO (les Droits de Mutation à titre onéreux) applicables dans le cadre des transactions immobilières. Nous les avons augmentés pour trois ans de 0,5 point uniquement pour trois ans avec une exemption pour les primo-accédants. Nous allons rehausser la part départementale de la taxe d’aménagement de 1,3 % à 2,5 %. Une hausse qui nous permettra de renforcer notre action en faveur de la préservation des espaces naturels sensibles et des pépites environnementales… ».
Un budget du « courage » sans choisir entre « mourir de faim » et « mourir de soif »
Des mesures insuffisantes pour inverser la tendance pour la collectivité départementale. Alors, le modèle économique des Départements est-il à bout de souffle ? « Oui, le proclame haut et fort le président de l’Yonne, il nous faut le repenser collectivement ! Ce budget primitif a été élaboré dans la douleur car trouver 21 millions d’euros d’économies ne peut être sans conséquence sur les ambitions de notre territoire… ».
21 millions d’euros d’économies. Un chiffre que l’élu de l’Yonne septentrionale placera avec insistance en miroir avec les 27 millions d’euros de part non-compensée du RSA imposée par l’Etat ! « Ce sera plus cette année avec l’instauration du RSA à la source voulue par le gouvernement. Soit une hausse de 30 % du nombre d’allocataires… ».
Ce qui fera dire un peu plus loin par le président que « bon nombre d’allocataires du RSA peuvent travailler ! S’ils veulent être aidés pour cela, nous les aiderons ! ».
Un pur exemple de solidarité et d’action sociale, pour le président qui enchaîne : « si la solidarité est le devoir premier d’une nation, abuser du modèle social ne peut que fragiliser la cohésion sociale… ».
En 2022, l’Yonne s’est lancée dans l’expérimentation de France Travail avec les quinze heures d’activité comme contrepartie du RSA. « Il faut aller plus loin dans le cas de non-respect des devoirs des allocataires. Des droits impliquent des devoirs au nom de la justice sociale… ».
Quant aux arbitrages liés à ce budget primitif, ils ont été douloureux à faire. « Ils ont été expliqués à l’ensemble de nos partenaires, affirme Grégory DORTE, nos leitmotivs sont transparence, vigilance, exigence, confiance ; autant de valeurs autour de ce budget méthodique réalisé par les élus et les services techniques… ».
Un budget ayant nécessité du « courage » où il n’aura pas fallu choisir entre « mourir de faim et mourir de soif ».
« Nous continuons d’être à la fois un département protecteur et ambitieux, précisa l’orateur, l’attractivité est notre credo. Les 20 % de dépenses non-contraintes seront dédiées aux politiques sportives et culturelles et à ces bénévoles qui permettent au quotidien de maintenir la cohésion sociale du territoire. Je pense aussi aux Pactes de Territoires dont les enveloppes seront augmentées de 3 millions d’euros… ».
Repenser le modèle départemental et son financement
Le vote du second Pacte de Santé, cher à Gilles PIRMAN, s’inscrit également dans cette même ligne de soutien sur 2025/2027. 318 millions d’euros constitueront le socle du programme pluriannuel d’investissement ambitieux sur cinq ans. Le CD 89 aura recours à l’emprunt à hauteur de 26 millions d’euros. Des investissements possibles grâce au faible niveau d’endettement de la collectivité et d’une bonne gestion en « bon père de famille ».
Parmi les autres investissements soutenus par le Conseil départemental, il y a évidemment la LISA, la Liaison Sud d’Auxerre. Les travaux de la partie départementale viennent de débuter entre Villefargeau et Vallan.
Quant à la jeunesse et les collèges, le territoire icaunais sera toujours à la manœuvre avec plusieurs réalisations en termes de réhabilitation d’établissements à Pont-sur-Yonne, à Sens, à Villeneuve l’Archevêque ou la construction du Foyer départemental de l’Enfance.
« Nous résistons et nous faisons mieux, annonça Grégory DORTE, nous regardons l’avenir avec confiance grâce à la création de l’agence d’attractivité départementale – une véritable bouffée d’oxygène pour le territoire – mais aussi la labellisation prochaine du Grand Site de Vézelay, après le dépôt du dossier définitif. Une labellisation pouvant être officielle d’ici la fin de 2025. Quant à l’aménagement du site du Bourdon, il est prévu… ».
L’Yonne est-elle à la croisée des chemins ? « Assurément, répond le président, nous devons montrer la voie pour des ambitions fermes et affichées. Les Icaunais peuvent compter sur nous, l’Etat également ! Nous voulons une complémentarité dans l’action avec lui… ».
Le successeur de Patrick GENDRAUD aura montré un bel élan de combativité durant cette prise de parole. Et une volonté de transparence. « Je vous dirai toujours la vérité ! La période que nous traversons va perdurer et va nécessairement impliquer de repenser le modèle départemental et ses finances. Ce sera une question essentielle pour la future présidentielle… ».
Féru de citations – il en a fait sa marque de fabrique à chaque discours prononcé ! -, Grégory DORTE s’inspira avec sagesse du dalaï-lama, « un arbre avec de fortes racines peut résister à la tempête la plus violente… ».
Faisant allusion au modèle départemental qui a pris ses racines durant la Révolution et qui saura résister à la tempête actuelle qui secoue notre pays ! Puisse-t-il avoir raison !
Thierry BRET
Dur, dur, d’être un bébé ! C’est JORDY qui chantait çà en 1992. Une ritournelle qui aura bercé longtemps les oreilles des auditeurs français avec un thème traité sur le mode humoristique sur les conditions existentielles complexes de nos jeunes pousses en devenir ! Bon, qu’on se le dise, ce ne sera pas l’hymne de ce 6ème Salon du Bébé et de la Petite Enfance 2025 concocté par le KIWANIS Ycaunae de Sens. Peut-être que les nombreux visiteurs auront cet air-là qui leur trottera dans la tête lors de leur venue ce samedi 05 avril, salle René Binet !
SENS : Ici, on accueille les parents, les futurs parents, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, les grands-parents, les aïeuls…Bref, tout ce qui compte dans la composition d’une famille de base, sans oublier les…enfants ! Qu’ils soient petits, voire un peu plus grands, naturellement ! Fort de ces succès observés lors des éditions précédentes, le Salon du Bébé et de la Petite Enfance pose ses valises pour la sixième année dans la salle des fêtes de la sous-préfecture septentrionale de l’Yonne. Un rendez-vous à la fois familial – il ne pouvait en être autrement – mais également convivial.
A la baguette, un club service. L’insigne au revers du chemisier ou de la veste car il est féminin, est celui du KIWANIS. Nom de baptême : YCAUNAE. Sémantique originelle : ICAUNA, déesse de la rivière Yonne, célébrée dans la religion païenne gallo-romaine bien avant le christianisme. Le club service de Sens se nomme donc KIWANIS YCAUNAE SENS. En abrégé : KYS. Rien à voir avec les musiciens du célébrissime groupe de hard-rock (KISS), dont la signification, vous l’aurez compris, est tout autre : le baiser !
De quoi s’instruire et s’éduquer au rôle de parents
Mais, justement des baisers et autres bisous, il y devrait y en avoir à foison avec toute cette progéniture (les bébés et la petite enfance) qui se retrouvent ainsi au centre de cette actualité généreuse, orchestrée par les membres du KYS Sénonais. Bien sûr, les visiteurs y retrouveront tout ce que compte la filière professionnelle intervenant sur ce thème : ceux de l’accouchement (il faut bien commencer par un point de départ) à ceux de la puériculture, de la santé et de l’éducation. Tous seront là pour y prodiguer conseils et préconisations, répondant ainsi à toutes les interrogations des parents ou futurs parents. D’ailleurs, la plupart de ces professionnels interviennent au sein du département Femme Mère Enfant, la nouvelle entité du centre hospitalier local.
En parallèle, les visiteurs pourront assister à des conférences, voire des démonstrations sur des sujets variés tels que les gestes des premiers secours – toujours très utiles, il est vrai -, la nutrition, l’éducation, l’accueil des enfants, la préparation à l’arrivée d’un nourrisson…Des animations orientées vers les adultes.
Du côté des bambins – il y en aura logiquement ! -, l’organisation s’appuie sur ses partenaires pour rendre attractifs les espaces de jeux et autres ateliers créatifs pour les plus petits, notamment. Une plage d’activité est même consacrée aux massages…
L’euro symbolique pour l’entrée mais utile pour l’hôpital de Sens
Unique salon de la région organisé autour de cette thématique pourtant essentielle de la structure familiale, ce rendez-vous qui s’articule en priorité sur des offres de services et de prestations pour les enfants âgés de 0 à 7 ans sera ouvert à partir de 10 heures, samedi, pour mieux s’achever aux alentours de 18 heures. Un droit d’entrée, certes symbolique d’un euro mais ô combien précieux pour le département Femme Mère Enfant de l’hôpital de Sens, sera demandé aux visiteurs, sauf aux enfants. Une façon astucieuse pour les adhérentes du KIWANIS YCAUNAE de réaliser leur action sociale ! Il sera même possible de se sustenter sur place et de réchauffer les biberons des plus affamés !
Thierry BRET
Sans surprise, son communiqué de presse est tombé sur les bureaux des rédactions aux premières heures de la soirée de lundi. Avant un passage télé et un autre sur les ondes de Sud Radio, dès le lendemain. Condamné dans le cadre du procès des assistants parlementaires du Front National à un an d’inéligibilité sans exécution provisoire et à huit mois de prison avec sursis, le député de la troisième circonscription de l’Yonne, Julien ODOUL, a décidé de faire appel de la décision du tribunal correctionnel de Paris.
SENS: « Notre démocratie est en voie d’effondrement, des millions de Français ont été éliminés politiquement par tous les moyens et même les pires par le système… ». Face à Jean-Jacques BOURDIN, sans langue de bois et animateur vedette de la matinale de Sud-Radio, Julien ODOUL n’a pas assez de mots pour qualifier le coup de tonnerre vécu par la formation mariniste, lundi 31 mars en milieu de journée. « Une journée funeste pour la démocratie » avait ainsi argué quelques heures auparavant sur le plateau de TF1 la présidentiable de 2027.
Et Julien ODOUL de fustiger la décision du tribunal correctionnel de Paris : « Nous sommes victimes d’un acharnement judiciaire et d’un coup d’Etat des juges… ». Puis d’enfoncer le clou quelques instants plus tard : « ce n’est pas à la dictature des juges de décider qui peut se présenter ou pas aux suffrages des Français… ».
Un Julien ODOUL, remonté tel un coucou helvétique, qui a décidé de faire appel de la décision judiciaire et de démontrer ainsi son innocence. Il s’en explique : « La décision du tribunal correctionnel de Paris est une exécution politique. Alors que Marine LE PEN et le Rassemblement National sont innocents des faits reprochés, alors que les juges ont reconnu qu’il n’y avait ni enrichissement personnel ni corruption pour aucun des prévenus, la peine d’inéligibilité avec exécution provisoire qui frappe Marine Le Pen ressemble à un coup d’Etat judiciaire et à une volonté manifeste de l’empêcher de remporter l’élection présidentielle de 2027… ».
Conservation des mandats électifs après appel…
A l’instar de 23 autres personnes issues de sa formation politique, le parlementaire de l’Yonne et président du groupe RN de Bourgogne Franche-Comté a été sanctionné par le tribunal parisien dans l’affaire des présumés « emplois fictifs » des assistants parlementaires européens du Front National. Verdict : une condamnation pour recel de détournement de fonds publics avec à la clé huit mois de prison avec sursis et une peine d’inéligibilité d’un an, sans exécution provisoire.
Dans son communiqué de presse, adressé aux rédactions, Julien ODOUL s’interroge : « Dans quel pays, dans quelle démocratie ferme-t-on une chaîne de télévision ? Dans quel pays, dans quelle démocratie met-on un ancien président de la République en prison avec une peine prononcée supérieure à celles prononcées contre les trafiquants de drogue ? Dans quel pays, dans quelle démocratie, le leader de l’opposition est interdit de se présenter à l’élection présidentielle ? ».
Ayant décidé d’interjeter appel, le député de l’Yonne précise que « cette condamnation est nettement inférieure aux réquisitions du parquet et ne revêt donc aucun caractère définitif. Elle est totalement remise en cause du fait de l’appel... ».
Conséquence : l’élu icaunais conserve sa présomption d’innocence et poursuit ses mandats de député de l’Yonne et de conseiller régional de Bourgogne Franche-Comté qui lui ont été confiés par ses électeurs.
Thierry BRET
Une première. Toute en symbole. L’assemblée générale de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Yonne a pu se dérouler confortablement dans le nouvel antre, flambant neuf, de la vénérable institution consulaire départementale. A savoir le concept « OCTOPUS », nouveau bâtiment à la belle architecture sis au beau milieu de la pépinière d’entreprises auxerroise. Un bâtiment devant être inauguré dans les semaines à venir et que les membres du Conseil d’administration de la chambre icaunaise ont pu apprécier à sa juste valeur…tout comme le préfet de l’Yonne, Pascal JAN, invité à la séance de travail…
AUXERRE : C’est chouette, le nouvel édifice à l’estampille de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Yonne ! L’une de ses salles a accueilli il y a quelques jours la première assemblée générale de l’institution consulaire, en présence du préfet de l’Yonne Pascal JAN – le représentant de l’Etat est toujours fidèle au poste en terre icaunaise, cela fera bientôt trois ans le mois prochain qu’il a pris ses fonctions dans la cité de Paul BERT -, qui a dû apprécier la qualité des lieux, propices aux retrouvailles institutionnelles et professionnelles.
Même si quelques-uns des élus de la CCI 89 arrivèrent avec un léger retard – sans doute en éprouvant quelques difficultés à trouver une place sur le parking situé à l’extérieur de la pépinière d’entreprises un peu trop exigu en pareille circonstance -, Thierry CADEVILLE devait se satisfaire d’une telle assistance puisque agrémentée des présences de Xavier DUALE, le directeur départemental de la Banque de France ou de Yves HUTIN, directeur pour l’Yonne de France Travail.
Nous reviendrons dans un autre article sur la prestation du préfet de l’Yonne qui réalisa une longue intervention de près de trente minutes qui ne berça pas véritablement l’auditoire dans un optimisme béat.
Ses propos que nous expliquerons en détails se concentrèrent sur trois thématiques majeures mais ô combien en phase directe avec l’actualité : les risques de cyber-attaques venant grever la bonne fonctionnalité des entreprises (et des collectivités) de toute taille et de toute obédience sectorielle avec en corollaire l’ingérence russe qui se fait sentir à tous les étages de la fusée (rien à voir avec les Spoutniks !), la santé mentale, grande cause annuelle pour l’Etat français tant pour les salariés que pour les employeurs – c’est peut-être aussi une résultante des malveillances numériques citées précédemment – et surtout le désir de réarmement de la France et le rôle du milieu entrepreneurial qui pourrait être fort utile à la « Grande Muette » dans ses besoins et ressources à venir pour travailler à la défense européenne, à défaut hexagonale.
La morosité économique dans l’Yonne n’est pas encore dans le rouge, mais…
Dans le prime instant avant ces précisions intéressantes mais un tantinet anxiogènes, Thierry CADEVILLE, lui, se cantonna tout d’abord à présenter la structuration de ce nouveau bâtiment (« OCTOPUS » = la pieuvre), fonctionnel depuis le mois de janvier. Une visite étant même organisée à l’issue de cette assemblée, sans doute agrémentée de l’accompagnement explicatif du directeur des lieux, Jérôme MAYEL et de Tessa CHARVET, responsable du Secrétariat des Affaires générales de la maison.
D’ailleurs, il livra un premier scoop lors de ses propos liminaires le président : la date de l’inauguration officielle du site, le 14 mai. Un évènement qui sera vécu comme un grand raout avec tout ce qui compte en personnalités diverses et variées de la sphère économique, institutionnelle et politique du département, mais aussi de la Région Bourgogne Franche-Comté. Il est à noter la venue à cette occasion du président de CCI France Alain DI CRESCENZO.
Puis revenant à son préambule introductif, le président de la CCI Yonne évoqua le contexte économique du moment. « Pour tous les acteurs de l’économie, et je cite la Banque de France, France Travail, les Conseils des Prud’hommes, les Tribunaux de Commerce, certains syndicats professionnels, les dirigeants d’entreprises du domaine de l’emballage, de l’intérim et du transport, le moins que l’on puisse à leur écoute, c’est que le mot « sérénité » a disparu de leur vocabulaire. Un ressenti que l’on n’aurait pas connu il y a encore six mois… ».
Alors, les témoins d’alerte de la morosité économique virent-ils au rouge en cette fin de premier trimestre 2025 ? Pas encore ! Pour l’heure, la couleur choisie par Thierry CADEVILLE se limite à l’orange.
« Les déclarations préalables à l’embauche se situent à moins 4 % sur douze mois ainsi que le marché de l’intérim. Voire dans certains secteurs, les baisses se constatent à deux chiffres en négatif… ».
Trop d’épargne en France et pas assez de consommation…
Sous l’écoute attentive du patron de France Travail, Yves HUTIN, Thierry CADEVILLE parla ensuite de la progression inquiétante du chômage observée chez les jeunes gens de moins de 25 ans (+ 27 %). A l’autre bout de l’échelle, chez les demandeurs d’emploi âgés de plus de cinquante ans – les fameux seniors qui ne trouvent pas grâce aux yeux des employeurs en France ! -, les pertes d’emploi atteignent des chiffres record (+ 4,5 %), avec un demandeur d’emploi sur trois !
« Je ne comprends pas cela, souligne Thierry CADEVILLE, il n’existe pas d’aide pour les entreprises en France qui embaucheraient des demandeurs d’emploi âgés de plus de cinquante ans. Je reste persuadé que les seniors représentent un marché potentiel d’embauches pour l’économie nationale… ».
Sur le registre des difficultés de paiement, et s’appuyant sur des données fournies par la Banque de France, rien ne semble aller pour le mieux, non plus.
« Je l’ai entendu à maintes reprises, constate avec amertume Thierry CADEVILLE, on rallonge les délais et une augmentation des défaillances des PME se fait, notamment dans le secteur du bâtiment… ».
L’orateur ne pouvait occulter de ses propos lucides la hausse inexorable de l’épargne des Français. Elle ne cesse d’augmenter alors que les crises successives se confirment.
« Dans les faits, les Français épargnent plus qu’ils ne consomment, du fait des incertitudes du moment et de la crainte de l’avenir… ».
Enfin, une lueur d’espoir avec les bons résultats de la CCI 89 !
Reprenant des éléments fournis par la CPME et le MEDEF, le président CADEVILLE fit une analyse succincte des secteurs du transport et de l’automobile, avec une activité faible ou stable sur le premier trimestre, et surtout un attentisme sur les investissements et les embauches. Et encore, Thierry CADEVILLE n’avait pas pris en considération dans son intervention la hausse prohibitive des droits de douane américains sur le volet de l’automobile (+ 25 %) qui risque de flanquer par terre tout le secteur mécanique dans la vielle Europe et en Asie.
Quant à la commande publique, elle patine allègrement sur les secteurs du bâtiment et des travaux publics. Les tribunaux de commerce, eux, confirment les hausses des procédures collectives dans le bâtiment et des injonctions de paiement.
Une introduction des plus pessimistes de la part du président de la chambre. Nonobstant, il apporta une note un peu plus joyeuse quelques instants plus tard en félicitant les personnels de la CCI de l’Yonne. Selon une quinzaine de critères, l’établissement est en tête en Bourgogne Franche-Comté de tous les bonus de performance analysés.
Des nouvelles positives qui se complétèrent avec celles données en provenance d’AuxR Lab et AuxR Factory qui poursuivent leur développement avec une trentaine de résidents sur les deux structures et une soixantaine d’évènements organisées en 2024.
Quant aux clubs « Business Auxerre » et « Business Sens », ils rassemblent désormais une centaine de membres à eux deux. Pilotée par Sandra VERBRUGGEN, le club des « Entreprises qui s’engagent » soutenu par la préfecture reçoit avec régularité plus de quatre-vingts membres. Les soirées de l’orientation auront permis tant à Auxerre qu’à Sens d’accueillir près de mille visiteurs. Trois cents entreprises ont également été sensibilisées au développement durable, générant des aides importantes grâce à l’accompagnement de la CCI. Au niveau des programmes internationaux, 118 entreprises de l’Yonne ont été soutenues par la chambre consulaire départementale lors de leurs déplacements à Séoul, Tokyo ou Helsinki.
Bref, des informations qui donnèrent un bref instant du baume au cœur aux élus consulaires, juste avant les propos du préfet de l’Yonne ne viennent remettre l’auditoire sous une chape de plomb.
Thierry BRET
Bordé par un imposant massif forestier, le petit village de Passy (entre Sens et Villeneuve-sur-Yonne) est connu pour sa magnifique fête de la pomme en automne. Une chouette journée dans la vie de cette paisible commune de 350 habitants. Adossé à sa mairie, se tient le bar-restaurant « La Codalie ». Créé au début du siècle par Agnès et Pascal. C'était un endroit joyeux et musical. Pascal en digne disciple de Bacchus y sélectionnant des nectars surprenants tandis qu'Agnès y préparait sa partition prochaine. L'on s'y régalait notamment d'œufs mayo, de noix de joue de porc aux oignons caramélisés accompagnées d'un gratin de coquillettes pour terminer par une moelleuse crème au caramel. Puis vint le temps de « Chez Joëlle ». Puis, plus rien, ou presque...
PASSY : C'était comme un légitime sentiment de gâchis, que l'on pouvait ressentir, en passant devant cette belle petite enseigne aux rideaux défraichis. Mais, le mois dernier, après plus de trois ans de fermeture, l'endroit a repris vie en la personne de William MICHEL, que l'on connut antan en digne chevalier de la cuisine médiévale ! En cette frisquette mi-mars, ce fut un plaisir d'en retrouver le chemin, en y admirant les impeccables tomettes, toutes à leur aise d'y retrouver du passage, mais aussi de s'attarder à ce joli comptoir en bois....comme il n'y a pas si longtemps finalement.
Rien n’a changé ou presque !
Ce sont les débuts et la maison reprend ses marques peu à peu, menée par un cuisinier aux idées précises (la galette y est déclinée gastronomiquement le samedi soir) et à l'indéniable savoir-faire charcutier. Cet adepte de la cuisine-maison, connu jadis lors d'une émission radio à la défunte France Bleu Auxerre, apprécie le village autant que l'accueil qui lui fut prodigué.
Les menus y sont proposés à 12 euros avec moules-frites copieusement servies ou à 18 euros. Va pour ce dernier !
En entrée, il y est proposé un os à moelle, toast d'ail confit et salade variée. L'assiette a une belle allure. Le patron l'évoque avec force conviction gourmande ! C'est bon, même si l'os eut mérité un rien de cuisson en sus, comme pour mieux gratiner mais aussi une pincée de fleur de sel. Mention spéciale pour l'agréable vin d'Epineuil du réputé vigneron Dominique GRUHIER. Autour des convives heureux de s'attabler de nouveau ici, rien n'a changé ou presque, puisque le passage vers l'ancienne épicerie est devenue une scène, en perspective des concerts à venir.
Des profiteroles dont on ne se lasse pas !
Le plat est une copieuse cassolette de fruits de mer. Il est agrémenté d'originales bananes plantain. Une bonne idée que pareil accompagnement : c'est drôle mais en y plantant la fourchette, on semble retrouver la texture de la quenelle, chère à nos amis lyonnais.
Mention spéciale pour les profiteroles (vieux dessert mentionné dans le dictionnaire « Estienne » au XVIème siècle) : la pâte à choux y est aérienne. Le coulis chocolaté est aussi puissant que goûteux, et je dirai que la chantilly d'accompagnement est faite maison. Bravo, car cela devient rare. C'est si bon, que la glace à l'intérieur semble n'y faire que de la figuration.
Un joli dessert pour ponctuer ce bon déjeuner : bravo au chef William et longue vie nouvelle à « La Codalie » que l'on retrouve avec grand plaisir !
En savoir plus
Les - : un très léger bémol sur un service pouvant sembler un brin longuet, notamment pour les convives à la pause courte…
Les + : l'aimable accueil téléphonique, l'âme et l'esprit de ce bel endroit.
Contact :
La Codalie
05, Grande rue
89510 PASSY
Tel : 03.58.15.68.88.
Ouverture tous les jours sauf lundi
Menu à partir de 12 euros.
Stationnement aisé
Gauthier PAJONA