Cadre retenu, le « Club 1905 ». Situé au second étage de l’infrastructure, il offre une vision panoramique de l’Abbé Deschamps et de son stade mythique, antre de moult exploits footballistiques de l’AJA ! Horaire choisi : dès 09h30. Histoire de bien débuter la matinée ! Une première pour le CFA Bâtiment de l’Yonne que de convier partenaires institutionnels et économiques autour d’un petit déjeuner, plutôt convivial ! C’est la résultante d’un désir de mieux communiquer à l’avenir. Une opération réussie avec la présence de nombreux acteurs de la filière bâtiment, intervenant sur le landerneau…
AUXERRE : Les visages sont connus. Les présences en ces murs sont évidentes. On y croise le président de la FFB 89, Cyril CHARETIE, accompagné du secrétaire général de la Fédération française du Bâtiment dans l’Yonne, Christian DUCHET. On y discute le bout de gras avec Jean-Pierre RICHARD, président de la CAPEB 89 et président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat départementale. Non loin de lui, croissant dans une main et gobelet de café encore fumant dans l’autre, Sarah DEGLIAME, nouvelle responsable de la CAPEB, la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment 89. Tiens, Benoît BAZEROLLES, clé de voûte du cabinet « ATRIA Architectes » est là aussi, il est en train de disserter avec des entrepreneurs qui ont pris soin de répondre favorablement à cette invitation.
Celle lancée depuis quelques jours par le nouveau directeur du CFA Bâtiment auxerrois, Eric ALATORRE. Le garçon vient de prendre ses fonctions il y a peu, succédant ainsi à Gérald JAFFRE parti sous les cieux nivernais pour relever un défi supplémentaire dans sa carrière à la tête d’un établissement équivalent à Nevers.
Le public arrive. Par petits groupes, entre 09h30 et 10 heures. Il est accueilli par le sourire éclatant de Manuela TEXEIRA, du CFA Bâtiment. Plusieurs représentants du centre de formation discutent avec leurs invités, en attendant la venue du « boss » auxerrois. Mais, Eric ALATORRE, retenu par un impondérable de dernière minute, ne viendra pas. Dommage !
Plus de 2 500 élèves et apprenants répartis sur cinq sites de formation
Ses collègues sauront reprendre la balle au bond, suite à cette défection inattendue en dévoilant les enjeux actuels et les opportunités qui se présentent dans le domaine de l’apprentissage. Tour à tour, leurs explications permettront de mettre en lumière la déontologie et les raisons d’exister de cet organisme de formation régional, plaçant les métiers du BTP sous le feu des projecteurs. On écoute attentivement parmi l’assistance. C’est le cas de Pascal HENRIAT, conseiller départemental et élu communautaire de l’Auxerrois. A ses côtés, Sophie FEVRE, élue de l’opposition de la Ville d’Auxerre.
Le CFA Bâtiment, ce n’est pas rien dans le paysage professionnel de notre territoire. Cinquante années d’expérience au compteur. Une dextérité qui est décliné sur cinq sites de formation situés à Autun, à Auxerre, à Besançon, à Dijon et à Marzy, dans la Nièvre. Le taux d’insertion au sortir des études est probant : 85 % ! Les plaquettes de présentation sont posées çà et là sur les mange-debout du club « 1905 ». Sur l’une d’elles, on peut lire en gras que le CFA Bâtiment est le premier réseau de développeur de compétences en région Bourgogne Franche-Comté, un réseau au service des professionnels du bâtiment. Excusez du peu !
Quant aux formations, elles sont multiples. Du CAP au BTS, dans les métiers de la maçonnerie et du gros œuvre, de la couverture-zinguerie, de la finition – cela englobe la peinture, le carrelage, la plâtrerie -, de la menuiserie, de la serrurerie-métallerie, de l’électricité et domotique, de la plomberie-chauffage, des travaux publics, du génie civil, etc. Soit au total, 2 500 apprentis et stagiaires actuellement accueillis dans les centres de la région. Des centres qui sont désormais en entrée permanente tout au long de l’année.
Même les anciens apprentis ne sont pas oubliés !
Bref, cela méritait bien un joli coup de projecteur sur cette voie de l’apprentissage qui conduit à ces métiers dont les collectivités et leurs habitants ont tellement besoin. Côté nouveautés, on signalera au passage l’ouverture dès la rentrée prochaine de la formation BTS Bâtiment à Auxerre, un cursus qui devrait connaître le succès grâce à l’implication des partenaires. Tous les mercredis, des portes ouvertes sont organisées dans les centres de formation de la région ; c’est toujours bon à savoir pour les jeunes issus de la classe de troisième qui serait dans le doute côté avenir.
Enfin, les anciens élèves ne sont pas oubliés avec la création récente du réseau ALUMNI, fédérant plus de 800 anciens apprentis ayant fréquenté les différents sites, soucieux de faire partager leurs expériences…
Thierry BRET
Du 30 avril au 4 mai, Sens s’anime au rythme de sa 96ème foire commerciale. Près de 350 exposants, des dégustations, des concerts, des démonstrations sportives, un espace dédié aux associations, et de nombreuses nouveautés feront vibrer les promenades et le centre-ville. Une édition festive et généreuse qui mêle traditions et découvertes…
SENS : Pendant cinq jours, les promenades et les boulevards du centre-ville accueilleront près de 350 exposants dans une ambiance festive et conviviale. Un rendez-vous incontournable, né en 1922 à l’initiative de Lucien CORNET, alors maire de Sens, qui avait ajouté à la foire au bétail une section consacrée aux machines agricoles pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre d’après-guerre. Depuis, la foire n’a cessé de se transformer, de s’agrandir et de diversifier son offre.
Aujourd’hui, elle s’étend au cœur de la ville avec un immense marché à ciel ouvert, des produits pour tous les goûts, des animations à chaque coin d’allée… et une programmation musicale tous les soirs. Le 01er mai, Jonathan DASSIN montera sur scène pour faire revivre les plus grands succès de son père, Joe, avant une séance de dédicace.
Nouveautés et espaces thématiques
Cette année, la canopée reste l’un des lieux phares de la foire. On y retrouvera notamment la fromagerie LINCET, invitée d’honneur de cette édition, dont les spécialités seront sublimées lors d’une démonstration culinaire inédite, suivie d’une dégustation ouverte au public. Autre moment fort : le « Défi Pajo », concours gourmand désormais bien ancré dans le paysage sénonais. Surprise de cette édition, Gauthier PAJONA, habitué à présenter l’événement, troque le micro pour une toque de chef et passe lui-même en cuisine !
Autre nouveauté : l’ouverture de la boutique officielle de la Foire de Sens. Située sous la canopée, elle proposera des souvenirs en tout genre – tabliers sérigraphiés, « écocups », « tote bags », cartes postales et affiches illustrées célébrant Sens et son patrimoine. Les plus jeunes pourront également compléter un album de type « Panini », avec des vignettes autocollantes à collectionner sur les stands partenaires, illustrant les lieux et événements emblématiques de la ville.
Un espace associatif et sportif pour toute la famille
La Foire de Sens 2025 propose également un espace dédié aux associations locales en bas du Cours Tarbé, qui proposeront des animations tout au long de la journée. Un bon moyen de découvrir le tissu associatif sénonais dans toute sa richesse et sa diversité. Un espace sport sera également aménagé, avec des activités pour petits et grands, des démonstrations assurées par les clubs locaux. De quoi mêler dynamisme, esprit d’équipe et bonne humeur dans l’ambiance festive de la foire. Et pour ne rien manquer, le programme complet est à retrouver sur le site de la ville. La Foire de Sens 2025 sera par ailleurs animée en direct sur Radio Stolliahc, partenaire de longue date de l’événement.
Floriane BOIVIN
Un large sourire apparaît sur son visage. Il est éclatant. Il est vrai que le garçon commence à s’habituer aux récompenses et autres titres de gloire professionnelle obtenu depuis ses débuts. Son obsession initiale : cuisiner et partager ! Gaëtan QUILLIN, à la tête de sa société éponyme spécialisée dans le traiteur et la gestion des évènementiels côté réception (mariages, anniversaires, séminaires…) aime relever les défis et les challenges. En ajoutant le trophée des « Prix Stars et Métiers 2025 », catégorie de la « performance entrepreneuriale », le jeune chef d’entreprise confirme en accrochant cette nouvelle distinction à son palmarès…
HAUTERIVE : 2019, année charnière dans l’existence de ce jeune homme que les Auxerrois et par extension les Icaunais commencent à découvrir dans le sérail de la réception évènementielle. Particulière, en entreprise ou auprès des collectivités, quand les budgets sont encore maintenus !
Gaëtan QUILLIN décide de franchir le cap, après plusieurs années de professionnalisme exercé auprès des plus grands noms de la gastronomie de notre territoire. Il ouvre enfin sa société et prend son envol. « QUILLIN Traiteur Evènementiels ». Si le patronyme n’est guère original à l’oreille, en revanche, il se retient très bien (et très vite) pour identifier l’auteur de ces succulents canapés que l’on peut déguster à loisir lors d’un cocktail cérémonial une fois les discours officiels terminés.
Cinq ans plus tard, l’enseigne créative de réalisations culinaires à la fois insolite et traditionnelle a intégré le Panthéon des références incontournables du secteur réception de ce département qui en compte déjà quelques-unes, à commencer par la structure de Chemilly-sur-Yonne, « FESTINS ».
Des débuts difficiles en pleine période de crise sanitaire !
Installée depuis douze mois dans un nouveau complexe, comprenant de flamboyantes cuisines et des laboratoires ultra modernes à Monéteau, l’entité emploie une quinzaine de collaborateurs en contrat à durée indéterminée et de nombreuses personnes travaillant en temps partiel. La croissance est fulgurante pour Gaëtan QUILLIN, dont l’audace et l’ambition vont de pair.
« J’aime faire vivre un moment culinaire unique à chaque client, précise l’intéressé applaudi par l’auditoire lors de la remise des Prix Stars et Métiers 2025, dans la catégorie « performance entrepreneuriale ». Les choses les plus simples sont les meilleures quand elles sont bien faites. C’est un peu ma devise de chaque jour, aux côtés de mon équipe… ».
Collectionneur de titres (nationaux, régionaux, en individuel, collectif…), Gaëtan QUILLIN est aussi à l’aise sur le devant de la scène, sous les projecteurs et en recevant le plébiscite de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, de la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté et de la SOCAMA – les triples organisateurs de ces prix annuels récompensant les acteurs de l’artisanat – que derrière les fourneaux. Les nombreux convives de cette mémorable soirée auront l’opportunité après coup de pouvoir se sustenter de produits excellents concoctés par sa maison lors d’agapes amicales.
Micro en main, l’entrepreneur se remémore les souvenirs liés à la création de sa structure, survenue au tout début de la crise sanitaire inhérente à la COVID-19. Une période très complexe à vivre pour le chef d’entreprise qui aura su faire le dos rond face à la crise sanitaire en se diversifiant au niveau de ses offres de services mais en ne travaillant au bout du compte que six mois, la première année, faute de mariages et d’évènementiels !
« Si j’étais seul dans l’entreprise, je ne serai pas là ce soir ! »
Les choses se sont nettement améliorées pour cet acteur de la réception. Depuis un an, installé dans ses nouveaux locaux, le développement de l’entreprise a pris son rythme de croisière. En véritable chef d’orchestre, l’entrepreneur a su également se différencier sur un marché à forte potentialité concurrentielle.
« Nous avons su marquer notre différence, explique Gaëtan QUILLIN, nous n’imposons rien à personne quand on nous sollicite ! Nous ne présentons pas de catalogue de prestations, nous ne proposons pas de menus spécifiques. Nous inversons le questionnement de notre clientèle : qu’a-t-elle envie de manger ? Nous nous adaptons selon l’écoute des personnes qui nous accordent leur confiance… ».
Au niveau de son management, le dirigeant prône un humanisme qui fait plaisir à voir. « Si j’étais tout seul, je ne serai pas là ce soir devant vous à recevoir ce prix mais je serai sans doute encore en cuisine à préparer à manger et je n’aurai pas encore attaqué la vaisselle ! ».
Bien épaulé par des collaborateurs présents dans l’aventure depuis le premier jour, le patron de QUILLIN Traiteur s’appuie sur ses précieux bras droits pour garder le cap et fidéliser ses salariés. « L’important, c’est une cohésion d’équipe avec le confort du travail, avec la mise en place de la semaine à quatre jours sauf pour moi ! ».
C’est Benoît MADELENAT, responsable de la vitrine commerciale de la Banque Populaire BFC sur le secteur de Migennes et le président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de l’Yonne, Jean-Pierre RICHARD, qui remettront le trophée à l’heureux récipiendaire. Muni d’une spatule géante à la main, le représentant de l’établissement bancaire plaisanta avec cet ustensile de cuisine des plus curieux offert initialement par Gaëtan QUILLIN comme « secret de sa réussite » ! Une spatule qui reviendra finalement à son propriétaire initial !
Quant à Jean-Pierre RICHARD, il transmettra le trophée et le fac-similé d’un chèque de mille euros au lauréat, la récompense revenant à cet acteur de l’économie dûment distingué. Un lauréat heureux de cette belle opportunité dont le sourire s’affichera longtemps sur le visage…
Thierry BRET
L’homme est affable, accessible, jouant de cette bonhomie que même ses plus farouches adversaires lui reconnaissent. Il enchaîne « selfies » et dédicaces avec un petit mot pour chacun. A l’extérieur, un « comité d’accueil » brandit des panneaux de colère, portant les noms de Rémi FRAISSE et de Sivens, « in memoriam »… Dans la salle, pas mal de cheveux blancs, pour rappeler qu’il fut un temps où le Parti socialiste était le premier de France. Un temps où la vie se rêvait en rose, un temps où « le changement, c’était maintenant »…
INTERVIEW : Qu’avez-vous pensé à votre arrivée, en croisant ces manifestants venus s’il en était besoin, vous rappeler la tragédie de Sivens ?
François HOLLANDE : « J’ai vécu en tant que président tout un lot de drames, de catastrophes, d’accidents, Sivens en fait partie et d’ailleurs, j’ai appelé la famille de Rémi FRAISSE après le drame. Il y a eu cette manifestation et l’intervention des gendarmes sous l’autorité du préfet du Tarn, mais celui-ci n’a fait que son travail. Quant à Bernard CAZENEUVE, comment lui imputer le lancement d’une grenade tombée dans une capuche ? Le gendarme incriminé a pour sa part, bénéficié d’un non-lieu, même si ce type de grenades offensives est désormais interdit. (La France a été depuis, condamnée en février dernier, par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour « violation du droit à la vie », lacunes du cadre juridique et défaillances d’encadrement). Que certains soient encore dans l’émotion, je peux l’admettre, mais pas s’il s’agit d’une opération de « petite politique »…
En 2020, la gauche perdait la mairie d’Auxerre, suite au maintien d’une liste écologiste au second tour. Alors que la fin du Nouveau Front Populaire semble désormais actée, craignez-vous que pareil scénario ne se produise un peu partout dans l’Hexagone en 2026 ?
« L’union, c’est mieux mais il y aura toujours des gens qui la rejettent. C’est aux électeurs de faire le tri et trouver la solution. Je m’explique : je pense qu’aujourd’hui, le vote doit être avant tout utile, on ne vote plus seulement par affinité, pour telle ou telle liste. Pour avoir le changement, encore faut-il que l’union se fasse et si elle ne se fait pas, d’aller vers la liste qui permettra pour Auxerre de diriger, pour la France, de présider. C’est aux citoyens de décider et si certains ne veulent pas de l’union, il faut les laisser de côté. Vous rappelez ce qui s’est passé ici il y a cinq ans, si les habitants veulent le changement, ce n'est pas la peine de revoter pour une liste qui pourrait permettre à la droite de gouverner, c’est aussi simple que cela… »
Présider ou gouverner, c’est prévoir, mais comment faire avec un Donald TRUMP à la Maison Blanche, pour le moins inconstant dans ses décisions ?
« Il est inconstant mais pas imprévisible, c’est-à-dire que ce qu’il a dit, il le fait. Il a voulu des droits de douane, il les met en place mais il est inconstant car ça ne peut pas tenir. Tout président des Etats-Unis qu’il est, tout entêté qu’il peut apparaître, lorsque les bourses flanchent, que les marchés s’excitent, que les consommateurs s’énervent et que ses propres conseillers, à la tête de grands groupes américains lui disent qu’il fait fausse route, il est obligé de céder… La seule façon de ramener un personnage comme lui à la raison, c’est le rapport de force et non une soudaine lucidité lui faisant dire qu’il a fait le mauvais choix… C’est vrai aussi pour l’Ukraine : il devait régler le problème en 24 heures, on est déjà deux mois après son élection et il se rend compte qu’il y a des soldats Nord-Coréens présents sur le terrain, peut-être même des Chinois, commençant peut-être à comprendre qu’il vaudrait peut-être mieux aider l’Ukraine si l’on veut faire céder POUTINE… ».
Il y a deux ans, l’Yonne envoyait trois députés du Rassemblement National à l’Assemblée. L’époque où le département comptait des parlementaires issus des rangs socialistes, à l’image d’Henri NALLET, de Jean-Yves CAULLET ou plus loin dans le temps, de Roger LASSALE semble bien révolue
« En fait, si on regarde l’histoire de l’Yonne, on s’aperçoit que ce fut longtemps un département radical, que l’on pourrait dire modéré, partagé entre centre droit et centre gauche. Le fait nouveau étant que ce département ait pu se donner trois députés d’extrême droite et la responsabilité en est collective. Il est impératif que la gauche et la droite se reconstituent, se remettent à travailler, pour démontrer ce qu’un parti comme le RN représente pour le département comme pour la France : non seulement un risque pour les libertés, ce qui n’est pas rien, mais aussi un risque pour l’équilibre économique. La solution protectionniste de TRUMP est celle que proposent les élus de ce parti. Ils en sont moins fiers aujourd’hui, car c’est pour eux un désaveu. De la même manière, l’extrême droite en 2014, m’avait critiqué quand j’ai annulé la vente de Mistral à POUTINE, considérant que c’était la faute des Américains et de l’Alliance atlantique s’il avait envahi l’Ukraine. Il faut sans cesse les remettre devant leurs contradictions… »
Il n’empêche que le vote RN recueille aujourd’hui l’adhésion d’un grand nombre d’électeurs, comment l’expliquez-vous ?
« Le vote d’extrême droite est pour partie sédimenté, très identifié sur les thématiques prônées par le RN, mais pour une autre partie de son électorat et c’est peut-être le cas dans l’Yonne ou dans un département comme le mien, en Corrèze, c’est avant tout un vote refus et un vote refuge. Refus des partis traditionnels mais aussi refuge pour les colères individuelles s’ajoutant les unes aux autres, avec le sentiment qu’on ne s’intéresse pas à eux, que tout se fait ailleurs dans la capitale ou dans les métropoles et qu’ils en sont exclus. Un peu comparable d’ailleurs avec ce qui s’est produit pour Donald TRUMP aux Etats-Unis… Il nous faut en tirer les conclusions et essayer de chercher ce qui pourrait les convaincre de l’intérêt d’une action politique « raisonnable » pouvant améliorer leur vie. Il est là aujourd’hui l’enjeu de la politique… »
Propos recueillis par Dominique BERNERD
Avoir comme invité de sa conférence mensuelle un ancien président de la République était sans nul doute une première pour le Cercle Condorcet auxerrois. Une soirée où François HOLLANDE, s’inspirant de son dernier essai politique, « Le défi de gouverner », a livré ses réflexions sur la gauche au pouvoir à travers l’histoire et sur cette social-démocratie qu’il appelle de ses vœux pour contrer les extrêmes et peser sur la bonne marche du monde.
AUXERRE: Il y avait du monde jeudi dernier salle Vaulabelle et c’est peu de dire que François HOLLANDE a fait « recette » ! Sympathisants ou compagnons de route d’hier ou d’aujourd’hui du Parti socialiste bien sûr, parmi lesquels l’ancien édile auxerrois Guy FEREZ, mais aussi un public venu d’horizons divers, pour un rendez-vous « républicain » avec celui qui dirigea le pays de 2012 à 2017.
Face à lui sur scène, pas moins de trois intervieweurs de renom : Pascal PERRINEAU, professeur des Universités à Sciences-Po, bien connu des habitués des « Entretiens d’Auxerre », Jean-Vincent HOLEINDRE, professeur en Sciences politiques à l’université Panthéon-Assas et président de ces mêmes « Entretiens », ainsi que la politologue et directrice de recherche au CNRS, Anne MUXEL, qui d’emblée, s’interroge : « quelle est la spécificité de la social-démocratie et pourquoi séduit-elle si peu les électeurs aujourd’hui ? ».
Le salut viendra de la bipolarisation de la vie politique française
Pour l’ancien président, pas de salut sans le retour d’une forme de bipolarisation dans la vie politique, appelant pour cela les partis qui ont longtemps pesé, à se renouveler et se réinventer : « alors que l’extrême droite reste à un niveau très élevé, qu’une alliance avec l’extrême gauche devient quasi impossible, il est plus que jamais nécessaire de reconstituer deux familles politiques, dont l’une pourrait se définir comme sociale-démocrate… ».
Une forme de pensée qui a longtemps dominé en Europe, identifiée comme « Etat providence » à même d’avancées sociales, mais aujourd’hui fragilisée : « face à des populistes, à des autocrates, la démocratie devient l’élément essentiel, mais comment faire, pour ne pas simplement la préserver, mais la « réenchanter » ? Ce sera là la grande question politique de ces prochaines années. Comment faire pour que nous puissions encore vivre ensemble, dans des sociétés beaucoup plus fragmentées, fractionnées, séparées même… ? ».
Avec la tentation pour certains, de ne parler qu’à leur électorat : « c’est ce qui se passe par exemple pour le RN, pour LFI, et je pense que ce serait une grave erreur pour le Parti socialiste, pour les sociaux-démocrates, de faire de même. L’histoire de la gauche, de la gauche réformiste en particulier, a montré l’importance à parler à tout le monde, à garder cette universalité pour qu’au-delà des minorités existantes, nous puissions trouver les éléments pour faire vie ensemble… ».
Quand François HOLLANDE remercie…Donald TRUMP pour son soutien !
Mais comment le pays peut-il entendre les propositions d’une gauche sociale-démocrate quand on connaît l’état du rapport de force électoral existant aujourd’hui dans le pays, marqué par une droitisation des plus extrêmes ? Un terme que se refuse à employer l’actuel député de Corrèze, préférant évoquer « une défiance vis-à-vis du collectif, qu’il soit institutionnel ou syndical… ». Mais quid de cette volonté affichée par l’électorat, de vivre seul pour être protégé des autres ? « De ce point de vue, les réseaux sociaux ont amplifié le caractère où chacun pense être un auto-entrepreneur politique se suffisant à lui-même et dont les relations sociales se sont considérablement amoindries, alors que la politique et notamment à gauche, supposait des relations sociales multiples… ».
Bâtir ensemble et durablement pour faire société commune et prôner l’ouverture là où d’autres privilégient le repli sur soi, c’est le défi relevé par François HOLLANDE : « je remercie Donald TRUMP pour son soutien ! En quelques mois, même pas, en quelques semaines, il aura réussi à démolir le « trumpisme » ! L’idée que si on s’enferme, on se protège des autres et de tout. La démonstration est faite, si vous tentez de vous enfermer trois jours, vous lâchez tout le quatrième car ça ne peut pas tenir ! ».
La gauche serait-elle sujette à la malédiction du pouvoir ?
Dans son livre, l’ancien Premier secrétaire du Parti socialiste revient à plusieurs reprises sur la « malédiction du pouvoir » et la difficulté pour la gauche, une fois qu’elle l’exerce, de ne pas donner le sentiment de « trahir » ceux qui l’y ont conduite, comme le rappelle Pascal PERRINEAU : « quand on vous lit, on est frappé de voir que le rapport au pouvoir n’est jamais simple dans la tradition socialiste et que ce défi de gouverner pose beaucoup de questions et inquiétudes. Comme si ce n’était pas quelque chose de naturel, contrairement aux traditions de droite, que de prendre le pouvoir… ».
Même si à ses yeux, l’invité du jour ne s’en est pas si mal tiré : « sous votre quinquennat, vous assumez parfaitement l’aspect du pouvoir, en particulier au moment de la lutte contre le terrorisme, vous sentant à l’aise pour annoncer la déchéance de nationalité, au risque de vous faire taper dessus par vos camarades car vous sortiez de l’épure socialiste… ».
Un sentiment de « trahison » savamment entretenu au fil de l’Histoire, par les divisons fratricides entre gauche de responsabilités et gauche révolutionnaire, rappelle l’ancien président : « accepter le pouvoir, l’exercer, c’est entrer dans une zone dont vous ne savez pas exactement ce que vont être les turbulences, c’est entrer dans une période de désordre… ».
D’autant qu’un président élu sous l’étiquette socialiste l’est plus pour des raisons d’ordre économique que de défense ou de sécurité et que toutes mesures prises en ce sens sont le plus souvent source de controverses : « a-t-on le droit de recourir à la force ? Faut-il pour lutter contre le terrorisme, prendre des mesures pouvant à un moment être attentatoires aux libertés ? Hors, accepter le pouvoir, c’est accepter qu’une autorité légitime puisse utiliser la force… ».
Prenant pour exemple certains maires de villes importantes s’étant converti à la sécurité, aux polices municipales armées ou à la vidéo surveillance : « même les écologistes ont évolué en la matière, mais il a fallu du temps ! ».
La France a-t-elle encore les moyens de ses ambitions à l’international ?
Quid des relations internationales et de la façon dont la gauche s’est positionnée, que ce soit aujourd’hui ou hier, face aux enjeux du monde s’interroge Jean-Vincent HOLEINDRE ? Quelle politique étrangère mener pour préserver la paix ? Usant de l’oxymore, François HOLLANDE se veut pragmatique : « la paix exige pour être préservée, d’être capable de faire la guerre et pour nous qui avons été élevés dans l’idée de paix et de guerre impossible, cela ne peut se faire que grâce à la dissuasion nucléaire… ».
Surfant sur l’actualité récente pour décliner ce qui à ses yeux serait une véritable politique étrangère de gauche : « alors que Donald TRUMP vient d’arrêter tous les programmes d’aides, soit près de 40 milliards de dollars à destination de pays luttant contre la famine, le sida, mettant en œuvre des économies de développement, s’il y avait une seule décision à prendre, ce serait de se substituer aux Etats-Unis pour assurer ce rôle de solidarité internationale… ».
A condition toutefois, a-t-il omis de préciser, que notre pays ait encore en la matière, les moyens de ses ambitions !
Petit florilège de choses entendues…
Pascal PERRINEAU : « Au moins, nous nous partageons le micro, c’est cela la social-démocratie active ! ».
François HOLLANDE : « Je crois que mon dernier passage à Auxerre, c’était quand j’étais candidat aux élections présidentielles. Guy FEREZ m’avait accueilli, il faisait très beau, contrairement à la légende qui s’est installée après… ».
« La question qui sera posée n’est pas seulement de savoir comment accéder au second tour pour être sûr de gagner face à Marine LE PEN. Aujourd’hui, la question est de savoir qui peut gagner face à elle ou à Jordan BARDELLA … ».
« La gauche pense toujours que c’est en ajoutant des revendications les unes aux autres qu’elle va finir par convaincre les électeurs, populaires notamment, qui se sont détournés pour des raisons objectives. Non, c’est faux ! ».
« La décision la plus lourde que j’ai eu à prendre, c’était sur un terrain extérieur, d’envoyer les soldats au Mali. Je savais que plusieurs d’entre eux seraient ou blessés ou tués. C’est une responsabilité que de décider de la vie ou de la mort et c’est pour cela qu’il faut bien réfléchir à qui on envoie à l’Elysée… ».
« Je me suis longtemps posé la question pourquoi la Hongrie de Viktor ORBAN est-elle encore membre de l’Union Européenne ? A un moment j’ai espéré qu’il parte mais il ne veut pas partir ! Quand vous êtes à la fois l’ami de POUTINE et l’ami de TRUMP, le soutien de toutes les extrêmes droites et que vous défendez même le Brexit, j’avais envie de lui dire que la porte était ouverte… ».
« Si je n’avais discuté qu’avec des démocrates, je n’aurais pas fait beaucoup de voyages… ».
« En réalité, être de gauche, c’est aimer la France ! Hors, il y a une partie de la gauche qui n’aime plus la France, qui déteste la France. C’est la partie de la gauche qui n’a jamais accepté l’idée même du pouvoir. Si on veut le pouvoir, c’est pour servir la France… ».
Dominique BERNERD