Et voilà une nouvelle élection qui devrait faire du bruit et provoquer de la surenchère en termes de revendications en ce premier mois de l’année ! Celle des Chambres d’Agriculture, où l’alliance de la FDSEA (Fédération départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) et des JA (Jeunes Agriculteurs) domine largement son sujet en présidant près d’une centaine de ces organes consulaires en France. Mais, la Confédération Paysanne (orientée à gauche) et la Coordination Rurale, plutôt marquée à droite, veillent au grain. Des grains de sable supplémentaires qui pourraient perturber la bonne marche du gouvernement ?
Lundi 30
Accompagné d’un aéropage de ministres, François BAYROU est enfin arrivé à Mayotte. Avant, il ne pouvait pas y aller, il avait « aqua-poney » dans sa bonne ville de Pau ! Le ministre de l’Intérieur Bruno RETAILLEAU avait déjà fait le voyage, au lendemain du passage du cyclone « Chido », suivi du Président de la République. Marine Le PEN pour sa part, devant suivre en fin de semaine. Elle y sera sans doute mieux accueillie que son prédécesseur : Mayotte ayant voté pour elle à 59 % au second tour de la dernière présidentielle. Mais par-delà la symbolique, quelle portée réelle pour toutes ces visites mobilisant par ailleurs un nombre important de forces de l’ordre qu’il serait sans doute plus judicieux de déployer ailleurs sur le terrain, au service des populations ? Que subsistera-t-il dans quelques années de toutes ces déclarations, de toutes ces promesses de « reconstruction » et autres « réponses concrètes » ? Avant de reconstruire encore faudrait-il construire… Devenu le 101ème département français le 31 mars 2011, l’île connaissait avant le passage dévastateur du cyclone, un taux de chômage de 37 % et un niveau de vie sept fois plus faible qu’ailleurs en France, accusant ainsi près de 60 ans de retard sur le niveau national, pour un PIB par habitant de 8 800 euros, soit 30 % du niveau moyen des pays de l’UE. Département le plus pauvre de France, qui connut en mai dernier une épidémie de choléra et dont 30 % des habitants ne sont toujours pas raccordés à l’eau…
Mardi 31
« Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas… ». Il y a tout juste trente ans, pour ses derniers vœux à la Nation, François MITTERRAND se savait condamné. Il concluait ainsi son allocution, allusion à peine voilée à sa mort prochaine. Des mots d’adieu emprunts de spiritualité, entrés aujourd’hui dans l’Histoire, dont même ses adversaires les plus farouches reconnurent la solennité. Pas certain que l’intervention d’Emmanuel MACRON ce soir, mis à part un timide mea culpa sur la dissolution de juin dernier connaisse pareille destinée !
Mercredi 01
Que ce soit au fauteuil de la présidence départementale, comme après une course effrénée dans l’aéroport d’Istanbul pour prendre la correspondance pour Paris, que ce soit attablé devant une entrecôte taille XXL au concours charolais d’Avallon, ou lançant un ban bourguignon lors de la journée Yonne au Salon de l’Agriculture, que ce soit sur une selle de vélo ou à Bakou, saluant la Première dame d’Azerbaïdjan, Patrick GENDRAUD savait manier l’élégance en toutes circonstances, dans le verbe comme dans le geste… Le président du Conseil départemental et ancien maire de Chablis s’est éteint à 72 ans, après avoir lutté contre cette foutue maladie que l’on dit longue, faute de trouver les mots… A l’instar de son mentor Jacques CHIRAC, rencontré à l’adolescence, il aimait les gens, condition sine qua non pour entrer en politique comme se plaisait à dire le député de Corrèze d’alors. Manifestant tout au long de son parcours d’élu, le plus grand respect pour ses adversaires. Chose suffisamment rare pour être saluée, dont maints acteurs de la vie politique locale devraient bien s’inspirer !
Jeudi 02
C’est un mantra bien rôdé, empreint de sincérité ou non, immuable et inusable, que l’on se répète sur tous les tons depuis 24 heures… « Bonne année et meilleurs vœux ! » Les plus prudents n’omettant pas généralement d’y rajouter ce précieux avenant « et surtout la santé ! » Comme chaque début d’année, je ne peux m’empêcher de penser à ces rêves du grand Jacques BREL formulés un soir de Nouvel An 1968 : « Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir, et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns, je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer, et d’oublier ce qu’il faut oublier, je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences, je vous souhaite des chants d’oiseaux et des rires d’enfants… » Que rajouter à cela ?
Vendredi 03
Premier marronnier 2025 pour les chaînes d’info en continu : l’arrivée à pied du Premier ministre et de son équipe gouvernementale à l’Elysée pour le traditionnel premier Conseil des ministres de l’année. Un exploit sans pareil à en juger par la centaine de mètres nécessaires pour accomplir le trajet depuis le ministère de l’Intérieur, place Beauvau ! Avec pour seul public les nombreuses forces de l’ordre présentes sur le parcours, les Parisiens étant dans le même temps interdits de trottoirs… Pour l’exercice de proximité au plus près de la population, on repassera ! Pauvres ministres, toujours privés de sacoches ou porte-documents, obligés de déambuler avec un simple dossier en carton, voire des feuilles volantes, sous le bras pour faire sérieux et témoigner de leur travail…
Samedi 04
Aussi belles soient les images et sympathiques les concurrents, au premier rang desquels la lumineuse Violette DORANGE, la surmédiatisation médiatique, que ce soit à la TV ou sur les réseaux sociaux des concurrents du Vendée Globe n’est-elle pas préjudiciable à la perception que l’on se fait de la course au large… ? Invitation à partager un petit-déjeuner en plein océan, direct au journal de 13 heures, bateau traçant sa route filmé par drone, rencontre avec des baleines…, plus rien aujourd’hui ne relève du secret et de l’intime. Le monde de l’image et de la « com » est désormais omniprésent, au détriment de l’imaginaire que l’on se forgeait à partir d’une simple position sur le globe… Pas certain qu’un « taiseux » comme TABARLY aurait encore eu sa place en pareille course…
Dimanche 05
Bientôt les élections dans les Chambres d’agriculture. Si l’alliance FNSEA-JA y règne quasiment sans partage depuis plusieurs décennies, et préside aujourd’hui 97 instances consulaires sur tout le territoire, contre une à Mayotte pour la Confédération paysanne (marquée à gauche) et trois pour la Coordination rurale, cette dernière entend bien lui contester pareille hégémonie. Deuxième syndicat agricole par le nombre d’adhérents, marquée très à droite, la CR a ainsi appelé ce soir ses sympathisants à « monter sur Paris » pour y mener une série d’actions sur fond de colère contre le traité de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur. La campagne est lancée et nul doute que d’ici le 31 janvier prochain, la surenchère sur le terrain sera de mise. L’enjeu est d’importance et le vainqueur aura tout loisir de faire couler le champagne mais en attendant, gare aux bouchons !
Dominique BERNERD
Il va combler un manque dans notre calendrier, Christophe BARBIER. L’ancien directeur de la rédaction de « L’Express » et aujourd’hui figure éditoriale de « BFM TV », toujours affublé de son éternelle écharpe rouge – son totem vestimentaire depuis l’âge de 20 ans pour protéger sa voix et non pas afficher une quelconque référence idéologique – sera l’invité vedette des traditionnels vœux économiques, initiés conjointement par l’UIMM, le MEDEF et la FFB 89, la Fédération du Bâtiment. Sa troisième visite à Auxerre mais la première depuis le début des années 2020 !
AUXERRE : Une conférence avec Christophe BARBIER : c’est un peu comme un feu d’artifice pour les neurones de l’auditoire tant le garçon, natif de Sallanches en Haute-Savoie, sait apporter du grain à moudre avec dextérité et illustrations d’exemples à nos réflexions ! Pas étonnant que le presque sexagénaire – il n’a encore que 57 ans – soit toujours aussi percutant et efficient dans ce métier qu’il affectionne tant depuis sa sortie de Sciences Po : le journalisme ! Entre humour et observations affinées de la chose politique et du contexte international, l’orateur sait captiver son assistance pour l’emmener avec elle sur les chemins de la connaissance…
En 2018, on l’avait déjà vu en terre auxerroise, répondant favorablement à l’invitation de la Maison de l’Entreprise pour assurer une prestation brillante dont il a le secret et la verve. Un an plus tard, au mois de décembre 2019, rebelote dans la capitale de l’Yonne, avec cette fois-ci, un tout autre public à séduire : celui du monde agricole, réuni à AUXEREXPO, par la coopérative régionale, 110 Bourgogne !
« Jamais deux sans trois », précise l’adage ! Et on sait que le directeur général de la
Maison de l’Entreprise Nièvre-Yonne Claude VAUCOULOUX aime les formules linguistiques bien léchées et les proverbes ! C’est donc une fois de plus dans le cadre de la cérémonie des vœux économiques 2025 que le porteur de la fameuse étoffe rouge vif apparaîtra sur scène le 23 janvier prochain pour distiller ses impressions sur cette année nouvelle que l’on imagine ponctuée de curieux instants, ne serait-ce qu’après l’investiture du nouveau président américain, Donald TRUMP, à la Maison-Blanche, et du rôle omniscient joué par l’homme le plus riche de la planète, Elon MUSK, qui s’ingère déjà dans les affaires intérieures de plusieurs états de l’Union européenne !
Bref : on a hâte de vivre cette soirée d’exception avec les analyses précises d’un Christophe BARBIER au sommet de son art d’éditorialiste. Les deux cents premiers inscrits auront le privilège de vivre ce rendez-vous immanquable…Faites vite !
Thierry BRET
C’est une excellente alternative pour réduire son empreinte carbone ! On la doit, du 13 janvier au 02 février, à trois intercommunalités de l’Yonne, soucieuses d’encourager les grandes résolutions de ce début d’année. Comment ? En participant au « Défi KAROS », un challenge judicieux destiné à celles et à ceux qui aimeraient recourir davantage (et plus régulièrement aussi) aux bénéfices du covoiturage pour effectuer leurs trajets quotidiens…L’Auxerrois, l’Aillantais et le Chablisien sont désormais sur les rangs !
YONNE : La plateforme se nomme « KAROS ». Hexagonale, elle offre à tout un chacun la possibilité de s’inscrire en tant que conducteur ou comme passager dans le cadre de déplacements par la route sur des trajets similaires et concordants au niveau des horaires. A ce titre, trois intercommunalités de notre territoire nord-bourguignon profitent précisément des avantages proposés par ce dispositif. Il s’agit de la Communauté d’Agglomération de l’Auxerrois, et des communautés de communes de l’Aillantais et du Chablisien.
Or, conjuguant le vertueux principe des grandes résolutions imputables à l’an neuf et à celui qui l’est tout autant de réduire notre empreinte carbone sur la planète, les trois collectivités ont décidé de faire cause commune en faveur de la promotion du covoiturage, auprès de leurs administrés, soit environ 93 000 habitants !
Comment ? En lançant un véritable défi à la population ! Et quel défi, par ailleurs : celui de voyager de manière collégiale en éradiquant les individualismes habituels et en profitant du covoiturage, un excellent moyen de locomotion automobile de plus en plus dans l’air du temps. A la fois économique et surtout très écologique !
Des lots à gagner pour se motiver !
Vice-président de la Communauté de communes de l’Aillantais-en-Bourgogne – c’est la vraie appellation de cet EPCI -, Alain CHEVALLIER, en charge de la mobilité et édile de Poilly-sur-Tholon, en rappelle les préceptes judicieux : « Le covoiturage est une excellente solution pour les Aillantais, car il permet non seulement de réduire les coûts de transport, mais aussi de diminuer l'empreinte carbone. KAROS leur permet également de sortir des zones rurales, où les transports en commun sont malheureusement inexistants, pour rejoindre les zones urbaines. Le covoiturage favorise aussi la convivialité et renforce le lien social entre les participants ».
Tout est dit et bien dit, somme toute, pour inciter les habitants de ce secteur occidental de notre département de relever à leur tour le gant de ce défi, un brin original.
Dans l’absolu, ils auront trois bonnes semaines pour le réaliser. Côté pratique, les habitants intéressés par la démarche sont donc invités à télécharger et à créer leur compte en quelques clics sur la fameuse application, à définir ensuite leurs trajets habituels domicile-travail et de joindre l’utile à l’agréable en essayant de gagner de nombreux lots, mis en jeu par les collectivités organisatrices. Simple comme bonjour, en effet !
Ainsi, en plus de limiter leurs émissions de gaz en remplissant davantage des voitures qui habituellement font « à vide » les mêmes trajets, aux mêmes heures, tous les matins et tous les soirs, les participants les plus mobilisés auront peut-être la chance de gagner un smartphone reconditionné d’une valeur de 500 euros, des cartes cadeaux de 30 euros à dépenser dans les commerces locaux indépendants et de nombreux autres lots, comme des entrées de stade nautique ou des places de théâtre pour les férus de culture.
Vers une nouvelle façon de se déplacer…
Pour Jean-Dominique FRANCK, vice-président à la « 3CVT » en charge de la Mobilité, transports alternatifs, voies douces, politique du logement et du cadre de vie, « avec l’application KAROS, la Communauté de Communes Chablis Villages et Terroirs s’est fixée un double objectif : moins de voitures, plus de convivialité. Le covoiturage, c’est rouler autrement, en rendant les trajets domicile-travail plus agréables et plus économiques ! ».
De pertinents arguments qui ne laissent pas indifférents au moment où le pouvoir d’achat est en berne et où les effets inexorables du réchauffement climatique se font ressentir aux quatre coins du globe.
Dans les faits, il n’en coûtera par exemple que 0,50 euros à un passager pour être transporté sur un trajet de 15 kilomètres tandis que le conducteur est lui rémunéré 1,50 euro sur ce même trajet.
Ce projet concernera un bassin de population équivalent à près de 93 000 habitants, soit un tiers des Icaunais.
Réaction de Magloire SIOPATHIS, vice-président de la Communauté d’agglomération de l’Auxerrois en charge des Mobilités et des Transports, et maire d’Appoigny : « Notre territoire, majoritairement rural, a encore besoin de la voiture. Mais des solutions complémentaires pour nos habitants et nos salariés sont déjà là. Il est de notre devoir de les accompagner vers une nouvelle façon de se déplacer et d’être précurseurs dans ce domaine…».
Le covoiturage comme vecteur essentiel de la décarbonation : un leitmotiv qui sied très bien aux trois collectivités de l’Yonne ; elles espèrent ainsi une mobilisation importante de la part des citoyens, soucieux aussi de réduire leurs factures énergétiques...
En savoir plus :
Spécialisée dans la mise en relation de conducteurs et de passagers qui souhaitent partager leurs déplacements domicile-travail, la plateforme KAROS n’en n’est pas à son coup d’essai puisqu’elle est implantée dans l’Auxerrois depuis déjà trois ans, et élargit progressivement son périmètre en contractualisant d’une part avec les plus gros employeurs (six mois offerts pour tout passager collaborateur d'une entreprise qui adhère à un programme d'accompagnement de KAROS) et d’autre part avec les collectivités locales soucieuses de baisser l’empreinte carbone des transports sur leur territoire en proposant à leurs actifs un service de mobilité durable adapté aux zones rurales, pratique et attractif.
Thierry BRET
On connaît l’appétence des élèves fréquentant l’établissement public local d’enseignement agricole des Terres de l’Yonne à se distinguer au niveau des titres honorifiques, chaque année. Une fois de plus, comme devait le signaler l’édile de la commune de Venoy, Christophe BONNEFOND, lors de la cérémonie des vœux, un de ces jeunes gens a encore reçu une récompense de la bourgade périphérique d’Auxerre. Et excusez du peu : la médaille de la commune ! Elle a été remise à Gaëtan CHIGNARDET ; il a terminé sur le podium d’un concours hexagonal…
VENOY: Le garçon est plutôt du genre taiseux quand son professeur, Philippe PETIT, lui tend le micro afin d’exprimer son ressenti après avoir reçu des mains du maire, Christophe BONNEFOND, la médaille de la commune, une belle distinction honorifique à exposer dans sa chambre. Quelques mots de remerciements à l’égard de son établissement et de son enseignant. Serait-ce de la timidité ? Ou la parfaite maîtrise de l’intériorisation d’une joie pourtant bien réelle ?
Nonobstant, on ne peut que saluer le brillant parcours de Gaëtan CHIGNARDET, élève de la classe de terminale du lycée agricole en section Bac Pro techno et production, qui a participé à l’opération nationale, « Dix de Conduite », une animation annuelle portée par la Gendarmerie nationale et l’assureur mutualiste, GROUPAMA, autour de la découverte de la conduite automobile. Sauf que là, il y avait un particularisme : la déclinaison de ce concours se pratiquait sur les engins agricoles, en l’occurrence le pilotage d’un tracteur !
Qualifié pour la finale nationale qui se disputait à Besançon en présence de vingt-quatre concurrents – plus de 6 000 lycéens prenaient part à cette épreuve dès les premiers tours de la compétition ! -, le jeune scolaire devait in fine accéder à la troisième marche du podium. Troisième sur six mille : il n’y a pas à dire mais le jeune homme peut intégrer une exploitation agricole les yeux fermés quant à la conduite de ces fameux tracteurs qui font toujours rêver les plus petits !
Thierry BRET
Les larmes. Elles embuent les regards avant de couler sur les joues de beaucoup d’entre nous, en ce jour funeste de janvier. Au dehors, le ciel est à l’image de l’incommensurable tristesse qui nimbe les cœurs et les esprits de cette assistance nombreuse – plus d’un millier de personnes – venue accompagner pour son ultime voyage en la cathédrale Saint-Etienne à Auxerre, le président du Conseil départemental de l’Yonne, le regretté Patrick GENDRAUD. Parmi les témoignages dans la nef, on notera celui du premier vice-président de l’institution icaunaise, Grégory DORTE. Bouleversant…
AUXERRE : Ses feuilles noircies de lignes dans la main gauche, le maire de Pont-sur-Yonne quitte la chaise de la quatrième rangée formant le parterre réservé aux personnalités politiques et institutionnelles de notre territoire, pour gagner en quelques pas le pupitre, placé face au cercueil de bois clair. Recouverte d’une splendide composition florale, la bière où repose le Président Patrick GENDRAUD est illuminée par les trois grandes lumières de la chrétienté, des bougies aux flammes vives, symbolisant la dimension trinitaire représentée par le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Succédant derrière le micro au Père Joël et à Philippe, le frère du défunt, le premier vice-président du Conseil départemental Grégory DORTE s’accorde encore un peu de répit, avant de prendre la parole, longuement, rendant ainsi un ultime hommage à son président et ami, disparu il y a tout juste une semaine, dans la nuit du Nouvel An. Une nécessaire inspiration et quelques secondes de silence, avant de lire son texte devant une foule importante à l’écoute du moindre de ces mots que l’on imagine de réconfort.
« Nous avions tous envie de le suivre… »
Un exercice que l’élu de l’Yonne aura accompli en respectant les usages protocolaires, saluant au passage les présences de la ministre déléguée de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation, en charge de la Ruralité, Françoise GATEL – la représentante du gouvernement est assise aux côtés du préfet de l’Yonne Pascal JAN, vêtu de son uniforme de cérémonie -, et de l’ensemble des personnalités régionales et départementales réunies en ce lieu. On reconnaitra entre autres, le sénateur de Côte d’Or François PATRIAT, les anciens ministres Jean-Baptiste LEMOYNE (mais toujours sénateur) et Henri de RAINCOURT, les anciens députés Guillaume LARRIVE et André VILLIERS, les trois députés de l’Yonne Sophie-Laurence ROY, Daniel GRENON et Julien ODOUL, la présidente de la Région Marie-Guite DUFAY, etc. La sénatrice Dominique VERIEN, malade, était représentée par Kevin LEGENDRE-BONIFACE.
La voix forte, amplifiée par la sonorisation audible de l’édifice gothique, Grégory DORTE salua dès les premiers mots la mémoire de « son président bien aimé » que certains des élus du département connaissaient depuis plusieurs décennies. Et de citer les prénoms de ses collègues de l’institution départementale, à l’instar de Marie-Laure (CAPITAIN), d’André (VILLIERS), de François (BOUCHER), etc.
« Vous aviez envie de le suivre ! Il faut dire que Patrick ne laissait pas indifférent. Modéré, raffiné, cultivé, il était l’incarnation de l’honnête homme. Toujours naturel, simple et plein d’humour, il évoluait dans un monde politique parfois loin de ses pensées… ».
Puis, l’orateur continua en évoquant « cette silhouette que l’on retrouve chez certains grands hommes, cette silhouette à l’élégance chiraquienne, un clin d’œil à son mentor… ».
Laisser à chacune et à chacun sa liberté d’expression
Un peu blagueur, Patrick GENDRAUD possédait ce regard déterminé, « il scrutait dans chacun de nous, cherchant dans le fond de notre être le meilleur de nous… ».
Les valeurs humanistes du défunt furent ensuite rappelées par celui qui assure l’intérim de la responsabilité départementale depuis plusieurs mois. Attentif aux autres, Patrick GENDRAUD l’était dans l’exécution de ses mandats. Généreux et humble.
« Il n’en était pas moins un homme engagé, ajouta Grégory DORTE, au service de ce départemental rural. Il disait volontiers qu’il fallait juste un petit coup de main pour faire avancer les choses. Parfois, aussi, un coup de pied au derrière ! C’était sa façon de se construire et de progresser… ».
Homme de consensus, le président du Département était avant tout autre chose un fédérateur dans son approche de la fonction.
« Il laissait à chacune et à chacun sa liberté d’expression au sein de notre assemblée, et ce quel que soit son opinion. Nous faisons partie de la grande famille au service de l’Yonne, disait-il… ».
Sensible, l’élu trop disparu travaillait avec son cœur au service des autres. « En fin politique » qu’il était.
Puis, employant le « tu » dans la formulation, Grégory DORTE aura ses mots justes : « tu as été à la hauteur de l’œuvre, mon Président ! ».
« Tu as tout donné à l’Yonne, à ses communes, à ses habitants, à ses élus, à tes agents, avec ta grande bienveillance et ta volonté. Tu as fait le choix de passer des pactes dans les territoires, pour une meilleure offre de santé. Ensemble, nous avons servi l’attractivité de l’Yonne… ».
Un grand moment vécu ensemble : le passage de la flamme olympique
Une « attractivité » qui deviendra la boussole de Patrick GENDRAUD durant toutes ces années à la tête de notre territoire. L’intervenant citera ensuite quelques exemples concrets de ces réussites favorables à l’attractivité de l’Yonne : l’achèvement du contournement de Sens, le déploiement intégral de la fibre optique, la réalisation du contournement sud d’Auxerre, du foyer départemental de l’enfance, l’accélération tant espérée du Grand Site de Vézelay qui aura permis de renforcer la complémentarité entre les collectivités et l’Etat…
« A ce propos, souligne Grégory DORTE, les préfets Pascal JAN et Henri PREVOST savent parfaitement de quoi je parle… ».
Il est question à présent de « la foudre qui tombe ». Un blanc dans les propos lourds de signification avec un orateur qui peine à prononcer les mots.
Des sanglots dans la voix et éprouvé par l’émotion qui lui enserre la gorge, Grégory DORTE évoquera la maladie.
« Il t’aura fallu du courage, Président, et tu l’as démontré tous les jours. Protecteur envers tous, tu l’as été avec nous. Cela ne pouvait pas t’arriver à toi car tu avais encore de nombreux projets à réaliser pour l’Yonne. Nous avons été témoins de ta bravoure : tu t’es battu comme un lion… ».
Le voile de tristesse s’épaissit davantage parmi l’auditoire. Pesant et inexorable.
« Toi qui incarnais l’élégance de l’esprit et l’élégance politique, tu auras lutté jusqu’au bout dans le respect des autres… ».
La flamme olympique et son passage dans l’Yonne arrivent enfin. Un item qui va redonner de la ferveur dans les propos de Grégory DORTE.
« Tu sais, Président, il y a quelque chose qui me tient à cœur : c’est le passage de la flamme sur notre territoire ! Tu t’es battu pour l’avoir, cette flamme ! Ce fut un grand moment vécu ensemble à Chablis… ».
Féru de pétanque – il pratiquait cette discipline aux origines méridionales avec certains de ses collègues de l’hémicycle icaunais -, Patrick GENDRAUD n’en était pas moins un passionné de football. Surtout de l’AJ Auxerre !
Le premier vice-président eut ensuite quelques mots d’encouragement pour la famille de l’être cher (son totem), à son épouse, Marie-Hélène, ses deux filles et ses petits-enfants pour qui Patrick GENDRAUD était tout bonnement le « Papé ».
« Je suis certain que tu gardes le sourire, de là où tu es, sache que tu resteras toujours dans mon cœur… ». Avant de citer quelques phrases empruntées au répertoire d’André MALRAUX.
Peut-être que de là-haut, Patrick GENDRAUD aura apprécié la formule et ce vibrant hommage prononcé par l’édile de Pont-sur-Yonne à fleur d’émotion, un petit verre de chablis à la main et son sourire éclatant d’humaniste au grand cœur qui aimait tellement les gens…Espérons…
Thierry BRET