Le respect est-il encore une de ces valeurs vertueuses qui honorent l’humain, enseignées depuis longtemps en France, pays des Droits de l’Homme ayant engendré le « Siècle des Lumières » et la liberté de penser que l’on pratique toujours dans notre société ?
Voilà un excellent thème de réflexion que nos bacheliers de terminale ou autres candidats libres auraient pu traiter en quatre heures lors de leur dissertation de philosophie, en ce début de semaine, sous le regard sévère d’un examinateur ?! Pas sûr qu’ils aient trouvé suffisamment d’arguments positifs en ce premier quart de vingt-et-unième siècle leur permettant d’étayer leur thèse, synthèse et antithèse !
Le respect ? Parlons-en, effectivement ! Si celui envers autrui est déjà galvaudé depuis des lustres dans cette société en totale déliquescence qui se fiche de tout et de son contraire, nous en avons eu encore un exemple troublant et caractéristique, il y a peu, appliqué même sur les vestiges historiques de ce patrimoine séculaire de notre chère France, pays de cocagne dont raffolent tant les cohortes de touristes étrangers qui viennent la visiter à chaque période estivale par millions.
Non seulement et jusque-là les graffitis de toutes sortes envahissaient de leurs calligraphies dénaturées et salissantes les ponts et autres monuments accueillant les symboles de la République – des hôtels de ville, des bâtiments étatiques, des monuments aux morts (un sacrilège innommable…) -, voilà que désormais, ce sont les édifices religieux qui deviennent les lieux fétiches de ces inscriptions hideuses et de ces tags horribles en tout genre, qui polluent ces pierres séculaires constituant la richesse patrimoniale de notre nation.
La vidéo de la honte a circulé sur les réseaux sociaux
Dans l’Yonne, et plus précisément dans l’une de ses sous-préfectures, à Sens, c’est le Cercle Cathédrale, une subdivision de la structure associative « Sens Patrimoine » qui a tiré la sonnette d’alarme auprès des autorités de tutelle en leur adressant moult courriers pour alerter sur les dérives sécuritaires, voire de sûreté, que subissent avec outrage et avec régularité certains bâtiments religieux de la ville la plus septentrionale du nord de la Bourgogne. En particulier, l’un des joyaux de l’art gothique de la Bourgogne, la cathédrale Saint-Etienne de Sens. La première cathédrale de la chrétienté dont la consécration de son autel (850 ans) avait été célébrée avec faste en 2014.
Les faits navrants de ces actes gratuits de vandalisme sont les suivants : en janvier dernier, une vidéo avait circulé sur une plateforme numérique montrant des jeunes gens (évidemment !) faisant preuve d’incivilités au sein de l’édifice religieux sénonais où le réalisateur Jean-Jacques ANNAUD a tourné quelques séquences de son fameux film consacré à l’incendie de « Notre-Dame ».
De dégradations en inscriptions, voire de réalisation de murs d’insultes : les réseaux sociaux avaient fait part à l’époque du profond émoi des habitants de la ville de l’Yonne, choqués par cette violence visuelle gratuite dans un site sacré. Seules, les autorités compétentes avaient alors observé le silence quasi absolu alors que circulait pourtant une pétition recueillant des centaines de paraphes dont certains émanaient de parlementaires et d’élus du territoire.
Le vandalisme des édifices religieux en constante augmentation
Or, avec le retour de la période estivale, et les débordements sécuritaires qui fleurissent telles des fleurs des champs à la belle saison, du fait de la présence de jeunes gens, tard le soir dans les rues surchauffées, passablement éméchés ou sous emprise de substances illicites, on ne peut que craindre de nouvelles actions dégradantes et salissantes pour la « Grande Dame » de Sens et les autres monuments historiques que compte la ville. Des gestes similaires ayant été observés bien évidemment dans bon nombre de villes de l’Hexagone…
Président de l’association, « Sens Patrimoine », Mkrtich MARTIROSSYAN s’en insurge : « il est impossible d’ignorer l’ampleur des actes d’incivilité et de vandalisme commis en ces lieux. Dans les vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux, on y voit des individus pénétrer dans le chœur de la cathédrale, renverser des bougies, s’asseoir de manière irrespectueuse sur la cathèdre de l’archevêque, et tout cela en riant, en filmant, en banalisant ces actes… ».
Une main courante a été déposée à la suite de ces faits. Ces incidents ne constituent malheureusement pas un cas isolé dans le paysage national, tant les atteintes aux édifices religieux se multiplient, qu’elles procèdent d’actes délibérés ou résultent d’un défaut de vigilance. En plus, tout cela permet de faire le buzz et ravi ces décérébrés du cerveau qui s’en vantent en toute impunité…
Des mesures coercitives pour juguler les dégâts
En ce sens, la cathédrale Saint-Étienne de Sens, largement accessible au public durant la majeure partie de la journée, comme de nombreux édifices religieux en France ne semble pas bénéficier à ce jour d’un dispositif de surveillance humaine ou technique pérenne.
Alors, les municipalités concernées par cette banalisation des actes inciviques contre des lieux patrimoniaux qui prolifèrent en France ne devraient-elles pas équiper les édifices de système de vidéosurveillance intérieure, s’assurer de l’encadrement strict des horaires d’ouverture, de les limiter aux seules heures de bureau, tout en désignant des bénévoles responsables de l’ouverture et de la fermeture quotidienne, en concertation avec les diocèses ?
Certaines villes de l’Hexagone se sont penchées très sérieusement sur la question pour mieux protéger notre patrimoine historique et culturel de ces actes de dépravations débiles. Dijon, Troyes ou Nevers ont déjà adopté de telles mesures prises sans difficulté, garantissant ainsi la sécurité des lieux et la sérénité des usagers.
Il est donc grand temps que les villes moyennes de l’Hexagone qui ne l’auraient déjà fait leur emboîtent le pas, en mettant en place ces dispositifs essentiels pour préserver la grandeur et la sécurité de ces cathédrales. Fleurons de notre patrimoine qui le vaut bien…
Thierry BRET
Spécialiste reconnu des politiques sociales, directeur général adjoint du MEDEF de 2012 à 2016 et ancien directeur de cabinet de la ministre du Travail Muriel PENICAUD, Antoine FOUCHER a tenu une conférence dense et sans tabous dans l’amphithéâtre de la Maison du Bâtiment, appelant à une réforme ambitieuse et réaliste du financement de notre modèle social. Son constat est sans appel : pour la première fois depuis 1945, les Français ne voient plus leur niveau de vie s’améliorer en travaillant. Un bouleversement aux conséquences économiques, sociales et politiques…
AUXERRE : « Ça eu payé, mais ça paie plus ! ». Comment ne pas penser à cette réplique du regretté Fernand RAYNAUD, en écoutant celui qui derrière le titre percutant de son dernier opus, « Sortir du travail qui ne paie plus », livre un diagnostic rigoureux et implacable sur notre société. Pour la première fois depuis l’après-guerre, explique Antoine FOUCHER, l’effort fourni par les travailleurs n’est plus synonyme de progression matérielle. Autrement dit : les Français travaillent autant, voire plus, mais n’en retirent plus les fruits. Un changement structurel inédit : de 1945 à 2010, chaque génération a connu une amélioration nette de ses conditions de vie et durant les « Trente Glorieuses », le pouvoir d’achat des salariés progressait de 5 % par an. Même dans les décennies suivantes, les gains restaient significatifs, permettant à une vie de travail d’aboutir à un doublement du niveau de vie. Mais depuis une quinzaine d’années, cette mécanique s’est enrayée : « la progression moyenne annuelle du pouvoir d’achat plafonne à 0,8 %. À ce rythme, il faudrait 84 ans de carrière pour espérer vivre deux fois mieux… ».
Une double rupture historique
Le travail ne paie plus, et il ne se réduit plus non plus. C’est la seconde rupture pointée par le conférencier. La durée annuelle moyenne du travail en France est passée de 2 200 heures en 1950 à 1 600 heures en 2001 mais elle est restée stable depuis. Quant à la durée de vie professionnelle, elle ne cesse d’augmenter : 43 ans aujourd’hui, 45 ans attendus en 2035, voire 46 ans en 2045. La génération actuelle est la première à devoir travailler davantage que ses parents sans contrepartie tangible. Ce double tournant représenté par un travail plus long et sans hausse du niveau de vie, modifie profondément le contrat social hérité des « Trente Glorieuses ». En résulte un sentiment d’injustice qui alimente les tensions sociales : « avec des conflits sociaux à venir qui risquent d’être très violents, en rapport desquels ce qui s’est passé avec les « Gilets jaunes » n’aura été qu’une petite introduction courte et paisible… ».
Contrairement à certains discours politiques ou médiatiques, l’ancien conseiller technique de Xavier BERTRAND, du temps que ce dernier était ministre du Travail, démonte plusieurs idées reçues : « Non, les entreprises ne se sont pas enrichies sur le dos des salariés ! Dans plein d’endroits du monde c’est le cas, comme aux Etats-Unis, mais en France ce n’est pas vrai ! Pour le dire de façon un peu technique avec le vocabulaire de l’INSEE, le partage de la valeur entre le travail et le capital en France, est stable et n’a pas bougé depuis 70 ans… ».
La France mauvais élève de l’Europe en termes d’industrialisation
Alors d’où vient le problème ? L’auteur identifie trois causes principales, à commencer par la désindustrialisation du pays qui prive notre économie, d’un secteur moteur en gains de productivité et donc, de hausses salariales : « on n’en a pas souvent conscience, mais la France a la pire des industrialisations en Europe ! Si l’on enlève l’énergie et que l’on prend en compte seulement l’industrie manufacturière, nous sommes à l’avant avant dernière place en pourcentage de la valeur de l’industrie dans le PIB national. Seuls Chypre et la Grèce font pire que nous… ».
En cause également, un sous-investissement dans les compétences affaiblissant d’autant la capacité d’innovation et de production de valeur : « on investit aujourd’hui dans l’éducation, la même part de la richesse nationale que sous Giscard d’Estaing, pas plus, pas moins ! ». Quant au poids croissant des prélèvements sur les revenus du travail qui grignote la rémunération nette, les chiffres sont éloquents : aujourd’hui un salarié au SMIC perçoit 1 426 euros net, mais en réalité, « coûte » 1 935 euros à son employeur. Avec une rémunération à 4 000 euros net mensuel, ce sont en fait 8 524 euros, qui ont été générés en brut…
S’enrichir en héritant ou par les revenus du capital mais pas par le travail
Réindustrialiser et rehausser le niveau de compétences prend du temps : « une vingtaine d’années et en attendant, nous avons besoin d’une solution à effet immédiat… ».
Une solution qui passerait par une réunion drastique de l’écart entre le brut et le net, en allégeant d’autant les cotisations sociales sur le travail. Une réforme qu’Antoine FOUCHER chiffre à 100 milliards d’euros par an, soit 10 % de cotisations sociales en moins, ou la suppression totale de la CSG et de la CRDS. Avec pour conséquence immédiate, selon ses calculs, une hausse nette du pouvoir d’achat de 22 à 25 % en cinq ans. Mais un tel effort pose une question cruciale : qui paiera ? Impossible selon lui, de trouver cette somme en rabotant simplement les dépenses publiques, sans toucher aux piliers du modèle social. Suggérant plutôt de réorienter l’effort de solidarité sur les revenus issus de la rente, de l’héritage ou de la retraite, autrement dit, les revenus ne provenant pas du travail : « oui je sais, dit comme ça, c’est un peu « provoque », mais je vous explique ! ».
Un diagnostic qui repose sur un constat implacable, avec un travail qui aujourd’hui, est taxé huit fois plus que l’héritage, trois fois plus que les retraites et une fois et demie plus que les revenus du capital. Avec pour conséquence une société où il est plus rentable de percevoir des loyers ou de bénéficier d’un patrimoine transmis, que de travailler à plein temps : « pour la première fois, non seulement depuis 1945, mais sans doute de notre histoire, les gens à la retraite ont le même niveau de vie que ceux qui travaillent, Cela n’était jamais arrivé… ». Citant de concert ce rapport du Conseil d’Analyses Economiques de décembre 2021, où il apparaît qu’aujourd’hui, en moyenne, 60 % du patrimoine des personnes n’a rien à voir avec leur travail, mais provient de l’héritage, contre 35 % dans les années 70.
La révision du travail en France ? Indispensable…
Face à cette situation, l’actuel président du cabinet QUINTET entend bien redonner sa valeur au travail. Et pour financer ce « big-bang fiscal » à 100 milliards d’euros, défend une réorientation des prélèvements, passant notamment par une hausse modérée de la CSG sur les rentes immobilières et financières, ainsi qu’un effort ciblé des retraités les plus aisés (au-delà de 2 500 euros brut mensuels), une fiscalité plus juste sur les héritages importants et une modulation intelligente de la TVA. Cette dernière, souvent décriée comme injuste, pourrait selon lui, être ajustée pour devenir plus équitable, en la baissant sur les produits de première nécessité et relevée sur les biens de luxe ou importés : « si l’amélioration de la rémunération du travail, ça sert à acheter des « IPhone » ou à commander encore plus de vêtements sur « Shein » ou « Temu », ça ne sert à rien, sinon à s’appauvrir collectivement… ».
Mais au-delà des chiffres, c’est une véritable révision du travail que défend l’ancien directeur de cabinet de Muriel PENICAUD : celle d’un travail choisi et source d’épanouissement et non plus seulement d’un labeur subi. A ses yeux, la société ne peut continuer à fonctionner sans une justification collective du travail, comme il en existait autrefois, fondée sur deux piliers, « un travail qui permet d’améliorer sa vie et un travail dans lequel on se réalise ». Militant pour rendre cela possible, pour un droit à la reconversion professionnelle, accessible à tous à un moment de sa carrière.
Une proposition qui n’est ni idéologique ni utopique et d’autant plus crédible qu’on ne peut soupçonner l’ancien dirigeant du MEDEF, de « dérives marxistes », dans l’attente du « grand soir » ! Une vision à la fois exigeante et profondément humaniste qui replace le travail au cœur du pacte républicain et défend la sauvegarde d’une certaine cohésion sociale…
Dominique BERNERD
La langue de bois ? Une discipline pourtant si usitée dans la sphère politique qu’il ne pratique pas, l’ancien ministre de l’Education nationale et professeur de philosophie, Luc FERRY ! L’essayiste et écrivain très médiatisé – il a son actif la rédaction et traduction de plus de 220 ouvrages ! – a régalé par sa verve pertinente le public auxerrois, féru des « Conversations de l’Abbaye », sur une thématique qui le passionne : l’intelligence artificielle. Une causerie calibrée en trois quarts d’heure lui permettant d’évoquer pêle-mêle ses performances, ses conséquences sur l’emploi et le retard coutumier pris par les Européens sur le sujet…
AUXERRE : Il n’est pas tendre avec les représentants du monde politique. « C’est normal, je les connais de très près ! », précise-t-il avec un brin d’ironie. Il les invite même à se réveiller (ainsi que nous tous, d’ailleurs) avant qu’il ne soit trop tard. Si ce n’est pas déjà trop tard ! Thématique de la soirée nécessitant un vrai débat : l’intelligence artificielle. Logique, en somme, pour le conférencier, invité de la énième « Conversation de l’Abbaye » auxerroise, une animation introduite par la cheffe d’orchestre de ces rencontres intellectuelles (Céline BAHR) où il est bon de se mettre des choses sensées et réfléchies entre les oreilles, qui vient de consacrer un ouvrage complet sur ce sujet : « IA : grand remplacement ou complémentarité ? ».
« Le tsunami va être dingue de chez dingue, c’est sûr ! ». Ecouter le professeur de philosophie, essayiste, écrivain et homme politique, habitué des plateaux télévisés depuis des lustres – il faut le savourer lors de ces joutes orales avec Daniel COHN-BENDIT chaque dimanche en fin de journée sur LCI ! - lors d’une conférence sur un item aussi capital comme peut l’être l’IA n’est pas synonyme d’assoupissement, d’ennui et de désintérêt pour le public, même de profanes !
Une IA au top des connaissances
Une salle de conférence, pleine comme un œuf avec plus de deux cents spectateurs dont bon nombre au cheveux d’argent où il aura fallu ajouter des chaises supplémentaires coûte que coûte jusqu’à la dernière minute afin de permettre à chacun de profiter d’une place assise, au grand dam de Luc FERRY, devant couper par deux fois son élan introductif lui servant de préambule ! Il suffisait que les retardataires arrivent à l’heure, non ?!
Il persiste et signe, l’ancien ministre de l’Education nationale, sous l’ère de…Jacques CHIRAC ! « Il faut vraiment que les hommes politiques se réveillent sur ce sujet ! On est encore en train de discuter de conclave sur les retraites à prendre à 62 ans ou pas ! Franchement, c’est affligeant, voire dramatique ! Il faut s’intéresser à l’IA, y réfléchir sérieusement en pensant aux futurs métiers de nos enfants et petits-enfants pour qu’ils ne soient pas bouffés par l’IA à l’avenir… ».
Il ajoute que les métiers qui associeront la technologie, le cœur et la main sont ceux qui disparaîtront le moins vite. « Mais, un très bon vendeur, c’est difficile à remplacer car c’est un métier de relations humaines. Il faut que l’Education nationale oriente nos enfants vers des métiers qui ne seront pas des voies sans issue… ».
Est-ce vraiment le cas aujourd’hui ? Pas certain !
A l’aise dans l’exercice oratoire, additionnant son cocktail d’informations de plaisanteries, de remarques personnelles, de chiffres à faire peur lorsqu’il s’agit du retard abyssal de l’Europe et de la France sur ce dossier, Luc FERRY déroule en consultant de temps à autre ses quelques feuilles noircies de notes un plan qu’il a savamment rodé au fil de ses conférences hexagonales. Ici, distillées auprès de grands pontes des corps militaires, là auprès des dirigeants chez ORANGE !
En guise de longue introduction, celui qui déplore que « le système éducatif français fabrique de l’échec sans parvenir à y porter remède » énumèrera des exemples de performance concrets de cette technologie maîtrisée par les Américains et les Chinois. Via l’outil « Chat GPT ».
Dans la traduction de textes (désormais, le métier de traducteur est condamné à finir aux oubliettes !), dans la réalisation artistique (œuvres d’art dupliquées et plagiées en toute impunité malgré les innombrables procès des auteurs et artistes ), dans la résolution de problèmes mathématiques (l’une des variantes de l’intelligence artificielle, « IA Alpha Géométrie » a obtenu la médaille d’or aux récentes olympiades mathématiques, reléguant le scientifique Cédric VILLANI à ses chères équations !), dans le domaine juridique, de l’édition, de la presse, et de l’éducation.
« L’IA peut obtenir aisément le baccalauréat et même les agrégations ! Elle est même plus intelligente que moi qui possède doctorat et agrégations ! », plaisante Luc FERRY. Une IA qui peut faire de la mécanique, de la maçonnerie, de l’électricité, de la plomberie. La seule différence avec l’humain ? C’est que l’IA n’a pas besoin d’arrêt de travail, ne milite pas à la CGT et n’emmerde personne ! ». Rires garantis parmi l’assistance qui apprécie la démonstration, visiblement !
Gare aux usages dévastateurs des « deep fake »
Puis, l’orateur bifurqua sur l’une des craintes majeures de l’intelligence artificielle son impact dans le monde du travail. Sans omettre de balancer quelques saillies acidulées contre les représentants politiques !
« Quels sera l’impact de ces IA génératives sur l’emploi de demain ?, s’interroge Luc FERRY, Bill GATES qui est tout sauf idiot estime que l’IA est capable de remplacer les pilotes dans tous les jobs ! L’IA est capable de fournir tous les services de soins dont nous avons besoin ! A quoi va ressembler ce monde de demain ? On doit y réfléchir très vite, y compris nos politiques qui eux sont à côté de la plaque ! Pas comme le Premier ministre qui veut interdire la vente de couteaux de cuisine aux mineurs alors qu’il suffit d’en récupérer un exemplaire dans la cuisine familiale ! Ou comme les deux autres députés (un écologiste et un socialiste) qui veulent interdire la vente des portables au moins de 15 ans ! C’est complément idiot ! Idem d’interdire l’usage des réseaux sociaux aux moins de 15 ans alors que l’on peut contourner très facilement le problème, c’est totalement débile… ».
Du Luc FERRY dans la quintessence de son art oratoire ! L’IA est-elle peu créative ? « C’est faux ! L’argument est idiot ! Il y a des réussites artistiques issues de l’IA qui sont exceptionnelles…Il y a des œuvres proposées par l’IA qui sont plus créatives qu’un tableau de Pierre SOULAGES ! ».
Sur le sujet de la régulation de l’IA, l’intervenant en rajoute une couche : « je ne suis pas poujadiste, mais prenons l’exemple des « deep fake », ces fausses vidéos qui sont fabriquées en quelques minutes et peuvent faire croire des tas de choses totalement inexactes – il s’amuse à en partager quelques-unes, sonores, où les fausses voix d’Emmanuel MACRON et de Barack OBAMA, tressent des louanges à l’écrivain philosophe et à son dernier ouvrage ! -, j’alerte sur les effets dévastateurs et malveillants de ces messages… ».
L’UE se situe à des années-lumière de la galaxie IA !
Autre point évoqué : « l’IA force ». Ce serait une machine qui posséderait la conscience de soi, créant ainsi une nouvelle ère, celle de la post-humanité. Un cerveau artificiel qui serait tellement performant que la conscience de soi se traduirait par des émotions.
« Personnellement, je n’y crois pas du tout ! Ceux qui y pensent sont des matérialistes au sens philosophique du terme. Je n’y crois pas pour des raisons scientifiques et philosophiques, en vérité. Il y a deux différences entre l’IA et l’humain : l’IA ne possède pas de corps ni d’organisme, donc elle n’a pas de libido ni de projets personnels. Même si elle peut imiter les émotions. Quant aux codes éthiques, ils sont introduits par les programmateurs qui peuvent être de multiples origines et orientations diverses au niveau de la pensée… ».
Quant au poids de l’Europe et de la France par rapport à la maîtrise de l’intelligence artificielle, il semble inexistant à date. Un constat que déplore Luc FERRY.
« Nous nous situons à des années-lumière de la réalité, souligne le philosophe, même si la France propose sa propre IA avec « Mistral », mais cela n’a strictement aucun rapport avec le modèle américain. C’est comme si nous devions courir le Grand Prix de Monaco de formule un avec une 2 CV ! ».
Une Union européenne qui est donc totalement dans les choux de l’avis de l’essayiste, qui fit une digression ironique sur les volontés de réarmement du Vieux continent. Démontrant au passage que les drones, nouvelles armes redoutables de la guerre moderne, se pilotent de manière numérique.
Favorable à l’adoption d’un service civique pour les adultes, Luc FERRY y va de son analyse pertinente sur les usages de l’IA et de l’emploi, grand sujet de préoccupation pour les Français, abasourdis par tout ce déferlement technologique.
« Face à l’IA, il ne faut pas arrêter de travailler. Il faut garder l’utilité sociale sinon on perd son estime de soi. Il y aura des gains de productivité grâce à l’IA dans les secteurs industriels. Certains estiment que seuls les emplois automatisables seront impactés par l’intelligence artificielle : c’est complétement faux. Je peux citer les traducteurs, les géomètres, les médecins, les architectes, les comptables…autant d’emplois qui seront remplacés par l’IA. Quant à la théorie que l’IA affectera uniquement les « cols blancs » et non les « cols bleus », là aussi, c’est source d’erreurs ! Les robots permettront tout ! Quant à la destruction massive des emplois, la théorie ne tient pas debout : d’autres emplois seront créés à la place. Le passé industriel nous l’a déjà démontré… ».
Une intelligence artificielle qui aura suscité quelques réactions de la part du public. Réactions à chaud plus ou moins intéressantes où Luc FERRY apportera là aussi des réponses probantes, avant qu’il ne quitte la scène de l’Abbaye pour regagner une petite table où il devait signer quelques ouvrages dans une courte séance de dédicaces, avant de saluer son ami Guillaume LARRIVE, venu en spectateur, et repartir vers de nouvelles aventures épistolaires et sans IA, loin de l’Yonne…
Thierry BRET
Sans doute surveille-t-il de très prés l’évolution de la météo, en ce dimanche d’averses orageuses, le représentant en Bourgogne Franche-Comté de l’association « Golfeurs d’Etoiles », l’Icaunais Dominique COJAN ! Normal, ils seront 64 pratiquants de la discipline sportive additionnant élégance et stratégie à se retrouver dès 08 heures du matin, ce lundi 16 juin, au Domaine de Roncemay à Chassy pour y disputer un tournoi pas vraiment comme les autres, au profit de trois œuvres sociales….
CHASSY : Qu’il se rassure l’organisateur de cette première épreuve golfique concoctée au profit des structures associatives altruistes défendant les intérêts de jeunes malades de notre territoire : ce lundi sera un nouveau jour, logiquement peu ou pas perturbé par les ondées pluvieuses ! Membre de l’association des « Golfeurs d’Etoiles », Dominique COJAN – on l’a connu jadis sous d’autres casquettes plus épistolaires lorsqu’il dévoilait en séances de dédicaces ses ouvrages didactiques aux côtés de Jean-Eric FRAY – sera ce 16 juin à la manœuvre de cette édition 2025 d’un tournoi pas ordinaire, devant accueillir sur les greens de Roncemay près d’une centaine de participants, néophytes et férus du sport à la petite balle blanche.
Organisée par la Fondation pour la Promotion de l’Homme, cette épreuve devant débuter dès 08 heures verra la totalité de ses bénéfices reversés quelques heures plus tard, au beau milieu de l’après-midi, au bénéfice de l’association « Maxime + » - on ne présente plus cette entité auxerroise -, celle se nommant « La Marque de bienfaisance-Donnez de la Lumière » et l’unique école d’éducation de chiens guides d’Europe, « l’association Frédéric GAILLANNE ».
Des associations qui s’occupent plus particulièrement des enfants atteints de lourdes pathologies comme des leucémies ou des cancers pédiatriques, mais aussi de celles et ceux qui souffrent de malvoyance.
Soutenir les familles et les enfants malades de « Maxime + »
Créée en 1986 par des soignants du centre hospitalier d’Auxerre et des parents d’enfants malades, l’association « Maxime + » est aujourd’hui un acteur majeur dans l’accompagnement des familles et des enfants atteints de maladies graves.
« Nous accompagnons les enfants dans leur lutte contre des maladies graves, principalement le cancer et la leucémie, explique Bernard MARTIN, le président. Ces maladies nécessitent souvent des soins lourds dans des hôpitaux spécialisés, parfois éloignés de l’Yonne. Nous soutenons donc également les parents en leur offrant une aide humaine, morale et financière. « Maxime + » a pour mission de rendre la vie des enfants malades plus belle ».
Parmi les activités proposées, des sorties à Nigloland, à Thoiry, au spectacle de Saint-Fargeau, au feu d’artifice de Rogny, des entrées au cinéma, des baptêmes de l’air organisés en partenariat avec le KIWANIS Auxerre, ainsi que des cadeaux pour les anniversaires et Noël. L’association finance aussi les formations scolaires à domicile pour les enfants qui ne peuvent pas sortir, ainsi que l’achat de déambulateurs et de joëlettes.
Des passionnés du golf agissant dans des actions caritatives
Quant à l’école de chiens-guides de Frédéric GAILLANNE, elle est à date l’unique école d’éducation de chiens guides en Europe exclusivement destinée aux enfants aveugles et malvoyants ou atteints d’autres formes de handicap. Nos amis canins y reçoivent une éducation spécifique de 6 à 8 mois par une équipe d’éducateurs de chiens guides professionnels. À l’issue de cette formation, les chiens obtiennent un certificat d’aptitude à être chien guide, avant d’intégrer une famille.
Créée en 2021, l’association des « Golfeurs d’Etoiles » accueille des passionnés de la discipline, permettant de développer des liens relationnels et d’amitiés durables. La structure hexagonale organise des événements, rencontres, et tournois pour tisser des relations authentiques, tant sur le plan personnel que professionnel. Au-delà du sport, ses membres s’engagent dans des actions caritatives, reflétant leur conviction que le golf peut être un formidable outil de changement social.
Le rendez-vous de ce lundi 16 juin est le premier du genre à être accueilli dans l’Yonne. Nul doute qu’il devrait y en avoir d’autres à l’avenir au Domaine de Roncemay !
Thierry BRET
Triste monde dans lequel l’on vit ! Sans repères, sans empathie, sans écoute, aussi. Un monde de plus en plus fou, replié sur lui-même et ultra vindicatif, accumulant les choses à cent à l’heure, si ce n’est pas plus et qui augure du pire pour les années à venir, si rien n’est fait pour enrayer ce processus global qui semble irréversible.
Autrefois, l’école sous ses différentes variantes, depuis la maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur, représentait encore un havre de paix. Et de sérénité, tant pour les enseignants qui y dispensaient leur savoir, à travers des cours parfois plus ou moins bien construits, mais qui symbolisaient pourtant une réelle transmission de connaissances dont les élèves puiseraient plus tard la substantifique moelle leur servant dans la vie active.
Tant pour les élèves, aussi, qu’ils soient simples potaches ou brillamment surdoués qui avaient toujours quelque chose à gagner de cette Education nationale et de ses enseignements à géométrie variable selon les établissements choisis, que l’on pouvait perfectionner par l’apport de bienveillantes lectures, de nécessaires recherches, de rencontres inoubliables, de découvertes exceptionnelles…
Bref, à notre époque – c’était il y a cinquante à trente ans en arrière ! -, on prenait un malin plaisir à se rendre au quotidien ou presque au « bahut » pour y apprendre des choses à retenir selon les centres d’intérêt, se motiver pour un cursus passionnant et prometteur, se projeter vers un avenir quasi assuré qui nous tendait les bras, s’intéresser à l’autre quelque soit sa couleur de peau, son origine sociale ou sa religion – ni sectarisme ni racisme affirmé à cette époque-là ! -, prendre du plaisir à être là ! Dans le respect du civisme et de la camaraderie.
« Pour vivre mieux, vivons cachés » : un principe encore tenable de nos jours ?
Que reste-t-il de tout cela, aujourd’hui ? Plus grand-chose quand on se réfère à la lecture des tragiques faits divers s’étalant à la une de tous les médias de la planète qui depuis les années 2000 se multiplient à la vitesse grand « V » tel un tsunami frappant les établissements scolaires et tout ce que cela représente en appréciation symbolique de la transmission de savoirs et de connaissances.
Ce ne sont que des agressions, des bagarres, des menaces, des coups portés contre l’institution, des assassinats, des meurtres, de la violence gratuite et sans raison d’être, le plus souvent coiffée sous la fameuse explication des « troubles psychologiques ».
Un argument, tellement plus simpliste à balancer à la presse pour cacher en vérité, la poussière sous le tapis et s’avouer que notre société est en train de faillir à bien des égards par rapport à la multitude de problématiques qui se présente à elle…Une politique de l’autruche, coutumière de nos démocraties occidentales, qui malheureusement s’applique à moult sujets de notre société dite moderne. Selon les préceptes fumeux du « pour vivre heureux, vivons cachés ! ».
Combien de témoignages d’enseignants, d’éducateurs, de personnels administratifs, de directeurs d’établissements, d’élèves, de parents d’élèves qui se sont plaints des malversations dramatiques les concernant directement ou leur progéniture, observées dans le milieu scolaire au fil de ces années ?
Combien de courriers ou mails adressés à une hiérarchie ou à un supérieur pour mentionner tel ou tel fait suffisamment grave qui sont demeurés lettres mortes, mis à la corbeille car il ne fallait surtout pas « faire de vagues » en y répondant par l’affirmative d’une écoute attentive ?
L’école, théâtre du « ne pas faire de vagues »…
« Ne pas faire de vagues » : voilà une formule qui ne doit plus être employée aujourd’hui dans notre vocabulaire. Tant au sein de l’Education nationale que dans les autres administrations, structures associatives et entreprises qui sont confrontées à ce fléau de la violence moderne, faite d’incivisme, de rejet de l’autre et de non-respect des valeurs institutionnelles.
L’horreur absolue vécue cette semaine avec l’assassinat de la surveillante trentenaire du collège de Nogent-sur-Marne, une commune paisible de la Champagne, nous le rappelle avec cruelle amertume. Mélanie, 31 ans, qui laisse derrière elle un enfant de quatre et un conjoint anéanti a été tuée de plusieurs coups de couteaux portés par un collégien âgé de…14 ans ! Un énième fait divers aux conséquences dramatiques qui vient ternir cette image d’Epinal du monde scolaire que l’on croyait encore tranquille où les causes peuvent être multiples – influence des réseaux sociaux, abrutissement des jeux vidéo, manque de discernement sur la réalité du monde bien réel, problématiques familiales et environnementales, usages de produits illicites, encouragement à la violence pour faire le buzz…-, voire bien pire encore.
« Ne pas faire de vagues » dans le milieu scolaire ? Plus jamais, çà, bien sûr ! Ne serait-ce qu’en souvenir de Mélanie et de toutes les pauvres victimes de la bêtise humaine, même adolescente, qui l’ont précédée en enrichissant la liste funeste de ces faits divers sordides…
Thierry BRET