Bon, c’est vrai : les abords du restaurant « Le Paris Nice » étaient quelque peu obstrués aux alentours de 18 heures ce vendredi soir à Joigny ! Une foule très compacte, composée de plusieurs centaines de manifestant contre la venue du leader du Rassemblement national, avait pris position au beau milieu de la route et sur le parvis menant vers l’établissement devant accueillir quelques instants plus tard la séance de dédicaces de l’auteur de « Ce que veulent les Français », Jordan BARDELLA. De quoi faire réagir les forces de l’ordre qui ont veillé au respect de la sécurité. Dans l’intérêt général…
JOIGNY : Patron du groupement de la gendarmerie nationale sur le territoire de l’Yonne, le colonel Nicolas NANNI était à la manœuvre aux côtés de ses hommes pour juguler du mieux possible et avec efficience les ardeurs parfois un peu véhémentes dans les propos et les écrits, via pancartes interposées d’une foule conspuant la présence des lecteurs et électeurs de Jordan BARDELLA, en déplacement provincial dans la ville de Nicolas SORET, vendredi soir, à l’occasion d’une séance de dédicaces qui n’aura vraiment rien eu d’ordinaire !
Ni par la présence remarquée de l’auteur du jour, le chef de file de la droite souverainiste le représentant suprême du Rassemblement national qui caracole depuis des lustres dans les sondages à quelques mois des échéances présidentielles de 2027, ni par la longue file d’attente de ses aficionados (un millier de personnes préciseront les organisateurs de cette soirée spéciale) qui tels des spectateurs fans de la première heure ressemblaient à s’y méprendre au public se rendant à un concert d’une rock-star ou à un match de football de Ligue 1, surtout quand l’AJ Auxerre retrouve les chemins des buts. Ce qui est loin d’être le cas actuellement !

Des chants, des huées et des sifflets…
Malgré cette ambiance à la limite du torride, malgré les invectives et noms d’oiseaux lâchés çà et là parmi cette foule contrainte de rester coincée derrière les barrières de sécurité, malgré les slogans réclamant le départ illico presto de la « vedette d’un soir », malgré ces échauffements de l’esprit parfois relayés par le camp adverse qui fourbissait ses armes en chantant la Marseillaise et en tenant haut et fort le drapeau tricolore, il n’y aura eu aucun débordement, ni de heurts notoires, tout juste une petite poussée un peu physique contre les barrières pour faire reculer la foule avec l’intervention du PSIG en mode rugbystique ! Certains des manifestants de ce rassemblement anti-RN ont dû se lever ce matin avec quelques douleurs musculaires et peut-être quelques bleus dans les côtes, au passage…
On retiendra parmi les chants scandés par la foule : « BARDELLA rentre chez toi, Joigny n’est pas à toi ! » ou le fameux « Rendez l’argent », avant une interprétation tout à fait francisée du fameux chant des partisans italiens luttant contre le fascisme, le « Bella Ciao », honteusement popularisé depuis peu par une campagne publicitaire sur les écrans cathodiques, sans que les auteurs de cette pub aient réellement pris conscience de la portée intellectuelle de cet air, symbole de la Résistance ?
Au premier plan, et figurant toujours en pôle position de la revendication, la secrétaire générale du Parti Communiste Français dans l’Yonne, Pascale MARLIN qui tenait le plus longtemps possible bien droit son petit panneau rempli d’inscriptions contre la droite souverainiste. Syndicalistes, représentants des Verts, du Parti socialiste ou de LFI étaient également présents dans ce cortège contraint de faire du sur-place.
Bref, ce fut une soirée peu banale dans les rues de Joigny ce vendredi 31 octobre : quoi de plus naturel en somme pour les amateurs d’Halloween !
Thierry BRET

Pour sa treizième édition, la manifestation « VITA’CREA », portée par les CCI et les Chambres de Métiers et de l’Artisanat de Bourgogne Franche-Comté (et l’ensemble de leurs partenaires), permettait comme à l’accoutumée de dynamiser la vitalité des entreprises de notre contrée, dans le cadre de la Semaine de la Création/Reprise d’entreprises et de jeunes entreprises. Promouvant la souveraineté de l’alimentation locale, durable et végétale, c’est la société de Joigny, « La Conserverie Jovinienne » qui a décroché le pompon cette année !
AUXERRE : Apparue en 2021 et créée par Maxence LORENCKI et Hugo FREDERICH, la jeune structure professionnelle « La Conserverie Jovinienne » confectionne des conserves alimentaires et des plats cuisinés à partir de productions locales. Transformant des fruits et légumes bio issus des fermes environnantes, la TPE propose en guise de spécialités tartinades, soupes, sauces et confitures, avec une double vocation : valoriser les invendus agricoles et surtout assurer la promotion d’une une alimentation locale et de très belle qualité.
Il n’en fallait pas davantage, visiblement, pour convaincre le jury de « VITA’CREA » édition 2025 d’en faire un lauréat potentiel. Et pourquoi pas de positionner le duo de jeunes entrepreneurs icaunais sur la plus haute marche du podium régional !
Les deux autres prix ont été remportés par des entreprises artisanales de Côte-d'Or, c’est-à-dire « Mend Me », un atelier de réparation textile et maroquinerie localisé dans la banlieue dijonnaise, à Longvic, et « Ciboulette », entreprise de restauration écoresponsable située à Dijon. Elles se sont classées respectivement à la deuxième et troisième place de ce concours, toujours bien suivi par le milieu de l’artisanat et du commerce. On notait la présence de Thierry CADEVILLE, président de la CCI de l’Yonne et de Jean-Pierre RICHARD, président de la CMA 89, lors de la remise de ces trophées.
Thierry BRET
La vue panoramique, en arrière-plan, est superbe. Encore voilée par la brume matinale, Joigny se réveille avec le soleil naissant. C’est au beau milieu des vignobles, sur ce promontoire insolite qui offre un sympathique paysage de carte postale que le premier candidat déclaré aux municipales de 2026 se dévoile. Souhaite-t-il donner de la hauteur à ses ambitions ? Assurément ! En tout cas, Frédéric VIDAMENT, 61 ans, ne manque ni d’arguments ni de volontarisme lors de cette présentation de profession de foi, expliquée en pleine nature, pour une échéance élective qu’il juge capitale pour le devenir de ses concitoyens…
JOIGNY : Vingt ans de présence sur le territoire de l’Yonne et l’envie farouche pour ce natif de l’Ile-de-France d’être utile à celui-ci, coûte que coûte, en 2026 ! A 61 ans, Frédéric VIDAMENT dégaine le premier dans cette bataille si importante des municipales qui occupent depuis le mois de septembre les esprits stratégiques des états-majors politiques de notre département. Pourtant, ne cherchez pas une appartenance idéologique quelconque pour notre personnage du jour ! C’est dépouillé de la moindre étiquette politique et en véritable rassembleur que le retraité-étudiant, comme il aime se définir, se lance dans la course effrénée au perchoir municipal !
Ancien mécanicien dans un atelier de la RATP, chère à Jean CASTEX, l’orateur a fait valoir ses droits à la retraite à l’âge de 55 ans. Une retraite qu’il a voulue active et estudiantine !
« Depuis ma tendre jeunesse, j’ai toujours rêvé d’être avocat ! Mais, malheureusement, mes parents n’avaient pas les moyens de me payer des études. Donc, je me suis inscrit à l’université de la Sorbonne à Paris pour y faire mon droit via une licence ! ».
La part du gâteau revient à la politique culturelle
Enfant de la DDASS, notre interlocuteur est même passé sur les bancs de la faculté de droit de Dijon pour y obtenir sa capacité. Une appétence à la discipline juridique qu’il explique avec pudeur : « Je veux devenir avocat un jour pour pouvoir défendre la cause des enfants, moi-même ayant été maltraité dans ma prime jeunesse… ».
Mais, avant d’enfiler la robe noire au col d’hermine, Frédéric VIDAMENT veut livrer un tout autre combat : celui de la participation citoyenne en jouant les premiers rôles lors de cette campagne des élections municipales dans cette ville icaunaise d’où est native son épouse, en briguant le siège d’édile.
Entre droit constitutionnel, droit public et droit administratif qu’il aborde lors de son cursus, ses pôles d’intérêt convergent tout naturellement vers le rôle et le poids d’une collectivité dans notre environnement sociétal. Touche-à-tout inspiré, il a même créé son entreprise. A Ivry-sur-Seine, il dirigera jusqu’en 2014 une entité professionnelle baptisée « Jam Studio », une société intervenant dans le domaine de la musique et l’enregistrement. Compositeur et instrumentiste (il excelle derrière les fûts de sa batterie), il travaille à la réalisation d’un album avec sa fille, Clara, et un groupe, orientation rock’n’roll à la sauce irlandaise, violons oblige. Prévu en 2026, l’album se concoctera du côté de la verte Irish, dans un studio situé à Dublin.
« L’un des dossiers les plus importants pour moi, si je suis élu, sera la culture, affirme-t-il, et dans tous ses rivages. Il ne faut pas perdre la culture : Joigny pourrait le pôle culturel central de notre département, avec le plus gros festival de l’Yonne réalisé ici. Quant au tourisme, ce sera prépondérant pour attirer toutes les populations internationales grâce à un carnaval européen organisé dans notre ville. Cette manifestation présenterait toutes les cultures de ces pays… ».
Homme de consensus, Frédéric VIDAMENT se présentera devant les électeurs sans étiquette. « Je prends tout ce qui est bon à gauche, comme à droite mais mon penchant naturel est plutôt orienté à divers droite, justifie-t-il, j’ai même été communiste dans les années 80 puisque j’avais adhéré au PCF. Puis, déçu, j’en suis parti de cette formation après une décennie d’investissement. Pour moi, la définition du mot politique est la suivante : c’est de la pratiquer au nom du peuple et pour le peuple. Je veux donner tout pouvoir au peuple de Joigny… ».
Une démocratie participative qui habite le candidat. « Ce sera l’une de mes promesses de ma campagne… ».
Sécurité et emplois : les grandes priorités du programme
Quant à son programme, il a eu le temps depuis plus de deux ans tant à Joigny que dans les localités formant l’intercommunalité de prendre le pouls de la population. « Personne ne doit être laissée sur le banc de touche, ajoute-t-il, y compris dans les petites communes ; toutes mes décisions répondront à ce besoin de démocratie… ».
La sécurité sur la CCJ sera l’un de ses axes majeurs. « C’est une élection à double enjeu, au niveau sécuritaire. Si une commune subie de l’incivilité, il faudra y répondre avec l’équipe de police municipale. Des astreintes seront organisées avec un planning parfaitement organisé. Nous allons renforcer l’équipe par ailleurs, la passant à douze éléments… ».
Une nécessité car selon le candidat, Joigny serait l’une des agglomérations de l’Yonne où les violences conjugales seraient les plus nombreuses. S’il est élu, Frédéric VIDAMENT renforcerait également la surveillance vidéo en ville.
Quant à l’économie, il souhaite attirer des industriels. « Le potentiel existe, il y a la place au niveau du foncier, constate-t-il, et de là, on pourra créer de l’emploi. Le commerce de proximité est vital pour la ville ; mais il y a la place pour la GMS comme les indépendants. Je regrette cependant la fermeture de tous ces magasins depuis la crise sanitaire. J’ai un projet mais je n’en parlerai pas maintenant… ».
Le développement du sport avec la mise en lumière de clubs locaux au niveau national (c’est son dada !), l’environnement et sa préservation, ainsi que la part du logement en diminuant la taxe foncière occuperont ses priorités. Mais, prudent, il préfère dévoiler ses idées lors de réunions publiques qui ne manqueront pas de ponctuer son agenda dans les semaines à venir. Face à la liste probable du RN et à celle du poids lourd socialiste conduite par le maire sortant Nicolas SORET, Frédéric VIDAMENT va essayer d’exister et imposer ses projets pour mieux convaincre les citoyens de lui accorder leur confiance.
« Le Parti Socialiste n’est pas un obstacle en soi, quant au RN, il n’a pas fait de bons scores lors des dernières échéances… ».
Son objectif est de passer le premier tour de ces élections au soir du 15 mars 2026. « Après, tout est possible pour remporter la mise, espère-t-il, mais le vrai résultat sera dans les urnes… ».
Le 17 octobre, avec ses colistiers, il affinera sa stratégie en matière de communication et d’opérations de tractage. « Je veux convaincre les abstentionnistes, insiste-t-il, je souhaite que les gens dans un souci démocratique aillent voter ! Il faut que les gens s’inscrivent, c’est le plus important ! ».
Il ne reste plus qu’une chose à faire pour que Frédéric VIDAMENT ultra motivé dans ses intentions puisse poursuivre ses desiderata : travailler le terrain en continuité afin de convaincre encore et toujours…
Thierry BRET
Le cadre de la conférence de presse est des plus agréables. Une petite salle très cosy dans un décor rétro, située à l’étage de cet établissement plutôt atypique de la restauration sénonaise, « Le Plat d’Etain ». Mais, aujourd’hui, les deux interlocuteurs assis face aux représentants de la presse locale font fi dans leurs propos de recettes gastronomiques alléchantes pouvant titiller les papilles ! Le « plat de résistance du jour » est cependant copieux en termes d’informations : l’immigration dans l’Yonne. Via une note très exhaustive émanant de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie qui offre un inédit état des lieux approfondis de la situation sur notre territoire. Une thématique ô combien importante, à de multiples égards, à l’approche des échéances municipales que n’aura pas manquée de commenter le nouveau président de l’OFII, un certain Guillaume LARRIVE…
SENS : Il sait mettre les petits plats dans les grands, l’ancien parlementaire de l’Yonne, Guillaume LARRIVE, même lorsqu’il s’agit simplement de recevoir les médias au « Plat d’Etain », un estaminet local très apprécié par les épicuriens, autour d’un thé ou d’un café ! Le conseiller d’Etat, membre toujours influent des Républicains dont il est l’un des vice-présidents, organisait une passionnante conférence de presse il y a quelques jours dans la sous-préfecture de la cité septentrionale de notre territoire, à l’occasion de la publication en livre de poche de son dernier opus publié en 2024, « Immigrations, l’heure de la décision » - l’ouvrage a bénéficié de la préface pertinente de l’ex-ministre de l’Intérieur et président de la formation gaulliste, Bruno RETAILLEAU à l’épicentre de l’actualité politique depuis 48 heures – et de la présentation d’une note officielle émise par l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie, se rapportant à notre département.
D’ailleurs, sa tête pensante, le directeur général de l’organisme national, Nicolas POUVREAU-MONTI avait également effectué le déplacement depuis la capitale afin de consacrer un peu de temps aux journalistes, désireux d’en savoir bien davantage sur ce fait de société que représente une immigration très dans l’air du temps pour les sphères politiques et sociétales.
Une défiance record des Français envers l’immigration
Actualisés de manière annuelle par l’INSEE, les chiffres dévoilés par Nicolas POUVREAU-MONTI ont été finement retravaillés par le « think tank » national (un véritable laboratoire d’idées) afin de les rendre nettement plus lisibles auprès des spécialistes de la question. L’orateur en profitait pour présenter les missions essentielles de cet Observatoire de l’Immigration et de la Démographie.
« Avec notre petite équipe de salariés, explique-t-il, nous travaillons de façon professionnelle avec de la rigueur technique et l’attachement aux chiffres et aux faits, l’indépendance politique, ainsi que du réalisme migratoire concernant les flux. Nous passons beaucoup de temps avec des élus de toutes tendances afin de leur présenter ces données… ».
Analysant la situation actuelle concernant l’immigration, Nicolas POUVREAU-MONTI considère le moment comme paradoxal. « Il n’y a jamais eu une telle défiance dans l’opinion sur ce phénomène de l’immigration, des sondages réguliers l’attestent avec deux tiers des personnes interrogées estimant que les niveaux d’immigration reçus en France sont bien trop élevés ; et dans le même temps, il n’y a jamais eu autant d’immigration en France que ces dernières années ! ».
Tout cela engendre aujourd’hui une véritable crise démocratique en France, mais aussi aux quatre coins de l’Europe, avec en corollaire la véritable capacité des femmes et hommes politiques à agir sur ce terrain ultra miné, à l’approche d’échéances électorales capitales pour les démocraties.
Une immigration d’ampleur inédite en France depuis les années 2000
« Nous vivons un contexte migratoire inédit, renchérit l’interviewé, par l’ampleur des flux reçus dans l’Hexagone – le nombre de nouveaux titres de séjour accordés en France a été multiplié par trois depuis la fin des années 90 - ; quant au droit d’asile en pleine croissance ces dernières années, il a triplé depuis 2010. L’immigration clandestine a triplé depuis vingt ans. On le sait grâce à l’Aide Médicale d’Etat en forte hausse. C’est une dynamique que l’on retrouve dans toute l’Europe… ».
Une résurgence du passé colonialiste de la part de bon nombre de pays du Vieux continent, assurément. Un phénomène qui concerne toutefois des pays n’ayant pas eu de visions expansionnistes dans les siècles derniers à l’instar de la Suède ou de la Suisse.
« Au-delà de ce phénomène d’ampleur inédite en France, poursuit Nicolas POUVREAU-MONTI, il y a aussi la nature qualitative de cette immigration. Notre pays accueille l’immigration la plus africaine d’Europe avec six personnes sur dix qui arrivent du Maghreb. Idem pour l’Afrique subsaharienne, avec une population qui a doublé depuis 2006… ».
Des arrivées massives qui impactent le marché de l’emploi ou…pas. Aujourd’hui, il s’avère que les personnes issues de l’immigration éprouvent de sérieuses difficultés à s’intégrer sur le marché du travail en France. Le taux d’emploi des immigrés légaux est l’un des plus faibles du continent européen, dans notre pays, avec 62 %. Plus de 40 % des entrées sur notre territoire se sont faites pour des motifs familiaux. Quant à la pauvreté des immigrés, elle est la plus importante à hauteur de 50 %. Soit quatre fois plus que le taux de pauvreté des Français.
Une accélération beaucoup plus forte de l’immigration dans l’Yonne
Quand est-il de l’Yonne, fort de ces données nationales ? Le directeur général de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie continue son analyse.
« Il y a une forme de paradoxe sur ce département, c’est à la fois celui qui accueille un peu moins d’immigrés que la moyenne nationale (7,8 %) en 2022 au lieu de 10,2 % pour l’Hexagone. En revanche, l’accélération de la part des immigrés est plus forte que sur la moyenne nationale… ».
Précisons que dans le classement des communes hexagonales où la part des immigrés avait le plus augmenté parmi la population, signalons la présence dans le Top 25 national des petites villes, celle de Joigny, avec une hausse de dix points en quinze ans, entre 2006 et 2021. Des phénomènes de diaspora peuvent expliquer cela, avec une concentration familiale importante.
Quant aux origines de ces immigrés, quelles sont-elles ? « Il y a une singularité forte dans ce département de l’Yonne, c’est la forte présence de la population marocaine, confirme Nicolas POUVREAU-MONTI, à Auxerre et à Sens. C’est une petite spécificité départementale par rapport au national puisque la population algérienne est la plus importante de toutes les populations maghrébines. 19 % des immigrés de l’Yonne viennent du Maroc contre 7 % d’Algériens… ».
Dans le tiercé de tête icaunais, on retrouvera bien naturellement la population issue de la première génération de migrants, celle du Portugal. Bon nombre de ses ressortissants ont depuis acquis la nationalité française. Cette immigration était la conséquence directe des Trente Glorieuses et de ses besoins économiques dans un marché de l’emploi florissant alors que l’immigration actuelle répond davantage à des besoins de protection des individus avec l’accueil de réfugiés de tout ordre.
L’intégration dans le travail peut se révéler très vite comme une sinécure pour ces populations de la nouvelle vague migratoire. Dans l’Yonne, 27 % de ces personnes étrangères de plus de 15 ans se retrouvent sans emploi, ni en études ni à la retraite contre 12 % des non-immigrés.
« Les difficultés d’intégration sur le marché du travail sont spécialement marquées par les origines migratoires, ajoute le conférencier, prenons l’exemple de la population turque, 42 % ne sont ni en emploi, ni en études, ni à la retraite. Cela s’explique par le fort phénomène d’inactivité des femmes. 65 % des femmes originaires de Turquie vivant en France n’ont aucune activité… ».
La spécificité française vis-à-vis de l’Algérie et des titres de séjour !
On peut aussi ajouter à la liste, les immigrés en provenance du Maroc (33 %), ceux de l’Algérie à 32 % mais seulement 11 % des immigrés portugais, du fait d’une intégration dans le travail plus aisée, parfois couronnée par la création d’une entreprise. L’Afrique subsaharienne représente un contingent de 30 % des immigrés actuellement accueilli dans l’Yonne. 30 % qui sont eux-aussi sans emploi, sans études et sans retraite…Une réalité que l’on peut aussi observer localement.
A noter que le taux de chômage des populations issues de l’Asie du Sud-Est s’élève à 3 % en France ! Soit quatre fois moins que la proportion du nombre d’immigrés.
Reste le cas très particulier de la Tunisie. La représentativité de sa population est la plus importante au cours de ces dernières années (2000) grâce à un cadre politique bilatéral ayant facilité l’immigration. Malgré les relations assez distendues entre Alger et Paris, il se délivre les deux tiers des titres de séjour chaque année en France, soit la plus forte progression de toute l’Europe. Faisant de l’Hexagone une spécificité migratoire unique !
Cas particulier : les autres pays d’Europe comme l’Ukraine et ses cent mille réfugiés en France dont certaines familles ont échoué dans l’Yonne. Idem pour les Afghans (100 000 personnes) et les Syriens (50 000) en France.
Un impact considérable sur les politiques publiques
Sur un point strictement micro de l’étude, il était temps alors d’aborder la physionomie auxerroise. La capitale de l’Yonne accueillait en 2027 12,7 % d’immigrés en ces murs – c’est plus que la moyenne nationale de 10,2 % – car la part de cette population immigrée a augmenté deux fois plus vite que la moyenne nationale avec une forte présence de Marocains, de Portugais, d’Algériens mais aussi des Africains de la zone subsaharienne. Avec là aussi, une forte concentration de personnes n’ayant ni emploi, ni retraite, ni cursus pédagogique, soit 34 %.
« C’est ce qui m’a le plus frappé, précise Guillaume LARRIVE, ancien député de la première circonscription de l’Yonne, c’est ce chiffre. C’est énorme ! Un tiers des immigrés algériens vivant dans le bassin auxerrois qui ont l’âge de travailler, d’étudier ou d’être à la retraite, sont inactifs et hors des codes, c’est 2,5 fois supérieur à la normale. Ce qui me surprend le plus, c’est l’accélération et l’existence de cette vague migratoire additionnée à cette problématique de l’intégration sur le marché du travail. Cela a pour conséquence de peser sur le système social… ».
Un impact sociétal indéniable, assurément, sur les politiques publiques. A l’instar des retraites ou des allocations chômage, contrepartie de cotisations. En moyenne, les immigrés en France perçoivent un montant de prestations sociales qui est deux fois supérieurs à celui des personnes sans ascendance migratoire. Quant à la surreprésentation dans le logement social, elle est évidente : 24 % des ménages immigrés occupent des logements sociaux dans l’Yonne. Des chiffres démontrant de sacrés différentiels dans la réalité et qui pourraient bien faire les gorgées chaudes des adeptes du Rassemblement national ?!
Alors est-il nécessaire de reprendre la capacité de contrôle autour de ces flux migratoires dans les semaines et les mois à venir ? « C’est vrai, admet Nicolas PROUVEAU-MONTI, la gestion des conséquences est très certainement imparfaite ! ».
Quant à Sens, plus de 19,3 % de la population est issue de l’immigration contre 10,2 % au niveau national. « Là aussi, confirme l’intervenant, la part des immigrés dans la population locale a augmenté deux fois plus vite que le niveau national, à 54 %. Dont 20 % de ressortissants de l’Afrique subsaharienne… ». Constat similaire, au niveau de l’intégration sur le marché du travail et de ses conséquences sociétales…
Fin de la première partie.
Thierry BRET
Julien ODOUL, député RN de l’Yonne, a donné le coup d’envoi de la rentrée politique de son parti, en présence de la députée européenne Julie RECHAGNEUX et de Thomas MÉNAGÉ, député du Loiret et porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale. Entre ambitions affichées, stratégie d’ancrage local et volonté de conquête dans plusieurs villes clés du département, le Rassemblement National se projette déjà comme acteur central des municipales de 2026.
JOIGNY : L’organisation d’une conférence de presse à Joigny dimanche matin ne relevait sans doute pas du hasard, quand on sait que la cité maillotine fait partie des trois villes, avec Sens et Auxerre, que la formation mariniste présidée par Jordan BARDELLA espère bien faire tomber dans son escarcelle aux prochaines municipales ! Une rentrée politique marquée par la préparation de ces futures échéances et d’emblée, le ton est donné : « premier parti de France et du département, nous avons de grandes ambitions pour aborder cette échéance importante. C’est l’élection de la proximité et ce sera la dernière avant la bataille suprême des présidentielles… ».
Contrairement à 2020 où cinq listes seulement étaient présentes dans l’Yonne, la donne a changé et le RN prévoit désormais de s’implanter dans une quinzaine de communes dont plusieurs chefs-lieux majeurs, avertit Julien ODOUL : « nous comptons bien, non pas seulement jouer les trouble-fête, mais l’emporter, que ce soit à Sens, Auxerre ou Joigny où nous aurons des listes estampillées RN… ». Et de rappeler que lors des élections européennes de 2024, le parti souverainiste était arrivé en tête dans la ville préfecture, une première dans l’histoire politique du département.
Selon le conseiller régional d’opposition, les mauvais bilans municipaux des équipes en place offrent des ouvertures, comme à Joigny, dont le maire, Nicolas SORET est pointé du doigt : « sa gestion socialiste montre son incapacité à répondre aux besoins, notamment en termes de sécurité et nous espérons une liste d’unions rassemblant toutes les forces pour l’alternance, tous les patriotes et sommes en bonne voie pour le faire… ».
Des boîtes à gifles et des avis convergents !
La « boîte à gifles » était ouverte et le maire d’Auxerre, Crescent MARAULT, visé lui aussi : « c’est jouable de remporter la ville, d’une part parce que le RN n’y a jamais été aussi fort et d’autre part, parce que le maire est fébrile, il a un bilan calamiteux. On dit même qu’il réussit à faire regretter les socialistes ! ».
Mais pour l’heure, affirme Julien ODOUL, la tête de liste n’a pas encore été désignée officiellement. Le conseiller régional Pascal BLAISE, longtemps pressenti, aurait-il de la concurrence ? « Il y a d’autres personnes autour de lui et vous serez peut-être surpris ! ». Réponse dans quelques semaines… A ce jour, pas encore de liste non plus à Avallon, même si le message est clair : « il faut soutenir le changement, c’est-à-dire renvoyer la municipalité en place dirigée par Jamilah HABSAOUI… ».
Pas de liste RN en revanche à Migennes et pour cause : « je pense que le maire de Migennes a prouvé aux dernières législatives, avec beaucoup de courage d’ailleurs, qu’il faisait passer ses convictions avant les consignes de parti. Je salue son engagement et le travail qu’il fait depuis son élection, c’est un très bon maire et c’est un maire libre ! ».
L’intéressé, en l’occurrence, François BOUCHER, appréciera ! Même satisfecit à l’adresse du président du conseil départemental et maire de Pont-sur-Yonne, Grégory DORTE, avec qui le dialogue semble ouvert : « on n’a pas la même étiquette politique, il n’appellera jamais à voter pour Marine LE PEN, pour Jordan BARDELLA ou pour moi, pourtant on arrive à défendre et porter des projets communs, comme la construction d’un second lycée dans le nord du département et c’est l’essentiel… ».
Si Julien ODOUL ne sera pas tête de liste l’an prochain à Sens, un nom devrait prochainement être divulgué : « un candidat de grande qualité et avec de belles ambitions… »
On attend les actes des Républicains au-delà des mots
En interne, le RN veut aussi se prémunir contre les « brebis galeuses ». Echaudé par certaines polémiques autour de candidats ou élus lors des précédents scrutins, à l’image de Daniel GRENON dans l’Yonne, le parti assure avoir renforcé ses procédures de sélection et de formation. Thomas MÉNAGÉ évoquant des « auditions systématiques », des « vérifications poussées » et un accompagnement des candidats. Un dispositif piloté au niveau national par Julien SANCHEZ, maire RN de Beaucaire. Objectif affiché : présenter des listes « solides », éviter les affaires embarrassantes et asseoir davantage la légitimité du parti : « on a pris acte des erreurs passées et on a mis en place des procédures pour s’assurer que nos candidats soient à la hauteur des attentes parce qu’on n'a pas le droit à l’erreur… ».
Interrogé sur d’éventuelles alliances avec Les Républicains à l’heure des municipales, Julien ODOUL se montre sceptique : « le problème avec LR, c’est qu’ils ont les mots mais pas les actes et on observe toujours chez eux la tentation du macronisme et de la trahison. Bien gentil à Monsieur RETAILLEAU de reprendre les mots de Jordan et de Marine, mais dans les faits, il est où le bilan ? ».

Peindre le paysage politique de l’Yonne aux couleurs bleu marine !
Le parti bleu marine entend toutefois, en vue des élections des 15 et 22 mars prochains, varier les approches selon les territoires. Là où l’ancrage partisan n’est pas jugé pertinent, notamment dans les petites communes rurales, le RN soutiendra des candidats sans étiquette au sein de listes d’intérêt communal. Ailleurs, il apportera son appui à des candidats partageant ses idées, même s’ils ne sont pas issus de ses rangs. En toile de fond des élections municipales, la perspective d’une dissolution de l’Assemblée nationale reste bien présente dans les esprits, rappelle Thomas MÉNAGÉ : « le pays est bloqué, la seule porte de sortie, c’est la dissolution. S’il n’y a pas un changement de cap très fort de la part de Sébastien LECORNU au moment du discours de politique générale et du budget, il devra partir et prendre la même direction que ses prédécesseurs… ». Cette stratégie de double anticipation (municipales 2026 et législatives anticipées), semble conforter un RN en quête d’ancrage local, mais aussi d’élargissement. A l’image de Julie RECHAGNEUX, candidate à Bordeaux, le parti espère percer dans les grandes villes en misant sur un thème cher au mouvement, celui de la sécurité, mis en avant dans toutes les campagnes. « Quand il n’y a pas de sécurité, il n’y a plus rien », affirme Julien ODOUL, rappelant que le maire, même sans compétence régalienne peut agir : « brigades de nuit, éclairage, parc locatif, le sport, la prévention, tout cela ce sont des politiques de sécurité pouvant être mises en œuvre au niveau municipal… ».
Au final, un fil conducteur se dessine : celui d’un RN qui assume sa mue, entendant bien passer de parti contestataire à celui de parti de gestion, ce que le député de l’Yonne a résumé en ces termes : « que ce soit dans nos communes ou nos cantons, le Rassemblement National s’est notabilisé, avant, il faisait partie du paysage électoral, aujourd’hui, il fait partie désormais du paysage politique ».
Avec deux députés dans le département, des ambitions locales renforcées, une stratégie rodée et une base militante étoffée, le parti entend bien le prouver dans les urnes. Pour l’heure, il affiche la couleur, privilégiant bien sûr le bleu marine pour repeindre le paysage politique !
Dominique BERNERD