« Les nouvelles directives de l’Union européenne se rapportant à la fin du permis de conduire à vie devraient entrer en application au plus tard en 2030 sur le Vieux continent alors que 14 Etats membres pratiquent déjà les contrôles médicaux et autres aptitudes à la conduite. Un nouveau tour de vis à la liberté individuelle de se mouvoir entraînant des frais supplémentaires ? ».
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Dans la série, on rabote encore et encore sur les avantages des libertés individuelles, la nouvelle directive pondue cette semaine par les technocrates de l’Union européenne devrait ravir toutes celles et tous ceux qui utilisent encore leur automobile pour se mouvoir au quotidien, même s’ils sont âgés de 65 ans et plus. Déjà que l’INSEE considère les personnes de 45 ans comme des « seniors » patentés, une catégorie de la population juste bonne à jeter à la poubelle pour certaines castes de notre société les considérant comme des « hasbeens de l’emploi », voilà une information qui ne devrait pas faire sourire les automobilistes possédant toujours le nécessaire papier rose les autorisant à circuler !
Nos brillants penseurs de l’Union européenne, celles et ceux de ces technocrates en marge de notre société, rois des règles normatives et empêcheurs de tourner en rond qui passent leur temps à sillonner le Vieux continent à bord de trains à grande vitesse ou d’aéroplanes, proposent aux Etats membres à limiter désormais la durée maximale du permis de conduire, le sacro-saint sésame permettant à tout un chacun d’acquérir un peu de liberté via la mobilité sur nos routes, d’ici 2030.
Moyennant quoi, à partir de cette année-là, la délivrance et le renouvellement de votre précieux permis – il ne faudra pas oublier non plus de demander sa transformation papier en « timbre-poste » plastifié et numérique auprès des services de la préfecture ! -, seront soumis obligatoirement à un contrôle médical, voire à un questionnaire d’autoévaluation sur les capacités cognitives, intellectuelles et physiques de son possesseur.
Une application de la directive d’ici 2030
C’est un nouveau coin enfoncé profondément par l’Europe sur la tête des seniors, décidément bien administrative et dirigiste à l’heure où bon nombre de ses 455 millions d’habitants critiquent le manque de libertés imposés par Bruxelles, à grands coups de décrets et de textes de loi normatifs (+ 54 % de hausse desdits normes en l’espace de deux décennies !) qui ne cessent d’empiler les restrictions aux restrictions, au nom du fallacieux principe de précaution ! Et toujours sur un aspect répressif !
Cette fois-ci, c’est en vertu du principe sécuritaire à appliquer sur le réseau des routes européennes que cette nouvelle directive vient de tomber, alors qu’il est démontré que les personnes âgées de 65 ans et plus ne sont pas forcément, à l’instar de ce que l’on peut penser parfois, à l’origine de la hausse de l’accidentologie survenue ces derniers temps sur nos voies de circulation. Ces conducteurs-là ne sont pas nécessairement sous l’emprise de stupéfiants et de produits illicites en tout en genre, ni grands amateurs de vitesse exubérante à faire prendre des risques les plus dingues aux usagers de la route !
Dans ses justificatifs, la Commission européenne pense que les facteurs de l’âge, le fait de posséder différentes pathologies lourdes et invalidantes, et les problèmes de vue sont autant d’éléments à prendre en considération afin de réfréner la circulation des plus vieilles et des plus vieux sur notre réseau routier européen. Dans les faits, l’Hexagone et les vingt-six autres Etats membres de l’Union devront procéder à l’application de cette directive au plus tard en 2030, trois années seront nécessaires pour transposer les nouvelles règles de l’Union à leur droit national. Espérons en croisant les doigts qu’il y ait un vote des parlementaires, déjà qu’il n’y a pas de consensus sur les débats budgétaires liminaires qui viennent de débuter depuis lundi au Palais Bourbon ! Cela promet !
Des mesures qui engendreront des frais
Evidemment, au-delà de l’aspect sécuritaire que l’on peut entendre et discuter dans certains cas, les automobilistes (et les motards qui sont concernés eux-aussi par la mesure) devront mettre la main au gousset pour payer la note. Bon, d’accord, pour l’heure mais jusqu’à quand, la version numérique du permis de conduire est gratuite afin de remplacer la version papier. Ceci devant être effectif d’ici…2033. Sans doute que l’Etat optera pour une version payante lui qui court après des économies et de nouvelles recettes !
Mais, le besoin des examens médicaux, qu’ils soient ophtalmologiques ou cardiovasculaires, sera payant et imputé à la charge des bénéficiaires, c’est-à-dire les automobilistes de 65 ans et plus, d’office. Logique ! En période de crise économique et de perte de pouvoir d’achat, y compris chez les retraités et autres « boomers » cibles privilégiés des politiques afin de renflouer les caisses, ça fait tache en matière de stratégie et peu électoraliste !
La question de la fin du permis à vie avait déjà été débattue en France à l’Assemblée nationale où un certain nombre de parlementaires avait déposé une proposition de loi visant à instaurer un contrôle médical tous les cinq ans pour les conductrices et les conducteurs de 70 ans et plus. Une proposition non aboutie, à l’heure actuelle. Précisons que plusieurs pays européens ont déjà appliqué ce dispositif visant les seniors. En Belgique mais aussi au Portugal, notamment.
Quant aux Français, ayant déjà été sollicités sur le sujet par différentes enquêtes d’opinion, ils ne sont pas foncièrement contre cette typologie de mesures sécuritaires, sous la forme de visites médicales obligatoires ou de contrôles réguliers en matière d’aptitude à la conduite automobile. Toutefois, au-delà du principe vertueux, il y a toujours un risque à ce genre d’initiative. Son poids financier, qui naturellement va échoir sur la tête des automobilistes retraités et la progression de ces restrictions. Aujourd’hui, on ne parle que de contrôles médicaux. Demain quand sera-t-il avec peut-être le besoin de repasser intégralement le permis de conduire ou le code pour des personnes non inféodées au numérique et à la digitalisation, donc en marge d’une société où tout va toujours plus vite, trop vite, en laissant sur le côté une frange de plus en plus grande de seniors qui ne sont plus à la page et encore moins dans le vent ! Un nouveau grain qui va s’abattre sur les libertés individuelles, une fois de plus, ressemblant à un sérieux coup de frein !
Thierry BRET