Les citoyens ont le sentiment que la justice ne joue pas son rôle. Les sanctions sont jugées trop légères, pas suffisamment dissuasives, voire inexistantes. Le ministre de l’Intérieur en met une couche supplémentaire en pointant du doigt une justice trop permissive et laxiste. Si la très grande majorité des magistrats en France sont « neutres », Bruno RETAILLEAU s’est attaqué en revanche au Syndicat de la Magistrature qui s’est fait connaître avec le fameux « Mur des cons ». La liberté syndicale est néanmoins un principe de droit dans ce pays. Le conflit entre le ministre et les juges est donc ouvert...
Les sanctions prononcées, notamment à l’encontre des fauteurs de troubles lors de la victoire du Paris-Saint-Germain en Ligue des Champions face à l’Inter de Milan, ont semblé bien faibles au regard des morts, des blessés et des dégâts provoqués par les manifestations. Cela donna lieu à cette situation chaotique avec un sentiment d’impunité vis-à-vis des voyous. On parle bien de « sentiment d’impunité ».
Les premières sanctions devaient tomber quelques jours après les débordements qui ont émaillé les célébrations de la victoire du PSG dans la nuit du 31 mai au 01er juin 2025. Le tribunal de Paris a jugé une vingtaine de personnes et a condamné certaines d’entre elles à des peines allant jusqu'à un an de prison.
Parmi ces vingt personnes, citons le cas d’un homme âgé de 19 ans. Celui-ci était soupçonné d'avoir jeté des pierres sur un policer. Il a écopé de 105 heures de travail d’intérêt général. Un autre individu a été jugé pour avoir porté deux coups de poing au visage d’un policier. Il a été condamné à dix mois d’emprisonnement dont cinq assortis du sursis de détention à domicile sous surveillance électronique pour la partie ferme. À ce stade, le parquet de Paris a eu à traiter 253 gardes à vue, dont quinze concernant des mineurs. 93 procédures ont été classées sans suite. Une opération judiciaire qui aura mobilisé une vingtaine de magistrats et greffiers supplémentaires, devait indiquer le parquet de Paris. Cela était nécessaire pour traiter les comptes-rendus dans un délai raisonnable, assurer une analyse précise des procédures, et ouvrir une audience de comparution immédiate supplémentaire.
En outre, dix-neuf personnes ont aussi été déférées devant un juge d'instruction et mises en examen pour les pillages de plusieurs magasins sur les Champs-Élysées. Plusieurs prévenus ont aussi été condamnés sur reconnaissance préalable de culpabilité, quand d'autres ont écopé d'une ordonnance pénale ou d'une contribution citoyenne. Le travail de la justice a été réalisée, dans l’urgence acceptée et contrôlée ! Mais, le sentiment d’une justice laxiste demeure surtout du côté des victimes. Depuis le 05 juin sont venus s’ajouter des comportements sexistes et des violences faites aux femmes. L’analyse de faits inacceptables est en cours…
Une justice qui applique la loi stricto sensu
L’un des plus hauts magistrats du pays, Rémy HEITZ, procureur général près la Cour de Cassation, précisa par voie de presse « qu’il fallait laisser les juges faire leur travail… ». Balayant l’idée d’un « laxisme » de l’institution, notamment après les propositions du Garde des Sceaux d’inscrire dans la loi des « peines minimales ».
Pourtant, après la victoire du PSG assombrie par de nombreux incidents et dégradations à Paris et en régions, le ministre de la Justice, Gérald DARMANIN a proposé de « faire évoluer radicalement la loi » en supprimant notamment les aménagements de peine obligatoires et le sursis. Des juges qui comprennent et entendent ce besoin de fermeté. Et en l’espèce, qui estiment que les peines prononcées dans ce dossier n’étaient pas des peines légères.
Selon eux, « il y a un décalage très fort entre les images de ces violences vues à la télévision et parfois la réalité des faits que l’on reproche. Ce qu’on juge, c’est une personne, un homme ou une femme qui se trouve dans le box et à qui on impute un fait ou des faits précis, parfois d’ailleurs avec des difficultés de preuves, parce que les enquêtes sont conduites dans des délais très courts et parfois les preuves sont relativement légères… ».
Dans les faits, la majorité des personnes condamnées à des peines d’emprisonnement avec sursis ne récidivent pas. Ce qui en fait une sanction utile dans beaucoup de situations. A contrario, si l’on supprime aujourd’hui le sursis, il faudra bien le remplacer par autre chose. Mais, si on le remplace par des peines d’emprisonnement, là on se retrouvera dans une situation totalement impossible à appréhender. Il suffit de se référer à la surpopulation carcérale.
Le problème central est bien là, la surpopulation carcérale. Au 01er mars 2025, en France, 81 599 détenus étaient accueillis dans les centres de détention pour seulement un peu plus de 61 000 places opérationnelles. Les conditions de vie dans ces prisons rendent la gestion quasi impossible du côté des personnels pénitentiaires. Quant aux conditions de vie des personnes incarcérées, elles deviennent inacceptables pour un pays dit civilisé.
Respecter la séparation des pouvoirs, socle de la démocratie
Toutefois, la séparation de la justice et des pouvoirs des gouvernants est actée, et c’est constitutionnel. Cela fait aussi partie de notre démocratie. Il est donc déplacé pour Bruno RETAILLEAU de critiquer ouvertement la justice. Elle est rendue par des hommes, donc faillible, et cela fait partie de son humanité. Comparer les jugements rendus entre eux est une hérésie. On juge des hommes et des faits commis par des hommes. En conséquence, les sanctions sont légitimement déférentes selon les hommes qui ont commis des faits identiques. Si on refuse cette approche, on supprime les juges, on met le fait incriminé dans un logiciel et l’ordinateur sortira la sanction… Et pourquoi pas l’IA après tout ?!
Le ministre de l’Intérieur se dit favorable à une évolution des peines après ces violences liées au sacre du PSG. Là est son rôle. C’est-à-dire proposer des lois pour des sanctions planchers, par exemple. Il est possible de faire évoluer la Constitution vers un contrôle des juges par l’Etat : mais attention danger pour la démocratie. Ce qui paraît le plus efficace, c’est tout de même de construire davantage de prisons… Une promesse faite par Emmanuel MACRON lors de son premier quinquennat mais pas tenue depuis !
En conclusion, les juges effectuent leur travail, plutôt bien dans la grande majorité des cas, compte tenu des moyens qu’ils ont à leur disposition. De plus, ils respectent la loi et la Constitution. Dans le cadre légal, les marges de manœuvre sont importantes pour les gouvernants, sauf de critiquer publiquement le travail des juges. Dans « L’Esprit des Lois », MONTESQUIEU posait quelques principes de base pouvant servir de points de repère. Pour lui, le rôle du choix du système politique d'un Etat avec la séparation des trois pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) est primordial.
« Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». A méditer à deux ans des présidentielles !
Jean-Paul ALLOU
Le respect est-il encore une de ces valeurs vertueuses qui honorent l’humain, enseignées depuis longtemps en France, pays des Droits de l’Homme ayant engendré le « Siècle des Lumières » et la liberté de penser que l’on pratique toujours dans notre société ?
Voilà un excellent thème de réflexion que nos bacheliers de terminale ou autres candidats libres auraient pu traiter en quatre heures lors de leur dissertation de philosophie, en ce début de semaine, sous le regard sévère d’un examinateur ?! Pas sûr qu’ils aient trouvé suffisamment d’arguments positifs en ce premier quart de vingt-et-unième siècle leur permettant d’étayer leur thèse, synthèse et antithèse !
Le respect ? Parlons-en, effectivement ! Si celui envers autrui est déjà galvaudé depuis des lustres dans cette société en totale déliquescence qui se fiche de tout et de son contraire, nous en avons eu encore un exemple troublant et caractéristique, il y a peu, appliqué même sur les vestiges historiques de ce patrimoine séculaire de notre chère France, pays de cocagne dont raffolent tant les cohortes de touristes étrangers qui viennent la visiter à chaque période estivale par millions.
Non seulement et jusque-là les graffitis de toutes sortes envahissaient de leurs calligraphies dénaturées et salissantes les ponts et autres monuments accueillant les symboles de la République – des hôtels de ville, des bâtiments étatiques, des monuments aux morts (un sacrilège innommable…) -, voilà que désormais, ce sont les édifices religieux qui deviennent les lieux fétiches de ces inscriptions hideuses et de ces tags horribles en tout genre, qui polluent ces pierres séculaires constituant la richesse patrimoniale de notre nation.
La vidéo de la honte a circulé sur les réseaux sociaux
Dans l’Yonne, et plus précisément dans l’une de ses sous-préfectures, à Sens, c’est le Cercle Cathédrale, une subdivision de la structure associative « Sens Patrimoine » qui a tiré la sonnette d’alarme auprès des autorités de tutelle en leur adressant moult courriers pour alerter sur les dérives sécuritaires, voire de sûreté, que subissent avec outrage et avec régularité certains bâtiments religieux de la ville la plus septentrionale du nord de la Bourgogne. En particulier, l’un des joyaux de l’art gothique de la Bourgogne, la cathédrale Saint-Etienne de Sens. La première cathédrale de la chrétienté dont la consécration de son autel (850 ans) avait été célébrée avec faste en 2014.
Les faits navrants de ces actes gratuits de vandalisme sont les suivants : en janvier dernier, une vidéo avait circulé sur une plateforme numérique montrant des jeunes gens (évidemment !) faisant preuve d’incivilités au sein de l’édifice religieux sénonais où le réalisateur Jean-Jacques ANNAUD a tourné quelques séquences de son fameux film consacré à l’incendie de « Notre-Dame ».
De dégradations en inscriptions, voire de réalisation de murs d’insultes : les réseaux sociaux avaient fait part à l’époque du profond émoi des habitants de la ville de l’Yonne, choqués par cette violence visuelle gratuite dans un site sacré. Seules, les autorités compétentes avaient alors observé le silence quasi absolu alors que circulait pourtant une pétition recueillant des centaines de paraphes dont certains émanaient de parlementaires et d’élus du territoire.
Le vandalisme des édifices religieux en constante augmentation
Or, avec le retour de la période estivale, et les débordements sécuritaires qui fleurissent telles des fleurs des champs à la belle saison, du fait de la présence de jeunes gens, tard le soir dans les rues surchauffées, passablement éméchés ou sous emprise de substances illicites, on ne peut que craindre de nouvelles actions dégradantes et salissantes pour la « Grande Dame » de Sens et les autres monuments historiques que compte la ville. Des gestes similaires ayant été observés bien évidemment dans bon nombre de villes de l’Hexagone…
Président de l’association, « Sens Patrimoine », Mkrtich MARTIROSSYAN s’en insurge : « il est impossible d’ignorer l’ampleur des actes d’incivilité et de vandalisme commis en ces lieux. Dans les vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux, on y voit des individus pénétrer dans le chœur de la cathédrale, renverser des bougies, s’asseoir de manière irrespectueuse sur la cathèdre de l’archevêque, et tout cela en riant, en filmant, en banalisant ces actes… ».
Une main courante a été déposée à la suite de ces faits. Ces incidents ne constituent malheureusement pas un cas isolé dans le paysage national, tant les atteintes aux édifices religieux se multiplient, qu’elles procèdent d’actes délibérés ou résultent d’un défaut de vigilance. En plus, tout cela permet de faire le buzz et ravi ces décérébrés du cerveau qui s’en vantent en toute impunité…
Des mesures coercitives pour juguler les dégâts
En ce sens, la cathédrale Saint-Étienne de Sens, largement accessible au public durant la majeure partie de la journée, comme de nombreux édifices religieux en France ne semble pas bénéficier à ce jour d’un dispositif de surveillance humaine ou technique pérenne.
Alors, les municipalités concernées par cette banalisation des actes inciviques contre des lieux patrimoniaux qui prolifèrent en France ne devraient-elles pas équiper les édifices de système de vidéosurveillance intérieure, s’assurer de l’encadrement strict des horaires d’ouverture, de les limiter aux seules heures de bureau, tout en désignant des bénévoles responsables de l’ouverture et de la fermeture quotidienne, en concertation avec les diocèses ?
Certaines villes de l’Hexagone se sont penchées très sérieusement sur la question pour mieux protéger notre patrimoine historique et culturel de ces actes de dépravations débiles. Dijon, Troyes ou Nevers ont déjà adopté de telles mesures prises sans difficulté, garantissant ainsi la sécurité des lieux et la sérénité des usagers.
Il est donc grand temps que les villes moyennes de l’Hexagone qui ne l’auraient déjà fait leur emboîtent le pas, en mettant en place ces dispositifs essentiels pour préserver la grandeur et la sécurité de ces cathédrales. Fleurons de notre patrimoine qui le vaut bien…
Thierry BRET
Avec les « Gilets jaunes », les agriculteurs, les retraites, la dissolution de l’Assemblée nationale, les conflits russo-ukrainiens et israélo-iraniens, on a le sentiment que notre président n’est pas conscient des réalités de terrain. Quelles stratégies poursuit-il ? Où veut-il embarquer la France ? Il n’a plus aucun crédit : pas plus en France qu’à l’étranger…
TRIBUNE : Le conflit entre Israël et l’Iran, pour ne pas dire la guerre, montre à quel point le locataire de l’Elysée est ignorant de la situation sur le terrain et de l’histoire. Un exemple concret : annoncer dans le même temps qu’il ne faut pas que l’Iran possède la bombe atomique et que la France n’aidera pas Israël dans ses velléités guerrières. Emmanuel MACRON est cohérent avec sa démarche épistémologique : tout affirmer en même temps que son contraire ! Vendredi dernier alors qu’Israël commençait à bombarder l’Iran, le président français se préparait à une conférence de presse prévue à 18h30. Une demi-heure de retard. Pourquoi ?
Le décret du 16 avril 2022 organise l'extinction de deux corps du ministère des affaires étrangères : le corps des conseillers des affaires étrangères et le corps des ministres plénipotentiaires. La France ne regroupe que des ambassadeurs qui n’ont que les informations distillées par les pays d’implantation. Résultat : ni Donald TRUMP, ni Benyamin NETANYAHU n’ont tenu informé Emmanuel MACRON des bombardements en cours. Plus gênant, le président de la République mobilise les énergies européennes pour organiser une rencontre aux fins de négocier un cessez-le-feu avec l’Iran. Dans la foulée, TRUMP déclare que l’Iran pourrait négocier avec les Etats-Unis, à la condition de l’arrêt des bombardements d’Israël, mais jamais avec l’Europe ! Un camouflet retentissant pour les participants et surtout pour la France, l’Allemagne et l’Angleterre !
Le choix entre la guerre et le déshonneur ?
L’Europe et encore moins Emmanuel MACRON ne peuvent infléchir la volonté d’Israël : faire disparaître le régime des mollahs de la surface du globe. De plus, négocier avec l’Iran, c’est leur permettre de maintenir la dictature de terroristes reconnus. Ce que refuse aussi l’immense majorité du peuple iranien ! Comment peut-on vouloir négocier avec des terroristes qui annoncent depuis des années, vouloir éradiquer Israël ? Peut-on négocier avec des révolutionnaires rejetés par de nombreux pays de la communauté internationale et par son peuple lui-même ? Convaincus qu'un accord à tout prix était une meilleure solution qu'une crise, les Européens ont accepté de soutenir le régime iranien ! Oui, Monsieur le Président, « on vous a donné le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre… ». Cette phrase fut prononcée par Winston CHURCHILL, juste après les accords de Munich, en réponse à l'affirmation de CHAMBERLAIN. Hélas, pour le monde et pour la France, le conflit prendra fin lorsque l’Iran ne pourra plus nuire à la planète.
Des enjeux multifactoriels
Pour beaucoup, les enjeux sont d’abord économiques. Nous pouvons le constater, depuis le début du conflit, les cours du pétrole s’envolent. Le blocage du détroit d’Ormuz est aussi une menace non négligeable ! La reprise d’une inflation galopante est à notre porte. Pour la France, c’est encore pire. Dépôts de bilan et son cortège de chômeurs et de pauvreté, nous sommes quasiment en cessation de paiement et incapables de redresser la situation, faute de stabilité politique.
Tuer le guide suprême de l’Iran ne débouchera pas sur la fin du régime. Agé de 86 ans, l'ayatollah KHAMENEI occupe la fonction politique et religieuse la plus élevée en Iran, celle de « guide suprême » de la révolution islamique. Le régime iranien est assis sur les « Gardiens de la Révolution », fréquemment abrégé en Pasdarans. C’est une organisation paramilitaire de la république islamique d'Iran dépendant directement du Guide suprême de la révolution, le chef de l'État iranien. Depuis sa création en 1979, le corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) est la branche la plus puissante des forces armées iraniennes. Il est distinct de l'armée nationale et plus puissant que celle-ci. Il dispose de ses propres forces terrestres, navales, aériennes, et de renseignements, totalisant environ 125 000 hommes ou 236 000 selon les sources. Ils n’ont pas hésité à massacrer les citoyens iraniens, dans le cadre de manifestations anti-régime ! Aujourd’hui, la balle est dans le camp des Iraniens pour abolir le régime mais on peut comprendre leur hésitation.
Vladimir POUTINE se propose comme médiateur. Emmanuel MACRON a rejeté immédiatement l’initiative, tandis que Donald TRUMP la juge prématurée. POUTINE possède des liens privilégiés avec l’Iran. Il devrait plutôt profiter de s’assoir à une table de négociations avec l’Ukraine !
Les Perses, une des grandes civilisations de l’humanité
Enfin, nos dirigeants ignorent l’histoire. Les Iraniens sont un grand peuple. Historiquement, les Perses furent à l’origine d’une grande civilisation. Zoroastre (entre le VIIème et VIème siècle avant notre ère) fut l’un des piliers religieux et civilisationnel de la Perse antique. Pour Zoroastre, la devise de la foi est de posséder de bonnes pensées, de bonnes paroles et de bonnes actions. Cette triple voie est au cœur de la foi zoroastrienne. Les zoroastriens croient que l'on connaît le bien grâce à l'aide divine de Vohu Manah (le Bon Esprit), de la conscience divinement inspirée (Daena) et de l'écoute de Dieu pour les humains (Sraosha). On est proche de la vision trinitaire des chrétiens… Toute l’Antiquité préchrétienne montre que les Juifs n’avaient pas alors d’alliés plus solides que les Perses. Les Juifs sont déportés à Babylone par les Assyriens à la suite de la prise de Jérusalem par le roi Nabuchodonosor en 586 avant J.-C. Cinquante ans après, les Juifs sont libérés par le roi de Perse Cyrus. Entre-temps, les Perses (indo-européens) avaient éliminé les Assyriens (sémites) et pris Babylone… L’histoire ouvre des voix pour la paix et la rencontre…
Tout est possible, le pire comme le meilleur. Le pire est hélas encore prégnant. Comment ne pas s’insurger, quand on est une civilisation « évoluée », contre ceux qui applaudissent lorsque tel ou tel homme meurt sous les balles de leurs ennemis. Quand d’autres se réjouissent du bombardement d’un hôpital, au prétexte qu’il se situe dans le camp de ceux que l’on déteste … Zoroastre a prêché ce que Jésus a repris quelques siècles plus tard : « ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse… ».
La guerre est bien là, qu’on le veuille ou non, mais les hommes, humanistes, sages, épris de l’essence de leur religion ont la capacité de retrouver la paix ! Méditons ce propos de Paul VALERY : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas… ».
Paul GUILLON
La langue de bois ? Une discipline pourtant si usitée dans la sphère politique qu’il ne pratique pas, l’ancien ministre de l’Education nationale et professeur de philosophie, Luc FERRY ! L’essayiste et écrivain très médiatisé – il a son actif la rédaction et traduction de plus de 220 ouvrages ! – a régalé par sa verve pertinente le public auxerrois, féru des « Conversations de l’Abbaye », sur une thématique qui le passionne : l’intelligence artificielle. Une causerie calibrée en trois quarts d’heure lui permettant d’évoquer pêle-mêle ses performances, ses conséquences sur l’emploi et le retard coutumier pris par les Européens sur le sujet…
AUXERRE : Il n’est pas tendre avec les représentants du monde politique. « C’est normal, je les connais de très près ! », précise-t-il avec un brin d’ironie. Il les invite même à se réveiller (ainsi que nous tous, d’ailleurs) avant qu’il ne soit trop tard. Si ce n’est pas déjà trop tard ! Thématique de la soirée nécessitant un vrai débat : l’intelligence artificielle. Logique, en somme, pour le conférencier, invité de la énième « Conversation de l’Abbaye » auxerroise, une animation introduite par la cheffe d’orchestre de ces rencontres intellectuelles (Céline BAHR) où il est bon de se mettre des choses sensées et réfléchies entre les oreilles, qui vient de consacrer un ouvrage complet sur ce sujet : « IA : grand remplacement ou complémentarité ? ».
« Le tsunami va être dingue de chez dingue, c’est sûr ! ». Ecouter le professeur de philosophie, essayiste, écrivain et homme politique, habitué des plateaux télévisés depuis des lustres – il faut le savourer lors de ces joutes orales avec Daniel COHN-BENDIT chaque dimanche en fin de journée sur LCI ! - lors d’une conférence sur un item aussi capital comme peut l’être l’IA n’est pas synonyme d’assoupissement, d’ennui et de désintérêt pour le public, même de profanes !
Une IA au top des connaissances
Une salle de conférence, pleine comme un œuf avec plus de deux cents spectateurs dont bon nombre au cheveux d’argent où il aura fallu ajouter des chaises supplémentaires coûte que coûte jusqu’à la dernière minute afin de permettre à chacun de profiter d’une place assise, au grand dam de Luc FERRY, devant couper par deux fois son élan introductif lui servant de préambule ! Il suffisait que les retardataires arrivent à l’heure, non ?!
Il persiste et signe, l’ancien ministre de l’Education nationale, sous l’ère de…Jacques CHIRAC ! « Il faut vraiment que les hommes politiques se réveillent sur ce sujet ! On est encore en train de discuter de conclave sur les retraites à prendre à 62 ans ou pas ! Franchement, c’est affligeant, voire dramatique ! Il faut s’intéresser à l’IA, y réfléchir sérieusement en pensant aux futurs métiers de nos enfants et petits-enfants pour qu’ils ne soient pas bouffés par l’IA à l’avenir… ».
Il ajoute que les métiers qui associeront la technologie, le cœur et la main sont ceux qui disparaîtront le moins vite. « Mais, un très bon vendeur, c’est difficile à remplacer car c’est un métier de relations humaines. Il faut que l’Education nationale oriente nos enfants vers des métiers qui ne seront pas des voies sans issue… ».
Est-ce vraiment le cas aujourd’hui ? Pas certain !
A l’aise dans l’exercice oratoire, additionnant son cocktail d’informations de plaisanteries, de remarques personnelles, de chiffres à faire peur lorsqu’il s’agit du retard abyssal de l’Europe et de la France sur ce dossier, Luc FERRY déroule en consultant de temps à autre ses quelques feuilles noircies de notes un plan qu’il a savamment rodé au fil de ses conférences hexagonales. Ici, distillées auprès de grands pontes des corps militaires, là auprès des dirigeants chez ORANGE !
En guise de longue introduction, celui qui déplore que « le système éducatif français fabrique de l’échec sans parvenir à y porter remède » énumèrera des exemples de performance concrets de cette technologie maîtrisée par les Américains et les Chinois. Via l’outil « Chat GPT ».
Dans la traduction de textes (désormais, le métier de traducteur est condamné à finir aux oubliettes !), dans la réalisation artistique (œuvres d’art dupliquées et plagiées en toute impunité malgré les innombrables procès des auteurs et artistes ), dans la résolution de problèmes mathématiques (l’une des variantes de l’intelligence artificielle, « IA Alpha Géométrie » a obtenu la médaille d’or aux récentes olympiades mathématiques, reléguant le scientifique Cédric VILLANI à ses chères équations !), dans le domaine juridique, de l’édition, de la presse, et de l’éducation.
« L’IA peut obtenir aisément le baccalauréat et même les agrégations ! Elle est même plus intelligente que moi qui possède doctorat et agrégations ! », plaisante Luc FERRY. Une IA qui peut faire de la mécanique, de la maçonnerie, de l’électricité, de la plomberie. La seule différence avec l’humain ? C’est que l’IA n’a pas besoin d’arrêt de travail, ne milite pas à la CGT et n’emmerde personne ! ». Rires garantis parmi l’assistance qui apprécie la démonstration, visiblement !

Gare aux usages dévastateurs des « deep fake »
Puis, l’orateur bifurqua sur l’une des craintes majeures de l’intelligence artificielle son impact dans le monde du travail. Sans omettre de balancer quelques saillies acidulées contre les représentants politiques !
« Quels sera l’impact de ces IA génératives sur l’emploi de demain ?, s’interroge Luc FERRY, Bill GATES qui est tout sauf idiot estime que l’IA est capable de remplacer les pilotes dans tous les jobs ! L’IA est capable de fournir tous les services de soins dont nous avons besoin ! A quoi va ressembler ce monde de demain ? On doit y réfléchir très vite, y compris nos politiques qui eux sont à côté de la plaque ! Pas comme le Premier ministre qui veut interdire la vente de couteaux de cuisine aux mineurs alors qu’il suffit d’en récupérer un exemplaire dans la cuisine familiale ! Ou comme les deux autres députés (un écologiste et un socialiste) qui veulent interdire la vente des portables au moins de 15 ans ! C’est complément idiot ! Idem d’interdire l’usage des réseaux sociaux aux moins de 15 ans alors que l’on peut contourner très facilement le problème, c’est totalement débile… ».
Du Luc FERRY dans la quintessence de son art oratoire ! L’IA est-elle peu créative ? « C’est faux ! L’argument est idiot ! Il y a des réussites artistiques issues de l’IA qui sont exceptionnelles…Il y a des œuvres proposées par l’IA qui sont plus créatives qu’un tableau de Pierre SOULAGES ! ».
Sur le sujet de la régulation de l’IA, l’intervenant en rajoute une couche : « je ne suis pas poujadiste, mais prenons l’exemple des « deep fake », ces fausses vidéos qui sont fabriquées en quelques minutes et peuvent faire croire des tas de choses totalement inexactes – il s’amuse à en partager quelques-unes, sonores, où les fausses voix d’Emmanuel MACRON et de Barack OBAMA, tressent des louanges à l’écrivain philosophe et à son dernier ouvrage ! -, j’alerte sur les effets dévastateurs et malveillants de ces messages… ».
L’UE se situe à des années-lumière de la galaxie IA !
Autre point évoqué : « l’IA force ». Ce serait une machine qui posséderait la conscience de soi, créant ainsi une nouvelle ère, celle de la post-humanité. Un cerveau artificiel qui serait tellement performant que la conscience de soi se traduirait par des émotions.
« Personnellement, je n’y crois pas du tout ! Ceux qui y pensent sont des matérialistes au sens philosophique du terme. Je n’y crois pas pour des raisons scientifiques et philosophiques, en vérité. Il y a deux différences entre l’IA et l’humain : l’IA ne possède pas de corps ni d’organisme, donc elle n’a pas de libido ni de projets personnels. Même si elle peut imiter les émotions. Quant aux codes éthiques, ils sont introduits par les programmateurs qui peuvent être de multiples origines et orientations diverses au niveau de la pensée… ».
Quant au poids de l’Europe et de la France par rapport à la maîtrise de l’intelligence artificielle, il semble inexistant à date. Un constat que déplore Luc FERRY.
« Nous nous situons à des années-lumière de la réalité, souligne le philosophe, même si la France propose sa propre IA avec « Mistral », mais cela n’a strictement aucun rapport avec le modèle américain. C’est comme si nous devions courir le Grand Prix de Monaco de formule un avec une 2 CV ! ».
Une Union européenne qui est donc totalement dans les choux de l’avis de l’essayiste, qui fit une digression ironique sur les volontés de réarmement du Vieux continent. Démontrant au passage que les drones, nouvelles armes redoutables de la guerre moderne, se pilotent de manière numérique.
Favorable à l’adoption d’un service civique pour les adultes, Luc FERRY y va de son analyse pertinente sur les usages de l’IA et de l’emploi, grand sujet de préoccupation pour les Français, abasourdis par tout ce déferlement technologique.
« Face à l’IA, il ne faut pas arrêter de travailler. Il faut garder l’utilité sociale sinon on perd son estime de soi. Il y aura des gains de productivité grâce à l’IA dans les secteurs industriels. Certains estiment que seuls les emplois automatisables seront impactés par l’intelligence artificielle : c’est complétement faux. Je peux citer les traducteurs, les géomètres, les médecins, les architectes, les comptables…autant d’emplois qui seront remplacés par l’IA. Quant à la théorie que l’IA affectera uniquement les « cols blancs » et non les « cols bleus », là aussi, c’est source d’erreurs ! Les robots permettront tout ! Quant à la destruction massive des emplois, la théorie ne tient pas debout : d’autres emplois seront créés à la place. Le passé industriel nous l’a déjà démontré… ».
Une intelligence artificielle qui aura suscité quelques réactions de la part du public. Réactions à chaud plus ou moins intéressantes où Luc FERRY apportera là aussi des réponses probantes, avant qu’il ne quitte la scène de l’Abbaye pour regagner une petite table où il devait signer quelques ouvrages dans une courte séance de dédicaces, avant de saluer son ami Guillaume LARRIVE, venu en spectateur, et repartir vers de nouvelles aventures épistolaires et sans IA, loin de l’Yonne…
Thierry BRET

Triste monde dans lequel l’on vit ! Sans repères, sans empathie, sans écoute, aussi. Un monde de plus en plus fou, replié sur lui-même et ultra vindicatif, accumulant les choses à cent à l’heure, si ce n’est pas plus et qui augure du pire pour les années à venir, si rien n’est fait pour enrayer ce processus global qui semble irréversible.
Autrefois, l’école sous ses différentes variantes, depuis la maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur, représentait encore un havre de paix. Et de sérénité, tant pour les enseignants qui y dispensaient leur savoir, à travers des cours parfois plus ou moins bien construits, mais qui symbolisaient pourtant une réelle transmission de connaissances dont les élèves puiseraient plus tard la substantifique moelle leur servant dans la vie active.
Tant pour les élèves, aussi, qu’ils soient simples potaches ou brillamment surdoués qui avaient toujours quelque chose à gagner de cette Education nationale et de ses enseignements à géométrie variable selon les établissements choisis, que l’on pouvait perfectionner par l’apport de bienveillantes lectures, de nécessaires recherches, de rencontres inoubliables, de découvertes exceptionnelles…
Bref, à notre époque – c’était il y a cinquante à trente ans en arrière ! -, on prenait un malin plaisir à se rendre au quotidien ou presque au « bahut » pour y apprendre des choses à retenir selon les centres d’intérêt, se motiver pour un cursus passionnant et prometteur, se projeter vers un avenir quasi assuré qui nous tendait les bras, s’intéresser à l’autre quelque soit sa couleur de peau, son origine sociale ou sa religion – ni sectarisme ni racisme affirmé à cette époque-là ! -, prendre du plaisir à être là ! Dans le respect du civisme et de la camaraderie.
« Pour vivre mieux, vivons cachés » : un principe encore tenable de nos jours ?
Que reste-t-il de tout cela, aujourd’hui ? Plus grand-chose quand on se réfère à la lecture des tragiques faits divers s’étalant à la une de tous les médias de la planète qui depuis les années 2000 se multiplient à la vitesse grand « V » tel un tsunami frappant les établissements scolaires et tout ce que cela représente en appréciation symbolique de la transmission de savoirs et de connaissances.
Ce ne sont que des agressions, des bagarres, des menaces, des coups portés contre l’institution, des assassinats, des meurtres, de la violence gratuite et sans raison d’être, le plus souvent coiffée sous la fameuse explication des « troubles psychologiques ».
Un argument, tellement plus simpliste à balancer à la presse pour cacher en vérité, la poussière sous le tapis et s’avouer que notre société est en train de faillir à bien des égards par rapport à la multitude de problématiques qui se présente à elle…Une politique de l’autruche, coutumière de nos démocraties occidentales, qui malheureusement s’applique à moult sujets de notre société dite moderne. Selon les préceptes fumeux du « pour vivre heureux, vivons cachés ! ».
Combien de témoignages d’enseignants, d’éducateurs, de personnels administratifs, de directeurs d’établissements, d’élèves, de parents d’élèves qui se sont plaints des malversations dramatiques les concernant directement ou leur progéniture, observées dans le milieu scolaire au fil de ces années ?
Combien de courriers ou mails adressés à une hiérarchie ou à un supérieur pour mentionner tel ou tel fait suffisamment grave qui sont demeurés lettres mortes, mis à la corbeille car il ne fallait surtout pas « faire de vagues » en y répondant par l’affirmative d’une écoute attentive ?
L’école, théâtre du « ne pas faire de vagues »…
« Ne pas faire de vagues » : voilà une formule qui ne doit plus être employée aujourd’hui dans notre vocabulaire. Tant au sein de l’Education nationale que dans les autres administrations, structures associatives et entreprises qui sont confrontées à ce fléau de la violence moderne, faite d’incivisme, de rejet de l’autre et de non-respect des valeurs institutionnelles.
L’horreur absolue vécue cette semaine avec l’assassinat de la surveillante trentenaire du collège de Nogent-sur-Marne, une commune paisible de la Champagne, nous le rappelle avec cruelle amertume. Mélanie, 31 ans, qui laisse derrière elle un enfant de quatre et un conjoint anéanti a été tuée de plusieurs coups de couteaux portés par un collégien âgé de…14 ans ! Un énième fait divers aux conséquences dramatiques qui vient ternir cette image d’Epinal du monde scolaire que l’on croyait encore tranquille où les causes peuvent être multiples – influence des réseaux sociaux, abrutissement des jeux vidéo, manque de discernement sur la réalité du monde bien réel, problématiques familiales et environnementales, usages de produits illicites, encouragement à la violence pour faire le buzz…-, voire bien pire encore.
« Ne pas faire de vagues » dans le milieu scolaire ? Plus jamais, çà, bien sûr ! Ne serait-ce qu’en souvenir de Mélanie et de toutes les pauvres victimes de la bêtise humaine, même adolescente, qui l’ont précédée en enrichissant la liste funeste de ces faits divers sordides…
Thierry BRET