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L’une des œuvres se nomme « Lagon ». Un titre évocateur des mers du Sud et des tropiques. Là, on y voit un assemblage de fils aux différents coloris (bleu outremer, bleu plus clair, beige – une note de fantaisie pour rappeler le sable fin -, noir…), de taille plus ou moins différente. La pièce est plutôt volumineuse et est accrochée à l’une des cimaises de la galerie. Elle est née de l’imaginaire fertile d’un artiste natif de l’Yonne, Guy LEHMANN, qui entame sa seconde semaine d’exposition dans l’antre très agréable du « Théâtre des Arts », qui l’accueille encore jusqu’à mardi…

 

AUXERRE : Originale vision artistique que celle-ci ! Qui nous renvoie à l’une des spécialités artisanales tombées quelque peu en désuétude au fil du temps, le tissage. Des tentures et des fibres ! Tout est dit ou presque dans cette inattendue présentation – celle de l’artiste auxerrois Guy LEHMANN -  accueillie dans la sympathique petite galerie, sise juste en face du théâtre et qui se nomme « Au Théâtre des Arts » !

Là où s’active une Claire EVIEUX, toujours bon pied bon œil, qui a su associer avec la création de ce concept insolite et cosy, le mélange entre l’art de la table – l’endroit fait office de salon de thé et propose des pâtisseries et tartes maison des plus appétissantes à déguster en sirotant son chocolat chaud ou son café -, et la présence de toiles et autres sculptures, qui décorent l’ensemble. Un enchantement des sens, entre gustatif et visuel ! On en redemande, bien évidemment…

Il ne reste plus que quelques jours pour y admirer les pièces uniques de Guy LEHMANN. Un garçon influencé par un artiste venu à Auxerre jadis, Thomas GLEVE qui avait présenté une exposition de tentures. Avec son épouse, Micheline – elle présente également des œuvres lors de cette exposition -, l’artiste se passionne pour le tissage, construisant à partir de plan son propre métier à tisser, en y découvrant les fondamentaux de la technique.

 

Petits et grands tissages sont à découvrir

 

Du pur plaisir à l’époque, en parallèle de ses activités professionnelles. Puis vint le temps des premières expositions, au « Coche d’eau » en 1976. En 2011, à la galerie « Expression », tenue par la Banque Populaire locale, Guy LEHMANN réalisa une présentation plus conséquente, permettant de montrer au public l’étendue de ses possibilités dans cette discipline.

Ce n’est pas une surprise de retrouver ses œuvres sur les cimaises de la nouvelle galerie d’Auxerre, ouverte il y a quelques mois.

A base de fibres végétales qui sont incorporées dans l’ensemble, Guy LEHMANN dévoile sa touche artistique, en mettant en exergue les volumes via différentes textures de fils, de laine, de laine acrylique, de corde, de coton, voire de ces fameux végétaux (des écorces de palmier !). On y appréciera aussi les petits tissages, réalisés parfois sans métier à tisser.

Quant au message véhiculé par ces œuvres, il est simple. Guy LEHMANN en fournit l’explication : « le tissage et la tenture ne sont pas encore rentrés dans l’esprit des gens, dans cette approche artistique, souligne-t-il, à l’inverse de la peinture. Mon épouse pousse même la démarche beaucoup plus loin en y ajoutant des éléments de crochet et de tricot. Toujours en volume… ».

C’est aux Arts décoratifs de Nice que le natif de l’Yonne a rencontré son épouse, avec une passion commune pour le tissage que cet ancien collaborateur architecte a su partager durant tout ce temps comme un fil d’Ariane…

 

 

En savoir plus :

Exposition Guy LEHMANN

Galerie « Au Théâtre des Arts »

45 Rue Joubert à Auxerre

Jusqu’au 11 février 2025

Entrée libre.

Salon de thé

 

Thierry BRET

 

 

 


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Et une séance de dédicaces de plus pour l’infatigable Gérard MAITRE ! L’écrivain auxerrois, auteur du double volume « Auxerre Confidentiel » publié à l’automne 2024 - les deux tomes, « Les Rois » et « Inachevés et Incomplets », se dégustent avec grand plaisir -, se retrouve de nouveau sur le devant de la scène, ce samedi 08 février, à Auxerre. Cette fois-ci, c’est la librairie « Oblique » qui lui ouvre ses portes, pour un rendez-vous matinal avec ses lecteurs…

 

AUXERRE : Il aime aller à la rencontre de son public, Gérard MAITRE. Le sourire aux lèvres, et peut-être avec un petit soupçon de timidité par excès de modestie, l’auteur de la mini-saga « Auxerre Confidentiel » enchaîne les rencontres avec les amateurs de livres régionaux, et ils sont légion, lors de séances de dédicaces vécus au cours de ces dernières semaines, à Toucy, à Saint-Sauveur-en-Puisaye ou plus récemment en terre nivernaise, du côté de Clamecy. Les amateurs de ce genre littéraire auront le plaisir de le rencontrer, samedi en matinée entre 10 h et 12h30, à la librairie « Oblique », du centre-ville, pour y faire signer leurs livres et discuter avec un garçon qui a connu moult activités professionnelles dans son existence, tant dans le secteur du bâtiment que celui du conseil à l’emploi. Ex-conseiller municipal au sein de la municipalité auxerroise, Gérard MAITRE est féru d’œuvres d’art qu’elles soient scripturales ou musicales. Ses auteurs préférés répondent aux noms de Camille SAINT-SAENS, CHOSTAKOVITCH – un mélodiste remarquable ! -, ou encore le compositeur hexagonal Olivier GREIF.

C’est dans la vêture d’un écrivain au style agréable que l’on retrouve notre homme - il fut président durant près de deux décennies d’un chantier d’insertion de travailleurs handicapés -, en cette année 2025 ! L’art contemporain ne possède plus de secrets pour lui. Quant à ses lecteurs, ils essayeront d’en savoir davantage sur ceux de ce roman policier de belle facture qui n’a peut-être pas encore livré tous les siens puisque le troisième tome de la saga est en préparation !

 

En savoir plus :

Séance de dédicaces de l’écrivain Gérard MAITRE

Librairie « Oblique »

Samedi 08 février 2025

De 10h à 12h30.

 

Thierry BRET

 

 

 


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D’Olympe de GOUGES à Louise MICHEL, en passant par Néfertiti, nous savons depuis des lustres que si les hommes gouvernent, les femmes règnent ! Les historiens ont été amenés à constater l'importance de la présence des femmes lors des mouvements de révoltes populaires de la période moderne (fin XVème-début XIXème siècle), en France et dans l’Antiquité. Dans son étude sur les soulèvements populaires en France de 1623 à 1648, l'historien soviétique Boris PORCHNEV soulignait « le rôle extraordinairement important des femmes, non seulement comme participantes aux mouvements, mais encore en tant que dirigeantes et meneuses, appelant à la révolte… ».

 

TRIBUNE : Aujourd'hui, il est bien établi que, de la Renaissance à la Révolution, les femmes sont présentes dans les émotions populaires, qui, régulièrement secouent la communauté villageoise ou urbaine. On sait, grâce à la vaste enquête de Jean NICOLAS, qu'entre 1661 et 1789, il se serait produit au moins 8 528 actes de rébellion en France. Cependant, malgré l'important développement de l’histoire des femmes et celle du genre depuis la fin du XXème siècle, malgré l'essor plus récent de la recherche sur l'histoire de la violence féminine, ou encore le renouveau des études sur les révoltes populaires, de nombreuses femmes remarquables ont été activement engagées dans la guerre.

Déjà à l'époque antique (du XVIIe siècle av. J.-C. au IVe siècle), Lâhhotep I a une stèle érigée à Karnak pour avoir rassemblé l'Égypte, pris soin de son armée, l'avoir gardée, ramené ceux qui avaient fui, rassemblé ses déserteurs, après avoir apaisé le sud, soumis ceux qui l'ont défié. Quant à Lâhhotep II, elle est enterrée avec un poignard et une hache, ainsi que trois pendentifs en forme de mouche en or, une récompense militaire.

Dame Fu Hao, épouse de l'empereur chinois Wu Ding, mène 3 000 hommes au combat sous la dynastie Shang. Yaël assassine Siséra, un général en retraite ennemi des Israélites, selon le Livre des Juges. Quant à la reine Tomyris des Massagètes, elle dirige des combattants qui battent une armée perse sous Cyrus le Grand. Tomyris est connue pour toujours comme « la tueuse de Cyrus ». La reine de Palmyre, Zénobie, mène les armées au combat contre l'Empire romain…et tant d’autres combattantes, révoltées, insoumises qui ont grandement participé à l’histoire du monde !

 

Ces héroïnes qui luttent pour la reconnaissance des femmes

 

Des femmes le plus souvent méconnues mais qui méritent la reconnaissance de la nation, surtout si leurs combats ont souvent déplu aux hommes…On peut citer les références suivantes.

Madeleine PELLETIER (1874 – 1939) : vous connaissez (peut-être) « Docteur Quinn », mais connaissez-vous Madeleine PELLETIER ? Cette parisienne est la première femme médecin diplômée en psychiatrie de l'histoire de France. Au tout début du XXe siècle, cette femme de sciences rejoint effectivement les internes des asiles du pays. Médecin, donc, mais aussi femme de lettres antimilitariste, militante suffragante, anarchiste, pionnière du féminisme moderne.

Tee CORINNE (1943-2006) : grande figure de l'activisme lesbien de la seconde moitié du XXe siècle. Les sourires solaires et esprit en constante ébullition définissaient cette artiste underground qui a aussi bien investi le champ de la photographie que celui de l'édition.

SOLITUDE (1772-1802) : sous ce nom mélancolique, un drame historique. Née en Guadeloupe en 1772, Rosalie est réduite en esclavage aux Antilles. Vingt ans plus tard, l'esclavagisme est aboli en Guadeloupe, avant d'être rétabli en 1802 par l'empereur Napoléon Bonaparte. Rosalie va alors rejoindre un groupe d'anciens esclaves qui clament leur révolte et luttent pour leur liberté. Rosalie n'est plus. La jeune femme se fait alors appeler « Solitude ».

 

 

Awa THIAM (née en 1950) : « La Parole aux négresses », c'est le titre de l'un des essais majeurs de cette femme. Un ouvrage de référence. L'autrice sénégalaise y narre les nombreuses violences et discriminations dont font l'objet les femmes africaines. De quoi ériger l'intellectuelle en nom majeur de l'afro-féminisme.

Joséphine PENCALET (1886-1972) : ouvrière, syndicaliste, politicienne, révoltée. A une époque où les femmes ne pouvaient encore se faire élire, cette native de Douarnenez parvient tout de même à devenir conseillère municipale au sein de sa chère Bretagne. Comment ? En se jouant d'une faille : l'éligibilité des candidats n'était vérifiée qu'a posteriori. Parmi tant d'autres « têtes de sardines » (les ouvrières des conserveries), Joséphine PENCALET a porté sur elle de vastes mouvements de grève pour exiger de meilleures conditions de travail. Droits des travailleurs (sous-payés), droits des femmes... L'une des premières femmes élues en France est de ces voix qui sont venues bousculer le patronat et le patriarcat.

 

Louise MICHEL, Olympe de GOUGES : deux pointures de la cause féminine

 

Il est important d’évoquer deux femmes qui ont marqué l’histoire et emblématiques des combats pour la liberté, pour l’abolition de la peine de mort et de l’esclavage. Louise MICHEL. Elle est née le 29 mai 1830 en Haute-Marne, elle devient servante dans un château. Elle y reçoit une éducation de qualité. Les châtelains sont adeptes des « Lumières » ; ils lui font lire Rousseau, Voltaire, Diderot, et lui inculquent des valeurs humanistes. En 1852, Louise obtient un diplôme d’institutrice. La même année, refusant de prêter serment à Napoléon III, elle crée une école libre en Haute-Marne. Elle publie des textes et des poèmes sous le nom d’Enjolras (un personnage des « Misérables » de Victor HUGO, chef d’une coterie révolutionnaire) et entretient une correspondance avec lui. Après l’épisode de la Commune de Paris, l’écrivain prendra sa défense. En 1870, pendant la guerre franco-prussienne, Louise MICHEL manifeste contre l’arrestation des « blanquistes ». Alors que la famine sévit à Paris, assiégée par les troupes prussiennes, elle crée une cantine pour ses élèves et pour les enfants pauvres. Elle collabore en outre au quotidien d’opposition au gouvernement de Thiers, créé par Jules VALLES et Pierre DENIS, « Le Cri du peuple ». Durant la « Commune », Louise se lance corps et âme dans l’insurrection. Après les sanglants combats qui ont fait des milliers de morts, Louise est condamnée à la déportation, et envoyée en Nouvelle-Calédonie en 1873. Libérée, elle reprendra le combat, et de luttes en arrestations, elle mourut à Marseille en janvier 1905. Une femme de cœur, de révoltes, une anarchiste qui s’est battue pour la liberté, l’égalité et la fraternité !

Quant à Olympe de GOUGES : c’est une figure de la Révolution ! Elle écrit en 1791 la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Parmi ses défauts majeurs soulignés par les hommes, c’est une intellectuelle qui publiera plus d’une centaine d’ouvrages : poésies, théâtre, écrits politiques… elle défend la condition des femmes, prône l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort… Elle suivit DANTON dans les réformes fiscales (imposer les plus riches), dans les soins à apporter aux plus pauvres, mais critiqua ouvertement ROBESPIERRE ! Des écrits farouches et révolutionnaires qui lui coûteront l’échafaud en 1793 !  Oubliée par les républicains et longtemps ignorée par les historiens, Olympe de GOUGES est aujourd’hui reconnue comme une figure majeure de l’engagement des femmes dans la Révolution française. Son nom est régulièrement évoqué pour entrer au Panthéon.

Petite histoire pour les femmes qui souhaitent sourire de la naïveté des hommes et pour tous ceux qui ont de l’humour : « dit maman, qui m’a donné mon intelligence ? Ton père, répliqua la maman. La gamine poursuit : comment tu le sais ? Et la mère de conclure : moi j’ai gardé la mienne… » !

 

Paul GUILLON

 


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Il devrait être rempli jusqu’à son trop plein, le « Skénét’eau » ! Logique, en somme, tant l’interprète du soir – elle y proposera d’ailleurs une unique représentation – possède ses aficionados sur son territoire de prédilection depuis douze ans, déjà ! Voir la souriante et rafraîchissante Christelle LOURY sur une scène procure un bien fou. Un antidote efficace contre la morosité et l’inertie ambiantes. Du bien à l’âme qui réchauffe les cœurs en cette période sombre et hivernale…avec des chansons intimes et personnelles nous emmenant dans son « Jardin de soi »…

 

MONETEAU : Doit-on encore présenter l’égérie de la scène icaunaise ? L’artiste dont le Conseil départemental et feu Patrick GENDRAUD, son regretté président, avaient hissé au rang d’ambassadrice de notre territoire il y a déjà de cela quelques années ? Fidèle à elle-même et à ses sources indélébiles d’inspiration – la grande chanson française dont Edith PIAF ! -, Christelle LOURY nous revient comme une excellente confiserie chocolatée à savourer tranquillement devant un feu de cheminée, un verre de liqueur forte à la main, tout en prenant soin de méditer et de se reposer !

Sa relation avec son public, elle l’a toujours voulue sous le prisme de la convivialité et de l’amitié, chose que l’autrice-interprète de l’Yonne entretient volontiers à travers ses pérégrinations musicales et scéniques. Alors, nous proposer de partager via son nouveau spectacle son « Jardin de soi », sorte d’introspection intimiste dans le fond de ses pensées, n’est pas anodin du tout !

Changement de registre et de cap pour celle qui aimait jusque-là incarner avec sa voix et sa gestuelle les grands noms de la chanson hexagonale, ses références à elle qui ont pour noms, BARBARA, Juliette GRECO ou Edith PIAF, à laquelle elle rendra comme de coutume un hommage appuyé, « elle qui l’accompagne dans tous ses projets et ses défis ». Du moins, c’est le sentiment que la chanteuse icaunaise en a dès qu’elle monte sur une scène, accompagnée de ses musiciens. Que ce soit en France ou ailleurs puisque Christelle LOURY peut s’enorgueillir de posséder un joli palmarès de représentations aux quatre coins de la planète, notamment dans les pays de l’Est ou en Russie.

 

Un « Jardin de soi » à découvrir entre intimité et drôlerie

 

Cette fois-ci, pour cet unique récital, qui en appelle nécessairement d’autres, la chanteuse se présentera avec ses propres morceaux, écrits et composés, avec sa guitare acoustique fétiche. Une quinzaine de titres constituant ce « Jardin de soi », dans lequel l’artiste élégante nous invitera à pénétrer. Pour en connaître davantage sur des items qui lui tiennent à cœur comme la condition féminine, la société, l’environnement, les états d’âme, les aléas de la vie et naturellement, l’amour, ce thème intemporel dont les auteurs et les poètes font leurs choux gras dans leurs textes.

Un « Jardin de soi » que Christelle LOURY veut pétillant, coloré, ouvert à chacun, mais aussi drôle et piquant, avec ces textes engageants qu’elle sait mettre en scénographique, étant elle-même comédienne.

On la retrouvera donc sur la scène accompagnée de deux musiciens, les guitaristes Hugues RENAULT et Olivier MESNIER. Un trio tout en acoustique et en arpèges pour nous concocter une ambiance bossa-nova, swing mais aussi ballades ! Bref, un excellent moment pour vibrer à l’unisson à l’écoute d’une très belle voix, incitative à la découverte de son « Jardin de soi ». A la manière de ce que chantait jadis le « Fou Chantant », mettant en valeur son « Jardin extraordinaire ». Monsieur Charles TRENET…

 

En savoir plus :

Christelle LOURY se produit sur la scène de l'espace culturel Skenét’eau de Monéteau, le vendredi 31 janvier à 20h30, concluant ainsi une résidence artistique de trois jours.

Réservation par téléphone au 03 86 34 96 10 ou directement sur le site internet du Skenét’eau www.skeneteau.fr

 

Thierry BRET

 

 


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Quelque 180 personnes ont bravé la rigueur hivernale pour assister aux deux spectacles de solidarité organisés par le couple iconique du théâtre de la Closerie, Gérard-André et sa muse, Andrée de SMET en faveur des Mahorais. Tous bénévoles et venus d’horizons divers, les artistes se sont succédé à tour de rôle sur scène, pour un voyage en musiques et chansons aux couleurs d’humanité…

ETAIS -LA-SAUVIN : Pas facile de se livrer à l’exercice de la scène et de « chauffer la salle » lorsque l’on se revendique « chanteur des rues » ! Plus habitué aux foires et autres fêtes de Saint-Vincent, JEAN-MI n’en a pas moins répondu présent quand son ami Gérard-André l’a sollicité et, le « tourneur de manivelle » comme il aime s’appeler, fait pleurer son orgue de barbarie sur des notes mécaniques. Une figure connue de tous, avec son « landau à musique », chapeau melon sur la tête et moustache 1900 blanchie par le temps en bandoulière, qui pour l’heure n’en mène pas large : « un chanteur de rue, d’ordinaire, il est au niveau du public, chanter sur une scène, ce n’est pas trop mon truc… ». Il suffira d’une valse musette avec l’accent d’Arletty, comptant « la romance d’une jeune midinette et d’un « p’tit » parigot », reprise en chœur par le public, pour oublier le trac, « comme de bien entendu » ! Pas de meilleur sésame que le « sirop de la rue », pour soigner les cœurs et les âmes… « La manifestation de solidarité est ouverte ! » Gérard-André, l’hôte des lieux, en « Monsieur Loyal » de circonstance, lance le spectacle. Nul besoin dans la salle d’attacher sa ceinture, il suffit de se laisser transporter, au fil d’un voyage en toute liberté, qui a pour port d’attache, Mayotte !

 

 

Le coup de fil à Mayotte en direct de la scène

 

 

Musicien icaunais, Alain BOUSSIN a posé sa valise six ans durant à Mayotte, où ses filles et ses petits-enfants demeurent aujourd’hui. Il connaît bien cette petite île de l’océan Indien et partage ses souvenirs avec le public présent : « c’est une île qui généralement ne connaît pas les cyclones, arrêtés par celle de Madagascar. En six ans je n'en ai pas connu un seul. Mayotte, c’est le tiers du département de l’Yonne en superficie pour 350 000 habitants, peut-être 450 000, on ne sait pas trop… ». Allo Mayotte… ? Au bout du fil, Chris, son gendre, pour un point de la situation en direct : « les routes sont toujours impraticables, partout des petits bobos à cause des bouts de tôle, l’eau, ce n’est pas tous les jours et quand elle arrive, on ne sait jamais pour combien de temps. Le plus compliqué est qu’elle n’est pas potable et il y a la queue dans les boutiques pour s’approvisionner… ».

D’autant plus difficile que, les cultures ayant disparu avec le cyclone, tout ce qui se vend est importé, on n’ose imaginer à quel prix ! Educateur de rue, Comorien d’origine, lui et son épouse se sont reconvertis dans l’humanitaire et distribuent jusqu’à 500 repas par jour : « tout le monde ici a été touché, qu’il ait des papiers ou non, que ce soit psychologiquement, physiquement ou financièrement… ». L’île est exsangue et n’en finit pas de panser ses plaies, avec une population paupérisée qui, avant le passage de « Chido » vivait déjà à 80 % sous le seuil de pauvreté. Un département « au rabais » où se cristallisent un peu plus aujourd’hui les tensions autour de la question migratoire, accusée de tous les maux, un sujet entretenu savamment par tous ceux qui depuis quatorze ans n’ont pas tenu les promesses de la départementalisation.

 

 

La poésie, une arme pour se révolter contre les maux

 

« Mon cœur s’est exilé sur une plage de l’océan Indien… ». C’est en chansons et au son du ukulélé qu’Alain BOUSSIN évoque l’île Maurice, après une balade à la guitare et à l’harmonica au fil de la Loire. Des chansons de belle facture et d’écoute agréable… Autre artiste venu en voisin, GÉHEL, pour des compositions personnelles ou des reprises dont il a le secret, aux accents de jazz et de musiques d’ailleurs, comme cette chanson d’Emilie LOISEAU : « on dit qu’il y fait toujours beau à l’autre bout du monde… », des mots qui en cet après-midi de soutien à Mayotte prenaient un sens tout particulier. Il y a chez Thierry MAGNE, comme un petit air du grand « Léo », quand, s’accompagnant rageusement au piano, il fait de sa poésie une arme et de ses mots une révolte. Belle reconversion pour cet auteur-compositeur interprète qui fut un jour, dans une autre vie…, pilote de courses automobiles ! Le programme était des plus éclectiques et « l’Olympia de campagne » d’Etais-la-Sauvin, comme aimait l’appeler le regretté Julos BEAUCARNE a résonné de la voix sublime de la chanteuse lyrique Maud GNIDZAZ, portée par les notes du piano d’Alexandre SAADA. Une voix qui n’est pas sans rappeler celle dont l’artiste a su puiser dans le répertoire pour régaler l’assistance, une certaine Joan BAEZ ! Une dernière pour la route… ? Gérard-André, accompagné pour l’occasion d’Andrée, sa complice, son « amie-amour », sa « Mélinée », a tôt fait de prendre sa guitare et d’entonner un « Temps des cerises » à la fibre communarde, repris en chœur par tous les amis présents : « C’est de ce temps que je garde au cœur, une plaie ouverte… ».

 

 

On remet le couvert pour une deuxième journée !

 

Bis repetita le lendemain, avec d’autres musiciens ou comédiens au programme :  Duo Bathyscape, Eugene LAMPION, Emile SALVADOR, Alain BOUSSIN, Gérard-André bien sûr, tous avec la même générosité partagée que la veille. Une solidarité multiforme, que ce soit au travers de la douzaine de toiles mises en vente par l’artiste peintre Jipe VIEREN au bénéfice des Mahorais ou des pots de miel de « Sébastien » qu’il était possible d’acquérir dans les mêmes conditions. Finalement, ce sont quelques 2 760 euros qui ont été collectés pour Mayotte qui seront prochainement remis au Secours Populaire de Nevers. Une somme en deçà peut-être de ce qui était attendu, mais le barde d’Etais-la-Sauvin veut y voir surtout un bilan humain et artistique à nul autre pareil : « c’est un exercice extrêmement difficile que d’être à la fois sur scène et dans la salle, comme tous les artistes présents l’ont fait, tout en gardant sa concentration, très compliqué d’avoir plusieurs artistes en même temps sur scène. D’un point de vue technique, on a sorti le ban et l’arrière-ban, grâce à l’aide de tous… ». Deux superbes après-midis de fraternité, d’amour et d’amitié dont n'aurait pas eu à rougir l’ami Julos, qui écrivit un jour ces mots dans l’une de ses chansons : « Ah, si l′amour prenait racine, dans mon jardin j'en planterais ». Nul doute que du côté d’Etais-la-Sauvin, la récolte aura été bonne !

 

Dominique BERNERD

 

 

 


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