La date devrait rester longtemps gravée dans sa mémoire. Ce sera le 27 mai 2025. Ce jour-là, marquera donc le terme d’une prise de responsabilités durant quinze ans au sein de l’établissement bancaire mutualiste régional en qualité de président du Conseil d’administration. Le Sénonais Michel GRASS, figure emblématique des milieux économiques et bancaires de la Bourgogne Franche-Comté, tirera un trait définitif sur des décennies d’investissements personnels consacrés à la valorisation sans borne de cette structure entrepreneuriale qui possède un ancrage territorial très prégnant…
AUXERRE : Il a beau dire qu’il a un « chat » dans la gorge, l’enrouement progressif du timbre de sa voix ne trompe pas ! Michel GRASS, seul, debout au pupitre de la vaste scène accueillie dans le parc des expositions auxerrois à l’occasion de l’assemblée générale de la Banque Populaire de Bourgogne Franche-Comté et du Pays de l’Ain, et face à près de 500 sociétaires de l’établissement financier, est gagné petit à petit par l’émotion.
Logique, même si ce professionnel ultra perfectionniste en matière de communication et de gestion en a vu d’autres par le passé, il y a là dans cette atmosphère auxerroise un souffle un brin nostalgique qui nimbe la tribune. Sa solitude n’en est que plus renforcée sur cette vaste scène qui aura mis en scénographie et en lumière l’exercice antérieur écoulé de la banque, première partenaire des milieux économiques du territoire.
Il aura eu un double privilège, le Sénonais de l’étape régionale accueillie dans l’Yonne : ouvrir comme il se doit les travaux de cette session annuelle de l’assemblée générale ordinaire et la fermeture quelques soixante minutes plus tard, respectant ainsi un impeccable timing de métronome qu’a imposé ce personnage que l’on a connu aussi jadis sous les cieux de la capitale de l’Hexagone lorsqu’il siégeait à Paris en qualité de président du Conseil de surveillance de la BPCE, le groupe bancaire mutualiste fédérant la Banque Populaire et la Caisse d’Epargne, deux entités cousines germaines, il ne faut jamais l’omettre de nos esprits !
L’excellence des chiffres clés en point d’orgue des commentaires
Sous les yeux de son ami et édile de Sens, Paul-Antoine de CARVILLE qui avait effectué le déplacement à Auxerre – c’est suffisamment rare pour le signaler -, Michel GRASS aura donc présidé en sa qualité de responsable de ce conseil d’administration au rôle si important au sein de la structure bancaire à sa dernière assemblée générale. Un rôle d’administrateur qui lui allait comme un gant, lui qui était, excusez du peu, administrateur depuis un quart de siècle, dont quinze années passées à la présidence ! Une belle longévité…
« Cela paraît bien long, vingt-cinq ans vécus au sein d’un conseil d’administration, vu de l’extérieur, mais moi, je peux vous dire que je n’ai pas vu s’écouler toutes ces années ! ».
A l’aise derrière le micro, Michel GRASS égrena ensuite quelques chiffres clés qui traduisirent son bilan de fidèle d’entre les fidèles au sein de la Banque Populaire. « Le nombre de collaborateurs est resté stable tout au long de ces quinze ans, aborda-t-il en substance, soit 1 800 personnes sur l’ensemble du territoire régional répartis sur neuf départements. Quant au capital social, il est passé grâce à vous – il s’adresse à une assistance tout ouïe aux propos de l’orateur dans un silence de cathédrale – de 504 millions d’euros à 755 millions d’euros. Ses réserves sont passées de 771 millions d’euros à 1,2 milliard d’euros. Quant aux capitaux propres, ils ont bien évolué, passant de 1,2 milliard d’euros à 2,4 milliards d’euros. On doit ces bons résultats à votre confiance et au travail des collaborateurs… ».
Du côté des emprunts, ce n’est pas mal non plus ! La BPBFC aura consenti durant cette période plus de 40 milliards d’euros de prêts, soit une moyenne de 2,7 milliards d’euros par an. Les encours de prêts sont passés de 7,2 milliards d’euros à 18,1 milliards d’euros dans ce même laps de temps, avec un taux moyen s’élevant à 4,08 % il y a quinze ans à 2,06 % aujourd’hui.
Quant au nombre de clients, il a également évolué à la hausse durant cette période faste pour l’établissement régional : de 435 000 à près de 685 000, dont 163 000 sociétaires en 2024.
De chaleureux remerciements envers l’ensemble des collaborateurs
Dans ses propos, Michel GRASS ne manqua pas de saluer l’engagement sans faille des collaborateurs et de leurs encadrants, soucieux d’optimiser la fidélité de la relation clientèle.
Puis, l’orateur icaunais prit soin d’accentuer le trait des innovations technologiques apportées par les services de l’établissement depuis ces deux décennies. En premier lieu, l’application de la BPBFC sur les smartphones !
« Je soulignerai que nos 180 agences ont été entièrement rénovées, rappela Michel GRASS, il a été créé une structure « BFC Accompagnement » pour soutenir les entreprises en difficulté avec un service dédié. Puis, nous avons créé notre filiale de capital investissement, « BFC Croissance ». Sans oublier la mise en place de la banque de la transition énergétique afin de faciliter celle-ci sur notre territoire… ».
La liste n’est pas limitative. La démarche RSE, le rachat des certificats coopératifs permettant à l’établissement de redevenir l’unique propriétaire de ses sociétaires, une opération louable à effet gigogne puisqu’il en découlera que le groupe BPCE est uniquement détenu par ses sociétaires, également.
« Souvenez-vous de la crise de la COVID, reprit Michel GRASS en regardant la salle, nous étions un commerce indispensable pour les Français ! Nos salariés sont restés présents grâce au télétravail… ».
Un blanc, puis l’émotion qui n’est jamais trop éloignée, revient à la surface. La voix s’enraille un peu. Mais, vaille que vaille, le président du Conseil d’administration poursuit sur sa lancée en ravalant les montées émotionnelles qui le gagne.
« Je ne possédais rien et je garderai une éternelle reconnaissance pour tout ce que j’ai fait et appris aux côtés de celles et de ceux qui ont travaillé à mes côtés dans ces instances… ».
Vint le temps pour l’interlocuteur d’exprimer ses chaleureux remerciements à toutes ces personnes ayant œuvré à ses côtés, entre bienveillance et amitié, ainsi que les collaborateurs et les quatre directeurs généraux qui se sont succédé durant ces quinze années.
La relève assurée par la gent féminine !
Avant de conclure, Michel GRASS convia la nouvelle administratrice de l’Yonne, l’industrielle Julia CATTIN (elle préside à la destinée du groupe « FIMM » à Joigny) à le rejoindre sur la scène. Une femme engagée et volontariste ! Elles seront d’ailleurs majoritaires dès le 27 mai prochain au sein du nouveau Conseil d’administration de la banque régionale alors qu’il n’y avait qu’une seule représentante de la gent féminine en 2000 !
« Les femmes dans notre entreprise sont majoritaires, ajouta Michel GRASS, elles doivent croire en elles et poursuivre leur chemin le plus loin possible… ».
Quelques mots bienveillants qui furent longtemps applaudis par la salle…
Ce fut ensuite au tour de Marie SAVIN, nouvelle présidente du Conseil d’administration d’accéder à la tribune. Avant que ne revienne aux côtés du futur ex-président, le directeur général de l’établissement bancaire régional, François de LAPORTALIERE, président du Comité régional des banques de la Fédération Bancaire Française (FBF).
« Aujourd’hui, ce n’est pas un jour normal, précisera-t-il en guise de conclusion, nous sommes tous émus par le départ de Michel GRASS. J’ai passé deux années à ses côtés et je salue son exigence, sa vision de la banque, ce fut des moments précieux… ».
Suivra un ultime court-métrage projeté sur grand écran retraçant en quelques instants le parcours atypique de Michel GRASS, agrémenté de belles iconographies où la vedette de la soirée possédait le plus souvent le sourire sur les clichés. Un sourire qui restera bien présent désormais dans les pensées de toutes celles et tous ceux qui ont côtoyé de près le personnage au fil de ses pérégrinations professionnelles sous l’estampille de la Banque Populaire et de la BPCE…
Thierry BRET