Le succès est toujours au rendez-vous. Et ce, depuis 34 ans. Un sacré bail, en vérité ! Il s’est mué en une véritable institution dans le landerneau. Plus exactement, du côté de la Puisaye-Forterre. Là, dans une commune qui a su jouer de la prise d’initiative. Champignelles, la bien-nommée ! Elle a donné sa caution référentielle et son appellation à un évènement qui nous revient à chaque automne, une session de formation des maires et des élus de la contrée occidentale de notre territoire.
CHAMPIGNELLES : Ah, ces « Entretiens de Champignelles » ! S’ils n’existaient pas, il serait indispensable de les inventer. Le concept se veut aussi simple que de l’eau de roche. Un thème aquatique sur sa gestion qui a déjà eu par le passé les faveurs des participants. Imaginez des élus, maires ou conseillers municipaux, parfois accompagnés de secrétaires générales de mairie, qui se retrouvent en session de travail multipliée par deux rendez-vous échelonnés à un mois d’intervalle afin de réfléchir sur toutes les problématiques de l’élu municipal. Et par les temps qui courent, les problèmes pesant sur les épaules des édiles volent en escadrille, comme le narrait si bien le regretté Michel AUDIARD dans ses pensées cinématographiques !
Pour cette édition 2024, la trente-quatrième du nom, le maître de cérémonie, Jacques GILET, a su concocter un menu de choix qui ne manquait pas de piquant. Via deux thèmes phare qui préoccupent les édiles : « la gestion du quotidien », vaste programme en effet, et la « cyber-sécurité », qui est devenue la priorité pour la protection des citoyens. Des items agrémentés de la présence d’intervenants du cru (Jean-Pierre GERARDIN, président du Centre de Gestion 89, Myriam GORIN, directrice du même établissement, Mahfoud AOMAR, président de l’AMF 89 (Association des Maires de France Yonne) ou encore Nicolas SORET, le vice-président du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté).
La taxe d’habitation ? On n’aurait jamais dû la supprimer !
Prenons la gestion du quotidien des élus. Un sujet qui ne pouvait pas mieux tomber en vérité pour mettre sous le feu des projecteurs la réalité de la fonction et les responsabilités qui incombent à leurs acteurs.
« Aujourd’hui, les élus sont un peu perdus, explique Jacques GILET, face aux normes et aux nouvelles mesures mises en place par les ministères. Je vous cite un exemple : la loi 3DS, texte qui a été présenté ici aux « Entretiens » en 2022 ayant trait à la simplification administrative (Différenciation, Décentralisation et Déconcentration), est arrivée en même temps que la suppression de la taxe d’habitation ce qui a créé un trouble au niveau de la gestion des communes. La perte de la taxe d’habitation a été énorme pour les maires, car elle permettait de compenser une partie des frais de personnels, et d’entretenir les voiries et les routes… ».
Une taxe d’habitation qui tel un serpent de mer refait surface ces jours-ci dans l’esprit des technocrates parisiens qui pensent précisément la remettre au goût du jour dans cette quête effrénée pour combler par la fiscalité les dettes abyssales de l’Etat.
Réaction de Jacques GILET : « On n’aurait jamais dû la supprimer ! C’est logique. Tout habitant d’une commune utilise chaque jour ses services, ses trottoirs, ses écoles et se doit de participer au financement de la commune. Personne n’y trouvait rien à redire et la taxe d’habitation payée par les citoyens était sans aucun doute la taxe la plus populaire dans sa justification… ».
Une fonction de maire beaucoup trop idéalisée
Cela n’empêche nullement les maires de communes rurales de se poser bon nombre de questions aujourd’hui, des interrogations qui poussent parfois certains élus vers la démission.
« Je pense qu’on a trop idéalisé la fonction du maire, confie le responsable des « Entretiens de Champignelles », et puis le maire est avant tout un être humain qui a ses propres problèmes, sa famille, un métier, une vie privée. Il doit gérer tout cela. Il reste un facilitateur auprès de tous les habitants… ».
L’après-midi de ce premier rendez-vous fut consacré à la sempiternelle problématique de la cyber-sécurité. Une priorité pour les élus qui se doivent aussi de protéger leurs administrés face à ces dangers du numérique.
« C’est vrai que cet aspect de « cyber criminalité » a beaucoup évolué, souligne Jacques GILET, ceux qui la pratiquent utilisent des supports technologiques qui sont en apparence des outils officiels, deux témoignages de maire « cyber attaqués » serviront justement de base de discussion à nos travaux… ».
Des arnaques sur des travaux assurés par ces collectivités. Un fléau qui touche de plus en plus les communes rurales.
Cap sur la Bretagne et les avantages du littoral
Au-delà de ces sujets, la convivialité reste de mise lors de ces retrouvailles entre élus territoriaux qui se connaissent bien. On aura pu le constater lors des pauses café, indispensables pour créer du lien et faciliter les échanges.
Quant au voyage thématique annuel, il ne se fera pas, une fois n’est pas coutume, en terre étrangère dans l’un des autres états européens cette année. Les congressistes mettront le cap du 03 au 06 novembre vers la Bretagne, et plus spécifiquement, dans la région de Rennes, capitale régionale, avant de pousser un peu plus vers le littoral du côté de Saint-Malo et pour conclure au Mont-Saint-Michel, qui comme chacun le sait se situe à cheval entre Bretagne et Normandie !
« Le choix de la Bretagne s’explique, précise Jacques GILET, de temps en temps, les maires ont envie de s’immerger aussi dans l’une des contrées de l’Hexagone. On a déjà visité une vingtaine de pays. Il y a trois ans, c’était l’Occitanie. Là, ce sera le littoral qui servira de point d’ancrage lors de ce séjour qui s’annonce riche et passionnant… ».
Il restera alors une ultime journée de travail, accueillie au même endroit le 22 novembre. Il sera alors temps de parler de la maîtrise de l’énergie, un enjeu majeur pour les communes.
Thierry BRET