Nos concitoyens ont appris que Tom ENDERS, président d’Airbus, venait de percevoir un parachute doré de 36 millions d’euros. Simultanément, le procès de Bernard TAPIE fait du bruit. Logique : le bouillant homme d’affaires, même amoindri par la maladie, a encaissé 450 millions d’euros d’indemnités dont 45 millions d’euros au titre du « préjudice moral ». Il fallait oser ! Mais, l’ancien patron de l’Olympique de Marseille ne s’est pas privé de le faire. Au même moment, et à l’issue de la mini-révolte des « Gilets jaunes », une substantielle augmentation de 100 euros a été chichement accordée à celles et ceux qui connaissent des difficultés à finir le mois. Ubuesque ! Déjà à une certaine époque, le regretté COLUCHE s’en inspirait : « Nous avions du mal à finir le mois. Chez nous, la fin du mois commençait le 02… ». Sans commentaire !
TRIBUNE : La liste de ces aberrations est loin d’être exhaustive. Deux ans plus tôt, Georges PLASSAT, président déchu de Carrefour, recevait un joli pécule de 14 millions d’euros alors qu’il mit en danger l’équilibre financier de ce leader de la grande distribution mondiale.
Il existe une étrange et triste similitude dans ces gifles données généreusement aux Français comme à des freluquets de cinq ans. La fin de mandat de Tom ENDERS coïncide avec la mise au chômage de 2 500 employés du groupe aéronautique. Induisant de facto que probablement dix mille personnes, voire davantage, vont rejoindre les rangs déjà bien garnis du Pôle Emploi, si l’on y inclut les sous-traitants de l’avionneur.
Quant au départ de Georges PLASSAT, il coïncidait également avec le licenciement irréversible de 2 500 collaborateurs du groupe Carrefour. On peut qualifier de scandaleuse ces deux affaires à l’inconstante similitude. Un mot convient mieux : c’est une insulte faite aux Français et à leurs voisins allemands. Airbus est une société franco-germanique dont on se glorifie, à juste titre, comme un succès de la coopération entre deux des pays les plus puissants du Vieux continent. Mais, le parachute doré perçu de manière amorale par Tom ENDERS est versé après un échec ruineux. Celui de l’Airbus 380, qui va coûter des milliards d’euros aux contribuables des deux cousins germains !
La défiance croissante envers les élites…
Or, ces sommes astronomiques étaient inscrites dans leur contrat. Donc, vous diront tous les juristes, il n’y a rien à dire, on ne peut rien faire. Mais qui a signé ces contrats en amont ?
Et, l’affaire Bernard TAPIE ? Qui a décidé de lui verser cette somme colossale de 450 millions d’euros ? On cherche et on trouve un comité d’arbitrage où siégeaient trois personnes : deux avocats marron, il n’y a pas d’autres qualificatif, et … un ancien président du Conseil constitutionnel, Jacques MAZEAUD.
Combien ces messieurs de bonne moralité et à la haute vertu ont-ils empoché pour rendre cet arbitrage ? 300 000 euros chacun ! Il ne faut donc plus s’étonner du fait que les Français n’aient plus confiance dans ce qu’on appelle abusivement leurs élites.
Puisque nous plongeons les mains avec dégoût dans la fosse d’aisance nationale, continuons d’en tirer quelques vils extraits. Lorsque le Grand Débat national a été lancé, on a proposé à un membre de cette caste élitiste d’en assurer la coordination.
Il s’agissait de Chantal JOUANNO. Pour cela, elle devait toucher 180 000 euros environ. Or, on a découvert qu’elle percevait déjà une somme à peu près équivalente pour diriger le Comité national du Débat Public, organisme dont personne ne sait à quoi il sert. A part, évidemment, rémunérer ladite présidente !
Parallèlement, on découvrit que Jacques TOUBON, ancienne gloire de la Chiraquie percevait près de 200 000 euros pour diriger le Comité de défense des droits. Bien entendu, tout cela s’ajoute à ses nombreux revenus de retraite pour les noms moins nombreuses fonctions qu’il a occupées : député, ministre, conseiller d’État, et j’en passe et des meilleures…
Une longue litanie de faits insupportables pour les citoyens…
Mais ce n’est pas fini dans cette longue litanie de choses qui fâchent de plus en plus les citoyens de ce pays : Alain JUPPE vient d’être nommé au Conseil constitutionnel avec une rémunération de 160 000 euros annuels auxquels s’additionnent diverses indemnités.
Cette rémunération s’empile, comme dans le cas de Jacques TOUBON, à de multiples revenus et avantages copieux : retraite d’ancien Premier ministre, ministre tout court, inspecteur des Finances, maire de Bordeaux, maire adjoint de Paris…Circulez, il n’y a rien à voir comme l’a écrit le trublion de l’humour, COLUCHE.
Enfin, devant cette avalanche de subsides mirobolants que quelques nantis de la société perçoivent avec des félicitations, il est bon de rappeler que le salaire médian en France s’élève à 1 797 euros par mois !
« L’argent n’a pas d’odeur » disait l’empereur Vespasien ! Et deux mille ans après cette maxime, Joseph STIGLIZT, prix Nobel d’économie, s’est fendu d’un ouvrage dont le titre résume toute la sournoiserie de notre monde : « Le triomphe de la cupidité… ».
« Il y a en France quelqu’un qui est plus intelligent que Diderot, plus spirituel que Voltaire, plus vif que d’Alembert, c’est personne, c’est-à-dire tout le monde, c’est l’opinion publique... ». Une phrase dite par TALLEYRAND, l’un des hommes les plus subtils et les plus perspicaces de notre Histoire.
Comment tout cela va-t-il finir ? Nous devrions le savoir bientôt. Dès que le président de la République Emmanuel MACRON aura égrené mi-avril la liste des potentielles préconisations qu’il souhaite mettre en œuvre pour soutenir le pouvoir d’achat des Français et ainsi redistribuer l’argent qu’il leur revient. On peut toujours espérer : cela, c’est sûr, ne coûte rien…
Emmanuel RACINE