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Le « 6/8 » deviendra le « 4 » pour les SDF d’Auxerre : l’Accueil de jour quitte la rue du Nil pour rejoindre le CHRS

 « Témoignages poignants de personnes qui fréquentent le site, expositions de photographies et de petits mots de remerciements placardés sur les murs, discours officiels : la fermeture du foyer d’Accueil de jour du « 6/8 » de la rue du Nil à Auxerre aura ravivé bien des souvenirs aux participants de cette cérémonie. Le 04 septembre, tout le monde sera accueilli au CHRS rue Thomas Ancel… ».   « Témoignages poignants de personnes qui fréquentent le site, expositions de photographies et de petits mots de remerciements placardés sur les murs, discours officiels : la fermeture du foyer d’Accueil de jour du « 6/8 » de la rue du Nil à Auxerre aura ravivé bien des souvenirs aux participants de cette cérémonie. Le 04 septembre, tout le monde sera accueilli au CHRS rue Thomas Ancel… ». Crédit Photos : Thierry BRET.

Le fameux « 6/8 », bien connu des sans domicile fixe et autres personnes cabossées par l’existence qui proposait jusque-là le gîte et le couvert à Auxerre, va se transporter de manière définitive au numéro « 4 ». A la suite de son déménagement, effectif d’ici peu. Mais, pas dans la même rue. Le foyer d’accueil de jour intègrera le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de la rue Thomas Ancel. Un choix imputable à une réorganisation de la structure…

 

AUXERRE: Un souffle de nostalgie balaie les différentes salles où se mêlent les invités de la réception et les habitués des lieux. Ici, un homme d’une cinquantaine d’années, barbe mal taillée et cheveux hirsutes, consulte sans trop se préoccuper du brouhaha naissant un écran d’ordinateur. Indifférent à l’atmosphère ambiante.

Là, dans une toute petite pièce, un autre tente tant bien que mal, en se protégeant le pavillon de l’oreille avec sa main gauche pour couvrir les bruits qui s’amplifient, de converser avec son interlocuteur à l’autre bout de la ligne de son portable. Images de la vie ordinaire, captées à brûle pourpoint dans un accueil de jour au début d’un après-midi.

 

Une institution qui va perdurer au CHRS

 

Le « 6/8 », nom couramment usité pour désigner le foyer réservé aux personnes sans domicile fixe, accueille il est vrai du monde en ce lundi tantôt. Normal, nous ne sommes plus qu’à quelques encablures de la fermeture définitive de ce site d’hébergement pour défavorisés.

Non pas de l’institution qui perdurera dès le 04 septembre ailleurs, au sein du CHRS d’Auxerre, sis au 04 de la rue Thomas Ancel, mais de ce complexe structurel, bien connu des Auxerrois.

Un lieu de vie et d’échange, d’espérance aussi pour toutes celles et ceux qui ont le malheur de basculer de l’autre côté du miroir. Celui de la solitude, de la précarité, de l’absence de chaleur humaine, de toit et de nourriture...jadis, les « clochards », désormais les SDF, un acronyme en trois lettres qui malheureusement au fil des ans et des crises successives qui s’abattent sur notre pays ne cesse de faire croître ses rangs. Bien malgré eux.

 

 

 

« Chaque fin est le début d’un nouveau départ »

 

Le déménagement n’est plus qu’une question de jour et la direction a décidé dans un ultime élan de vie de rendre festif le lieu, celui de la rue du Nil, pour la dernière fois avant que ne se referment définitivement les portes.

Expositions de visuels – on y aperçoit des photocopies de photographies prises il y a bien longtemps où l’édile de l’époque, Guy FEREZ, souriant et costumé venait à la rencontre de ses occupants de fortune -, scènes de joies iconographiques où des fruits et légumes se partageaient dans la bonne humeur avec les résidents chaque lundi, présentation de petits mots placardés sur un panonceau de bois à la calligraphie mal assurée.

Extraits de ces textes si touchants de vérité à lire et à méditer longuement par celles et ceux qui font la fine bouche au gré de leur existence parfois de privilégiés : « Merci à l’aide que vous nous avez donné à nous autres les gens qui ont tant besoin d’aide et de soutien… ou encore, celui-là qui est punaisé un peu plus haut, « Le CCAS Accueil de jour 6/8 est pour le SDF ce que le cœur est pour l’homme, vital et indispensable… ». Sans omettre le credo visible de tous qui rayonne telle une lumière incandescente à côté de la réception de l’établissement, « Tout ce qui a un début a une fin mais chaque fin est le début d’un nouveau départ… ».

 

 

Le manque d’humilité rend aveugle…

 

Ici, cela ne respire ni le spleen, ni le désarroi ! Mais, l’envie de se reconstruire, à force d’abnégation et de volonté !

Il suffit de voir les sourires qui s’affichent sur les lèvres des personnels et bénévoles qui sont aux petits soins pour leurs hébergés. La gratitude est reine. Les remerciements envers les aidants sont partout. Y compris dans le double témoignage, apporté par Christophe et Gérard, deux personnes fréquentant le site qui narrent devant l’assistance leur très délicat parcours de vie, parsemé d’embûches et de coups du sort. Moralité : tout un chacun peut tomber de haut, du jour au lendemain, et se retrouver dans la rue pour y dormir la nuit à même le trottoir…Cela n’arrive pas qu’autres autres, selon la formule consacrée ! Le manque d’humilité rend également aveugle, beaucoup d’entre nous…

Conviviale jusqu’au bout, la cérémonie de départ de la rue du Nil ne pouvait que se conclure par la dégustation de douces pâtisseries dans les jardins, en égrenant de bons souvenirs…

 

Thierry BRET

 

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