Cà et là, elles fleurissent partout, ces curieuses banderoles incitatives à la recherche d’emploi. Accrochées aux murs des collectivités ou positionnées idéalement près d’un sens giratoire afin que l’automobiliste n’en manque pas une miette de son contenu dès qu’il ralentit. Dans le cas présent, c’est la recherche de médecins et dentistes qui aura motivé ses auteurs (en l’occurrence, entre autres, la Communauté de communes de Puisaye-Forterre) à la placer là. Parfois, ce sont les employeurs eux-mêmes qui les posent près de leurs entreprises, faute de candidatures…
AUXERRE : On savait d’ores et déjà que dans notre pays, il suffisait de traverser la rue pour trouver un job avec une relative facilité ! Voilà que désormais les offres d’emploi viennent à nous en version calicots et s’affichent publiquement aux yeux de tous quand il y a nécessité, voire une certaine urgence à les pourvoir !
D’ailleurs, c’est bien ce mot, « urgence », qu’il convient d’utiliser lorsqu’il s’agit de trouver les perles rares, notamment celles qui interviennent au quotidien dans le domaine des métiers de la santé.
Epiphénomène se répandant comme une traînée de poudre depuis peu ou technique de communication réellement éprouvée par ses auteurs, la pose de banderoles, aux endroits stratégiques les plus fréquentés par la population, s’avère désormais d’une banalité presque anodine, dans le landerneau. On ne compte plus en effet le nombre de ces supports plastifiés et pancartes qui éclosent au grand jour tels des fleurs des champs après la rosée.
Ici, il est question de médecins et dentistes qui sont vivement sollicités afin de se manifester si intérêt à l’installation. Là, c’est peut-être un ophtalmo ou un allergologue que l’on ciblera en écrivant le plus gros possible le précieux numéro de téléphone à contacter. Il pourrait en être de même pour les rhumatologues, les cardiologues, les dermatologues, les anesthésistes, etc. Des filières professionnelles qui se raréfient à la vitesse grand « V » par chez nous.
Un manque de plus de 6 000 médecins dans les campagnes
La désertification médicale est telle dans ces départements ruraux que sont ceux de la Bourgogne septentrionale (Nièvre, Yonne) que les collectivités locales en sont réduites à jeter une véritable bouteille à la mer en matière de communication pour espérer décrocher le Graal : l’installation d’un praticien dans leur campagne en s’en remettant au fruit du hasard. Fut-il généraliste ou spécialiste.
Histoire, aussi, pour certaines d’entre elles, d’alimenter en représentation physique leurs maisons de santé, nouvellement apparues, dans le paysage.
Alors que 30,2 % de la population hexagonale vit dans un désert médical, il manquerait selon une étude produite en 2022 par l’Association des Maires Ruraux de France plus de 6 000 praticiens dans les campagnes françaises. Autant dire un gouffre abyssal qui n’est pas prêt de se résoudre alors que la courbe démographique de la vieillesse est optimale !
Et si le Code de la Route s’en mêlait !?
Si l’idée de ces pancartes incitatives à dispatcher çà et là à travers le paysage rural n’est pas mauvaise en soi – « qui ne tente rien n’a rien » dit l’adage ! -, quels en sont les réels effets sur la motivation profonde des intéressés, à condition qu’ils les aient vus, lus et qu’ils y soient sensibles ?
Vu le nombre de postes médicaux à pourvoir dans la France rurale (environ 6 000 avons-nous dit), en matière de signalétique, il n’y a plus, pour la rendre efficace, que le Code de la Route qui peut y répondre favorablement pour en changer la donne, en créant un nouveau panneau directionnel qui indiquerait le bon endroit où le médecin pourrait s’installer ! Un vœu pieu, bien sûr…
Thierry BRET