La recrudescence du nombre de cambriolages depuis plusieurs mois dans le département de l’Yonne a comme conséquence directe la propagation élargie du dispositif de participation citoyenne à l’échelon des communes. Près de trente protocoles ont ainsi été initiés avec le concours de la préfecture et des forces de la gendarmerie ou de la police. Mais, cela reste très nettement insuffisant au vu de la topographie de notre territoire qui comprend 428 localités. Néanmoins, vingt-deux autres agglomérations montrent déjà leur intérêt à la concrétisation de ce projet qui créé du lien social parmi la population et génère davantage de sécurité dans les villages inféodés à cette charte d’engagement volontaire.
AUXERRE : Opérationnelles depuis l’instauration de ce concept dans l’Yonne en 2015, 568 personnes, ayant bénéficié de séances pédagogiques à la connaissance de ce protocole, incarnent aujourd’hui cette participation citoyenne palpable sur le terrain au niveau de la sécurité.
Il s’agit de femmes et d’hommes, le plus souvent des retraités, issus à forte majorité de la gendarmerie nationale, qui s’investissent sur une zone géographique précise (quartier, lotissement, résidence, bourgade…) à travers une démarche collective qui vise à accroître le niveau de sécurité d’un secteur de vie.
Les services de l’Etat mobilisés contre la délinquance…
Mis en œuvre depuis de nombreuses années aux Etats-Unis et en Grande Bretagne, ce dispositif de participation citoyenne sur la base du volontariat ne rencontre pas suffisamment le succès qu’il mérite auprès des populations françaises. Pourtant, ce processus sécuritaire est amené à se développer de manière très significative dès 2018 en Bourgogne du nord comme devait l’évoquer le préfet de l’Yonne, Patrice LATRON, lors d’une conférence de presse justifiée par la signature de ce protocole avec la municipalité de CHARMOY.
« La lutte contre la délinquance, notamment contre les vols, demeure une priorité pour les services de l’Etat. Ce concept est de faire participer la population d’une commune, d’un quartier ou d’une zone pavillonnaire à la sécurité de son environnement. En partenariat avec les acteurs locaux de la sécurité. Il est fondé sur la solidarité de voisinage et vise à développer un comportement de nature à mettre en échec la délinquance… ».
Si quelques édiles montrent encore une certaine réticence à appliquer ce dispositif dans leur bourgade, d’autres en revanche constatent « qu’une meilleure remontée des renseignements est nécessaire à l’action des forces de l’ordre… et en apprécient ses bienfaits ». Quant aux habitants de ces agglomérations, ils ont accueilli ce dispositif avec bienveillance, sans éprouver le moindre sentiment de délation ou des effets intrusifs dans leur quotidien.
« Je souhaite parler aux élus qui exprimeraient encore des réserves, précise Patrice LATRON, l’intérêt de la commune ainsi que celui de ses habitants sont prioritaires… ».
Présence d’une signalétique à vocation dissuasive…
Concrètement, les référents volontaires et bénévoles sont nommés par les maires afin d’être en relation étroite avec les services de sécurité (gendarmerie, police). Un doute, voire une inquiétude se traduira systématiquement par un contact pouvant prendre la forme du fameux appel 17 en cas d’urgence.
« Attention, ajoute le préfet, les remontées de renseignements devront respectées les droits fondamentaux individuels des personnes, et se déroulées dans le cadre strict du civisme et du droit… ».
Naturellement, ce dispositif n’a pas vocation à se substituer à l’action de la gendarmerie ou de la police. Elle exclut l’organisation de toute patrouille ou intervention. Enfin, une signalétique spécifique existe. Elle est apposée à l’entrée des communes ayant adopté ce protocole sécuritaire. Représentant un œil grand ouvert, ces panneaux rendent la confiance à la population tout en restant dissuasif auprès des contrevenants qui viendraient réaliser quelques menus larcins. Seul accroc dans cette stratégie bien huilée : les panneaux disparaissent de la circulation, ils sont retirés dès le lendemain de leur pose aux abords des routes. Les services du Département n’appréciant pas ce type d’initiatives au demeurant rassurantes…une problématique qui ne devrait plus avoir cours prochainement !
Car la présence de cette signalétique diminue à elle seule le nombre de méfaits dans les zones qui en sont pourvues.