Alors que le programme de la culture ovine devrait s’intensifier dans les mois à venir sur le territoire de l’Yonne, dans le cadre du projet « ALIZE », la présence du loup stigmatise de plus en plus les esprits des milieux agricoles. Certains éleveurs de caprins en subissent déjà les conséquences néfastes. Puisque 17 moutons ont été retrouvés égorgés au cours de ces dernières semaines par le prédateur dans la même propriété. Un animal isolé rôde sur un large périmètre couvrant l’Aube et l’Yonne. Entraînant son lot de réactions désappointées qui se sont exprimées au cours de la récente session de la Chambre départementale d’agriculture…
AUXERRE : La filière ovine a manifestement le vent en poupe auprès des agriculteurs en quête de diversification. Le plan de développement de cette production, a contrario, semble connaître un léger coup d’arrêt après la confirmation de la présence d’un loup qui évolue aux confins de l’Aube et de l’Yonne. Les récents dégâts occasionnés sur les troupeaux ne facilitent guère le déploiement de cette stratégie, pourtant encouragée par la Chambre d’agriculture.
Pour l’heure, il ne s’agit que d’un cas isolé. L’année dernière, le département limitrophe de la Nièvre avait connu des soucis similaires avec la présence d’un animal. Se promenant à la lisière du Morvan et des prés environnants, le prédateur avait occis 21 moutons. Il y eut aussi un autre précédent détecté à la fin de 2013 aux confins de l’Aube et de la Haute-Marne. L’épisode inattendu s’était limité à quelques dégâts ponctuels qui, depuis, ne se sont jamais reproduits.
Un véritable traumatisme pour les éleveurs…
Espèce protégée, le loup refait surface au nord de la Bourgogne après plus d’un siècle d’absence. Sa présence se traduit par un réel traumatisme dans certaines régions françaises comme les Alpes de Haute-Provence ou la Haute-Savoie. Là-bas, les populations ovines sont mises à mal depuis plusieurs saisons. 2 800 victimes ont été répertoriées dans la région du Mercantour. La Haute-Savoie ne sera pas épargnée l’année dernière avec 1 300 ovins dévorés.
« Il faut veiller à juguler la propagation de cet animal sauvage, a précisé le président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, Etienne HENRIOT, certes, l’espèce a peut-être sa place dans l’écosystème. Mais quand il s’agit de faire le choix entre le loup et l’agneau, il ne faut pas hésiter. Il est urgent aujourd’hui de tout mettre en œuvre pour sécuriser les producteurs d’ovins… ».
Interrogé sur ce thème, le représentant de l’Etat, Patrice LATRON, s’est voulu rassurant. Attaché à la pratique d’un élevage d’ovidés en constante progression, un vecteur clé pour la consommation et l’entretien des paysages ruraux, le préfet de l’Yonne a formellement rejeté toute idée d’abattre ce loup solitaire qui hante nos campagnes.
Sécuriser les professionnels tout en réintroduisant l’espèce ?
En revanche, plusieurs bobines de clôture (environ trois kilomètres) ont été commandées par la Direction départementale des Territoires (DDT) afin d’équiper les parcelles des éleveurs qui pourraient être menacées. A condition qu’ils en fassent la demande.
En charge de l’agriculture au sein du Conseil départemental, et agriculteur lui-même, Xavier COURTOIS a pris part également à ce débat passionnant. Membre du Comité régional de la Biodiversité (une nouvelle institution qui a été installée depuis peu à Dijon où siègent plus de 150 personnes), l’élu devait rappeler que la question du loup au sein de la biodiversité se posait.
« L’essentiel est de trouver les moyens d’une sage cohabitation. Une majorité de scientifiques estiment que nous devons accompagner la réintroduction de certaines espèces sur les territoires. C’est aussi la volonté de l’Etat. Il est donc judicieux de maintenir le loup tout en évitant les discours démagogiques autour de ce sujet… ».