Du brouillard. A couper au couteau pour arriver depuis Auxerre jusqu’à la salle des fêtes de la localité de Puisaye-Forterre, Ouanne. Devenue le temps d’une réunion publique d’un soir la capitale hexagonale de la droite traditionnelle, un rendez-vous concocté par les Républicains de l’Yonne, avec la présence de leur leader charismatique, un Laurent WAUQUIEZ très à l’aise dans le verbe et en verve dans les formules, qui près d’une heure durant, va dérouler ce qui pourrait s’apparenter à un futur programme de présidentiable à l’orée de 2027…
OUANNE : Conditions météo oblige, le timing de cette réunion publique de belle facture avec la participation d’une personnalité politique nationale de premier plan, à venir dans l’Yonne en cette année 2025 à la rencontre des Français, n’aura pas débuté à l’horaire initial. Prévu à 18h30, il aura fallu s’armer d’un peu de patience pour un auditoire mobilisé comme aux plus jours d’une campagne électorale et il n’y avait visiblement pas assez de chaises pour accueillir toutes les personnes ayant bravé un brouillard tenace et épais, soucieuses de converger dans les meilleurs délais vers la salle des fêtes communale.
Qu’à cela ne tienne ! Le temps imparti à cette attente prévisible sera largement compensé par des discussions et rencontres opportunes avec les ténors de la droite républicaine de l’Yonne, mobilisés comme un seul homme pour la circonstance dans le village de Puisaye.
Toute la droite républicaine de l’Yonne était là !
Aux premiers rangs, on retrouvera l’ancien ministre Henri de RAINCOURT, toujours en grande forme, dissertant longuement avec son ami et voisin du Loiret, Jean-Pierre DOOR, ancien édile de Montargis durant deux décennies et pensionnaire de l’Assemblée nationale. Un peu plus loin, Christophe BONNEFOND, vice-président du Département de l’Yonne discutait avec Sonia PATOURET, promue au rang de première vice-présidente du Conseil départemental depuis l’élection du président, Grégory DORTE. François BOUCHER n’était pas loin. A l’instar d’Isabelle FROMENT-MEURICE ou de Gilles ABRY…Même le maire de Montholon, Fernando DIAS GONCALVES avait effectué le déplacement. A l’identique de nombreux élus de Puisaye-Forterre. On apercevra même l’ancien député de l’Yonne, André VILLIERS, pourtant auréolé des couleurs de l’ancienne majorité présidentielle, « Horizons »…
Vint le moment si attendu par la salle où, accompagnée de Céline BAHR, la conseillère régionale, Guillaume LARRIVE en maître de cérémonie en sa qualité de président des Républicains 89, précédé de Grégory DORTE, pénétra dans la salle avec à ses côtés Laurent WAUQUIEZ, l’ancien président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et aujourd’hui président du groupe des députés de la droite républicaine au Palais Bourbon.
Sous un tonnerre d’applaudissements, le presque quinquagénaire – il fêtera ses 50 ans tout rond le 12 avril prochain ! -, traversa d’un pas alerte la salle en s’excusant de son léger retard, puisque arrivant de l’Assemblée nationale.
Le principal danger pour le pays, c’est LFI !
On connaît la passion du Lyonnais pour l’Histoire puisque cet énarque est également agrégé dans cette discipline. Aussi ne fut-ce pas surprenant que Laurent WAUQUIEZ, une fois les salutations et les remerciements d’usage effectués, débuta sa longue intervention de quarante minutes consacrée à la situation ubuesque et gravissime de l’Hexagone par une référence à Rome et à ses empereurs. Surtout à la chute de ces derniers ! « Tout cela était lié à des affrontements entre les clans pour prendre le pouvoir… ».
Fait-il allusion à la sempiternelle guerre des chefs qui mine la droite républicaine depuis tant d’années ? Que nenni ! Il pointe alors du doigt le rôle de La France Insoumise, « le pire pour la France, ce serait que Jean-Luc MELENCHON dirige un gouvernement ! ».
Le ton est donné. Posé, calme jusqu’à dans l’intonation de la voix, mais percutant par le biais de ces petites phrases assassines pour ses adversaires, l’orateur brosse le tableau d’une France en proie aux velléités gouvernementales de LFI – « un parti qui prône l’apologie du terrorisme en France et qui a rompu avec les valeurs de la laïcité en soutenant les islamo-gauchistes » - et qu’il considère comme le principal danger pour la république.
Un budget, certes, mais imparfait…
Sur le sujet de la censure du gouvernement, Laurent WAUQUIEZ rappelle que les Républicains ont accepté de faire le pas en soutenant d’une part celui piloté par Michel BARNIER – on connaît la suite de l’histoire -, et d’autre part, celui de François BAYROU. A ce titre, l’intervenant admet que « c’est un peu plus difficile avec le maire de Pau ! ».
« Nous sommes dans un soutien au gouvernement exigeant, texte par texte, souligne Laurent WAUQUIEZ. Puis, critique envers le Rassemblement national, il dénonce que celui-ci ait fait tomber le gouvernement BARNIER. « Le comportement de Marine LE PEN a changé avant et après son procès ! Avant, elle ne parlait pas de censure… ».
Le prétendant à la présidentielle 2027 n’a donc pas aimé cette prise de décision : « ses intérêts partisans sont passés avant les intérêts de la France et je n’ai pas aimé ce qu’elle a fait en censurant le gouvernement ni à nos agriculteurs, à nos maisons de retraite… ».
S’occuper de la France, c’est se mettre au niveau et privilégier la stabilité et les intérêts du pays ? Oui, affirme l’orateur, sans se départir de son calme olympien malgré un souci technique de micro.
« Oui, ce budget est imparfait, ajoute-t-il, et j’aurai préféré avoir d’autres lignes budgétaires dedans, mais l’essentiel, c’est que la France a de nouveau un budget ! ». Le pire des budgets n’est-il pas de ne pas en avoir finalement ?!
Les organes étatiques trop gourmands dans l’œil du cyclone
Désireux de remettre le pays « la tête à l’endroit » alors qu’il vit des moments de déclin, Laurent WAUQUIEZ fixe la feuille de route à venir, soit un programme servant de trame à la présidentielle 2027, articulé vers deux axes prioritaires : sanctionner les délinquants et récompenser le travail.
« Il nous faut remettre de l’ordre dans ce pays, explique-t-il, et non nous faire croire que ce sont les chèques qui font notre pouvoir d’achat, principe du socialo-étatisme ! Des chèques qui sont financés par nos impôts payés par celles et ceux qui travaillent… ».
Chantre de la lutte contre le gaspillage – « il existe partout ! » -, Laurent WAUQUIEZ cible tout particulièrement les agences et organismes d’Etat officiant dans le pays. Un millier de ces entités qui engloutissent un budget annuel de 80 milliards d’euros ! Ces dix dernières années, les budgets de ces différentes structures étatiques ont augmenté de 50 %.
« Peut-on en dire autant de nos soignants, des effectifs de nos écoles, s’interroge le député LR, ce ne sont pas les policiers et les gendarmes qui bénéficient de telles sommes ! Ce sont ces organismes qui nous abreuvent de normes et qui dégoûtent toutes celles et ceux qui entreprennent et qui travaillent ! ».
Se voulant encore plus pragmatique, l’orateur accentuera le trait en donnant l’exemple de l’ADEME, dont le budget de fonctionnement s’élève à 270 millions d’euros pour mille agents. « Tout ça, pour dire aux Français, combien de fois doivent-ils laver leurs vêtements ?! ». Rires dans la salle.
Résoudre l’incivilité par l’application de petites sanctions
Et d’égrener ensuite tous les organismes inféodés à l’environnement et à la protection de la nature.
« Ce sont eux qui traquent les agriculteurs, parfois avec un pistolet à la ceinture ! Et on se demande où on peut faire des économies ! ».
Face à cette prolifération sans borne de toutes ces structures de l’Etat, la droite républicaine n’a qu’une seule réponse : supprimer les budgets et ces organismes. « Cette bureaucratie nous étouffe et est en train de ruiner la France ! ». C’est la bataille fondamentale de Laurent WAUQUIEZ. Une démocratie qui s’est fait confisquée ses marges de manœuvre pour agir dans l’intérêt de nos concitoyens ? Le président du groupe de la droite républicaine se veut catégorique dans sa réponse : « oui ! ».
Fermer les yeux sur les abus de la carte Vitale ou l’annulation des rendez-vous médicaux furent des sujets abordés ensuite par l’orateur. « Nous devons obtenir enfin un référendum sur ce sujet des aides sociales. De GAULLE a toujours dit que les Français devaient s’exprimer, alors chiche ! Alors qu’ils s’expriment sur de vrais sujets comme l’école, la délinquance, le système social… Ce ne sont pas les cours suprêmes qui doivent agir au nom des Français ».
Saluant le travail du binôme Bruno RETAILLEAU et Gérald DARMANIN, Laurent WAUQUIEZ souhaite que la France tape au portefeuille, notamment sur le dossier de l’Algérie – « ce pays se moque de nous ! » -, en fiscalisant les transferts de fonds. Il est également favorable à l’application de petites sanctions pour résoudre la recrudescence des incivilités dont se plaignent les Français. Même si la France a un problème de sous-capacité carcérale. « Il nous faut une loi d’urgence pour construire les prisons dont on a besoin… ».
En finir avec l’assistanat qui ruine le pays
S’insurgeant contre le système social actuel – « ceux qui sont sanctionnés, ce sont les personnes qui travaillent ! » -, l’orateur cite les exemples de salariés qui sont pressurisés par les impôts ou des retraités en grandes difficultés financières. « On est en train écœurer les gens, du fait des charges trop élevées en France. Il nous faut combattre l’assistanat et ses abus ! C’est en train de ruiner notre pays… ».
Aider les gens par le travail ? Un précepte de bon sens pour Laurent WAUQUIEZ qui veut remettre la France au travail en y ajoutant la reconnaissance de l’effort.
« C’est la différence fondamentale avec le RN, notamment pour remettre les allocataires du RSA sur la voie professionnelle, eux qui sont souvent leurs électeurs… » .
Des propositions que le responsable des Républicains entend bien expliquer auprès du plus grand nombre de nos concitoyens ces prochains mois en vue de l’échéance présidentielle du printemps 2027. Douze ans que les Républicains ne se sont pas occupés de la Nation. Un bail pour celles et ceux qui assistaient nostalgiques à ce meeting de la droite traditionnelle…Alors, la reconstruction de la droite responsable et solide, capable de mobiliser les Français, a-t-elle débuté hier soir dans l’Yonne ?
Thierry BRET