Il ne fallait pas s’attendre à la grande foule. A la mobilisation du « grand soir » ! Normal, quand un tel rassemblement s’organise de manière prompte au beau milieu du mois de juillet. Mais, actualité politique oblige, il fallait en passer par là, le jour de l’élection de la présidence de l’Assemblée nationale ! A l’appel de la CGT et autres formations à l’instar du Parti Communiste Français ou de La France Insoumise, l’heure était à la revendication et à l’unité non loin des grilles de la préfecture. Histoire d’exercer un peu de pression en faveur du Nouveau Front Populaire…
AUXERRE: Le message se veut fraternel. Il est adressé aux représentants du Nouveau Front Populaire (NFP) et émane de la secrétaire générale de la CGT de l’Yonne, Véronique DEGOIX-BUTTIN qui en lit le contenu couché sur ses documents. Micro en main, l’oratrice fait face à une foule quelque peu éparse, placée juste là devant les marches latérales qui mènent à l’intérieur de la cathédrale Saint-Etienne. Le mariage de l’Eglise et de la CGT ?! Quel symbole ! Cela en fait sourire quelques-uns. « Les Cathos avec nous ! », scandent une poignée de manifestants, provoquant une franche rigolade parmi les premiers rangs de suiveurs.
Une envolée de cloches et la foi envers les dirigeants du NFP !
Imperturbable, la secrétaire générale de la Confédération Générale du Travail poursuit sa lecture, parfois entrecoupée par la sonnerie des cloches qui résonnent à la volée et très fortement au-dessus de sa tête. Logique, il y a eu celle de midi tapante, puis celle cinq minutes après de « l’Angélus » !
Bon, qu’à cela ne tienne ! Véronique DEGOIX-BUTTIN remet le couvert. Remobilisant l’attention et l’écoute de l’auditoire qui discute çà et là, après le double épisode des cloches. Elle se réjouit de la défaite de l’extrême droite et de l’avènement au soir du 07 juillet du Nouveau Front Populaire.
« Nous avons réussi tout ce que les sondages et les politologues disaient impensables, précise-t-elle, mais nous avons maintenant un message très simple à adresser aux dirigeants du NFP : ne nous décevez pas ! Soyez à la hauteur des espoirs et des attentes de la population ! ».
Une salve d’applaudissements s’en suit. L’oratrice, galvanisée, renchérit : « Bien sûr, Emmanuel MACRON et le patronat font tout pour empêcher la mise en place d’un gouvernement conforme au choix et aux attentes des électeurs de gauche. Vous avez été capables de vous réunir en 24 heures, de vous mettre d’accord sur un programme en quelques jours, alors vous êtes capables de proposer un gouvernement commun… ».
Le programme du NFP, rien que le programme…
Puis, la secrétaire générale de la CGT se veut davantage menaçante dans ses arguments : « si tel n’était pas le cas, vous devrez assumer vos responsabilités… ». Puis, elle prévient que « la colère, la désillusion, la démobilisation des électeurs seraient immenses : nos luttes s’en trouveront durablement affectées et à la fin, il n’y aura qu’un seul vainqueur : l’extrême droite… ».
Une extrême droite, qui selon elle, avec l’aide de ses alliés pourraient se proclamer comme seule alternative à Emmanuel MACRON. Toutefois, comme il le fut rappelé lors de cette allocution, la CGT n’a pas de légitimité pour dire qui doit être premier ministre et qui doit diriger le gouvernement. Cependant, Véronique DEGOIX-BUTTIN est affirmative dans ses attentes : « le choix qui doit être fait par le NFP est la mise en application du programme que nous avons soutenu… ». Encore une fois, un tonnerre d’applaudissements ponctua la phrase prononcée sous le chaud soleil auxerrois du zénith.
Vers la construction d’une société réconciliée…
« Nous voulons des ministères de combat sur le volet social, ajoute-t-elle, nous voulons aussi des ministères de progrès avec une grande loi cadre contre les violences sexistes et sexuelles, un engagement sans faille pour la vraie égalité entre les femmes et les hommes, et une lutte contre le racisme et l’antisémitisme, etc. ».
Pour elle, c’est simple : il va falloir inventer une nouvelle forme de démocratie qui n’existe pas encore.
La CGT se dit prête à organiser des mobilisations de conquête pour gagner « du plus au lieu de chercher à empêcher le pire ».
« Le temps presse, alerte Véronique DEGOIX-BUTTIN, chaque jour perdu est un jour gagné par l’extrême droite… ».
Fustigeant le spectacle des divisions partisanes de ces derniers jours, la porte-parole de la CGT rappelle que cela provoque l’ire et l’incompréhension des citoyens ayant choisi de barrer la route du Rassemblement National.
« Il n’y a plus de place pour les egos et les intérêts partisans ! Nous sommes convaincus de vivre un tournant pour notre démocratie et nous sommes persuadés de pouvoir construire ensemble une société réconciliée… ».
L’avenir le dira. Fin du discours pour le porte-étendard de la CGT. Un prélude à d’autres actions revendicatives, annonciatrices d’un automne indien particulièrement chaud ?
Thierry BRET