S’accorder le temps nécessaire à la réflexion et à la découverte de la physionomie du département : c’est en substance le premier chantier que le haut fonctionnaire de l’Etat a mis en exergue depuis son arrivée à Auxerre le 21 août. Une fois opérationnel, cet ancien militaire et professionnel du corps préfectoral ira à la rencontre des acteurs clés de l’économie, agriculteurs et industriels, mais aussi d’une population qu’il qualifie d’accueillante...
AUXERRE : De l’Yonne, il possède encore dans sa mémoire quelques lointains souvenirs de travaux agricoles vécus à l’âge d’être étudiant. Patrice LATRON l’avoue avec humilité et un sourire aux lèvres : sa connaissance de ce territoire est encore assez restreinte mais le nouveau préfet qui a succédé à la mi-août à Jean-Christophe MORAUD entend réparer cette lacune de manière très rapide.
D’ailleurs, il ne faut pas s’y tromper. Et cette petite note d’humour introductive sur ces anodins aspects géographiques, exprimés lors de sa première rencontre avec les médias, n’enlève en rien ni les qualités intrinsèques du nouveau représentant de l’Etat ni son dynamisme.
Le haut fonctionnaire, affecté au préalable à la direction du cabinet du préfet de police de Paris, connaît déjà sur le bout des doigts les grands dossiers laissés par son prédécesseur et ses équipes.
Aide de camp de deux anciens Premiers ministres…
Pragmatique, et avant de s’immiscer plus en avant dans ceux-ci et de rendre des arbitrages que beaucoup attendent, l’ex-commandant de la compagnie de parachutistes de Pamiers (Ariège) dans les années 1990 souhaite se faire sa propre opinion. Quinze années vécues dans ce corps d’élite de l’armée forgent de la pugnacité et surtout une méthodologie, faite de rigueur et de sérieux.
La preuve, Patrice LATRON ne devait-il pas être nommé en sa qualité d’officier supérieur aide de camp du Premier ministre entre 1994 et 1997, au service tout d’abord d’Edouard BALLADUR, puis de son successeur, Alain JUPPE.
Nommé préfet, après avoir gravi tous les échelons de la préfectorale, aux antipodes de la métropole en décembre 2011 (Saint-Pierre et Miquelon et ses températures hivernales n’ont plus de secrets pour lui), il est chargé de mission auprès du secrétaire général du ministère de l’Intérieur entre septembre et décembre 2014. Avant de rejoindre la préfecture de police de Paris en qualité de préfet.
« Avec mon épouse, nous sommes satisfaits de retrouver la nature et…la province en arrivant à Auxerre, confie-t-il entre deux questions.
Inquiet par le phénomène de radicalisation observé dans la partie septentrionale de son nouveau département (« c’est le phénomène de la Grande couronne semble-t-il »), le préfet sera scrupuleux sur les aspects sécuritaires et la vigilance à y apporter. Sans pour autant tomber dans la peur. Fort de l’expérience accumulée à l’issue de la mission que lui avait confiée le 30 mars 2015 Bernard CAZENEUVE, ministre de l’Intérieur à la préfecture de police de Paris, Patrice LATRON sera attentif aux moindres détails, même si l’Yonne n’est pas encore la banlieue francilienne.
Pas d’inflexion à attendre sur la sécurité routière
Mais, le dossier de l’accidentologie et les mauvais chiffres enregistrés sur les routes de l’Yonne depuis le début d’année ne devraient pas infléchir les mesures prises par son prédécesseur. « Il n’y aura pas de modifications à attendre de ma part sur certains dossiers… ». On peut penser d’ores et déjà à la fameuse limitation de vitesse à 80 km/h sur une majeure partie du tronçon de la nationale 151, reliant Auxerre à Clamecy.
Pédagogue, le haut fonctionnaire de l’Etat devait rappeler le corpus de sa mission : « le rôle du préfet est de faire appliquer la loi et d’accompagner le développement économique du territoire où il intervient ».
Saluant la gentillesse et le sens de l’accueil des Icaunais, Patrice LATRON accordera sa première visite au milieu agricole d’ici quelques jours afin de prendre le pouls d’une filière en souffrance.
« Il me faut aussi comprendre les causes des sinistres qui ont détruit bon nombre de récoltes au printemps ».
Si le dossier de la fermeture du collège Bienvenu Martin supposera des contacts directs avec l’ensemble des parties (Ville d’Auxerre, le rectorat et l’inspection d’académie) avant le rendu d’une décision, en revanche, le nouveau préfet de l’Yonne ira dès que possible à la rencontre des forces vives de l’économie, qu’elles soient industrielles, artisanales et commerçantes. Le tourisme représente aussi un vecteur non négligeable de ce territoire qu’il sera opportun d’encourager.
Quant à l’épineux dossier migratoire, le préfet devait conclure en rappelant « que les fonctionnaires de l’Yonne n’étaient là que pour appliquer les textes de loi et traitaient les personnes déplacées de la manière la plus humaine qu’il soit… ».