Nées en 2002 à l’initiative de « l’Institut pour les Savoir-Faire Français », les Journées des Métiers d’Art sont devenues « européennes » dix ans plus tard. L’occasion chaque année pour les artisans d’exception d’une vingtaine de pays de présenter leurs créations lors de manifestations dédiées. Auxerre était avec Besançon et Châtillon-sur-Seine, l’une des trois villes de Bourgogne Franche-Comté à participer à l’évènement. Les visiteurs ont pu à loisir rencontrer et échanger avec la soixantaine d’artisans d’art et d’artistes présents ce week-end en ce lieu tout autant d’exception qu’est l’abbaye Saint-Germain.
AUXERRE : Quant à la passion, s’allient la tradition, le savoir-faire et de nobles matériaux, le résultat ne peut-être que d’exception ! Un constat qu’auront sans doute partagé nombre de visiteurs passés par l’abbaye Saint-Germain tout au long du week-end. Ils étaient une soixantaine d’artisans d’art présents cette année, venus d’horizons divers, sous l’égide de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Bourgogne Franche-Comté. Une manifestation qui s’est faite un peu dans l’urgence, comme l’a rappelé son vice-président, Jean-Pierre RICHARD, également aux manettes de la Chambre départementale de l’Yonne : « on commence à rentrer dans le concret des restrictions budgétaires et des attaques financières de la part de l’Etat, avec pour conséquence une opération menée en seulement deux mois, après en avoir été informés à la dernière minute… ».
Quand la couture croise la viticulture !
Quoi de plus précieux pour raccommoder les « bobos » de la vie que le « Fil des Fées » ! Après un premier métier dans l’univers médical pendant une dizaine d’années, ponctué par un « burn-out », Cindy s’est reconvertie il y a huit ans dans sa passion de toujours, la couture : « cela a été une véritable thérapie, je me suis recousue de l’intérieur ! ». (Rires). C’est à Coulanges-sur-Yonne que, CAP couture en poche, elle a ouvert son atelier où, en plus de créations et de modèles sur mesure personnalisés, elle propose des cours de tous niveaux et de tous âges, allant même parfois à domicile pour cela, si nécessaire. Sur son stand, trônant au milieu de sa collection petite enfance, un millésime de bon aloi à la présence surprenante de prime abord : « en fait, en partenariat avec un viticulteur d’Irancy, je propose un coffret naissance avec, outre ce magnum avec étiquette personnalisée, une création pour le bébé… ». Ou comment bien partir dans la vie, sous le double signe de Dionysos et du « Fil des Fées » !
Le métier de « ferblantier » d’art : rare et…lucratif !
Dans un tout autre registre, venu en voisin de Saulieu, Thibault CERVERA présente ses objets en bois « foudroyés par électrisation » : « une technique revisitée, née de l’inventeur Lichtenberg, avec du bois foudroyé à 4 000, voire 10 000 volts et une électricité guidée par des pinces, que je vais déplacer selon le système nerveux du bois… ».
Avec au final des créations originales et uniques et un savoir-faire lui ayant permis d’en faire un métier lucratif : « soyons honnêtes, nous sommes assez rares à pouvoir vivre ainsi financièrement, de ce que l’on crée… ».
Ils ne sont pas nombreux en France, à exercer comme lui, la profession de « ferblantier d’art », à peine une dizaine confesse Romain SAPIN. Passé par les Compagnons du Devoir, le jovinien basé à Sépeaux-Saint-Romain s’est forgé une clientèle nationale, voire internationale : « historiquement, la girouette indiquait le métier, la fonction du propriétaire d’une demeure. Aujourd’hui, c’est un peu la « cerise sur le toit de la maison » et il y a encore beaucoup de gens souhaitant se faire plaisir ainsi… ».
Présentées au public, des œuvres en zinc, en cuivre, en laiton, même si, précise-t-il dans un sourire, il s’est interrogé avant de se lancer, compte tenu de son patronyme : « il est vrai que pendant mon apprentissage, j’ai longtemps hésité entre la charpente et la couverture ! ». (Rires).
Une lauréate qui accumule les récompenses !
Les JEMA 2025 auront également été l’occasion de mettre à l’honneur une artiste de Puisaye, passée maître dans l’art de la bijouterie, Laurette MICHEL. Déjà lauréate l’an passé du Premier prix départemental du concours des Métiers d’Art, dans la catégorie « Métiers de la création contemporaine », elle s’est vue cette année, couronnée du prix régional, devant sept autres candidates. Le fruit du travail commandé par une cliente souhaitant redonner une autre vie à un bijou cher à son cœur. Ses deux distinctions lui ont été remises en présence notamment de la présidente de l’Association des Artisans d’Art de l’Yonne, Armelle SABATIER, du président de la commission métiers d’art de la Chambre régionale de Métiers et d’Artisanat, Damien BONVARLET, ainsi que de l’adjointe en charge du Commerce et de l’Artisanat à la mairie d’Auxerre, Isabelle JOAQUINA, qui a profité de l’occasion pour rappeler ces quelques chiffres : « l’artisanat d’art en France représente quelque 280 métiers différents, pour environ 60 000 entreprises. Une filière qui est en train de mieux se structurer au niveau national sous l’impulsion du luxe français et qui rayonne à l’international, avec un fort impact économique, même en période de crise… ». Ne reste à espérer que le marché américain ne représente pas une part trop importante du secteur !
Dominique BERNERD