C’est une curiosité. Un style peu imité au niveau pictural qui mérite amplement le respect. Un travail de précision, à la minutie quasi perfectionniste d’un orfèvre suisse ! Certes, ultra répétitif dans le contenu, mais c’est le but avoué de l’accomplissement de l’artiste ! Le travail de Jérôme ARBONVILLE, créatif à l’imaginaire fécond originaire de Charleville-Mézières, se contemple à l’infini avec ses lignes géométriques et ses petits personnages envoûtants. Déroutants, diront certains ! Mais ne disait-on pas la même chose d’Arthur RIMBAUD, l’autre Ardennais de référence ?!
AUXERRE: Il a un look de pop-singer en provenance de la perfide Albion ou de l’Amérique, notre artiste du jour ! Un vrai troubadour de l’underground aux allures de John CALE ou de Lou REED lors des grandes heures du VELVET rehaussée par la patte artistique d’Andy WARHOL ! Mais, non, point de consonances anglaises dans ses propos ni dans son accent même si la mèche de cheveux est rebelle ! Jérôme ARBONVILLE est un pur Ardennais qui passe désormais la majeure partie de son temps en Ile-de-France, non loin de Paris, à fréquenter le milieu de la culture branchée. Celui qui s’extasie devant des œuvres improbables aux univers étranges et subtils.
« L’être et le néant ». Une multitude de petits personnages formant une immense étendue blanche sur la toile faisant face au noir absolu, presque celui de Pierre SOUGERES dans les tons ! Que dire de « Dance Floor », le tableau d’à côté ? Le message véhiculé par l’œuvre est pourtant accessible. L’uniformisation de l’humain, confiné dans l’anonymat ! D’où ces motifs répétés presque à l’infini par le peintre tant qu’il y a encore un peu d’espace à habiller sur la toile.
Depuis dix ans, l’artiste peint les foules. Des silhouettes noires tout en explorant cette idée multidirectionnelle en y ajoutant de la couleur. S’inspirant des lectures de René GIRARD sur le mimétisme, le créateur distille une vision pessimiste de l’humanité, réduit à la multitude et à l’anonymat. On y apercevra également des représentations de labyrinthes inspirées par celui, fort célèbre pour les initiés, de la cathédrale de Chartres.
Après une école de commerce et une préparation HEC (!), ancien consultant dans l’univers de la gestion, Jérôme ARBONVILLE abandonne sa cravate pour une tenue plus cool et adéquate avec ses pensées, sa vêture d’artiste qui fréquente tous les dimanches le marché de la création de Montparnasse aux côtés des acheteurs américains. Histoire de sortir de l’anonymat et de se faire un nom chez les collectionneurs !
En savoir plus :
Exposition Jérôme ARBONVILLE
A la Galerie Porte 68 à Auxerre
68 Rue de Paris
Jusqu’au 15 septembre 2024
Entrée libre
Thierry BRET