Echarpe aux couleurs de l’AJA autour du cou – un symbole très visuel pour bien montrer sa détermination à aller jusqu’au bout de ce projet -, l’édile d’Auxerre et président de la Communauté de l’Auxerrois, Crescent MARAULT, a rompu le silence lors d’une conférence de presse, cinq jours après la décision du tribunal administratif de Dijon, se rapportant à l’annulation des délibérations sur la vente du fameux terrain de camping au club de football auxerrois. Un terrain qui est devenu le barycentre de toutes les polémiques politiciennes du moment, nourrissant comme de bien entendu, les réseaux sociaux…
AUXERRE : « Nous, on veut construire sur l’existant et c’est plutôt vertueux ! ». Très en verve dans sa prise de parole, le maire d’Auxerre aura été plutôt prolixe et déterminé lors de l’exercice qu’il a choisi de réaliser aux côtés du président exécutif du club de football local, Baptiste MALHERBE, ce mercredi 11 juin aux alentours de midi, dans l’une des salles peu connues de l’Abbaye Saint-Germain, située au premier étage. Un cadre séculaire et patrimonial pour mieux évoquer les projets et le devenir d’une vieille « dame » de cent-vingt ans, le clin d’œil était assez clair pour les observateurs au niveau de l’allusion par rapport à ce lieu !
Toutefois, le ton employé par les deux orateurs qui entrecroisèrent volontiers leurs idées à maintes reprises afin de mieux les souder en guise d’argumentaires ne laissait guère la place à la galéjade. On l’aura bien compris : il y va de la pérennité de l’AJA, de l’attractivité d’une ville et de tout un territoire qui vit et respire football et performances. Or, la récente décision du tribunal administratif de Dijon aura sans doute terni, du moins pour un courts laps de temps, les ambitions portées par les responsables du club de football qui ont vu avec l’acquisition potentielle de l’ancien terrain de camping municipal auxerrois une excellente opportunité de rayonner davantage hors des frontières icaunaises.
Pas d’autres choix que d’agrandir et se développer pour l’AJA !
Mais, comme devait le marteler à plusieurs reprises le président de l’AJA, Baptiste MALHERBE lors de cette intervention oratoire : « faire aboutir le projet de modernisation du stade Abbé-Deschamps et de la plaine des sports alentour répond à un besoin de développement vital et d’urgence, sans omettre le volet sécuritaire pour optimiser le plus possible l’accueil des spectateurs et de nos supporters… ».
En termes clairs, pour que l’AJA gagne en performance tant sportivement qu’économiquement (et veiller ainsi au respect de ses équilibres financiers), il est impératif que ce projet de vente du camping à son profit lui soit favorable.
D’ailleurs, Crescent MARAULT s’est également interrogé ironiquement sur les intentions de l’opposition – sans jamais la citer, on sait que la décision du tribunal administratif de Dijon d’annuler les délibérations qui portaient sur la vente des parcelles accueillant jadis le camping municipal auxerrois a ravi l’écologiste Florence LOURY, conseillère municipale de l’opposition - : « Maintenant, j’attends ! J’ai hâte de savoir comment certaines personnes qui veulent accéder aux responsabilités auraient agi sur ce dossier en prenant soin de soutenir l’AJA ?! ».
Comme en écho aux propos de l’élu auxerrois, Baptiste MALHERBE en rajoute une couche, toute aussi radicale et pertinente : « ce qui a été fait là par ces élus, c’est contre l’AJA ! C’est même pire, c’est contre les spectateurs qui veulent venir assister aux matches car acquérir ces parcelles de l’ancien camping municipal doivent nous permettre de déménager à nos frais les courts de la section tennis de l’AJA et de procéder ensuite à l’agrandissement de la tribune « Louault » - du nom de la société industrielle éponyme de Saint-Fargeau – qui offrira la possibilité in fine d’accueillir 2 500 spectateurs supplémentaires… ».
Une concurrence permanente avec les 17 autres clubs de Ligue 1
Une pause, avant de remettre le couvert en chargeant bien la nappe : « c’est aller contre son territoire que d’agir comme cela. Aujourd’hui, nous refusons du monde parmi nos supporters ! Nous, chaque année, on doit concurrencer les dix-sept autres équipes de l’élite, y compris au niveau financier. C’est une concurrence féroce. Plein de villes et plein d’investisseurs aimeraient vivre ce que l’on vit… ».
Un projet à multiples orientations que répètera une fois de plus Baptiste MALHERBE comme il l’avait déjà fait lors d’un conseil communautaire à Venoy, où invité par son président, il avait exposé les enjeux internationaux de son club, ceux de la formation et du rayonnement d’une structure sportive emblématique suivie par des aficionados répartis aux quatre coins de l’Hexagone, quand ce n’est pas de plus loin.
« Nous avons enregistré d’excellentes audiences télévisuelles lors de la diffusion de la rencontre Auxerre/Monaco en…Chine, confirme le président exécutif de l’AJA.
Ce projet ne peut aboutir dans ses grandes lignes, sans le soutien inconditionnel de la collectivité auxerroise et des nombreuses entreprises ayant choisi la voie du partenariat.
« Nous n’avons pas d’autres solutions que de continuer en ce sens et d’agrandir la tribune et aménager comme il se doit la plaine des sports… ».
Mais, quel est le fond du problème ?
Dans les faits, une nouvelle délibération fera l’objet de discussions, sans doute nombreuses, lors de sa présentation au prochain conseil municipal, prévu le 26 juin.
Cela a été souligné par un Crescent MARAULT qui s’interroge toujours sur les motivations de l’opposition : « on s’est concertés avec l’AJA, on a fait appel aux services d’un avocat, c’est de la dépense publique, tout de même ! Tous ceux qui nous disent qu’il faut faire des économies sont gonflés ! On nous fait faire des recours, nous sommes obligés de dépenser en frais d’avocats, on fait fonctionner le système judiciaire qui a bien d’autres sujets à traiter à l’heure actuelle, ce n’est pas sérieux ! ».
Et d’insister, une nouvelle fois, sur le fond du problème : « je ne le connais pas ! C’est ce qui m’ennuie. J’aimerais bien que la presse pose ces questions à celles et ceux qui font des recours ! Alors que les dirigeants de l’AJA ont reçu par deux fois ces personnes, en leur présentant le projet ; ces mêmes personnes qui disent aujourd’hui ne pas connaître le dossier ! Je suis très surpris… ».
Baptiste MALHERBE revient à la charge avec ses arguments : « pour seule réponse, on m’a simplement précisé qu’il ne fallait pas toucher au camping. Je ne comprends pas moi aussi, ce secteur, c’est la zone sportive d’Auxerre et le site historique du club. On ne va pas construire ailleurs un nouveau stade ! On ne démolit pas la tribune pour en construire une. Nous avons un projet développement durable où on essaie de consommer le moins possible. Pour l’aménagement du tennis, on veut réutiliser des bâtiments existants. En fait, nous sommes plus vertueux que ces gens qui veulent donner des leçons… ».
Une question de bon sens, en somme, pour que le territoire avance ? « Oui, confirme le président de l’exécutif de l’AJ Auxerre. Nous sommes dans la logique de diversifier nos revenus, avec le plus petit budget de Ligue 1. La dernière rénovation de l’Abbé-Deschamps remonte à 1996 avec une enceinte qui accueille plus de 17 000 spectateurs alors que la jauge moyenne pour les clubs de l’élite se situe à 33 000 personnes… ».
Un agrandissement du complexe sportif devenu le passage obligé pour demeurer en Ligue 1 pour Baptiste MALHERBE : « Si on ne diversifie pas nos activités et si on n’agrandit pas le stade en étant écoresponsable, nous sommes morts… ».
Une AJA qui se définit comme « irréductible » dans la bouche de son président et qui dans ce nouveau match, très particulier, ne veut pas perdre la partie. Une AJA qui est également propriétaire de son terrain…Le dossier chaud bouillant à suivre pour l’été.
Thierry BRET