« BMO ». Derrière cet acronyme spécifique – un de plus à ajouter à la florissante corbeille des appellations raccourcies en tout genre ! – se cache pourtant une signification dont les entrepreneurs de toute obédience économique sont friands. Les besoins en main d’œuvre ! Ceux-ci ont fait l’objet, à l’instar des années antérieures, d’une enquête pertinente et très fournie de l’opérateur public de référence sur le marché du travail : Pôle Emploi. Pas de doute : les intentions d’embauche sont là même si les difficultés de recrutement persistent…
AUXERRE: C’est une sorte de précieux baromètre. Un outil intéressant qui analyse les tendances actuelles au niveau de l’emploi et ses perspectives. Une de ces références dont les observateurs économiques, qu’ils soient institutionnels, décideurs ou médias ne pourraient se passer tant son utilité est désormais avérée. D’autant que sa livraison périodique nous revient chaque année à pareille époque. Un peu avant l’été, histoire de nous donner du baume au cœur, si tant est que le fruit de ses diagnostics soit de bon aloi. Ce qui est le cas, avec l’édition 2023.
L’enquête « BMO » - on dirait presque l’appellation d’une compétition de VTT de haute volée disputée sur les pistes chaotiques des Gets ! - est scrutée avec beaucoup d’intérêt par les acteurs du monde du travail. Logique, elle consiste, avec le concours du CREDOC, à tâter le pouls des entrepreneurs du sérail sur leurs réelles intentions d’embauche et de connaître leurs ressentis sur leur anticipation de recrutement. Un outil consultable par toutes et par tous – on pense instantanément aux demandeurs d’emploi – que l’on peut retrouver sur le site de l’Observatoire des statistiques de Pôle Emploi en Bourgogne Franche-Comté. Un sésame judicieux qui se permet le luxe de passer en revue, bassin d’emploi par bassin d’emploi, tout ce qui fait en matière de postes sur nos huit départements de la contrée. A consommer sans aucune modération à la limite du gavage car il est nourricier d’une multitude d’informations devant renseigner son lectorat sur les filières corporatistes qui emploient le plus…ou le moins !
Des entrepreneurs régionaux orientés vers l’optimisme côté intentions d’embauche…
La découverte des « BMO » : c’est un instant toujours aussi savoureux à déguster les oreilles grandes ouvertes lors de la conférence de presse qui en fait le détail en compagnie de deux interprètes de cette succession de statistiques et de chiffres que sont les résultats de cette enquête approfondie ; j’ai nommé Séverine DUTREIX, responsable du site auxerrois de la vénérable institution – celle-ci deviendra dans le futur « France Travail » – et Yves HUTIN, directeur territorial sur le département de l’Yonne, qui aime décortiquer avec son sens de l’anecdote et moult précisions le contenu de cet imposant travail de recherches.
Au terme de plus de soixante minutes de présentation, que ressort-il de ces explications de texte ? Primo, et c’est le fait essentiel de cet exercice analytique annuel que les entrepreneurs de Bourgogne Franche-Comté dont ceux de l’Yonne ayant répondu à l’enquête placent le curseur de leurs réponses vers la case de l’optimisme. Ce sont au bas mot plus de 107 000 projets d’embauche qui ont été annoncés sur l’année 2023 ! Une augmentation significative de 2,25 % ce qui n’est pas rien.
Secundo, et là on ne s’intéresse qu’au seul département de l’Yonne, les projets de recrutement ne sont pas en berne, contrairement à ce que l’on pourrait penser d’ordinaire, puisque un peu plus de 13 000 intentions de recruter ont été clairement identifiées par les enquêteurs devant compiler les données. Soit là aussi, une progression de 3,4 % par rapport à 2022.
Tertio, ce sont évidemment (et de loin) les entreprises du secteur des services qui sont les plus gourmandes en nouveaux collaborateurs avec 51 % d’embauches annoncées dans l’Yonne alors qu’a contrario le reste de la région BFC se situe légèrement au-dessus de cette prévision, à 52 %.
Signalons tout de même la bonne tenue des métiers de la vente et du tourisme – ainsi que ceux des services -, qui représentent 29 % des projets de recrutement sur le territoire le plus septentrional de notre contrée. Arrivent ensuite les projets se rapportant aux métiers de l’agriculture et de la viticulture avec 17 % – toujours en vogue auprès des jeunes mais aussi des moins jeunes en quête de reconversion -, les secteurs de l’industrie se situent quant à eux à 11 % à l’identique des fonctions sociales et médico-sociales.
Les filières agricoles/viticoles sont les plus recherchées dans l’Yonne…
Une dynamique qui ne mange pas de pain, c’est l’intérêt porté par les demandeurs d’emploi de l’Yonne et les entreprises pour la filière viticole/arboricole. Cueilleurs et tâcherons s’inscrivent parmi les jobs les plus recherchés avec plus de 1 250 projets déclarés. Viennent ensuite les métiers d’ouvriers non qualifié de l’emballage et manutentionnaire (862 projets), d’agents d’entretien de locaux (513), d’agriculteur salarié et ouvrier agricole (497). Plus surprenant, les besoins de postes dans les filières artistiques avec la recherche de professeurs d’art (375).
A l’autre bout de la lorgnette, il y a aussi les recrutements considérés comme délicats, voire difficiles. Les employeurs icaunais les estiment à 52 % des cas contre 56 % des employeurs de la région. Soit, tout de même, une baisse de huit points par comparaison avec l’exercice antérieur.
Là où le bât blesse pour les services ressources humaines, c’est précisément dans les métiers de formateurs (97 %), d’ouvrier non qualifié de l’électricité et de l’électronique (96 %), de la maintenance en mécanique (94 %), de la menuiserie mais aussi de l’agencement et de l’isolation (91 %), voire de pharmacien (90 %) qui marquent le pas et procurent des nuits blanches aux employeurs qui souhaitent renouveler les départs à la retraite ou étoffer leurs effectifs. C’est là que Pôle Emploi intervient avec son catalogue de possibilités pour juguler ces difficultés sectorielles.
En résumé, et au vu de ces éléments remontés au cours des derniers mois de 2022, tout ceci est plutôt prometteur tant pour la confiance enfin retrouvée des chefs d’entreprises qui ont de vrais besoins de recrutements afin d’honorer leurs carnets de commandes que pour les demandeurs d’emploi qui n’auraient presque finalement qu’à traverser la rue ( tiens, tiens, cela nous rappelle quelque chose !) afin de se sortir de l’ornière et se réinsérer du mieux possible dans la vie active. Les postes sont là : il n’y aurait plus qu’à tendre le bras vers l’arbre des offres d’emploi pour les récolter et en déguster la saveur et les vertus…
Thierry BRET