Pari réussi pour l’intersyndicale ! Elle misait sur une mobilisation massive en ce premier jour de mai pour faire de cette journée internationale des travailleurs, une nouvelle démonstration de la colère nationale contre la réforme des retraites. Ils étaient plusieurs milliers lundi matin à défiler dans les rues d’Auxerre, dans une atmosphère plutôt « bon enfant », entre détermination et résignation…
AUXERRE : Le proverbe est bien connu, « L’union fait la force ». Pour la première fois depuis quatorze ans, c’est une intersyndicale unie qui appelait à battre le pavé à l’occasion du traditionnel défilé du 01er mai. Si le record de mobilisation enregistré en 2002 contre Jean-Marie LE PEN, alors en lice pour le second tour de l’élection présidentielle n’est pas tombé, il y avait longtemps qu’Auxerre n’avait pas compté autant de manifestants dans la rue en ce jour férié.
L’essoufflement espéré par l’exécutif ne semble pas encore là, même si l’idée qu’Emmanuel MACRON n’applique pas une loi désormais promulguée semble pour certains un vœu pieux. Olivier est de ceux-là et ne se fait guère d’illusion : « très sincèrement, j’en doute, mais la mobilisation est nécessaire. A nous de démontrer que l’on est capable de faire avancer notre réflexion, de la pousser très loin, par nos paroles plutôt que le bruit des casseroles, pour faire changer ce gouvernement de politique et si celui-ci, ce sera le suivant. Vous voyez, à 74 ans, je pense à long terme, si je suis là aujourd’hui, ce n’est pas pour moi, mais bien pour tous ceux qui viendront après moi, c’est ce qui m’a mobilisé toute ma vie… ».
Une mobilisation de trois mois, hors du commun…
Si la sono de la CGT se montrait récalcitrante à l’heure du départ de la manifestation (à croire qu’elle avait viré de bord et décidé de se ranger sous la bannière macronnienne !), pas de quoi pour autant désarçonner sa secrétaire générale départementale, Véronique DEGOIX-GUTTIN, au verbe toujours aussi déterminé : « cette mobilisation est historique de par sa durée, trois mois, c’est hors du commun ! Nous sommes et comptons rester les enfants de la Commune de Paris, du Front populaire, du Conseil National de la Résistance… Rejetons les résignations, restons dans l’action, construisons la riposte générale du monde du travail ! » ;
Une riposte assurée d’ores et déjà de se faire entendre, à en juger par le fond sonore ambiant, où rivalisent de décibels les cornes de brume, les klaxons, les concerts de casseroles et autres pétards. Les « cent jours d’apaisement » espérés par le Président de la République le 17 avril dernier ne semblent pas à l’ordre du jour !
Un long ruban coloré qui s’étire dans la ville…
Reste à savoir ce que sera la stratégie du mouvement syndical dans les jours et semaines à venir, avec deux dates à l’agenda : celle de mardi, où le Conseil constitutionnel doit donner sa réponse sur la proposition de référendum d’initiative partagée, ainsi que le 08 juin prochain, jour d’examen à l’Assemblée nationale, d’une nouvelle proposition de loi sur l’abrogation des retraites déposée par l’opposition.
Pour l’heure, le cortège des manifestants n’en finit plus de s’étirer en un long ruban coloré à travers les rues du centre-ville. La sono a retrouvé un second souffle et sur les platines, le groupe TELEPHONE rêve toujours d’un « autre monde »… Et si un jour, la Terre devenait ronde ?
Dominique BERNERD