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Droits de douane : très faible Europe…

« Avec l’acceptation des droits de douane à hauteur de 15 % après la rencontre entre Ursula Von Der LEYEN, présidente de la Commission européenne et le président américain Donald TRUMP, et sans compensation, l’Europe se couche et plie face au dictat de son « allié » d’outre-Atlantique. Une Europe qui touche le fond au niveau de sa faiblesse coutumière… ». « Avec l’acceptation des droits de douane à hauteur de 15 % après la rencontre entre Ursula Von Der LEYEN, présidente de la Commission européenne et le président américain Donald TRUMP, et sans compensation, l’Europe se couche et plie face au dictat de son « allié » d’outre-Atlantique. Une Europe qui touche le fond au niveau de sa faiblesse coutumière… ». Crédit Photo : NakNakNak/PIXABAY.

Nos glorieux aînés doivent se retourner dans leurs tombes. Et pas qu’un peu ! Des plus humbles citoyens aux plus grands défenseurs de l’idéal européen, unissant les peuples de l’après-guerre ayant vécu tant de malheurs et de combats acharnés sur le sol gorgé de sang du Vieux Continent, au nom de la démocratie et de la préservation de la liberté.

C’est sûr : cette appellation caractérisant si justement notre vieillissement se justifie à 200 %, désormais. Qu’il est loin le temps des Lumières, des grandes inventions, de la Renaissance, de l’exploration sur les océans et les mers, voire dans les cieux, de l’ère de l’industrialisation, de cette culture si enviée et de cette intelligence rare qui se propageaient tout autour du globe !

Le règne européen fait de tant de révolutions et de libres pensées (il y aura eu aussi en substance les tragiques épisodes de la colonisation à tout crin à oublier) aura duré plusieurs siècles, jusqu’à son apogée au beau milieu du vingtième. Depuis, c’est un long et immuable processus de délitement, de chute progressive et inexorable qui nous plonge vers l’absurde, l’excès abusifs de normes, la cacophonie sociétale et économique, une insupportable faiblesse en matière de géopolitique et une absence de discernement pour le respect de la nature et de son environnement ainsi que les grandes causes sociétales.

Faiblesse de l’Europe ? A tous les étages de la fusée, dans toutes les composantes des rouages administratifs et stratégiques qui nous régentent. Les exemples ne cessent de se multiplier depuis le début de cette décennie ; et cela commence à nous faire mal, très mal même, à nous autres, Européens convaincus et fiers de l’être ! Que l’on soit profondément fédéraliste dans l’âme ou chantre de la souveraineté nationale mais agissant au bénéfice du sens commun…

 

Le poids de l’Europe se minimise

 

Nous sommes faibles. Très faibles, même, par rapport à tous les grands enjeux internationaux qui se présentent à nous. Face à la Russie depuis son intervention belliqueuse et meurtrière en Ukraine en 2022 (une cynique « opération militaire spéciale » que personne n’aura su arrêter !), face à la Chine qui nous inonde de son hégémonie en trompe l’œil et de ses marchandises à bon marché et de qualité déplorable créant du chômage et des suppressions de sociétés à gogo dans les structures occidentales, face aux Etats-Unis et à son imprévisible président qui s’agite en permanence pour faire monter la pression commerciale et obtenir ainsi, pour sa propre gouverne, le meilleur des deals, supposés favorables à son pays. Le pot de fer contre le pot de terre…Mais, attention, le pot de fer uniquement destiné aux faibles.

Les exemples sont tellement nombreux qu’un simple éditorial n’y suffirait pas afin de répertorier tous ces points d’achoppement et ces échecs successifs où l’Europe est perdante qui nous plombent le moral et enraillent les systèmes économiques et sociaux de nos nations, totalement inféodées aux volontés des uns et aux desideratas des autres. Le tout, dans leurs propres intérêts, il va de soi…

 

 

Une Europe qui n’est plus audible dans le monde

 

Le semblant de négociations sur les droits de douane, imposés par les Etats-Unis, que les observateurs ont relaté lors du récent séjour du président américain Donald TRUMP en territoire écossais en début de semaine accueillant une timide et très compatissante Ursula Von Der LEYEN, en est la preuve manifeste.

Il faut bien se le dire en boucle même si cela procure de méchantes migraines : l’Europe ne pèse rien, ou pas grand-chose sur le grand échiquier international aujourd’hui. Ni militairement, ni économiquement.

Ce n’est plus une sphère d’influence sérieuse et écoutée dans le monde (le Sud global ou l’Afrique) malgré les soubresauts véhéments de quelques-unes des personnalités politiques européennes qui tentent encore de relever un peu la tête, à l’instar de l’anglais, Keir STARMER ou du français, Emmanuel MACRON, contre la triade de puissances qui veulent régenter le monde à leur sauce : la Chine, les Etats-Unis (paradoxalement nos fidèles alliés au comportement bien étrange depuis un semestre) et la Russie.

 

Un constat de « soumission » oui mais après ?

 

En adoptant le barème des 15 % de droits de douane, en acceptant d’investir massivement sur le territoire américain au détriment de l’Europe, en se pliant au dictat de l’homme fort du camp des Républicains et de son idéologie « MAGA » outrancière, en important du gaz et du pétrole à volonté des USA, et tout ceci sans aucune contrepartie ni moyen de rétorsion contre les produits américains ou les GAFAM, on ne peut plus parler de négociations commerciales en bonne et due forme entre deux acteurs désireux de se satisfaire d’une esprit gagnant/gagnant, mais de réelle capitulation économique, voire de reddition au profit du plus fort !

Certains de nos politiciens dont le Premier ministre François BAYROU sont montés au créneau en poussant des cris d’orfraie et en parlant de « soumission » (c’est un peu tardif, non ?) mais force est de constater que dans la guerre commerciale que Donald TRUMP a déclaré à l’hiver dernier à la planète entière, l’Europe fait figure désormais de grande perdante – une fois de plus – et qu’elle aura beaucoup de mal à recouvrer sa crédibilité auprès des autres puissances et blocs économiques de la planète.

Les Chinois et les Russes l’ont d’ailleurs bien compris. Ils ne cessent depuis la signature de ce pseudo accord de s’en réjouir avec beaucoup d’ironie et de sarcasmes, démontrant ainsi toute la mollesse coutumière de l’Occident et de son plus joli symbole, l’Europe, qui ne pourra pas résister très longtemps aux enjeux de demain…Ceux que ces grandes puissances hégémoniques sont en train d’écrire, à nos dépens.

 

Thierry BRET