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Il était l’un des chefs talentueux de sa génération : Charles GODARD rejoint le paradis des maîtres de la gastronomie…

« L’un des artistes de la gastronomie icaunaise nous a quittés pour rejoindre le Panthéon des grandes toques des arts culinaires à la française : Charles GODARD. Il aura régalé les épicuriens de l’Yonne qui s’en souviennent encore dans son établissement, le « Modern’ Hôtel » à Joigny… ». « L’un des artistes de la gastronomie icaunaise nous a quittés pour rejoindre le Panthéon des grandes toques des arts culinaires à la française : Charles GODARD. Il aura régalé les épicuriens de l’Yonne qui s’en souviennent encore dans son établissement, le « Modern’ Hôtel » à Joigny… ». Crédit photos : Philippe GODARD.

Un grand nom de la cuisine gastronomique icaunaise vient de nous quitter en la personne du chef Charles GODARD, parti à  85 ans rejoindre Michel MORET, Bernard LOISEAU et Paul BOCUSE. Une vie bien remplie pour cet homme sympathique, chaleureux et charismatique aimant la chasse - point de bobos contestataires en la matière à l'époque !- et la pêche.

JOIGNY : Enfant de restaurateur, Charles fera son apprentissage à « l'Hostellerie de La Poste » à Avallon, triple étoilé Michelin sous la férule de M. HURE. On s'y délectait notamment de quenelle de homard à la crème et de poulet en civet au vieux Bourgogne !

Après-guerre, ses parents avaient repris le « Modern’ Hôtel » à Joigny, maison déjà mentionnée dans le Michelin après le premier conflit mondial. Avant la suivante, le chef AUDART fut étoilé dans le célèbre guide pneumatique !

En 1949, Charles et son frère Jean-Claude virent arriver l'étoile Michelin de leurs parents. On venait de loin, après des années de restriction et de tickets, déguster les rognons flambés Saint-Hubert ou le caneton au gratin. D’ailleurs, le palmipède marquera la cuisine de la famille GODARD avec notamment un plat d'anthologie : le canard à la Gaston GODARD.

Mais à la fin des années 50 survient un terrible drame familial. Gaston, son père, est assassiné « par erreur » par des activistes de l'OAS. Dès lors, Charles, épaulé par son frère et sa maman, armé de son courage et de son amour de la bonne cuisine, reprendra les fourneaux du « Modern’ Hôtel ». L’établissement sera étoilé au Michelin quarante-quatre ans durant jusqu'en 1993.

On venait de loin dans cette maison provinciale où il faisait bon vivre et déguster l'andouillette flambée, la truite fourrée  au fumet de Chablis (souvenir vraisemblable de son apprentissage) la cassolette d'escargots, le tournedos maison, le fameux canard, sans oublier de conclure ce festin par le « maillotin », une délicieuse pâtisserie.

 

 

Une figure emblématique qui aura donné naissance à de prometteurs talents…

 

Tenant d'une autre époque de la cuisine, Charles GODARD participa aussi à moult semaines de la gastronomie française à l'étranger. La fin des années 60/début 70 le vit se tirer gentiment la bourre avec Michel LORAIN de « La Côte Saint-Jacques » pour le plus grand plaisir des clients qui avaient délaissé la nouvelle autoroute A6 au profit de l'antique nationale 6 et faire étape à Joigny.
Personnalité locale, il fut notamment à l'origine de la création de l'Amicale des Cuisiniers de l'Yonne, aujourd'hui présidée par Daniel AUBLANC.

A Sens, Charles racheta « L'Hôtel de Paris et de la Poste » où son fils Philippe œuvra jusqu'à l'an passé.

Quant à sa fille Claire, elle dirige le « Paris-Nice » avec David, son époux. Aujourd'hui, il est bien triste de voir ce « Modern' Hôtel » de Joigny à l'abandon. Des générations d'icaunaises et d'icaunais s'y sont régalées.
Au revoir chef GODARD, reposez en paix !

Et à l'heure où chaque soir le personnel médical est applaudi, on ne peut qu'adresser un carton jaune à l'hôpital de Joigny, qui par une blâmable précipitation n'a pas permis à sa famille de faire vêtir élégamment le corps de leur cher défunt pour son ultime voyage…

Gauthier PAJONA