Les CCI sont-elles menacées ? Avis de tempête en 2026…
Voilà un projet de loi de finances 2026 qui n’augure vraiment rien de bon pour le devenir et la sérénité de la chambre consulaire, positionnée sur la défense des professionnels des filières commerce et industrie de l’Hexagone ! Le PLF 2026 (PLF = projet de loi de finances) pondu par les têtes bien pensantes de la technocratie hexagonale aux ordres de Bercy et du gouvernement envisage de secouer très sérieusement le cocotier novateur que représente l’un des derniers acteurs d’accompagnement de proximité des entreprises agissant sur notre territoire, à savoir le réseau des Chambres de commerce et d’industrie.
Un réseau qui est, en parallèle, le premier organisme de formation en France, après l’Education nationale. S’il était appliqué, ce projet de loi de finances pourrait anéantir l’ensemble des chambres de commerce et d’industrie à terme, un réseau déjà passablement pressuré dans un passé récent, puisque régulièrement ponctionné par l’Etat.
De quoi s’agit-il dans les faits ? Le gouvernement dans sa quête absolue de réduire les dépenses coûte que coûte pour redorer quelque peu le blason des finances hexagonales surveillées comme du lait sur le feu par les agences de notation internationales prévoit la baisse d’un tiers des budgets de fonctionnement des chambres de commerce et d’industrie l’année prochaine. Une réduction qui est proprement incompréhensible pour les responsables de la vénérable institution alors que les CCI créent quatre fois plus de valeur que le montant qu’elles perçoivent de l’Etat !
Vers une suppression de 3 000 emplois en cas d’application ?
C’est simple, depuis l’annonce de cette information, les dirigeants de la CCI France mais aussi celles qui sont délocalisées un peu partout dans le pays, ne décolèrent pas. Pour eux, cette décision si elle était mise en exergue serait appliquée à contre-sens de la réalité économique, injuste et inacceptable.
Parmi les premières réactions à souligner, celle d’Alain DI CRESCENZO, le président de CCI France, qui n’a pas manqué de tacler la gouvernance étatique : « Nous demandons donc au gouvernement de renoncer à cette trajectoire budgétaire destructrice et de rétablir une vision stratégique, équitable et durable du rôle des CCI au profit de nos entreprises, de nos apprenants et de nos territoires ».
Ce message sera-t-il entendu en haut lieu ? Pas si sûr !
Dans les faits, appliquer en l’état ce « PLF 2026 » serait renier l’engagement pris par l’Etat pour la période 2024-2026 où les CCI sont d’ores et déjà mises à contribution de 100 millions d’euros. Cela entraînerait in fine une suppression de plus de 3 000 emplois, touchant ainsi des collaborateurs du réseau de la chambre consulaire, soit pour les seules CCI autant que l’ensemble des réductions de postes dans la fonction publique prévues dans le cadre du « PLF 2026 ». Une décision inacceptable dans les actes.
Une baisse des dotations de 66 % depuis 2013 !
Décider cette réduction drastique dans les budgets de fonctionnement des CCI intervient dans une période où les entreprises traversent des difficultés sans précédent avec un record de défaillances, élevées à 66 000 en 2024 et une prévision encore plus alarmiste pour 2025 avec 68 000 entreprises concernées. Des entreprises qui n’ont jamais fait autant appel à leur CCI pour les soutenir et les accompagner avec 1 134 000 accompagnements réalisés en 2024.
Devant ce qu’ils considèrent comme une profonde injustice, les responsables des CCI de France et de Navarre en appellent à la mobilisation des chefs d’entreprise, entrepreneurs, commerçants, étudiants, territoires. Ils ne comptent pas en rester-là ! « Nous restons mobilisés à 200 % à vos côtés » précisent-ils.
La situation reste donc tendue et les nuages noirs ne cessent de s’amonceler au-dessus de ce réseau qui n’aura pas été épargné depuis 2013. Entrepreneurs, commerçants et l’ensemble des collaborateurs des CCI ont déjà accepté et assumé une baisse des dotations de l’Etat de 66 % depuis cette période.
Mais, à force de tirer sur la corde, elle finit par se rompre stipule l’adage : dans ce contexte très nauséeux, appliquer ce projet de loi de finances en l’état en 2026 signifierait purement et simplement la fin du réseau des CCI à brève échéance en France.
Est-ce l’objectif recherché par l’Etat et le gouvernement dans leur quête de réduction des budgets qui s’aventurent sur des terrains de plus en plus glissants et impopulaires ? Attention, à force de s’y aventurer de trop près, ces terrains pourraient aussi ressembler à s’y méprendre à des sables mouvants !
Thierry BRET