Le BIG DATA serait-il le parangon des manipulateurs ? Il représente le coup de grâce à nos libertés…
Capturer des données, les rechercher et les analyser, exigent des outils de stockage et de gestion des informations recueillies, hyper sophistiqués. C’est ce que l’on nomme usuellement le BIG DATA. Ou littéralement : la récolte de données importantes, de données massives ou de méga-données. Ce procédé technologique condamne-t-il le principe même de la démocratie ? Celui de notre liberté de penser…
TRIBUNE : Chaque jour, nous générons plus de 2,5 trillions d’octets de données ! De quelles données parlons-nous ? Ce sont des messages envoyés, des vidéos publiées, ceux de nos interventions sur les réseaux sociaux. Auxquelles, il est nécessaire d’ajouter toutes les informations médiatisées, les signaux GPS, les transactions d’achats en ligne…
Mais, qui sont réellement les utilisateurs du BIG DATA ? Des informaticiens, des entreprises, des chercheurs. Mais, il y a aussi les spéculateurs qui influent sur les marchés financiers. Ils intègrent et gèrent des masses de données, qui leur permettent d’adresser des ordres de bourse toutes les nanosecondes. N’omettons pas de notre inventaire à la Prévert les décideurs politiques, les services marketing et de communication…
Le BIG DATA représente aujourd’hui une véritable révolution qui permet de manipuler l’information donnée et de gagner plus. En parts de marchés, mais aussi en nombre de clients, voire d’électeurs…
Le BIG DATA repose sur la règle sacro-sainte des cinq « V » : variété des informations, volume de ces mêmes infos, vélocité, véracité et enfin valeur des éléments collectés.
Tous ces « outils » permettent d’optimiser les arbitrages et actions stratégiques des décideurs. Chacun apprend à manipuler les infos stockées et analysées, afin de mieux impacter de leurs poids le commerce et la vie politique.
L’IA supplante petit à petit l’intelligence humaine…
Les systèmes issus du BIG DATA décident pour les hommes. Qu’il s’agisse de recrutement et de licenciement, de conception de produits « vendables », des techniques de marketing, des stratégies politiques pour séduire les électeurs.
L’imperfection humaine laisse la place à l’intelligence artificielle (IA). C’est en fait la fin de notre vie privée ! Quant à la décision soumise au BIG DATA, c’est le robot qui valide les choix et remplace l’homme.
En politique, historiquement, ce principe technologique est devenu un acteur important dans trois des récents scrutins : la dernière présidentielle aux Etats-Unis, le BREXIT en Grande-Bretagne, et l’élection d’Emmanuel MACRON en 2017. Le BIG DATA a ainsi permis d’inonder les internautes de contenus conformes à leurs a priori !
Ainsi, chaque citoyen reçoit un discours ciblé. Dans ces conditions, comment tendre la perche vers le dialogue ? On votera pour des intérêts personnels au détriment du collectif.
Aujourd’hui, les solutions humaines et imparfaites s’effacent progressivement devant la détermination froide de l’informatique.
Ce sont des remèdes sans émotion. Sans la volonté d’unité de la nation. Sans âme !
Bref, qu’on se le dise autour de nous : le BIG DATA sonne irrémédiablement le glas de nos démocraties…et de nos libertés individuelles.
Jean-Paul ALLOU