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Redonner son âme à Auxerre : le projet Batardeau-Montardoins se situe entre préservation et modernité (2/2)

« L’automobile aura sa place dans la nouvelle configuration du quartier Batardeau-Montardoins mais sans être vraiment prioritaire tel que le responsable du cabinet d’architecte Silvio d’ASCIA, coordonnateur du dossier, l’a imaginé. Un secteur d’Auxerre qui a vivre une mutation en profondeur durant une décennie en connexion avec la nature et le développement de l’économie durable… ». « L’automobile aura sa place dans la nouvelle configuration du quartier Batardeau-Montardoins mais sans être vraiment prioritaire tel que le responsable du cabinet d’architecte Silvio d’ASCIA, coordonnateur du dossier, l’a imaginé. Un secteur d’Auxerre qui a vivre une mutation en profondeur durant une décennie en connexion avec la nature et le développement de l’économie durable… ». Crédits Photos : Thierry BRET et Cabinet Silvio d’ASCIA.

Sur l’une des pages numériques présentant son cabinet d’architecte, il se définit comme étant une « petite agence architecturale au service des grands projets ». Discret, presque effacé quand il se soumet au jeu de l’interview face aux journalistes qui lui posent moult questions sur les contours de cette grande réhabilitation urbaine devant transformer le quartier Batardeau-Montardoins à Auxerre, Silvio d’ASCIA devient pourtant volubile et enthousiaste lorsqu’il s’épanche sur le concept. Certes, il s’agit de valoriser des sites industriels implantés sur ce secteur depuis des lustres. Mais, il y va aussi du réaménagement et de la modernisation de tout un quartier pouvant faire tache d’huile sur l’ensemble de la ville…

 

AUXERRE : Son léger accent d’inspiration transalpine apporte une note plutôt agréable teintée d’exotisme à l’échange qui suit juste après la présentation. Durant trente minutes environ, sur la scène et seul face à un auditoire composé d’Auxerroises et d’Auxerrois désireux d’en savoir davantage sur le fameux projet de réhabilitation du quartier, l’architecte parisien a déroulé ses explications, slides à l’appui faisant office d’illustrations. Il n’aura pas été avare en détails et informations techniques, d’ailleurs. Puis, une fois l’exercice terminé, Silvio d’ASCIA accepte de répondre dans un espace un peu plus tranquille aux interrogations d’usage qui ne manquent pas de germer dans les esprits curieux des journalistes présents. Il est vrai que le garçon, responsable en sa qualité d’architecte de son cabinet éponyme, a hérité après appel d’offres de l’imposant dossier : celui de rendre son âme à ce vaste projet urbain visant à transformer le quartier Batardeau-Montardoins et de revaloriser les anciens sites industriels existants. D’ailleurs, le nom de code de ce concept unique en son genre dans l’Hexagone s’appelle « Ambitieuse ». Un terme qui n’est pas là par hasard et qui comprend un ensemble de mots – on ne saura malheureusement pas lesquels – devant révéler toutes les nuances de ce projet.

« Ce projet respecte les contraintes de l’environnement, du patrimoine, de l’histoire, affirme le professionnel du bâtiment, on a essayé de réaliser un projet qui soit partagé et co-construit avec la collectivité. L’idée est de valoriser le patrimoine mais pas dans une logique passéiste et de décroissance. On peut être innovant à la pointe technologique et du numérique mais on peut l’être également en désartificialisant les sols, en proposant un projet qui soit compatible avec tous les critères de la loi ZAN, on construit de la surface mais on réduit de la surface imperméabilisée. On a construit la ville sur la ville, c’était çà l’objectif ! ».

 

 

La connexion avec la nature, la priorité !

 

Valoriser les bâtiments de l’ancien site industriel GUILLIET représentait l’enjeu de ce travail dont vient de restituer, slides à l’appui, un Silvio d’ASCIA très inspiré.

« On a gardé l’emprise des anciens silos pour réaliser de nouveaux bâtiments sur les bords de l’Yonne, ajoute l’architecte francilien, on a construit des zones de surélévation sur les silos pour donner des surfaces supplémentaires intéressantes au niveau de la vision panoramique et de la fonctionnalité. Il y a la fois sur ce chantier de l’innovation technologique et une valorisation fonctionnelle. Les silos doivent devenir autre chose à l’avenir… ».

Des silos qui bénéficieront désormais de nouvelles fonctions tout en conservant leur aspect patrimonial industriel. L’impression qui se dégage des documents projetés sur grand écran est de se retrouver en présence d’une ville érigée dans la ville.

« C’est exact, poursuit Silvio d’Ascia, une ville construite dans la ville, avec la nature ! Elle devient le fil rouge de ce projet, puisqu’elle entre à l’intérieur des halles, avec notamment un espace piéton important… ».

 

 

 

Une nature qui sera en connexion avec la totalité des projets : le logement, les services de la halle, les nouveaux espaces touristiques dont les hôtels et pôles de restauration.

Quant à l’eau, elle a beau couler dans le lit de la rivière Yonne située à deux pas de là, elle n’est pas très loin dans l’imaginaire fécond de l’architecte. « L’eau est placée là, dans les cylindres des silos, et elle y jouera un rôle important… ». Notamment avec la création d’un centre de remise en forme disposant d’un spa !

Il y aura également le réseau de chaleur urbaine s’adossant sur la présence aquatique, un réseau enterré bien évidemment. L’attractivité économique et sa dynamisation s’inviteront également en ce lieu. C’est ce que confirme le responsable du projet du point de vue conceptuel.

« L’attractivité ne sera pas que touristique, l’idée est de la développer autour de l’hyper connexion et des technologies. Une technologie qui sera au service de l’environnement… ».

 

 

Auxerre, un démonstrateur de la vie économique durable

 

Il faudra désormais s’armer de patience avant de pouvoir réserver sa séance particulière dans le spa car le projet devrait s’échelonner en trois à quatre phases étalées sur une dizaine d’années. Soit au bas mot en…2035. Un programme qui s’articulera selon différentes étapes tout en considérant le retour des habitants dans ce quartier, grâce à la création de nouveaux logements. De petits studios au T5.

Quant aux silos, ils devraient être affectés à leur nouvelle fonction dès 2028.

« Auxerre est une ville moyenne qui peut présenter un projet extraordinaire, en la connectant avec de la modernité, explique Silvio d’ASCIA, il faut avoir le courage et l’ambition d’innover. Cela peut aussi enclencher des modifications dans d’autres quartiers de la ville… ».

Ne pas laisser à l’abandon cet endroit de la ville doit revenir à la stratégie portée par la collectivité. Un projet qui créera dans ses vingt mille mètres carrés de surface commerciale de nombreux emplois. Y compris dans les deux hôtels à venir (80 chambres chacun) et la restauration. Des start-ups pourraient également s’implanter sur ce site abordé en profondeur dans sa réflexion. Auxerre devrait être un démonstrateur de la vie économique durable.

 

Thierry BRET