Travaux Publics : la FRTP régionale tient bon la barre pour éviter les dérives conjoncturelles vers la mer des Sargasses...
Garder le cap. Tenir fermement le gouvernail et aller de l’avant en évitant l’écume pour se rendre à bon port. Celui de l’attractivité et des affaires ; de la réussite économique, aussi, pour les acteurs de la filière des travaux publics. Tels sont les messages que souhaitaient faire passer à leurs adhérents les responsables de la FRTP BFC, dont le président Vincent MARTIN. Une corporation qui est impactée par les soubresauts tempétueux de la conjoncture économique, décidément en berne, après la baisse drastique des subsides accordés par les collectivités territoriales. Alors, quoi de plus naturel que d’avoir choisi des références du milieu nautique lors de la dernière assemblée générale, accueillie au Domaine de Vantoux à Messigny en Côte d’Or pour se serrer les coudes…
MESSIGNY-ET-VANTOUX (Côte d’Or) : « La mer est dangereuse, et ses tempêtes terribles…, écrivait jadis le navigateur portugais Fernand de MAGELLAN, l’un des premiers grands explorateurs à parcourir les océans, mais ces obstacles n’ont jamais été une raison suffisante pour rester à terre… ».
Une maxime un tantinet volontariste dont a fait sienne, visiblement, le toujours très dynamique président de la FRTP de Bourgogne Franche-Comté, un Vincent MARTIN, encore tout auréolé de sa récente distinction de Chevalier de la Légion d’honneur, promu le 13 juillet dernier !
C’est en s’inspirant du fameux navigateur portugais (et plus globalement en faisant allusion sans retenue aux activités nautiques) que la Fédération régionale des Travaux publics de Bourgogne Franche-Comté a réuni il y a quelques jours plus de 150 participants lors de son assemblée générale, un rendez-vous traditionnel servant de prise de pouls du terrain mais aussi des représentants des collectivités locales invités à cet égard.
« Nous entrepreneurs des TP, nous sommes aussi des explorateurs… ».
Un cadre plutôt sympathique – le Domaine de Vantoux dans la jolie bourgade de Côte d’Or, Messigny – et cette atmosphère « maritime » que les participants retrouveront même au niveau du décorum de cet évènement : le ton était donné fort judicieusement. Plusieurs invités de marque avaient effectué le déplacement. En premier lieu, le représentant national de la FNTP, Alain GRIZAUD.
« Il le sait, précisa Vincent MARTIN, notre région est dynamique et combattive. Elle s’affiche comme un acteur économique majeur, motivée et engagée pour entretenir des partenariats gagnant-gagnant avec les acteurs publics et privés… ».
Quant au choix de cette thématique pour le moins insolite si loin du littoral hexagonal, le bouillant président de la FRTP de Bourgogne Franche-Comté l’expliquera un peu plus tard dans la journée : « Nous aussi, entrepreneurs des travaux publics, nous sommes nous aussi des explorateurs, audacieux et résilients. Ce sont les qualités essentielles pour traverser des tempêtes. Nous souhaitons maintenir le cap de nos ambitions malgré les aléas de la conjoncture parce que notre profession doit rester maitresse de son destin et parce qu’elle catalyse les énergies et les forces vives de toute une contrée ! ».
Parmi les autres personnalités, présentes dans la salle, qui écoutent avec intérêt le déroulé de l’homme fort de la FRTP, il y a le successeur de François REBSAMEN à la mairie de Dijon, Nathalie KOENDERS ou encore l’aventurière Peggy BOUCHET, la première femme à avoir traversé à la rame l’Atlantique, en 2000, après une première tentative avortée deux ans auparavant où elle fut sauvée in extremis de la noyade. Plusieurs élus assistent eux aussi à ce rendez-vous où l’on tire les enseignements de la saison écoulée. C’est à eux que s’adresse Vincent MARTIN à un moment crucial de son allocution.
« Vous, les élus locaux, vous êtes aussi de ce voyage (allusion au monde du nautisme) et vous allez devoir prendre vos responsabilités pour éviter le naufrage, affirma alors l’orateur très volubile et à l’aise derrière la tribune, investir pour nos territoires relève pleinement de votre responsabilité. Les infrastructures sont essentielles pour l’attractivité, à l’instar du développement des mobilités, l’accroissement des énergies renouvelables, l’alimentation en eau des foyers. Nous traversons une tempête, dans un contexte économique et politique instable, qui déclenche inquiétudes et frilosité dans le lancement de projets en infrastructures… ».
Plus de 11 000 emplois propres à la filière dans la région
Naturellement, les futures échéances de 2026, les municipales dont tout le monde parle déjà, s’invitèrent sur l’estrade. Mais pas que. Car derrière 2026, s’enchaîneront alors les présidentielles de 2027 et les élections départementales l’année suivante. Autant de rendez-vous électoraux qui pourraient porter un sérieux coup de frein aux besoins d’infrastructures des collectivités et surtout à leurs financements. A ce propos, Vincent MARTIN possède une inexorable parade : « il serait grandement préjudiciable d’attendre le passage de ces échéances pour poursuivre les investissements. Quelle énorme erreur ce serait, de stopper, tout projet, tout chantier… ». Sa botte de Nevers, en somme. Il poursuit : « ce serait regrettable pour les citoyens d’abord, qui verraient leur cadre de vie régresser et leur quotidien altéré par des difficultés majeures. Mais, cela serait également préjudiciable pour nos territoires ensuite : la transition énergétique, nécessaire, et dont on parle tant, ne peut pas se faire sans les Travaux Publics. Comment justifier, par exemple, aux entreprises de canalisation la baisse d’activité alors qu’en même temps, elles permettent la préservation de la ressource en eau ? ».
Imparables arguments que les élus de Côte d’Or écoutèrent sans sourciller. Quant au développement économique des entreprises et la préservation des emplois, ils ne s’en remettraient pas si tout était stoppé net durant ces deux années de périodes électorales.
Aujourd’hui, en Bourgogne Franche-Comté, on compte plus de 11 000 emplois inhérents à cette filière des travaux publics. Ce sont autant de familles, qui vivent et font vivre notre région. Sachant, toutefois, que la profession dépend à 60 % de la commande publique.
Ne pas connaître l’immobilisme de la mer des Sargasses !
Continuant au pupitre, le président de la FRTP régionale insista sur le courage et les responsabilités que doivent assumer les élus locaux. « Il ne faut pas se laisser happer par les cris des sirènes insidieuses de la décroissance et de l’attentisme, ajouta M. MARTIN. Pour cela, l’Etat propose un panel d’aides budgétaires, qu’il convient d’utiliser, et que je propose de vous rappeler : la Dotation de Soutien à l’Investissement Local (DSIL), qui finance les grandes priorités d’investissement des communes ou de leurs groupements dans les domaines du développement écologique, de la qualité du cadre de vie, le développement des énergies renouvelables et le développement d’infrastructures en faveur de la mobilité…. ».
Se faisant pédagogue, Vincent MARTIN lista publiquement comme dans un cours magistral les autres moyens existants dont peuvent user les collectivités territoriales. Comme le Fonds d'accélération de la transition écologique dans les territoires (Fonds Vert) qui finance, au niveau régional, le recyclage des friches, le renforcement du tri à la source et de la valorisation des bio-déchets et les aménagements cyclables. Mais, il y a aussi la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) qui finance les projets des petites collectivités, particulièrement des collectivités rurales.
« Il est utile de savoir que les préfets sont chargés de rechercher à mobiliser les fonds européens en complémentarité des aides que je viens de citer, souligna l’interlocuteur, alors engagez des projets, investissez et ne faites pas des Travaux Publics, essentiels à tous, une variable d’ajustement de vos budgets. Les conséquences seraient désastreuses ! ».
Une fois les messages distillés par son amiral, le bateau de la flotte FRTP BFC pouvait alors quitter le port et reprendre la mer vers le grand large pour y vivre de nouvelles aventures qui soient éloignées de la mer des Sargasses, synonyme d’enlisement et d’immobilisme à moyenne échéance…
Thierry BRET