Tribune : et une catastrophe de plus pour l’Hexagone : une balance commerciale en berne !
La France enregistre une nouvelle envolée du déficit de son commerce extérieur : un trou de 43 milliards d’euros au total sur le premier semestre 2025. La facture s’alourdit mois après mois. Il ne s’agit plus de savoir si nous battrons un record, cela est acquis. Après 80 milliards de déficits en 2024, la vraie question est de savoir de quelle ampleur sera le record à la fin de l’année 2025.
TRIBUNE : On pourrait commencer cette tribune par la parodie d’une célèbre chanson : « j’ai la dette qui se creuse, le budget qui dérape, la balance qui penche trop, les plus pauvres sont en hausse, le Sénat qui s’endort, et la Chambre vocifère, les partis prêts à mordre… : ha mon Dieu qu’c’est embêtant d’être toujours malade, ha mon Dieu qu’c’est embêtant d’être au gouvernement… » (Chantée par Gaston OUVRARD en 1932). Il est vrai que nos gouvernants ressemblent plus à des comiques troupiers, qu’à des personnes soucieuses de notre avenir, au lieu de se regarder le nombril.
Notre déficit commercial du premier semestre s’élève à 43 milliards d’euros, soit 4,5 milliards de plus que la même période de l’année dernière. Il s’explique d’abord par la baisse de la facture énergétique : nous avons exporté moins d’électricité, et comme les prix de l’énergie ont reculé, nous y avons gagné moins au change, la double peine, en quelque sorte. Le secteur aéronautique a également plombé notre déficit commercial avec, notamment, moins de ventes d’avions. Airbus a eu du mal à tenir les cadences de livraisons d’appareils à ses clients internationaux.
Parallèlement, nous avons importé plus de médicaments, ce qui a accentué le déséquilibre de nos échanges commerciaux. Signe de notre perte de souveraineté dans ce secteur, les importations de produits pharmaceutiques ont atteint un record historique, essentiellement en provenance de Chine : les importations de produits pharmaceutiques ont plus que doublé en valeur à 1 milliard 100 millions entre janvier et juin de cette année contre 500 millions au premier semestre 2024.
L'année s'annonce mal. Dans un entretien au journal « Le Monde » du jeudi 7 août, le ministre du Commerce Extérieur parlait d’un « vrai signal d’alerte ». Mais cela est aussi et surtout, la preuve que le tissu productif français est malade : taux d'emploi trop faible, coût du travail trop cher, fiscalité pénalisante, lourdeurs administratives… Nos PME exportatrices ne s’en sortent plus, leur perte de compétitivité les assomme sur la scène internationale, et nous en payons le prix un peu plus chaque jour. Nous voyons ici le besoin urgent de justes et sérieuses réformes structurelles.
Le secteur agricole en berne
Pour les sept premiers mois de l'année 2025, selon les données des douanes, l'excédent commercial agricole et agroalimentaire se résume à 367 millions d'euros, vins et spiritueux inclus. Une baisse de 92 % par rapport à la même période de 2024 (4,6 milliards). Les droits de douane imposés par les Etats-Unis, impactent peu, pour l’instant, les résultats. Cependant ils constituent toujours une épée de Damoclès. Les ventes de vins et de champagnes diminuent, et surtout, le Mercosur présente déjà une menace grandissante, voire une réalité dans certains secteurs : le blé, les poulets (surtout venant d’Ukraine). Aucune concurrence possible avec les productions nationales. La France a l’agriculture la plus vertueuse de la planète, avec des normes nationales qui vont bien au-delà des normes imposées par Bruxelles. Les coûts sociaux pratiqués en Espagne notamment pour la production des fruits et des légumes sont extrêmement bas, et la France ne peut pas s’aligner. Le problème, la pauvreté augmente et un poulet ou un kilo de fraises, même s’ils sont toxiques pour la santé, attirent nécessairement les consommateurs ! Le bio est devenu un luxe et les produits de proximité ne sont pas encore au rendez-vous des prix attractifs. La situation économique des Français est telle qu’aujourd’hui, on n’achète plus un produit mais un prix, et ce, quelque que le produit !
Pour l’anecdote, la Normandie ne peut plus s’auto-satisfaire en crème fraiche. Près d’un milliard de litres de lait en moins en 2024 ! Alerte sur la balance commerciale agricole : nous vivons une crise historique. Pour la première fois depuis 1978, la France s’apprête à voir sa balance commerciale agricole basculer dans le rouge. Un séisme pour notre commerce extérieur, dont l’agriculture est l’un des derniers bastions.
Une situation délicate à redresser
C’est d’autant plus difficile à gérer, dans un contexte marqué par les incertitudes géopolitiques et économiques, il convient d’ajouter l’instabilité gouvernementale et les révoltes sociales en France ! Il faut dire que les turpitudes de Donald TRUMP, les tensions exacerbées avec la Chine et les conflits qui ressurgissent dans différentes parties du monde ne sont pas de bonnes nouvelles pour le commerce international.
Trop de secteurs sont en crise aujourd’hui, les voitures françaises se vendent mal, au global, l’économie française est plus tournée vers la consommation que vers la production. Cela impacte le commerce extérieur qui est en moyenne déficitaire de quelque 75 milliards d’euros sur les dernières années, alors que le commerce extérieur allemand est excédentaire de plus de 200 milliards d’euros.
Pourtant, les opportunités pour l’industrie française sont nombreuses. Tout d’abord, l’algorithmique et la robotisation rapprochent les coûts de production entre les différentes régions du monde. Autre enjeu précisé dans l’étude du Haut-Commissariat au Plan, « le défi climatique impose de réduire le transport des produits manufacturés ». Enfin, « l’opinion perçoit la nécessité de réindustrialiser la France pour créer des emplois et de l’activité, notamment en régions ». Dans ce contexte, quels sont les leviers pour le retour du made in France ?
Trois secteurs prioritaires
Après avoir passé au crible plus de 900 filières, le Haut-Commissariat a analysé leur impact sur la balance commerciale et les opportunités qu’elles présentent. Trois secteurs d’activité sont particulièrement opportuns car ils conjuguent plusieurs atouts : une demande nationale pérenne, des débouchés à l’export, un temps d’avance en termes de savoir-faire et d’innovation offrant des perspectives de compétitivité. Les équipements de la maison : la situation est particulièrement paradoxale pour le mobilier en bois alors que la France dispose de l’une des plus grandes forêts d’Europe et notre excédent commercial en bois ronds se situe autour de 200 millions d’euros. Pourtant, les meubles en bois pour les chambres à coucher affichent un déficit de plus de 220 millions d’euros.
Dans le domaine de la santé, la France est en situation de vulnérabilité préoccupante, analyse le rapport, notamment face à une grande dépendance aux aiguilles, cathéters, attelles, gouttières… Du côté des produits agricoles et agroalimentaires : la France produit de nombreuses ressources alimentaires qu’elle exporte, puis importe des produits transformés dont la relocalisation serait possible. Par exemple, si la France est le premier exportateur mondial de pommes de terre ; elle importe cinq fois plus de chips qu’elle n’en exporte alors que des usines de transformation existent sur notre sol. Autre exemple : elle est déficitaire dans la production de vêtements ou de linge en lin.
Tout semble compromis sauf l’espoir
Un gouvernement incisif réalisant l’unité pour redresser la France dans sa vie économique et financière devrait mettre en place des actions pérennes, stratégiques et politiquement correctes pour le pays : ce sont des conditions indispensables. Attente majeure des Français, la ré-industrialisation est au cœur des débats de la présidentielle. Dans le contexte géopolitique actuel, elle apparaît d’autant plus importante pour réduire les dépendances. Au-delà de son constat chiffré, ce rapport a le mérite d’appeler, pour chaque production, à une réflexion qui intègre tous les maillons de la chaîne. C’est une cartographie globale accompagnée d’une boussole au service de la reconquête industrielle par un Etat stratège ! Nous avons les atouts nécessaires, et les investissements dans la recherche sont à privilégier. Dans ce cas, l’investissement est un coût pour l’avenir, des dépenses à privilégier. Au lieu d’examiner les « mesurettes » qui pourraient diminuer de manière ponctuelle le budget, et de manière non signifiante, nous savons que la France possède les cerveaux et les infrastructures, que les entreprises ont la monnaie afin d’investir pour notre avenir. Il manque juste un peu de pragmatisme et de stratégie à long terme du côté des gouvernants et des dirigeants. L’espoir est là où la volonté politique peut s’épanouir !
Notre Président Emmanuel MACRON a reconnu il y a peu l’Etat de Palestine : il est temps qu’il reconnaisse l’état… dans lequel il a mis la France !
Jean-Paul ALLOU