Malgré la météo capricieuse, la Fête des vins de Chablis célèbre 77 ans de passion et de partage
En dépit d’un ciel capricieux, la 77ème Fête des Vins de Chablis a tenu toutes ses promesses, rassemblant vignerons, élus, visiteurs et autres amoureux du chablis, autour d’un terroir d’exception. Entre tradition, discours inspirés, dégustations et bans bourguignons, le village a une fois encore vibré au rythme de son vignoble légendaire.
CHABLIS : C’est en 1949, au sortir de la guerre, que Chablis célébrait pour la première fois ses vins, symbole du renouveau après les années noires du phylloxéra. Soixante-dix-sept ans plus tard, la tradition perdure et chaque dernier week-end d’octobre, le village tout entier se transforme en temple de la convivialité, entouré de coteaux flamboyants sur lesquels l’automne a jeté un voile doré. A peine 10 heures et déjà beaucoup de monde en ce dimanche matin, le marché bourguignon faisant comme à son habitude le plein de visiteurs. Une effervescence mise en musique par la fanfare des « Enfants de Chablis », dont les accents cuivrés ont eu tôt fait de lancer le défilé. La pluie menace et il faut faire vite, le pas est alerte et cadencé ! En tête de cortège, le parrain du millésime 2025, Jacques BONNAFÉ fait le show, mimant un défilé militaire… On a connu soldat plus discipliné ! La fanfare doit évoquer chez l’acteur quelques souvenirs, lui qui était au générique du film éponyme d’Emmanuel COURCOL, au succès populaire incontesté, avec plus de 3 millions de visiteurs. Ça bouchonne un peu en traversant les allées du marché mais on n’est pas à Chablis pour rien et le « bouchon » a tôt fait de sauter !
Une météo maussade pour taquiner Bacchus !
Cette année, la prudence était de mise et la météo maussade a contraint les organisateurs à se replier à l’heure des discours et intronisations, sous un podium, plutôt que sur le traditionnel perron de pierre du Château Long-Depaquit, hôte de l’évènement. Grégoire GAUTHERIN, nouveau président de l’Office du chablis a ouvert la cérémonie, saluant un vignoble unique par sa typicité : « ici, la vigne n’est pas seulement une culture à part entière. Elle façonne nos paysages, notre économie, notre esprit. Le nom de Chablis résonne bien au-delà de nos frontières. Porté par des vins d’exception, il est reconnu dans le monde entier… ». S’engageant à poursuivre l’aventure « dans le respect de nos valeurs avec l’envie de faire rayonner toujours plus haut le nom de Chablis… ».
A seulement vingt ans, il succède à Patrice VOCORET, chaleureusement remercié pour avoir su donner un nouvel élan à la manifestation, en la jumelant avec le « Marathon de Chablis », comme l’a rappelé Marie-José VAILLANT, maire de la commune : « ton idée de jumeler ces deux festivités à caractère international était tout juste géniale ! L’une et l’autre sont si différentes mais tellement complémentaires… ».
Tout en taquinant le Dieu du vin d’un clin d’œil météorologique : « on aurait pu croire que cette fête était bénie de Bacchus mais ce matin, il doit être fatigué de son samedi ou perturbé par le changement d’heure ! ».
Le meilleur ambassadeur de l’Yonne, le chablis !
Les représentants du Département, de la Région et du Sénat ont tour à tour souligné le rôle moteur du vignoble dans l’économie locale et son rayonnement international. Pour Christophe BONNEFOND, vice-président du Conseil départemental, « Chablis est une pépite que nous dégustons sans modération… ». Son homologue à la Région, Nicolas SORET, mettait en avant les efforts engagés pour adapter la viticulture aux défis climatiques, notamment à travers le projet de recherche « Canopée ». La sénatrice Dominique VÉRIEN, insistant pour sa part, sur la « mission d’ambassadeur » que portent les élus et les vignerons, narrant avec fierté comment elle promeut les vins de l’Yonne jusqu’au Canada. Ambiance à la fois protocolaire et joyeuse, comme lorsque le Président de la 77ème Fête des Vins, l’acteur Nicky BARBOT, visiblement conquis, a lancé un ban bourguignon, repris par toute l’assistance : « partout où je vais, à New-York, à Tunis, en Afrique du Sud, tout le monde connaît Chablis et tout le monde dit que c’est le meilleur vin du monde… ». Nul doute qu’avec de tels propos, il a déjà son billet en poche pour revenir en qualité d’invité !
Le chablis vin des rois ? Non, le vin roi !
La marraine de l’édition, Sandrine QUÉTIER a remercié une fois encore les Chablisiens pour leur accueil chaleureux, « nous avons dégusté, beaucoup et marché, un peu ! ». Son complice Jacques BONNAFÉ concluant à sa manière avec un savoureux accent « ch’ti » : « j’dois vous dire, à un moment, faut tomber l’masque ! J’suis pas vraiment du Sud et plutôt habitué à la bière… Mais ici, on apprend vite ! ».
Et à voir les visages quelques peu « fatigués » au lendemain du banquet de la veille au soir, certains sont meilleurs élèves que d’autres ! On attribue à Rabelais ce dicton : « Jamais Homme noble ne hait le bon vin » Une maxime qui sied bien à Chablis et à ses vins, auréolés depuis longtemps de leurs lettres de noblesse. « Chablis vin des rois »…? Non ! Le « vin roi » !
Dominique BERNERD