Conseiller municipal d’opposition à Auxerre, Mathieu DEBAIN a officiellement lancé sa candidature pour les élections municipales de 2026. Sans étiquette partisane, c’est sous sa bannière citoyenne « Demain les Auxerrois », qu’il ambitionne de construire une alternative à la majorité actuelle, en misant sur la proximité, la concertation et une refonte de la démocratie locale. Avec pour ambition, de redonner la parole aux habitants et impulser une nouvelle dynamique à la ville.

AUXERRE : Les marchés sont d’ordinaire fréquentés par les candidats en campagne pour y distribuer tracts et professions de foi. En organisant, entouré d’une trentaine de colistiers et sympathisants, une conférence de presse dans les travées de celui de l’Arquebuse vendredi soir, Mathieu DEBAIN est assuré au niveau de la communication d’avoir pris une longueur d’avance sur ses adversaires potentiels aux prochaines municipales ! A 46 ans, ce kinésithérapeute à l’AJA de profession, engagé en politique locale depuis plus de deux décennies, entend bien incarner une nouvelle voie pour sa ville, avec une liste citoyenne et trans-partisane : « je ne solliciterai aucun parti et tiens à clairement exprimer que c’est une candidature de projet et non d’idéologie politique ».

Un projet construit depuis deux ans avec les Auxerrois eux-mêmes, via huit mois de porte-à-porte et plus de 2 200 questionnaires analysés, « on a fait un travail de terrain, on a écouté les Auxerrois et cela nous a permis d’avoir un constat des forces et des faiblesses de notre territoire et de ce qu’attendaient ses habitants ».

Cinq priorités ont émergé de cette consultation populaire, qui structureront sa campagne et son programme : la désertification médicale, le développement économique, la sécurité, la redynamisation du centre-ville et la démocratie participative. Autant d’enjeux de bon sens et non de postures idéologiques, insiste Mathieu DEBAIN : « on veut être une liste citoyenne de rassemblement et on tend la main à toutes celles et à tous ceux qui veulent nous rejoindre et travailler pour leur ville et on construira avec eux l’avenir d’Auxerre… ».

Le retour des Conseils de quartier pour garder le lien…

On retrouve dans son équipe d’anciens élus, des membres de la société civile, des profils de tous âges aux parcours variés. Une volonté assumée de renouvellement, tout en s’appuyant sur des expériences solides, à l’image de Jean-Paul SOURY ou de l’ancienne élue départementale Monique HARDBROLEC, figure auxerroise ô combien emblématique, qui l’a vu faire ses premiers pas en politique à ses côtés, présents tous les deux vendredi soir pour attester de leur soutien. Le candidat à la mairie d’Auxerre revendique une trajectoire patiente : « j’ai beaucoup appris pendant ces cinq années dans l’opposition. C’est dur mais c’est très formateur. On se retrouve seul, il faut travailler tous les dossiers, tous les sujets, ça prend beaucoup de temps mais c’est très formateur. Je ne voulais pas brûler les étapes, mais je me sens aujourd’hui capable d’être demain le maire d’Auxerre… ».

Si son engagement passé auprès de Guy FEREZ ou son soutien à Emmanuel MACRON lui valent parfois des critiques, il s’en défend : « certains me mettront cette étiquette de macroniste sur le dos, même si je préfèrerais des débats de projet. J’ai soutenu Emmanuel MACRON parce que j’ai cru en sa politique et on était beaucoup à le faire. Est-ce que tout était parfait ? Bien évidemment non, il y a beaucoup de choses qui m’ont déçu… ».

S’il est un domaine où l’élu communautaire entend bien se démarquer du maire actuel, c’est bien celui de la démocratie locale : « partout les gens nous disent qu’il n’y a plus de discussion avec les élus, que les décisions sont prises sans eux… ». S’il garde pour lui les détails de ses mesures participatives, la mise en place de conseils de quartier est déjà actée, ainsi que d’autres dispositifs de concertation, « ce n’est pas une question de droite ou de gauche, à ce niveau, les habitants attendent des réponses concrètes sur leur quotidien… ».

Deux sujets sensibles : les PAV et les finances locales

Le choix du marché de l’Arquebuse pour lancer la campagne n’est pas anodin. Alors que Crescent MARAULT souhaite y investir 8 millions d’euros pour rénover le lieu, le candidat DEBAIN propose comme alternative de créer une halle gourmande en centre-ville, soit au « Carré du Temple » ou place des Cordeliers, avec l’idée d’animer le cœur de ville tout en récupérant le marché souterrain de l’Arquebuse comme parking. Il ne ménage pas ses critiques envers la majorité actuelle tout au long de son intervention, en particulier sur deux sujets sensibles : les Points d’Apport Volontaire (PAV), largement décriés par les habitants ainsi que les finances locales : « je dis clairement que si nous sommes élus, il n’y aura pas de points d’apport volontaire sur l’ensemble du territoire… », prônant une solution concertée et pragmatique : « on arrête tout, on se met autour de la table, on met une méthode et on trouve une solution ». Sur les finances, la sonnette d’alarme est tirée : « on nous parle d’une dette maîtrisée, mais via l’EPF (Etablissement Public Foncier), la ville a acheté plus de 60 biens et ce sont plus de 12 millions d’euros qu’il faudra rembourser. On est dans une telle imposition sur le foncier que l’on ne pourra plus augmenter, au risque que cela devienne contre-productif et que les gens quittent Auxerre ! ». 

L’hommage appuyé à Guy PARIS

La campagne commence dès maintenant, avec la distribution d’une lettre à tous les foyers d’Auxerre, qui se poursuivra par du porte-à-porte puis des réunions publiques, ainsi qu’une présentation officielle de la liste et du programme début 2026. Quant aux alliances de second tour, Mathieu DEBAIN botte prudemment en touche à la manière d’un joueur de l’AJA : « je joue toujours la première mi-temps avant de jouer la deuxième, donc on va jouer la première, on réattaquera la seconde et on verra ce qu’il en est… ».

Cette conférence de presse aura été l’occasion pour Mathieu DEBAIN de rendre un hommage appuyé à Guy PARIS, récemment disparu : « Guy a été un homme qui m’a beaucoup accompagné, qui était important pour moi et je sais qu’il va me manquer pendant cette campagne… ». Il est vrai qu’un peu d’humanisme et un brin d’altruisme, ne nuiraient pas au marigot qu’est devenue la vie politique !

Dominique BERNERD