La FFB 89 et le GEIQ BTP BFC à l’écoute d’Ukraine Solidarité 89 : former ici pour mieux reconstruire le pays ?
La poignée de main est franche. Les sourires, eux, sont beaucoup plus timides et réservés. Conviés à venir découvrir l’univers spécifique des métiers du bâtiment au sein des locaux relookés de la FFB de l’Yonne, les représentants de la petite délégation ukrainienne, invitée par « Ukraine Solidarité 89 », ont pris soin de noter toutes les opportunités existantes, offertes par le GEIQ, organisme spécialisé dans le recrutement, la formation et l’emploi de la filière. Objectif : préparer les jeunes de ce pays en conflit ouvert avec la Russie à travailler à la reconstruction de leur pays meurtri…
AUXERRE : Ce n’est pas dans les habitudes quotidiennes. Mais, la Maison du Bâtiment de l’Yonne a accueilli une rencontre internationale, lundi matin, dans l’une de ses salles de réunion en début de matinée. Une rencontre s’avérant fructueuse où il était question d’échanger sur les possibilités d’accueil et de formation de jeunes gens, filles et garçons, originaires d’Ukraine, autour des métiers du bâtiment. Une piste à explorer avec différents prismes par les organisateurs de la manifestation.
D’une part, il était possible de faire le point sur les métiers de la filière, parfois en tension et intimement liés au développement de la situation économique, voire sociétale actuelle – on pense nécessairement aux marchés engendrés par la commande publique -, d’autre part, d’offrir peut-être une opportunité de formation et de qualification à ces jeunes gens âgés de moins de vingt ans, confrontés à la dure réalité de la guerre depuis trois ans déjà, en les éloignant de la zone de conflit et en les préparant au projet de reconstruction du pays, une fois la période belliqueuse terminée. Un projet louable à 100 %, empli de bonne volonté qui devait regrouper autour de la table les membres de la FFB de l’Yonne (Fédération Française du Bâtiment), du GEIQ (Groupement d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification) de Bourgogne Franche-Comté et du collectif « Ukraine Solidarité 89 ». Et puis, il y avait également les ressortissants ukrainiens. Une demi-douzaine de personnes, affables et souriantes, réfugiées dans l’Yonne depuis plusieurs mois. Des personnes, heureuses d’être là, évidemment…
Une opération à décliner sur le long terme
Du côté de la FFB 89, on notait la présence du président de la fédération départementale, Cyril CHARETIE. « L’intérêt de cette initiative est de pouvoir bénéficier de personnes ayant envie de s’investir localement dans le monde du travail, expliqua-t-il, de les former et de les intégrer dans nos structures quand c’est possible, de bénéficier de main d’œuvre que l’on puisse pérenniser… ».
Même si le carnet de commande ne se situe pas au beau fixe, visiblement. Quant au contexte économique, il ne semble pas bercer d’optimisme pour le secteur en proie à l’attentisme ambiant. D’ailleurs, Cyril CHARETIE reste prudent quant à la suite à donner à l’initiative : « nous sommes plutôt sur du long terme, compte tenu des paramètres économiques actuels, ajoute-t-il, c’est plutôt wait and see avant de prendre des décisions ! ».
Les deux Céline (GUILLOT et RUFFLOCH, respectivement directrice et directrice-adjointe du GEIQ BTP dans l’Yonne) se montrent tout aussi circonspectes : « l’intégration de ces jeunes gens dans la filière du BTP est soumise au financement de l’opération. L’idée est surtout d’échanger sur les prémices d’une telle anticipation, quels types de financements et de dispositifs les plus adaptés à mettre en place. Et savoir combien de jeunes seraient au final concernés par cette initiative pédagogique et quand ! ».
Une opération de débroussaillage qui aura eu le mérite d’exister et qui se sera appuyée également sur la visite d’un chantier où les membres de la délégation ukrainienne purent s’entretenir avec de jeunes étrangers travaillant en France.
La dimension du projet a été perçue de façon régionale par les représentants du GEIQ BTP. En témoigne la présence du secrétaire général régional de Bourgogne Franche-Comté, Jérôme CARAMELLE, qui assistait à ces discussions. Lui, aussi, dans l’expectative quant à son résultat.
La situation de l’Yonne reste ouverte au niveau des emplois
A contrario, l’Yonne a pour l’heure échappé aux affres du doute au niveau de l’activité BTP. Ce que confirme Céline GUILLOT.
« Les deux départements phare sur notre activité restent l’Yonne et la Côte d’Or. Paradoxalement à ce qui a été dit, l’Yonne n’est pas dans la souffrance professionnelle sur le secteur du bâtiment. Pour le moment, tout va bien ! Cela pourrait être positif pour des embauches nouvelles. Mais, les entreprises ont relevé leur niveau d’exigence en ce qui concerne l’intégration… ».
Mais, en bout de course de cette hypothétique intégration de jeunes ukrainiennes et ukrainiens dans les sociétés de la région, plusieurs problématiques existent. Les connaissances linguistiques des postulants en représentent une et de taille à l’instar du niveau capacitaire à exercer un métier dans le bâtiment.
Agés de 16 à 18 ans, les futurs bénéficiaires de ce projet ne présentent pas encore un profil connu et identifiable pour les partenaires engagés dans cette aventure, d’où la prudence persistante quant aux tenants et aboutissants du projet lui-même.
« Il faut créer des parcours individualisée et des échanges pour mettre en place ce que l’on sait faire, explique Céline RUFFLOCH, ce processus se situe sur un temps long, il faudra affiner les choses sans omettre de trouver les financements adéquats avant de le lancer… ».
On n’en saura pas davantage en préambule de cette rencontre internationale accueillie dans l’antre de Christian DUCHET, le secrétaire général de la FFB 89. Au moins, l’initiative est lancée. C’est déjà un premier jalon positif à observer !
Thierry BRET