Une démarche artistique au-dessus du handicap pour la famille MORET : « Poétiques de l’eau », au nom du père et…du fils
Il ne reste plus que quelques jours pour profiter de la très belle exposition photographique, installée sur les cimaises de l’Espace culturel de la commune. Un rendez-vous de très belle facture, suscitant admiration, respect et onirisme, à partir du regard du jeune Adrien-Théo MORET. « Poétiques de l’eau » additionne de nombreux clichés pris sur le vif par ce prodige expérimenté de l’art iconographique, âgé de trente-trois ans…
GURGY : C’est l’histoire d’une collaboration humaine à deux voix. Il y a le père, Alain MORET. Il y a associé son fils, Adrien-Théo. Tous deux offrent une vision très expressive de la photographie stylisée, assortie de textes courts, mêlant poésie et envoûtement des sens grâce au verbe. L’un est auteur et philosophe ; l’autre est un garçon qui exprime sa passion de la photographie en réalisant des prises de vue des plus époustouflantes. Normal que ce jeune trentenaire vive entre Auxerre et…Arles, l’un des berceaux de la culture photographique dans l’Hexagone.
Jusqu’au 29 juin – il ne reste malheureusement plus beaucoup de temps pour apprécier le travail de l’artiste au coup d’œil génial -, l’Espace culturel de la localité périphérique d’Auxerre accueille une trentaine de pièces, accrochées sur les cimaises de ce lieu devenu emblématique de la vie artistique dans l’Auxerrois. Mais, cela vaut amplement le détour.
Nom de baptême de cette exposition où l’eau prend source sur chacun des clichés ou presque : « Poétiques de l’eau ». Rien que le titre de cette manifestation est déjà un appel avec saveur à se rendre sur place pour y humer ce qu’il s’y passe. On pénètre dans la grande salle et il est vrai dès le premier coup d’œil : l’on n’est pas déçu !
Des formes, des couleurs, des lieux, des volumes, de l’imaginaire qui se reflète comme dans un miroir sur chacun des clichés : Adrien-Théo MORET possède un don, celui de l’instantanéité de la prise de vue qui fait titiller nos neurones. Une rampe d’escalier assaillie par l’élément aquatique, de la matière métallique servant de simple canalisation dans laquelle l’eau circule, un poteau de bois perdu au beau milieu des vagues et de l’écume, des nénuphars aux couleurs d’airain qui évoluent dans une mare grisonnante…il n’y pas tromperie sur la marchandise : l’approche poétique de l’exposition est fidèlement respectée et procure un sentiment de bien-être et d’ailleurs quand on prend le temps de contempler cet ensemble artistique.
Naturellement, on s’arrête aussi pour lire les textes très littéraires à l’estampille du père de l’artiste et qui permettent de se satisfaire de sa plume, parfaitement bien aiguisée. Chaque cliché est accompagné précisément de ces petits commentaires qui ajoutent une dimension de rêverie et de poésie supplémentaire. Parfois, les annotations se veulent humoristiques.
Par exemple, il y a « Ecumes ». « Pour Victor HUGO, l’écume de l’océan évoque la salive d’un Léviathan. Gare à la vague qui « saute comme une hyène », prévient quant à lui un poète moins connu. Prudence, en tous les cas… ».
Cette lecture croisée de l’eau, entre regard et mot, est illustrée de lumière et de langage finement ciselé. Une belle exposition entre jeux d’ombre et de lumière pour le jeune photographe qui a déjà à son actif une vingtaine d’expositions et qui a su trouver à travers le langage photographique une manière noble et artistique de contourner sa problématique de troubles neurocognitifs imputables à un syndrome de dys-exécutif. A voir sans modération !
En savoir plus :
Exposition Adrien-Théo MORET et Alain MORET
Espace culturel de Gurgy
Jusqu’au 29 juin 2025 inclus
Ouverture mercredi, samedi et dimanche de 14h à 18 h.
Entrée libre
Thierry BRET