« Auxerre Impériale » célèbre le retour de la garde napoléonienne en souvenir de Jean-Roch COIGNET
Auxerre avait rendez-vous avec l’Histoire, samedi matin, pour le 159ème anniversaire du décès du Capitaine Jean-Roch COIGNET. Les membres de l’association éponyme, dans leur uniforme de la garde impériale ont assuré un spectacle haut en couleurs, au son des tambours. Une « grand-messe » napoléonienne les conduisant depuis la place de l’Hôtel de ville jusqu’au cimetière Saint-Amâtre où repose celui qui, à travers ses carnets, nous a légué un témoignage sans pareil des guerres du Consulat et de l’Empire.
AUXERRE : Pas évident de défiler au son des tambours, avec en fond sonore, les notes hivernales de « Jingle Bells » ou de « White Christmas », mais le 1er régiment de la Garde Impériale, depuis Iéna et Austerlitz en a vu d’autres et ils avaient fière allure tous ces grognards en tenue d’apparat, samedi matin, sur le perron de l’Hôtel de ville, sous les ordres du « Lieutenant Jérôme » et le regard attentif d’un personnage revenu pour la circonstance en une ville où il fit ses études, Louis-Nicolas DAVOUT, élevé à la dignité de maréchal d’Empire par Napoléon en 1804.
« Qui va boire ? C’est nous ! Qui va payer ? C’est vous ! ». De retour de campagne, les grognards ont soif et le font savoir mais pour l’heure, devront attendre un peu, le maréchal ayant décidé de passer les troupes en revue ! Un refrain bien connu se fait entendre, le « Chant du départ », aux notes approximatives, mais tout est bon pour terrasser l’ennemi ! On dit même que Napoléon qui en 1804, en fit l’hymne national, le préférant à « La Marseillaise ».
La purification de l’eau à la mode des blanchisseuses
Mais le 1er régiment des grenadiers à pied de la Garde impériale n’est pas constitué que de soldats à bonnets à poils. Etaient présentes également samedi matin, trois vivandières et une blanchisseuse, qui toutes, jouèrent à leur façon un rôle important dans l’épopée des guerres napoléoniennes. Les premières, rémunérées non par l’armée, mais par leur travail, vendaient des produits de première nécessité aux soldats, avec pour obligation, rappelle ce membre de l’association, « d’avoir toujours avec elles, du vinaigre pour purifier l’eau, considérée à l’époque comme impropre à la consommation… ».
L’autre alternative étant de ne boire que du vin ! Ce dont ne s’est pas privée la hiérarchie militaire un siècle plus tard, pour envoyer les poilus au casse-pipe lors de la Première Guerre mondiale ! Chaque régiment comptait en moyenne une blanchisseuse pour un millier d’hommes. Un chiffre pouvant paraître disproportionné, mais seuls les officiers d’alors, faisaient laver leurs chemises, « toutes ces dames devant obligatoirement être mariées à un homme du régiment »… Ouf ! La morale était sauve !
Un maître des horloges à la vêture de circonstance : Julien JOUVET
Autre figure emblématique des armées de l’époque, le sapeur, seul habilité à porter la barbe au sein du régiment, ainsi que le tablier et la hache, comme l’explique cet autre membre de l’association, « une hache pour dégager la route et saper le moral de l’adversaire, autant d’attributs repris des années plus tard par la Légion étrangère… ».
Avec cette anecdote sur le surnom donné à la baïonnette prolongeant le fusil des grognards : « les soldats l’appelaient Joséphine car comme Napoléon, ils la mettaient rarement au fourreau… ». Amis poètes, bonjour !
Mais le maître des horloges, alias Julien JOUVET, conseiller municipal et féru d’histoire veille au grain, dans sa redingote bleu marine aux boutons dorés de circonstance et il est temps pour le 1er régiment de la Garde impériale de lever le camp. Les ruelles du centre-ville résonnent du martèlement des sabots au passage des hussards à cheval, les maisons à pan de bois dessinant un décor que l’on croirait tout droit sorti d’une faille temporelle…
Cap sur le cimetière Saint-Amâtre pour celui qui y repose depuis 159 ans. Né à Druyes-les-Belles-Fontaines en 1776, Jean-Roch COIGNET fut de toutes les batailles, sans jamais être blessé. Une épopée quasi miraculeuse, racontée avec verve et authenticité par celui qui finit ses jours à Auxerre, à l’ombre de l’église Saint-Eusèbe, gardien à jamais de la mémoire napoléonienne, synonyme de gloire pour les uns, d’horreurs pour les autres... Génie militaire ou tyran sanguinaire, à chacun son empereur !
Dominique BERNERD