La dette publique, fléau du XXIème siècle : son remboursement par les Etats ne fait plus recette…
Depuis des lustres, l’économie des états de la planète est plombée par des dettes abyssales. Depuis 1945, la stratégie de l’Occident est basée sur la croissance du PIB et l’endettement. La dette mondiale a ainsi augmenté de 7,5 billions de dollars au cours des trois premiers mois de 2025, pour atteindre un niveau record d'environ 324 billions de dollars, selon un rapport publié par l'Institut Bancaire et Financier international. On s’aperçoit que cela ne marche plus…
TRIBUNE: Si pour la France, la dette avoisine les 3 500 milliards d’euros, avec une charge d’intérêts qui représente le plus gros poste budgétaire, la dette de l’UE s’élève à 15 000 milliards ! La dette américaine va dépasser dans les prochains jours le seuil de 37 000 milliards de dollars. Une situation qui ne risque pas de s'améliorer avec la loi budgétaire de Donald TRUMP, accusé de creuser un peu plus les déficits. 65 % de l'impôt des Américains a servi en mai 2025 à payer les intérêts.
Les Américains savent qu’ils ne rembourseront jamais. Le PIB du monde représente 111 billions de dollars ! Une richesse équivalente à près de 300 % de la dette… Plus personne n’a la capacité de rembourser. En 2012, 100 milliards de la dette grecque furent effacés. La Grèce ne peut plus emprunter, qu’à cela ne tienne, notre Christine LAGARDE, alors ministre des Finances, prêta à la Grèce au taux de 12 %, pour se refinancer à 5 %... C’est conforme à une solidarité européenne proche d’un mercantilisme ignoble ! Cerise sur le gâteau, on emprunte aujourd’hui pour financer les intérêts de la dette !
Alors, quelles solutions ?
Si la France décidait, seule, de rembourser sa dette, avec à la clef, comme le souhaite les plus inconscients, de quitter l’euro et l’UE, la faillite définitive serait assurée. Le FMI considère que l’allégement de la dette dans la plupart des pays d’Afrique peut contribuer à diminuer la pauvreté, mais doit faciliter le recours à l’emprunt pour investir. Selon lui, on peut donc jamais sortir de l’endettement ! La solution ne peut venir que d’une entente globale, au lieu d’une hypocrisie latente, qui consiste à faire semblant de croire que le redressement est possible, et que les solutions d’apurement de la dette sont jouables. Un nouvel ordre économique doit émerger. Un ordre fondé sur des valeurs humaines, sur la richesse produite, et pourquoi pas, comme le vit le Bhoutan depuis longtemps : le BNC, le Bonheur National Brut, évoqué par Nicolas SARKOZY quand il était président.
Et si nous annulions la dette publique ? L’annonce d’une telle décision serait très déstabilisante et la capacité ultérieure de l’Etat à financer sa dette pourrait être gravement compromise, ou chèrement payée en termes de prime de risque. D’autant qu’une telle opération reviendrait à mettre la politique monétaire totalement sous domination des pouvoirs publics. Il s’agit d’un pouvoir régalien qui devra être exercé par chaque pays. Qui sera spolié ? Les prêteurs, c’est-à-dire, les banques centrales, les investisseurs privés (c’est-à-dire ceux qui profitent largement de l’endettement des Etats).
Se pose alors la question des investissements qui ne peuvent se développer que grâce à l’endettement. Peut-être un retour aux heures glorieuses des emprunts obligataires, fondés sur l’épargne publique. Le taux doit être arbitrairement fixé par l’Etat et non par des agences de notation, qui se définissent surtout par des critères politiques plus que techniques. Limiter la croissance ? Pourquoi pas. Une croissance fondée sur des investissements stratégiques, comme la recherche, l’industrie, les infrastructures liées à la défense, la santé, la sécurité intérieure…
Les Etats ne s’imposent aucune limite dans leurs dépenses
On investit grâce à la richesse produite, des échanges commerciaux sains et hors des droits de douanes imposés par un protectionnisme stérile mais appauvrissant pour tous. Olivier KLEIN, directeur général de Lazard Frères Banque et professeur d’économie à HEC, avait déclaré : « enfin, et pour conclure par un raisonnement par l’absurde, si une telle possibilité existait, sans risque et sans douleur, pourquoi n’a-t-on pas laissé depuis longtemps les Etats développer des déficits ad libitum, sans limites de dépenses ? ». Mais, les Etats ne s’imposent plus de limites de dépenses, ils savent très bien qu’ils ne rembourseront jamais…
Les détracteurs de cette solution avancent que l’inflation repartirait de plus belle. Elle est déjà là, mais on parle d’inflation jugulée grâce à la dette et l’intervention des banques centrales vers un endettement de plus en plus fort. L’endettement, ça ne marche plus, l’inflation ne s’arrête pas, les pays sont soumis aux dictats des agences de notation, des marchés financiers et des Etats militairement les plus forts. Militairement uniquement, car leur économie est tout aussi vacillante que celle des autres pays. Notre président n’a manifestement pas lu Albert CAMUS qui écrivit : « la crainte n’a jamais imposé le respect… ».
A l’inverse de la théorie d’Adam SMITH (philosophe-économiste écossais du XVIIIème siècle) : « finalement, la notion de « main invisible » repose fondamentalement sur le principe d'un équilibre naturel résultant du jeu de tous les acteurs de l'économie en présence et de la confrontation de leurs intérêts, sans qu'aucune intervention régulatrice ne soit nécessaire ». Beaucoup ont cru à cette approche. Aujourd’hui, le jeu des acteurs est trop égoïste, figé sur le gain absolu et la richesse individuelle, qu’elles qu’en soient les modalités d’application. Les Etats doivent intervenir sur une stratégie fondée sur l’intérêt commun, les principes humanistes et la solidarité.
Propos irréalistes et utopistes, dites-vous ? Souvenons-nous que les utopies ont apporté dans l’histoire de l’humanité des drames et de belles constructions humaines (Hitler, Staline, Gandhi, Mandela…).
Au-delà du pays « d’égoland », que chaque dirigeant s’interroge sur le bien-être du peuple qu’il dirige, sur des conditions de vie dignes pour ses voisins, et le bonheur de la race humaine. Une race ne se définit pas par une couleur de peau, une religion, ou un genre, mais par les caractères universels transmissibles d’une génération à la suivante…Tous doivent se réunir autour de la table afin de trouver des solutions propres à la situation actuelle, avec la volonté d’un meilleur devenir !
« Toute ma vie, j'ai soutenu que les peuples du monde peuvent apprendre à vivre ensemble en paix s'ils ne sont pas élevés dans les préjugés ». Joséphine BAKER.
Jean-Paul ALLOU