« Rencontres avec les Auxerrois » : Crescent MARAULT détaille une feuille de route visant à redynamiser le territoire
Poursuivant son calendrier de rencontres publiques avec les Auxerrois, Crescent MARAULT a donné rendez-vous jeudi dernier, salle Vaulabelle, aux habitants du centre-ville et des quartiers périphériques. L’occasion pour le maire et son équipe de revenir sur les chantiers en cours et présenter les projets de l’exécutif pour le développement économique du territoire. Mais, l’exercice de la démocratie de proximité n’est pas chose aisée. L’édile d’Auxerre a dû conjuguer avec la colère de certaines personnes, notamment en matière de transports urbains ; d’autres s’interrogeant sur la viabilité à long terme des investissements entrepris aujourd’hui.
AUXERRE : A peine les travaux de rénovation de la salle Vaulabelle achevés, c’est dans une salle des conférences flambant neuve, dont ils ont eu la primeur, que près de 200 personnes ont assisté à la réunion publique organisée par la municipalité pour échanger avec le maire autour du projet de territoire et des innovations, impactant leur quartier.
Des prédécesseurs qui ont été habillés pour l’hiver !
Près de 6 millions d’euros investis cette année, concernant la voirie et le patrimoine, dont Crescent MARAULT s’est largement fait écho, insistant sur l’importance à redynamiser l’Auxerrois pour mieux préparer l’avenir. Depuis un certain débat entre Valéry GISCARD d’ESTAING et son adversaire d’alors, François MITTERRAND, on connaissait « l’homme du passif ». Il faudra désormais parler de « l’homme qui gère le passif », avec des critiques à peine voilées de la part de l’édile auxerrois à l’encontre de ses prédécesseurs : qu’il s’agisse de la salle Vaulabelle, « plus de trente ans qu’on devait la refaire… » ; de l’abbaye Saint-Germain, « les derniers travaux dataient de 1995 et depuis, plus rien… » ; du Conservatoire de musique, « je peux vous assurer que lorsque j’ai été élu, nous étions à un niveau quasi insalubre, sans aucun travaux depuis trente ou quarante ans, si ce n’est plus… » ; en passant par les écoles de la ville, « je ne pensais pas que ce patrimoine était dans un tel état, nous amenant à investir plus de 35 millions d’euros… » ou du réseau de bus hors d’âge, « avec un dépôt qui n’était pas aux normes et un parc de bus vieillissant… ». L’hiver pourra être rigoureux, certains se sont vus d’ores et déjà rhabillés en conséquence !
Le Conservatoire de musique, une valeur sûre de la pédagogie
Faire de l’abbaye Saint-Germain une « locomotive touristique et culturelle » pour le territoire est au registre des projets de la municipalité en place. Un record de visiteurs a été enregistré cette année, avec plus de 60 000 personnes comptabilisées à ce jour. Un chiffre que la ville espère bien tripler dans un avenir plus ou moins lointain. Les travaux de la place du maréchal Leclerc se poursuivent et des arbres y seront plantés cet hiver, pour faire de ce lieu, « un poumon vert au centre-ville… ». Mais pas un mot sur l’installation du « chêne écarlate » en décembre dernier, qui fit couler beaucoup d’encre et souleva la polémique, compte tenu des 70 000 euros qu’ont coûté à la collectivité son implantation !
Après des travaux avoisinant les 11 millions d’euros, le Conservatoire de musique rouvrira ses portes prochainement, avec là encore, l’objectif d’en faire un élément moteur de l’Auxerrois : « qu’il puisse devenir un conservatoire à rayonnement régional pour permettre à des jeunes de poursuivre certaines études musicales à Auxerre, sans besoin d’aller à Dijon ou Paris… ».
Enfin, une maison de santé prévue à l’automne 2025
Sachant qu’il est aujourd’hui difficile de les faire revenir, une fois partis effectuer leurs études ailleurs que sur le territoire. La municipalité espérant bien dans le même temps, densifier l’offre universitaire en proposant de nouvelles formations en lien avec certains enjeux environnementaux, comme l’énergie hydrogène et la maîtrise de valorisation des déchets ou dans un autre domaine, les métiers liés à la cybersécurité.
Face à une couverture médicale insuffisante, l’ouverture à l’automne 2025 d’une maison de santé en cœur de ville est attendue avec impatience : une première étape devrait voir arriver sept dentistes et deux médecins généralistes, suivie dans un second temps de médecins spécialistes. Pas de commentaire pour autant, de la part de Crescent MARAULT concernant la polémique liée à l’enveloppe de 250 K€ accordé au promoteur privé en charge de la rénovation du bâtiment concerné, place des Cordeliers.
L’envol du vélo électrique et la construction de nouvelles pistes cyclables
Le public présent a eu la primeur de l’information : après un déploiement initial de 350 vélos électriques pour une quarantaine de stations de rechargement, le parc devrait s’étoffer dans les deux ans à venir, avec une centaine de vélos supplémentaires et des stations doublées ou additionnelles.
Le succès est au rendez-vous, avec un total de 120 000 trajets la première année, (pour un objectif de 80 000) et 60 % d’usagers de moins de trente ans. Les chiffres ne disent pas pour autant, si l’on a comptabilisé les « passagers clandestins », nombreux à s’installer en équilibre au-dessus de la roue arrière, accrochés au « pilote » !
Si le vélo électrique s’inscrit dans une refonte globale de la mobilité dans le paysage de l’Auxerrois, son essor passe par une mise en conformité ou la création de nouvelles pistes cyclables. L’occasion là encore d’un petit coup de griffe : « on peut toujours s’amuser à délimiter une piste cyclable sur la route, s’il n’y a pas de continuité, si vous ne vous sentez pas en sécurité, il n’y aura personne dessus ! ».
En cause notamment, les « chaucidou », comme avenue Denfert-Rochereau, où les usagers doivent partager la chaussée avec les automobilistes, considérés comme trop dangereux. Si un nouveau schéma de circulation est à l’étude, en lien avec le projet de liaison sud d’Auxerre (LISA), certains axes auxerrois devraient dès l’an prochain passer en sens unique et permettre l’utilisation d’une partie de la voirie pour y sécuriser la circulation à vélo. Là encore, le budget est conséquent, avoisinant les 27 millions d’euros et le déploiement de nouvelles pistes qui s’effectuera en plusieurs tranches.
Des bus vieillissants ? Ce n’est pas la faute de l’exploitant mais de la collectivité !
L’élégante formule de Jacques CHIRAC est une nouvelle fois confirmée, « les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ! ». Pris à partie par des usagers mécontents, le directeur général du prestataire KEOLIS Serge GIRARD n’a pu que présenter ses excuses pour les retards et les incidents ayant émaillé les transports urbains ces derniers jours. La faute à un parc vieillissant et des avaries techniques à répétition : deux moteurs en panne, trois boîtes de vitesse cassées, cinq bus à l’arrêt sur un parc de 24 véhicules… Et pour clore le tout, la station hydrogène qui tombe en panne, sans possibilité d’effectuer le plein, ainsi que la station gas-oil, obligeant à s’approvisionner au garage le plus proche !
Un PC de crise a été dressé et la situation commence à se rétablir, deux autocars « empruntés » à la Communauté d’agglomération venant compléter la flotte urbaine ces prochains jours. La situation fait réagir le maire d’Auxerre, « je ne sais pas faire de miracle, on doit faire avec ce qu’on a ! ».
Reprochant aux autorités précédentes de ne pas « avoir fait le job » : « ce n’est pas de la faute de l’exploitant si les bus sont vieillissants, mais celle de la collectivité qui n’a pas su prendre le taureau par les cornes ni trouver les moyens quand il le fallait, pour les remplacer… ».
Pas de nouvelle hausse d’impôts en 2025
Crescent MARAULT n’a pu échapper au sujet de l’augmentation de la taxe foncière 2024 qui, promis, juré ne sera pas suivie d’une nouvelle hausse l’an prochain ! « Un maire qui prend la décision d’augmenter les impôts, ce n’est pas très populaire, vaut mieux pas qu’il soit candidat aux prochaines élections… ». Des propos ne pouvant que rassurer ses sympathisants sur l’éventualité de voir leur poulain se représenter aux prochaines municipales de 2026 !
Reste l’épineux problème de « tenir » le budget, sans pression fiscale supplémentaire et pour cela, l’édile auxerrois mise essentiellement sur l’investissement et le développement économique, synonyme de redynamisation du territoire.
Prenant la parole, cet habitant s’interroge : « si dans dix ans, tous ces projets ne trouvent pas confirmation, comment faire pour que le montage que vous avez fait ne coûte pas à la ville ? ».
Réponse à l’horizon 2034…, ou pas !
Dominique BERNERD