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Hausse de 34 % de la fréquentation touristique : Druyes, quatrième village préféré des Français, profite de l’aubaine
janvier 29, 2024Sans ambages, il l’a annoncé dès les premières phrases de sa longue intervention de près d’un quart d’heure : la cérémonie des vœux, traditionnelle de surcroît, demeure un événement incontournable dans l’existence de la commune. L’un de ces rendez-vous fédérateurs et obligés dans la cohésion sociale assurée auprès de la population et du tissu associatif/entrepreneurial, venus en nombre écouter les propos de l’édile Jean-Michel RIGAULT. Entre bilan et perspectives…
DRUYES-LES-BELLES-FONTAINES : Le partage. La convivialité. Le respect mutuel entre la population et l’ensemble des élus du territoire (un vrai sujet aux connotations sociétales à l’heure actuelle !). L’exercice de la prise de parole sied à merveille à l’édile du « quatrième village préféré des Français », une commune plébiscitée par les aficionados cathodiques de la célèbre émission de Stéphane BERN en 2023 et qui en aura vu les fruits en termes de fréquentation touristique au fil de la saison estivale !
Sourire aux lèvres, détendu, face à un parterre de VIP habitués à ce genre de manifestations – Jean-Baptiste LEMOYNE, Dominique VERIEN, Jean-Philippe SAULNIER-ARRIGHI, Yves VECTEN, Philippe VIGOUROUX, Jacques BALOUP ou encore Catherine CORDIER -, le maire de Druyes Jean-Michel RIGAULT déroule un discours concocté par ses soins aux petits oignons, levant de temps à autre le nez de ses feuilles posées sur le pupitre muni d’un micro.
Bien sûr, et à l’instar de tous ses collègues élus territoriaux, ayant procédé au même exercice en ce mois de janvier, le maire parle de crise, d’inflation, d’un contexte géopolitique pesant et anxiogène. Pour autant, il espère un retour au calme et à la fraternité. Utopie ?
Quant aux contraintes budgétaires et administratives qui grèvent le moral des maires ruraux, elles sont malheureusement omniprésentes dans les esprits.
« Je suis admiratif de tous ces élus ruraux, affirme Jean-Michel RIGAULT, qui doivent affronter un quotidien très compliqué… ».
Ca sent encore la peinture fraîche dans la salle des fêtes !
Côté bilan, 2023 demeurera indéniablement une référence à graver dans le marbre en ce qui concerne la dynamique touristique de la localité au célèbre château féodal, ayant appartenu à Mahaut de Courtenay et au plan d’eau, recevant les sources de la Druyes. La participation à l’émission audiovisuelle du « Village préféré des Français » - à la surprise de plus d’un qui n’y croyait guère alors que la localité icaunaise terminera in fine son brillant parcours au pied du podium ! – aura été un véritable coup de pouce providentiel du destin afin d’optimiser la notoriété de ladite commune !
Conséquence : le nombre de visiteurs de l’Hexagone (mais pas que !) est en augmentation constante. Soit près de 34 % de hausse, selon le bureau d’information touristique qui possède pignon sur rue directement dans le parc près des fameuses sources. Mais, un succès en appelle toujours un autre, c’est bien connu. La mise en place d’une application numérique « TRENDER » aura aussi contribué à la découverte du patrimoine local. Avec l’aide de l’Office de tourisme de Puisaye-Forterre.
Fait marquant de cette année écoulée : les travaux de rénovation de la salle des fêtes qui accueillait cette annuelle cérémonie. « Vous avez de la chance, plaisante l’orateur, les travaux se sont achevés depuis…hier soir ! ». Rires de l’assistance ! Mais, les odeurs de peinture fraîche, notamment dans le hall d’entrée de ladite salle recouverte d’une couleur mauve plutôt flashy sur les huisseries, corroboraient ainsi de manière olfactive avec les dires du maire ! Des travaux, espérés six mois avant qu’ils ne débutent et qui au final auront duré six mois au lieu des trois initialement prévus !
Pas mal de projets en 2024 à se mettre sous la dent !
Qu’importe ! L’essentiel était de pouvoir accueillir les nouveaux et anciens habitants de la commune, lors de ces premières retrouvailles de 2024 !
Une salle des fêtes, relookée à la sauce accessibilité – un ascenseur favorise l’accès à l’étage des personnes à mobilité réduite – dont le montant des travaux sera de 203 000 euros HT, travaux subventionnés à hauteur de 79 % par le Conseil département et l’Etat.
Quant à « l’Auberge des Sources » qui fut jadis une étape culinaire et hôtelière de bon aloi pour les épicuriens mais aussi pour tous les autres, la collectivité s’est portée acquéreuse de l’établissement, fermé depuis plus de deux ans, pour la coquette somme de 180 000 euros HT. L’Etablissement Public Foncier de Bourgogne Franche-Comté a pris part à cette transaction pour financer l’opération. Ainsi, la municipalité n’a pas investi sur ses fonds propres. Un loyer est ainsi remboursé sur une période d’amortissement de quatorze ans, loyer qui sera naturellement répercuté sur les charges du futur gérant devant reprendre la gestion de cette maison, placée près du plan d’eau lorsque celui-ci sera clairement identifié.
Toutefois, la situation se complexifie car l’installation de l’assainissement n’est pas aux normes : la municipalité sera dans l’obligation de revoir totalement sa conception avec, des frais supplémentaires à engager de l’ordre de 60 000 euros HT ! Une annonce, en mode mauvaise surprise, qui suscita un bruissement circonstancié de dépit parmi l’auditoire surpris !
La Maison France Service, ouverte à Ouannes, représente en marge un véritable plus administratif pour les citoyens de la Puisaye-Forterre. Le maire ne manquera pas d’y faire allusion…comme de l’extension du « colombarium » au cimetière, via une subvention de 40 % accordée par le Conseil départemental. Présent, Yves VECTEN fut chaleureusement sollicité par le maire pour appuyer le dossier.
Maintes fois reporté, faute de financements, le projet d’aménagement de la place du 08 Mai et de l’ancienne cour de l’école est programmé en 2024, avec une aide du Département et de l’Etat, pourrait voir peut-être le soutien de la Région.
Ce qui n’empêchera l’élu de Druyes de décocher une petite flèche ironique au passage à l’organe régional : « Bien que sa situation budgétaire et la lenteur de ces décisions nous posent questions ! ». Des travaux programmés à l’automne 2024…
Quant à la fameuse guinguette, « La Cour Grenouille » qui anime les soirées d’été du village, de nouveaux gérants sont recherchés avant l’ouverture prévue début mars. Sous l’égide de la municipalité, une association ayant pour but de regrouper les aînés de la commune devrait voir le jour. Objectif : offrir des activités ludiques pour dynamiser les liens entre citoyens.
Reste la maison de santé pluridisciplinaire dont l’ouverture est programmée à Courson-les-Carrières au mois de mai. Et non pas en juin, comme initialement annoncé. Un projet sanitaire qui est piloté et soutenu financièrement par la Communauté de communes de Puisaye-Forterre dont le président Jean-Philippe SAULNIER-ARRIGHI était assis aux premiers rangs des personnalités.
Jean-Michel RIGAULT termina son intervention en remerciant les personnels municipaux et les membres du conseil. Quant à l’état civil, il fut présenté en ultime point de cette phase orale. Soit un mariage célébré cette année, aucune naissance à répertorier et la perte de huit personnes, trop tôt disparues, selon la formule consacrée. L’accueil des nouveaux arrivants aura également été mentionné. Ainsi s’acheva l’intervention d’un maire, satisfait de l’année écoulée…
Thierry BRET
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L’accès aux soins des handicapés se formalise dans l'Yonne grâce au charismatique Pascal JACOB et à la CPAM 89
janvier 28, 2024C’est un habitué des lieux ! La capitale de l’Yonne, Auxerre, ne possède plus de secrets pour le toujours sémillant personnage. En octobre dernier, c’est aux côtés de la Ministre de la Santé, Agnès FIRMIN LE BODO et de David GUILLET, président de la Fédération des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé, que le sympathique responsable de l’association, HANDIDACTIQUE, prenait la parole à la tribune d’AUXERREXPO. Cette fois-ci, à l’invitation du directeur de la CPAM 89 Gilles BROSSARD, Pascal JACOB est venu présenter avant signature par une douzaine de partenaires les vertus de sa fameuse charte au nom de son fils Romain. Un document qui vient en aide aux personnes en situation de handicap…
AUXERRE : Il a le tutoiement facile et l’aisance verbale qui l’accompagne avec bonheur. Pas de doute, le très dynamique Pascal JACOB sait apporter une touche de fantaisie, voire de légèreté inhabituelle mais ô combien salvatrice pour détendre l’atmosphère, même d’une réunion de travail très officielle autour de la santé !
Le regard se veut malicieux. L’attitude est sincère et positive avec son prochain. Du charisme, il en a à revendre ! Cela ne peut que conforter la cause qu’il défend, avec une dextérité remarquable et une volonté de fer aussi solide que le pommeau de sa canne qui ne le quitte jamais. A la tête de sa structure associative, HANDIDACTIQUE, Pascal JACOB a acquis une solide réputation auprès du sérail institutionnel et politique national de ne rien lâcher pour que les personnes en situation de handicap bénéficient des droits similaires aux personnes valides en cas de soins. Sa voix porte jusqu’à l’Elysée où il possède ses entrées !
La « Charte Romain JACOB », ce concept fédérateur permettant à l’ensemble des acteurs de la filière sanitaire de l’Hexagone de s’engager à l’amélioration de l’accès aux soins et à la santé des personnes handicapées, est devenu son cheval de bataille au quotidien. Normal, que ne ferait pas un père dans sa motivation profonde pour honorer la mémoire d’un fils, aujourd’hui disparu, qui a connu le handicap ?
Là, dans l’une des salles de réunion du centre hospitalier auxerrois, Pascal JACOB explique, convainc, stimule, encourage, dynamise la rencontre avec les représentants d’une douzaine de structures, totalement inféodées à la cause des soins et à leurs accès. Il écoute, aussi ce que les représentants de l’ARS ou du Conseil départemental de l’Yonne, par la voix de l’une de ses élues, Catherine MAUDET, ont à dire. La personnalité du jour interpelle un médecin, sollicite le représentant d’une association pour requérir son avis, se tourne vers Gilles BROSSARD, patron de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, pour commenter une information intéressante.
Auxerre, plaque tournante des grandes causes au service du handicap ?
« J’ai été marqué par Auxerre, précise-t-il en aparté, lors de son interview, avec mes parents, on s’y arrêtait lorsque l’on partait en vacances il y a soixante ans ! C’est une ville absolument géniale, entourée de beautés, de richesses patrimoniales… ».
Notre première rencontre eut lieu il y a quelques mois, en novembre 2022, au sein du complexe cinématographique auxerrois. A l’invitation de la CPAM de l’Yonne, la projection d’un moyen métrage : « Même pas peur ! ». Une ode à la tolérance et à la bienveillance envers ces personnes en situation de handicap, qui le stipulaient clairement via les images diffusées devant un public ému et attentif : « Nous sommes des personnes avant tout, bien avant d’être des handicapées ! ». Plusieurs séquences de ce film, réalisé en 2015, se déroulèrent dans la cité préférée de Paul Bert.
« J’ai été très fier de présenter les gens de la région qui ont contribué au succès de ce film en y apportant leurs témoignages, concède-t-il, Auxerre est une terre d’accueil des personnes différentes car la population de l’Yonne est très accueillante et accompagnante… ».
C’est aussi dans la capitale icaunaise qu’ont eu lieu les accords avec l’Etat, les CPTS et HANDIDACTIQUE, signés à l’automne 2023, lors d’instances nationales exceptionnelles.
« Il y a beaucoup de travail à faire, ajoute les yeux brillants Pascal JACOB, pour concrétiser toutes les envies qui ont été débattues aujourd’hui lors de ce séminaire si important, organisé avec la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de l’Yonne. Je salue le nombre de personnes présentes, candidates à la construction de nouveaux projets, favorisant l’amélioration de l’accès aux soins de toutes les personnes atteintes d’un handicap… ».
L’accompagnement des handicapés, une question de bon sens !
Pour corroborer ces dires, les représentants des douze structures ayant adopté la fameuse charte prennent la pose derrière un fac-similé de grande taille du contenu de cette convention, le temps d’être immortalisés sur smartphone et appareil photographique.
« Ce n’est que le début, plaisante Pascal JACOB, cette signature va en appeler beaucoup d’autres. Ce sont surtout des signatures qui donnent envie ! Elles sont le fruit d’un travail en commun, dont les griffes de chacun des signataires ont été apposées en bas d’un parchemin... ».
Une manière solennelle de s’engager sur le mode pluriel en faveur des personnes handicapées qui connaissent une réelle problématique en France dans l’accès aux soins.
« En fait, répond Pascal JACOB, la plupart des problèmes d’accès aux soins des personnes en situation de handicap s’identifient à l’accompagnement. Quand on vit avec un handicap, on a plus besoin d’être accompagné pour aller se soigner. De même, on a plus besoin de prévention, plus besoin de prendre soin de soi… ».
Un constat qui n’a eu de cesse de s’observer aux quatre coins du pays au cours de ces dernières années. 50 % des personnes handicapées abandonnent leurs soins dentaires – ils sont souvent prescrits avec une kyrielle de rendez-vous – faute d’accompagnement.
Objectif d’ici l’été : cinquante départements signataires de la charte
Du côté des urgences, Pascal JACOB pointe du doigt les difficultés du système.
« Avant la COVID, il n’y avait aucun refus de patients dans les services des urgences, souligne-t-il, 5 % des personnes vivant avec un handicap sont refusées aujourd’hui par les services des urgences en France. Je me bats à travers cette association, HANDIDACTIQUE pour que les accompagnants puissent aller avec le malade handicapé au plus près des soins… ».
80 % des personnes souffrant d’un handicap ont besoin de se rendre auprès des urgentistes pour se rassurer et recevoir des soins, mais elles n’ont pas forcément besoin de soins hospitaliers.
« Il est nécessaire aujourd’hui de disposer de lieux spécifiques pour accueillir des personnes handicapées et de les rassurer même par téléphone dans cette France du XXIème siècle, poursuit Pascal JACOB, afin d’éviter de les diriger vers les urgences car elles se sentent perdues dans cet environnement peu adapté pour les recevoir... ».
A date, vingt-sept départements tricolores ont déjà signé la « Charte Romain JACOB » : l’objectif de cinquante déclinaisons de la sorte est programmé d’ici l’été 2024. Ce qui comble de joie un Pascal JACOB ragaillardi et plus que jamais pugnace dans sa volonté d’y parvenir grâce à ses nombreux partenaires qui lui ouvrent grand les bras. Vivement sa prochaine visite ! Elle est déjà programmée à l’automne prochain, histoire de tirer les premiers enseignements de ce qui vient d’être mis en place ces jours-ci…
Thierry BRET
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Le monde agricole en ébullition : le bras de fer continue
janvier 27, 2024Ca barde sec dans les fermes et les exploitations tricolores ! Depuis une huitaine de jours, la France des villes se sera donc souvenue qu’il existait bel et bien une France des champs, et celle-ci le fait savoir. Une France agricole qui ne doit pas être seulement honorée, une fois l’an, lors de l’incontournable évènement version image d’Epinal de la filière, soit le Salon international de l’Agriculture, accueilli en février à Paris.
En l’espace de quarante-huit heures, le ton protestataire a donc bien changé à travers l’Hexagone. Exit la signalétique qui se retrouve tête-bêche à l’entrée des villages – une action symbolique sans doute trop gentillette et puérile pour inquiéter les pouvoirs publics ! -, place dorénavant à de vraies opérations coups de poing, réalisées dans un esprit pacifique et bon enfant, à l’aide de tracteurs et autres matériels agricoles, servant à mieux gêner la circulation.
Surtout autoroutière, soit dit en passant. Cela tombe bien : juste avant la prochaine hausse habituelle de 3 à 5 % des tarifs pratiqués dès le portique du péage franchi sur ces voies à très grande vitesse ! Qui prendra en charge, par ailleurs, les dédommagements du manque à gagner de ces sociétés privées qui appliquent avec une arithmétique méthodique et dans la quasi indifférence générale les hausses annuelles comme si de rien n’était ?! Bing, ça tape dur sur leurs chiffres d’affaires ! Personne ne sortira de mouchoir pour la perte sèche !
Plus de 600 agriculteurs passés de vie à trépas en 2023…
Mais, là, n’est pas le débat. Cela fait déjà plusieurs mois que le monde agricole dénonce les incohérences gouvernementales, surtout l’absence de cohésion dans leurs discours et dans les actes, au sujet des grands items qui réglementent la filière. Deux syndicats, entre autres, sont montés au créneau de la revendication depuis l’automne : la puissante FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et les JA. De jeunes agriculteurs qui prennent de plus en plus d’importance dans la sphère paysanne hexagonale et qui osent se montrer.
Chacun de nous a encore en mémoire cette fameuse action « On marche sur la tête ». Un slogan empreint d’humour pour une opération qui n’en manquait nullement : retourner les panneaux indicateurs des entrées de village dans les territoires ruraux mais aussi en agglomération !
Ce sont les apprentis automobilistes qui ont dû se poser quelques questions à chaque bourgade traversée en compagnie de leur moniteur d’auto-école ! Ce n’était pas inscrit dans le Code de la Route !
Déjà, à cette période, FNSEA et JA exigeaient des mesures concrètes, fortes, visibles pour sortir de leur marasme et de l’ornière ces milliers d’exploitations en pleine déshérence sociale. Une gabegie innommable qui a coûté l’existence à plus de 600 agriculteurs en 2023, passés de vie à trépas après leurs suicides. Eloquent…
Trois axes prioritaires prévalaient donc parmi les revendications exprimées par des agriculteurs déjà en colère : rendre sa dignité à l’agriculteur (souvent traité de pollueur du fait de l’utilisation de produits phytosanitaires), mieux rémunérer le fruit de leur travail (un fait avéré déjà pointé du doigt avec le fameux texte de loi EGALIM appliqué par quasiment aucune grande enseigne de la distribution) et le rétablissement des conditions acceptables dans l’exercice du métier.
Le GNR : le minimum vital que l’on pouvait nous accorder !
Et là, sur ce sujet si brûlant, les manifestants de la campagne profonde en ont à foison des arguments vindicatifs à réclamer ! A commencer par l’accumulation de ces normes édictées parfois en dépit du bon sens (400 000 à l’échelle de la France et l’UE réunies) qui perturbent à n’en plus finir le quotidien de ces travailleurs oubliés de tous, qui multiplient le nombre d’heures de boulot par semaine afin de mieux nourrir la planète !
Oui, mais voilà, de tout cela on parlait déjà il y a trois mois ! Et même avant puisque la problématique agricole, talon d’Achille dans le système économique français, ne remonte pas d’hier, mais de plus de vingt à trente ans !
Dans sa première intervention en qualité de Premier ministre plutôt néophyte sur ce domaine – on peut reconnaître sans vergogne que Gabriel ATTAL a tout de même bien potassé ses dossiers avant de se rendre en Haute-Garonne pour y rencontrer de visu les représentants des délégations syndicales qui tenaient l’un des barrages, érigé sur une portion d’autoroute – a tenté de répondre aux besoins urgents et immédiats de la filière professionnelle.
Notamment sur le volet du GNR, le Gazole Non Routier, qui se verra donc amputer jusqu’à nouvel ordre de son augmentation de taxe initiale. « C’était le minimum vital qu’il pouvait nous proposer », aura confié à l’issue de la prestation un brin laconique, un syndicaliste gréviste à Nitry sur l’A6 ayant écouté les propositions ministérielles.
Et après, pourrait-on dire ? L’intervention de Gabriel ATTAL aura-t-elle convaincu celles et ceux qui bloquent les accès autoroutiers et se relaient pour entretenir la flamme nourrie des braseros ? Il semblerait que non, au moment où se rédigent ces lignes.
Pire, les représentants de la Confédération Paysanne évoquent désormais la possibilité pour les grévistes de se rendre à Rungis, plaque tournante de tous les circuits de distribution alimentaire de notre pays, pour y mettre la pagaille ! Et ce, dès lundi !
Bref, si la souveraineté alimentaire à la française semble bien avoir du plomb dans l’aile en ces derniers jours de janvier, il se pourrait bien, avec une telle action devant se prolonger durablement si l’Etat ne lâche pas sérieusement la bride, que tout le pays ait à souffrir de ce blocus, notamment sur les étals de la GMS ! Avec, à prévoir des rayonnages vides et une hausse des prix répercutés aux consommateurs, une tradition cocardière en somme…
Thierry BRET
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Fouler à pied l’asphalte d’une autoroute désertée de toute sa circulation n’arrive pas tous les jours dans la vie d’un homme ! Songerait-il à cette pensée aux relents philosophiques, Arnaud ROUSSEAU, le successeur de Christiane LAMBERT, la très emblématique ancienne présidente de la FNSEA, avant de s’exprimer face à la presse ? Venu de la capitale, en compagnie du président national des Jeunes Agriculteurs Arnaud GAILLOT, il a réaffirmé toute la détermination de la filière agricole dans ce bras de fer qui l’oppose à l’Etat. En y mettant la pression !
NITRY : Curieuse scène que celle-là ! Un brasero crépitant avec un feu de joie qui est savamment entretenu par quelques agriculteurs dévoués. Une foule très compacte, réunie sous le pont autoroutier de Nitry, sur l’A 6 – les manifestants ! - et une cohorte de journalistes, bardés de caméras et d’appareils photographiques, prêts à saisir le moindre mot prononcé par le dirigeant de la Fédération Nationale du Syndicat d’Exploitants agricoles. Car, c’est bien lui qui doit être mis en lumière, aujourd’hui, lors de cette conférence de presse, très originale, accueillie au beau milieu de l’axe autoroutier, l’un des plus fréquentés de France d’ordinaire. Arnaud ROUSSEAU, le président de la FNSEA. Son homologue, président des JA, les Jeunes Agriculteurs, Arnaud GAILLOT, l’accompagne.
Mais, avant de prendre la parole et d’expliquer aux médias, à large majorité hexagonale – toutes les grandes références du sérail médiatique ont effectué le déplacement pour l’occasion, ce qui est loin d’arriver tous les jours dans notre département sauf si un faits divers glauque et croustillant attire les convoitises -, le président de la FNSEA fait de ce site de la contestation de fortune, organisé au milieu de nulle part, en rase campagne ! Arnaud ROUSSEAU discute avec la base. Il prend le temps de s’entretenir avec les responsables départementaux, dont Damien BRAYOTEL, président de la FDSEA 89, qui le suit de près.
« La loi EGALIM doit être respectée… »
Bon, cela commence à grogner un tantinet parmi les journalistes de la presse nationale (et parisienne) car les délais impartis correspondant au début de la conférence de presse s’étiolent de minute en minute. Bref, ce qui devait commencer à 12h45 ne le sera in fine qu’à partir de 13h30 ! Un jeu de patience, donc, que la collecte des informations. Ce qui a l’air d’énerver quelques preneurs d’images, pressés d’adresser le fruit de leur travail en régie !
« Notre présence, ici, c’est pour mesurer le degré de détermination que l’on avait senti très fort sur le terrain, confie en guise de préambule le porte-voix de la FNSEA, mais, après avoir discuté avec des agricultrices et des agriculteurs, ce degré est plus fort encore ! ».
Vingt ans que les griefs s’accumulent. Que les choses insupportables à vivre au quotidien plombent le moral des professionnels de la filière. « Les décisions qui vont être annoncées par le Premier ministre Gabriel ATTAL sont très attendues et doivent être très au niveau de nos attentes… ».
Bien sûr, il est nécessaire de rendre leur dignité aux agriculteurs. De redéfinir la place de l’agriculture dans la société d’aujourd’hui et la place de leurs produits dans nos assiettes. Oui, mais une question semble évidente et Arnaud ROUSSEAU la pose à haute voix : « que fait-on des importations qui ne cessent d’arriver en France alors que l’on a du mal à vivre avec nos métiers ? ».
Mais ce ne sont pas les seuls sujets de préoccupation. Que fait-on du revenu des agriculteurs, à titre d’exemple ?
« On est en pleine négociation et il faut que l’on fasse attention, souligne Arnaud ROUSSEAU, avec la grande distribution et la matière agricole. La loi EGALIM doit être respectée ! ».
Mais, l’exercice du métier ne fait pas la part belle à d’optimistes perspectives. « J’ai entendu des professionnels qui me disent que sur leur ferme, ils peuvent subir quatre à cinq contrôles différents avec deux inspecteurs présents à chaque fois. Cela n’est plus tenable… ».
Quant à la laine de mouton, elle est considérée désormais comme un déchet ! « Les éleveurs ne peuvent même pas la réutiliser pour en faire une litière utile à leurs animaux : ce n’est pas possible ! ».
« Il nous faut des réponses urgentes ! »
Des exemples de ce type, il en a plein sa besace de président syndical, le président de la FNSEA, « il faut soulager les professionnels de la filière ! ». Soulager ? Oui, mais aussi bien en France qu’à Bruxelles, où la noria de normes tout aussi indigestes vient sanctionner le travail des agriculteurs.
Avec les Jeunes Agriculteurs, les adhérents de la FNSEA ont élaboré un cahier des charges comprenant plus de 140 propositions destinées au gouvernement. « C’est un paquet sur lequel nous ne transigerons pas ! affirme Arnaud ROUSSEAU face aux représentants de la presse qui n’en perdent pas une miette alors que la foule s’agglutine autour d’eux.
Mais, alors qu’attend-t-il le patron de la FNSEA ? « Il nous faut des réponses urgentes, je pense au volet du sanitaire, au règlement du GNR (Gazole Non Routier), de l’eau. Que fait-on également sur la négociation des prix et des accords internationaux ? ».
Oui, un sujet plus que jamais d’actualité alors que le commissaire européen parle de rouvrir les accords du MERCOSUR (« c’est une véritable provocation ! »).
La balle est dans le camp du gouvernement. Mais, une chose est sûre pour le monde agricole, rien ne semble négociable (et cela a été confirmé par Arnaud GAILLOT) parmi les 140 propositions couchées sur la feuille de route remise à Matignon.
Une fois les annonces du chef du gouvernement – il est déplacement en Haute-Garonne au moment où s’écrivent ces lignes pour y rencontrer des professionnels de la filière – faites, les leaders de la FNSEA et des JA consulteront leurs bases afin de décider de la suite à donner à leur mouvement protestataire. A suivre de près, donc.
Thierry BRET
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La filière agricole ne veut plus être la vache à lait de la technocratie : stop aux normes prises en dépit du bon sens !
janvier 25, 2024Le ras-le-bol ! Le trop plein ! L’overdose ! Elles et ils n’en peuvent plus. De ces normes administratives à profusion qui leur tombent tous les jours sur la tête, pondues par des technocrates de tout poil qu’ils soient de l’Hexagone ou de l’Union européenne, confortablement installés derrière leur bureau. Ces empêcheurs de tourner en rond et de travailler convenablement provoquent leur colère. Las, exaspérés, en profonde détresse parce qu’isolés et le plus souvent incompris de nos concitoyens qui les traitent de pollueurs, les agriculteurs ont choisi d’occuper le terrain afin de dire stop ! En bloquant et en empruntant symboliquement les autoroutes dont l’A6 entre Auxerre et Avallon.
VENOY : Le cortège s’allonge. Vert, rouge, bleu, orange. Combien de tracteurs – sans l’ombre d’une remorque – forment la file interminable qui va bientôt emprunter les voies désertées de l’autoroute A 6 dans le sens, Paris-Lyon ? Quatre-vingts ? Une centaine ? Davantage ? Les forces de l’ordre renseignent les journalistes qui interviewent à tout va les témoins de cette manifestation revendicative pacifique qui se joue devant eux. Près de cent-cinquante engins agricoles, semble être la bonne réponse. On vient de l’apprendre, du côté de l’ère de péage d’Avallon, ce sont une quarantaine de tracteurs qui constitués en convoi remonte vers Nitry.
Ce sera le point de rendez-vous des deux cortèges qui occuperont de part et d’autre les deux voies de l’A6, totalement coupée à la circulation. La bruine ne cesse de tomber. Faisant grelotter quelques automobilistes curieux, sortis de leurs véhicules et qui immortalisent les faits, à l’aide de leur smartphone.
« Moi, dit un jeune conducteur immatriculé dans les Hauts-de-Seine, je me rends à Antibes ! ». Il est un peu désappointé. La route sera sans doute très longue pour rejoindre son port d’attache avec les multiples blocages et tronçons d’autoroute coupés sur le parcours. Une dame s’approche et encourage les agriculteurs en les applaudissant à tout va : « bravo, continuez, on est avec vous ! ». Elle, elle gagne le village savoyard de Châtel, terme de son périple pour y prendre l’air salvateur de la montagne. Sans doute y parviendra-t-elle beaucoup plus tard que prévu dans la soirée ! Bon nombre de routiers actionnent leur klaxon avec ferveur : ambiance garantie et tympans endommagés !
Les visages sont graves, les mines sont grises : triste à pleurer…
Jeunes Agriculteurs et représentants de la FDSEA s’activent près de la zone de péage. Encore quelques retardataires à attendre et le convoi de près de cent-cinquante tracteurs s’ébranlera à vitesse ultra réduite (pas plus de 20 à 25 km/h) sur la portion méridionale de la bande d’asphalte habituée à plus d’exploits en terme de vitesse de la part des automobilistes !
Même si un petit vent d’allégresse motive les manifestants du jour – l’exaltation imputable à ce besoin de protester contre tout le système (les systèmes ?) qui pénalisent la filière -, les cœurs sont lourds et les visages demeurent graves. Une quinquagénaire, éleveuse, fait grise mine dans un coin, toute seule : on ne peut que la comprendre devant la complexité de la situation. C’est triste à pleurer…
Depuis le mois de novembre, et le succès de l’opération spectaculaire, « On marche sur la tête », le monde agricole interpelle les Français chaque jour en pointant du doigt toutes les aspérités inadmissibles subies par leur corporation.
Il est vrai qu’une question, préalable à tout ce mouvement protestataire amplement justifié, revient en boucle comme une litanie : pourquoi la France abandonnerait son agriculture et deviendrait dépendante de pays tiers (Brésil, Mexique, etc.) qui ne respectent pas nos normes sociales, pas plus que les normes environnementales et sanitaires ? Ne parlons pas de la qualité détestable de leurs produits !
Des décideurs politiques, totalement déconnectés des réalités…
Sauf que visiblement, le fait d’avoir déboulonné les panneaux signalétiques des entrées de communes rurales (voire d’agglomérations) n’aura pas suffi. Les réponses gouvernementales tardent donc à venir. Et aujourd’hui, la profession est dans l’obligation de remettre le couvert en se mobilisant fortement et en faisant entendre sa voix sur moult sujets occasionnant de l’inquiétude.
Souhaitez-vous des exemples ? Ils sont pourtant légion les motifs d’insatisfaction chez les agriculteurs ! Accumulation à la pelle des normes et interdictions – préconisées parfois en dépit du bon sens ! -, impasses agronomiques et techniques, hausse systématique des charges fiscales – le sport national de la France et pas que dans le domaine agricole ! -, explosion des coûts de production : autant de facteurs qui pèsent lourdement sur les exploitations. Une phrase revient souvent dans les échanges recueillis ce matin : « les décideurs politiques sont totalement déconnectés des réalités du terrain ». C’est sûr, il paraît même qu’à Paris, dans les bureaux ministériels, certains n’ont encore jamais pris le métro ! Pour peu qu’ils n’aient jamais vu une vache de leur existence ?!
Plus sérieusement, le monde agricole crie son exaspération. Et le fait savoir, certes en bloquant routes et autoroutes – même les radars sources de juteux profit pour l’Etat ont été obscurcis par de la toile noire, d’ailleurs personne ne s’en plaindra ! – mais pour une cause salutaire : la survie d’une profession qui a le droit de retrouver de la dignité et un avenir, car elle est la mère nourricière de tout un pays.
Donner des perspectives et envie aux jeunes d’entreprendre l’agriculture sont aussi des valeurs à défendre dans la France d’aujourd’hui, qui doit combattre contre les importations abusives de produits, synonymes de malbouffe.
Aujourd’hui, les agriculteurs disent stop aux injustices. Le nouveau gouvernement ATTAL doit prendre en compte ces revendications très vite afin d’éviter la contagion à d’autres filières professionnelles…
Thierry BRET
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