Jadis, ce restaurant nommé « Les Rives de l'Yonne » fut tenu 35 ans durant par le couple FAGUAIS. L'établissement fit même hôtel à une période et avait acquis, au fil des années, une bonne réputation. Désormais, place à « L’Icaunais » ! C'est l'histoire de deux amis, Romain et David, l'un aux fourneaux et l'autre en salle qui en se rencontrant à « L’Hostellerie des Clos », à Chablis, s'étaient promis de travailler ensemble un jour. Ce projet devint réalité l'automne dernier, entre départementale (Joigny/Migennes) et la rivière.
LAROCHE-SAINT-CYDROINE : L’accueil prodigué y est des plus aimables. La salle a gagné en luminosité. Quant aux tables, elles se sont quelque peu espacées, cela est plaisant ! Certaines ont une vue sur l'Yonne, c'est fort apaisant de déjeuner avec pareil décor ! Un peu comme dans deux belles tables de Joigny que sont « La Côte Saint-Jacques » ou « Le Rive Gauche ». Choix est fait du menu à 38 euros, la formule déjeuner est proposée à 20 euros.
Sur chaque table, une carafe d'eau filtrée est positionnée et offerte, une bonne idée ! La gougère accompagnant l'apéritif est bonne. En entrée, le foie gras est bien assaisonné, accompagné de pickles, la mode du moment ! Une entrée bien pensée avec de la saveur. Il en est de même pour l'œuf au lard croustillant. Le pain servi est bon, c'est l'idéal pour saucer !
Question de goût et d’assaisonnement !
Une petite déception survient alors sur le plat, un cabillaud sauce curry lait de coco et lentilles. Certes, le poisson est bien cuit vapeur, mais l'on ne peut s'empêcher qu'une cuisson meunière donnerait plus de goût. Et hélas, le tout manque d'assaisonnement rendant le plat plutôt fade. Essayez de cuire des pâtes sans mettre de sel dans l'eau, et la dégustation s'avérera piteuse. La voisine de table essaie d'ajouter du sel (un exhausteur de goût rappelons-le, qui demeure indispensable en cuisine, et ce sans en abuser), mais, le mal est fait. La pintade également manque d'assaisonnement.
Je remarque qu'au fil des années, un certain nombre de cuisiniers ne sait plus assaisonner les plats. C’est dommage : car l'endroit semble mériter mieux.
Une maison où il fait bon s’arrêter
Ensuite, il est présenté une belle composition fromagère affinée comme il se doit, venant de la réputée maison LEROUX que l'on ne présente plus. Leur Soumaintrain figure sur le plateau de la prestigieuse maison BOCUSE, sise à Collonges-au-Mont d'Or en bord de Saône ! Excusez du peu.
Le dessert est une déclinaison autour de la vanille : mention réussie ! La crème pâtissière servie étant des plus goûteuses ! Le café en fin de repas est proposé avec un bon macaron.
Cette nouvelle table icaunaise paraît avoir trouvé quelques habitués qui s'y attablent avec plaisir. De bon augure pour la pérennité de cette jeune maison où il fait bon s'arrêter.
En savoir plus :
Les - : il est dommage qu’il y ait ce manque d'assaisonnement sur les plats qui auraient mérité mieux.
Les + : le service est aimable et professionnel.
Contact :
Restaurant L'Icaunais
48T Rue Emile Tabarant
89400 LAROCHE SAINT CYDROINE
Tel : 03.86.80.05.70.
Ouverture tous les jours sauf lundi et mardi.
Première formule de déjeuner à 20 euros.
Gauthier PAJONA
Chargés de clientèle, conseillers bancaires et managers de la structure étaient presque tous sur le pont à l’occasion de la présentation officielle du nouveau bureau postal de Migennes, relooké comme un sou neuf après plusieurs semaines de travaux. « Ce fut un superbe moment, partagé avec les équipes du secteur de Joigny auquel est rattaché cette vitrine », selon Jean-Luc FAIVRE, directeur des opérations bancaires en Bourgogne Franche-Comté de La Poste. Un moment qu’aura également apprécié l’édile, François BOUCHER, très attaché à la présence postale sur sa commune.
MIGENNES : Durant plusieurs semaines, au cours du dernier trimestre 2024, les habitants de Migennes auront dû se rendre au bureau de poste de Joigny pour réaliser leurs opérations habituelles, voire dans les agences communales de Cheny ou de Laroche-Saint-Cydroine. Logique : l’établissement de Migennes subissait quelques nécessaires travaux de relooking, supposant l’installation de mobiliers neufs, plus en phase avec l’identité visuelle du moment. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, comme le précise l’adage. Mais, au vu du résultat final – l’objet de la cérémonie inaugurale accueillie ce mardi en début d’après-midi - l’on se devait de se montrer patient avec sagesse !
Ce bureau est rattaché à l’entité commerciale qui s’étend également à Saint-Julien-du-Sault avec un bureau facteur/guichetier, une offre complétée par un bureau postal France Services à Aillant-sur-Tholon. Quant aux points contact de ce secteur, il englobe vingt-quatre agences postales communales, ainsi que trois relais La Poste ; confirmant ainsi une présence bien ancrée dans le territoire. Une stratégie essentielle pour maintenir les services et le lien avec les habitants du secteur.
Un budget de 77 000 euros pour rénover le bureau de Migennes
Pendant la période de fermeture, l’ensemble des équipes a su faire montre d’agilité pour poursuivre ses activités. Quant aux travaux, ils ont nécessité une enveloppe budgétaire de 77 000 euros pour assurer cette phase de rénovation. Une somme prise en charge par le fonds de péréquation postale, un fonds qui est géré par la Commission départementale de Présence Postale Territoriale (CDPPT), un organisme qui a à sa tête dans l’Yonne, le conseiller régional Gilles DEMERSSEMAN et où siège également l’édile de Noyers-sur-Serein (la capitale de la truffe de Bourgogne), Nathalie LABOSSE. Tous deux excusés lors de cette inauguration à laquelle prenait part le conseiller département, président de la CC et maire de Migennes, François BOUCHER.
En 2024, ce sont 120 000 euros qui ont été investis par le groupe à la réalisation de projets immobiliers importants sur le département septentrional de la Bourgogne. A Migennes, et ce n’est qu’une moyenne, ce sont 95 clients qui franchissent au quotidien la porte de cet établissement, situé à l’un des points névralgiques de la ville, non loin de la gare SNCF.
La Poste est bien représentée sur le territoire de l’Yonne
Toutefois, une baisse substantielle de la fréquentation a été observée au cours de ces dernières années. Elle s’établit à 20 %. In fine, ce sont plus de 400 personnes, particulières et entrepreneuriales, qui fréquentent les bureaux postes compris dans ce secteur du « Middle Yonne ». Un espace qui est dédié aux 1 800 clients particuliers de la Banque Postale sur cette zone et aux 71 professionnels accompagnés par une conseillère ad hoc.
Un bureau dans le vent puisque les candidats aux permis auto et bateau peuvent venir passer leur examen dans un espace spécifique, placé sur l’un des côtés du hall d’accueil. Un nouvel aménagement qui propose plus de fluidité et une meilleure expérience pour les habitants du cru.
Une Poste qui sait donc s’adapter aux enjeux commerciaux de demain. Que de chemin parcouru depuis la création de l’entité sous…Louis XI !
Si les métiers historiques sont un peu en perte de vitesse, le groupe postal mise toutefois sur le développement du colis pour compenser le manque à gagner du coutumier courrier. La priorité est donnée au développement de l’offre commerciale tout en confortant les services à apporter aux usagers. Une Poste très présente dans l’Yonne, avec 180 postes contact, 29 bureaux de poste, 123 agences postales communales et 25 relais poste commerçants. Preuve de l’engagement territorial de l’établissement…
Thierry BRET
« Mieux vaut prévenir que guérir » ! Un proverbe populaire qui prend particulièrement tout son sens en matière médicale. C’est dans cette optique que la ville d’Auxerre a souhaité participer à la Journée mondiale de la Santé, en regroupant, place de l’Arquebuse, une trentaine de professionnels et associations engagées chacun à leur manière dans la lutte pour la prévention.
AUXERRE : Au risque de tomber dans le cliché sexiste, la couleur rose affichée sur le stand ne laisse planer aucun doute possible sur la nature du public attendu ! L’association « Agir pour le cœur des femmes » est déjà bien connue des Auxerrois, avec son bus sillonnant la France, qui fera étape pour la troisième année consécutive dans l’Yonne, les 17, 18 et 19 septembre prochains.
A son bord, des professionnels de santé pour accueillir un public de femmes en situation de vulnérabilité et leur proposer un dépistage préventif cardio-vasculaire et gynécologique : « nous visons des personnes plutôt en situation précaire, éloignées des parcours de santé et identifiées grâce à notre partenaire, la CPAM. Un public souvent sans médecin traitant ou pas à jour de leur dépistage de cancer… ».
L’intérêt d’une journée comme celle-là étant de pouvoir en amont, informer le maximum de personnes du dispositif proposé à bord du bus itinérant : « notre venue est loin d’être anecdotique, pour preuve ces deux personnes venues pour un dépistage, mais en détresse cardiologique, que l’on a envoyées en urgence à l’hôpital d’Auxerre lors de notre passage l’an dernier… ».
Des échanges avec la population en toute transparence
Sur le stand voisin à l’enseigne de « Maisons Sport Santé », un vélo mis à disposition, pour fabriquer de l’électricité et réaliser dans le même temps un cocktail de fruits des plus appétissants. Pas toujours facile de sensibiliser le passant à sa propre santé, reconnaît ce membre du Comité Départemental Olympique et Sportif de l’Yonne (CDOS) : « c’est un thème qui touche tout le monde mais n’est pas forcément pris à bras le corps par le public. Ce matin sur un stand, j’ai fait un test diabète, il est vrai qu’il y a toujours une appréhension en attendant le résultat… Mais pour autant, il faut continuer à prendre son bâton de pèlerin pour informer sur la santé, continuer encore, marteler le message, d’où notre présence aujourd’hui… ».
Autre partenaire présent : le Centre Hospitalier d’Auxerre, venu parler « transparence, ouverture, rencontres, échanges » avec le public, explique ce cadre de santé. L’occasion de faire connaître l’évolution de l’établissement au fil de ces dernières années et les services récemment mis en place, comme la création de ce Centre de Soins Spécialisés pour Femmes Victimes de Violence de genre (CAVI), ou le nouveau Centre 15 : « aujourd’hui, l’hôpital n’est plus centré sur lui-même et l’on travaille aussi avec des acteurs de territoire, comme les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), afin que le patient ait une continuité de son hospitalisation… ».
Plus besoin de présenter le SDIS, même si, reconnait Fendi BABA, jeune sapeur-pompier volontaire de l’Yonne, les fausses idées sont encore légion : « beaucoup de gens imaginent que les incendies sont le cœur du métier, alors qu’ils ne représentent guère plus de 8 % de nos sorties, essentiellement consacrées au secours à la personne ».
Haro sur le tabagisme passif : il tue 5 000 personnes par an
Selon un chiffre révélé l’an dernier par Santé Publique France, 23 % de la population s’astreindraient à l’usage quotidien de la cigarette. Même si le taux de fumeurs est le plus bas jamais relevé depuis une quinzaine d’années, le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France avec 75 000 décès par an. Une hécatombe contre laquelle lutte sans relâche l’association « Tab’agir ». Sur le stand de l’antenne auxerroise, des appareils à disposition pour mesurer le taux de monoxyde de carbone de chacun, en fonction de son hygiène de vie. Maryline DELAGNEAU est satisfaite des rencontres de la matinée : « en ce début d’après-midi, on en est à 28 personnes sensibilisées pour huit orientations vers des prescripteurs de réseau, c’est plutôt positif… ».
Des consommateurs de tous âges, allant de 23 à 78 ans, à qui sont proposées, outre des consultations auprès de prescripteurs, de pouvoir bénéficier de plusieurs séances d’accompagnement gratuites en matière de diététique et de psychologie, pour une thérapie comportementale et cognitive : « car en fait, il y a trois dépendances dans le tabac : une première d’ordre physique, une seconde concernant la gestuelle et la troisième, classée dépendance psychologique… ». Pour Jean-Loup DUROS, médecin coordonnateur au sein de l’association auxerroise, il est un autre chiffre dont on ne parle pas assez, celui du tabagisme passif : « en gros, près de 5 000 morts par an ! Un chiffre souvent ignoré. Savez-vous qu’avant la loi de 2006 (relative à l’interdiction de fumer dans les lieux publics), les serveurs dans les cafés et restaurants étaient en voie de passer en maladie professionnelle à cause du tabac ! ». Il est aujourd’hui interdit de fumer en voiture en présence d’un enfant, mais comment faire respecter la loi ? Le médecin auxerrois a sa petite idée : « pourquoi ne pas simplifier par un décret rapide interdisant tout simplement de fumer en voiture ! ». Une addictologie qui n’est pas sans effet non plus sur le budget du ménage : « c’est simple : un paquet par jour, c’est 23 % du SMIC en fin de mois ! J’ai même connu une famille où tout le monde fumait et là, on approchait les 2 000 euros mensuels ! ».
Une première édition qui en appelle d’autres
Tout le monde a déjà entendu parler de l’association France Alzheimer : « tout le monde connaît, mais tout le monde a des questions », temporise Gérard CLEMENCELLE, président de FA 89. La maladie n’est plus aujourd’hui un sujet tabou et ils sont nombreux à s’arrêter sur le stand, en quête de renseignements sur les formations des aidants et les prestations proposées : « à partir du moment où la personne est diagnostiquée, il est important de savoir comment se comporter avec elle, ce qu’il faut faire ou pas. Quelqu’un malade d’Alzheimer a parfois des problèmes pour mettre des mots sur ce qu’elle dit, se tait et se confine dans le silence, peut avoir des gestes bizarres pouvant agacer l’entourage, au risque que celui-ci devienne maltraitant. Quand on sait comment se manifeste la maladie et comment y répondre, cela apaise beaucoup de choses et empêche les peurs… ».
Certaines mesures de prévention sont aujourd’hui connues, comme éviter l’alcool et le tabac, respecter une hygiène de vie, entretenir sa mémoire et ne pas rester seul : « mais faire des mots croisés dans son coin, c’est non ! Il est impératif de conserver une vie sociale, d’éviter de se replier sur soi-même et de ne surtout pas s’isoler… ».
Pour Marilyne SAINT-ANTONIN, adjointe à la Ville d’Auxerre en charge de la santé, des affaires sanitaires et sociales et des solidarités, une journée comme celle-ci ne peut qu’aller en ce sens, fière qu’Auxerre soit la seule ville de Bourgogne Franche-Comté avec Dijon, à avoir organisé la tenue de ce village-santé : « en fait, notre contrat local de santé est très orienté sur tout ce qui est prévention et il me paraissait important de réunir en un seul lieu différents acteurs locaux, qu’il s’agisse de professionnels des maladies coronariennes, du diabète, de la lutte anti-tabac, mais aussi d’autres acteurs comme le SDIS, le SAMU ou l’hôpital psy, pour des initiatives communes… ».
Une première édition appelée, on l’espère, à se pérenniser dans le temps, voire à se relocaliser en centre-ville pour gagner en lisibilité, même si pour nombre de visiteurs rencontrés, le sujet prioritaire reste bien celui de l’accès aux soins, face à un manque prégnant de médecins sur le territoire auxerrois.
Dominique BERNERD
Vingt-cinq minutes d’intervention. Pas une de moins. D’un ton solennel et déterminé, le président du Conseil départemental de l’Yonne Grégory DORTE s’est fendu d’un long discours en début de séance plénière, à l’occasion du vote du budget 2025. La suite logique après le débat d’orientations budgétaires, survenu le 21 février dernier. Un budget n’ayant pas de précédent, selon les mots du président de l’exécutif. Face à une situation inédite et une conjoncture économique fortement dégradée, le CD 89 n’avait pas d’autres choix que d’entériner de la sorte. Pour éviter l’asphyxie menaçant les finances et entrer en résistance…
AUXERRE : Le ton est grave. La voix est forte. Une fois l’hommage rendu publiquement à l’entrepreneur et homme politique Gérard BOURGOIN décédé il y a peu – la minute de silence sera scrupuleusement respectée sur sa durée initiale avant une salve d’applaudissements nourris -, le président de l’exécutif départemental Grégory DORTE s’est donc attelé à expliquer les tenants et aboutissants de ce futur budget 2025, devant être voté au cours de la matinée par les élus de l’Yonne. Un budget, on l’aura compris beaucoup plus complexe et restrictif à présenter que d’ordinaire, du fait du contexte international et hexagonal.
« Nous avons connu trois Premiers ministres en un an, et une dissolution, souligne l’orateur, cela n’aura apporté que de la confusion, du brouhaha et de l’immobilisme. Dans ce contexte, le pays ne pouvait pas espérer un redressement rapide des comptes de la Nation dans la loi de Finances… ».
Un contexte qui impacte de plein fouet les départements de France. De trente à quarante d’entre eux sont aujourd’hui au bord de la faillite. Le premier département pouvant être potentiellement en cessation de paiement n’est autre que celui de l’Aisne.
« Cela ne peut engendrer que des conséquences dramatiques pour un territoire, ajoute Grégory DORTE, le regard rivé sur ses notes, c’est un scénario catastrophique sur l’ensemble de l’architecture institutionnelle locale. L’effet domino sera désastreux… ».
En 2024, le couperet de la guillotine budgétaire n’était déjà pas passé loin pour ce département de l’Est de la France : un fonds d’urgence de 22 millions d’euros avait été inscrit urgemment dans son plan de redressement par la collectivité territoriale. L’Etat l’avait alors abondé.
« Ce n’est pas une solution pérenne pour les départements, poursuit Grégory DORTE, surtout si à terme une quarantaine de départements utilise cet artifice budgétaire ! ».
« Nous ne sommes pas là pour infantiliser nos concitoyens ! »
Offensif, déterminé, l’intervenant ne souhaite pas se résigner face à cette situation inexorable. Au nom de la responsabilité envers le territoire et sa population.
« Elle attend de nous une protection, des services et surtout un cap. Nous devons arrêter de subir cet Etat qui fait peser sur nous des décisions qu’il n’a plus les moyens d’assumer… ».
Une phrase servant de préambule à l’explication de la présence insolite mais pas gratuite dans les faits de cette bâche placée au-dessus de la tribune officielle.
« C’est une ardoise, renchérit le maire de Pont-sur-Yonne, faite de débits que nous doit l’Etat français chaque année. Je le dis au gouvernement : il est inutile de nous adresser un manuel de survie budgétaire ! Nous sommes des élus responsables, de proximité et nous savons que nous devons voter un budget en équilibre ! ».
Ironique sur le fait que les Français devaient dorénavant se prémunir de boîtes de conserve, d’une lampe-torche et de piles neuves en cas de crise ouverte, Grégory DORTE rappela que les élus de proximité étaient là pour agir et « non infantiliser » leurs concitoyens !
Un budget 2025 qui devrait constituer un précédent de l’aveu même de l’orateur.
« La période qui s’ouvre est très périlleuse tant la situation budgétaire et financière de l’Etat est alarmante avec 3 505 milliards d’euros de dettes ! Il n’y a pas une once d’économie structurelle qui pointe à l’horizon des décisions gouvernementales ! Bien au contraire… ».
Alors, pourquoi l’Etat se priverait-il de lorgner un peu plus sur les comptes des collectivités territoriales ? Des collectivités, à l’instar de l’Yonne, qui présentent des comptes sains, grâce à une gestion responsable…et qui deviennent in fine des proies si faciles à prélever alors que la déconnexion est irrémédiable entre l’Etat et le terrain ?
« Aujourd’hui, l’Etat nous doit 70 millions d’euros par an, reprit de plus belle un Grégory DORTE très véhément contre l’exécutif hexagonal, je dis bien 70 millions d’euros par an, au titre de l’exercice 2024 ! Cela représente près d’un cinquième de notre budget de fonctionnement : c’est énorme. Aujourd’hui, la maison (CD 89) ne peut plus faire crédit ! ».
L’Yonne ne versera pas la part non-compensée de l’Etat sur le RSA
En visite la veille dans l’Yonne, le ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation François REBSAMEN est reparti avec la lettre de doléances du président de l’Yonne en poche. Un haussement de ton qui non seulement se produit dans les paroles mais également dans les actes.
« Je vous annonce que le Département de l’Yonne ne versera pas à partir de juin prochain la part non-compensée par l’Etat du RSA (Revenu de Solidarité Active) de 27 millions d’euros. Un RSA qui coûte déjà 60 millions à notre collectivité… ».
Une fronde généralisée dans les départements de l’Hexagone ? Ils ont plus de 70 à refuser de verser la part non-compensée de l’Etat, imputable à la hausse de 1,7 % du RSA décidé par le gouvernement. Si ces mesures sont symboliques – elles ne remettent nullement en cause la volonté du Conseil départemental de ne pas subvenir aux aides des allocataires du RSA -, elles permettent en revanche de prendre l’opinion à témoin.
Un peu plus loin, Grégory DORTE souleva la question des principales ressources de l’exécutif départemental : « nous ne prélevons pas l’impôt, nous recevons une fraction de TVA, nous recevons des dotations de l’Etat, et nos ressources principales n’ont plus d’ancrage territorial. C’est un non-sens démocratique ! Pire, nous ne faisons que réaffecter la majeure partie de ces dotations puisque 80 % de nos dépenses sont contraintes. Nous avons glissé au fil des années vers une logique de guichet : ce qui est un second non-sens démocratique… ».
Une des raisons de la crise financière des départements : l’absence de lien direct entre le contribuable et le territoire. « Cela a aussi des conséquences néfastes entre le citoyen et l’élu, concède Grégory DORTE, il nous reste juste les DMTO (les Droits de Mutation à titre onéreux) applicables dans le cadre des transactions immobilières. Nous les avons augmentés pour trois ans de 0,5 point uniquement pour trois ans avec une exemption pour les primo-accédants. Nous allons rehausser la part départementale de la taxe d’aménagement de 1,3 % à 2,5 %. Une hausse qui nous permettra de renforcer notre action en faveur de la préservation des espaces naturels sensibles et des pépites environnementales… ».
Un budget du « courage » sans choisir entre « mourir de faim » et « mourir de soif »
Des mesures insuffisantes pour inverser la tendance pour la collectivité départementale. Alors, le modèle économique des Départements est-il à bout de souffle ? « Oui, le proclame haut et fort le président de l’Yonne, il nous faut le repenser collectivement ! Ce budget primitif a été élaboré dans la douleur car trouver 21 millions d’euros d’économies ne peut être sans conséquence sur les ambitions de notre territoire… ».
21 millions d’euros d’économies. Un chiffre que l’élu de l’Yonne septentrionale placera avec insistance en miroir avec les 27 millions d’euros de part non-compensée du RSA imposée par l’Etat ! « Ce sera plus cette année avec l’instauration du RSA à la source voulue par le gouvernement. Soit une hausse de 30 % du nombre d’allocataires… ».
Ce qui fera dire un peu plus loin par le président que « bon nombre d’allocataires du RSA peuvent travailler ! S’ils veulent être aidés pour cela, nous les aiderons ! ».
Un pur exemple de solidarité et d’action sociale, pour le président qui enchaîne : « si la solidarité est le devoir premier d’une nation, abuser du modèle social ne peut que fragiliser la cohésion sociale… ».
En 2022, l’Yonne s’est lancée dans l’expérimentation de France Travail avec les quinze heures d’activité comme contrepartie du RSA. « Il faut aller plus loin dans le cas de non-respect des devoirs des allocataires. Des droits impliquent des devoirs au nom de la justice sociale… ».
Quant aux arbitrages liés à ce budget primitif, ils ont été douloureux à faire. « Ils ont été expliqués à l’ensemble de nos partenaires, affirme Grégory DORTE, nos leitmotivs sont transparence, vigilance, exigence, confiance ; autant de valeurs autour de ce budget méthodique réalisé par les élus et les services techniques… ».
Un budget ayant nécessité du « courage » où il n’aura pas fallu choisir entre « mourir de faim et mourir de soif ».
« Nous continuons d’être à la fois un département protecteur et ambitieux, précisa l’orateur, l’attractivité est notre credo. Les 20 % de dépenses non-contraintes seront dédiées aux politiques sportives et culturelles et à ces bénévoles qui permettent au quotidien de maintenir la cohésion sociale du territoire. Je pense aussi aux Pactes de Territoires dont les enveloppes seront augmentées de 3 millions d’euros… ».
Repenser le modèle départemental et son financement
Le vote du second Pacte de Santé, cher à Gilles PIRMAN, s’inscrit également dans cette même ligne de soutien sur 2025/2027. 318 millions d’euros constitueront le socle du programme pluriannuel d’investissement ambitieux sur cinq ans. Le CD 89 aura recours à l’emprunt à hauteur de 26 millions d’euros. Des investissements possibles grâce au faible niveau d’endettement de la collectivité et d’une bonne gestion en « bon père de famille ».
Parmi les autres investissements soutenus par le Conseil départemental, il y a évidemment la LISA, la Liaison Sud d’Auxerre. Les travaux de la partie départementale viennent de débuter entre Villefargeau et Vallan.
Quant à la jeunesse et les collèges, le territoire icaunais sera toujours à la manœuvre avec plusieurs réalisations en termes de réhabilitation d’établissements à Pont-sur-Yonne, à Sens, à Villeneuve l’Archevêque ou la construction du Foyer départemental de l’Enfance.
« Nous résistons et nous faisons mieux, annonça Grégory DORTE, nous regardons l’avenir avec confiance grâce à la création de l’agence d’attractivité départementale – une véritable bouffée d’oxygène pour le territoire – mais aussi la labellisation prochaine du Grand Site de Vézelay, après le dépôt du dossier définitif. Une labellisation pouvant être officielle d’ici la fin de 2025. Quant à l’aménagement du site du Bourdon, il est prévu… ».
L’Yonne est-elle à la croisée des chemins ? « Assurément, répond le président, nous devons montrer la voie pour des ambitions fermes et affichées. Les Icaunais peuvent compter sur nous, l’Etat également ! Nous voulons une complémentarité dans l’action avec lui… ».
Le successeur de Patrick GENDRAUD aura montré un bel élan de combativité durant cette prise de parole. Et une volonté de transparence. « Je vous dirai toujours la vérité ! La période que nous traversons va perdurer et va nécessairement impliquer de repenser le modèle départemental et ses finances. Ce sera une question essentielle pour la future présidentielle… ».
Féru de citations – il en a fait sa marque de fabrique à chaque discours prononcé ! -, Grégory DORTE s’inspira avec sagesse du dalaï-lama, « un arbre avec de fortes racines peut résister à la tempête la plus violente… ».
Faisant allusion au modèle départemental qui a pris ses racines durant la Révolution et qui saura résister à la tempête actuelle qui secoue notre pays ! Puisse-t-il avoir raison !
Thierry BRET
Nées en 2002 à l’initiative de « l’Institut pour les Savoir-Faire Français », les Journées des Métiers d’Art sont devenues « européennes » dix ans plus tard. L’occasion chaque année pour les artisans d’exception d’une vingtaine de pays de présenter leurs créations lors de manifestations dédiées. Auxerre était avec Besançon et Châtillon-sur-Seine, l’une des trois villes de Bourgogne Franche-Comté à participer à l’évènement. Les visiteurs ont pu à loisir rencontrer et échanger avec la soixantaine d’artisans d’art et d’artistes présents ce week-end en ce lieu tout autant d’exception qu’est l’abbaye Saint-Germain.
AUXERRE : Quant à la passion, s’allient la tradition, le savoir-faire et de nobles matériaux, le résultat ne peut-être que d’exception ! Un constat qu’auront sans doute partagé nombre de visiteurs passés par l’abbaye Saint-Germain tout au long du week-end. Ils étaient une soixantaine d’artisans d’art présents cette année, venus d’horizons divers, sous l’égide de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Bourgogne Franche-Comté. Une manifestation qui s’est faite un peu dans l’urgence, comme l’a rappelé son vice-président, Jean-Pierre RICHARD, également aux manettes de la Chambre départementale de l’Yonne : « on commence à rentrer dans le concret des restrictions budgétaires et des attaques financières de la part de l’Etat, avec pour conséquence une opération menée en seulement deux mois, après en avoir été informés à la dernière minute… ».
Quand la couture croise la viticulture !
Quoi de plus précieux pour raccommoder les « bobos » de la vie que le « Fil des Fées » ! Après un premier métier dans l’univers médical pendant une dizaine d’années, ponctué par un « burn-out », Cindy s’est reconvertie il y a huit ans dans sa passion de toujours, la couture : « cela a été une véritable thérapie, je me suis recousue de l’intérieur ! ». (Rires). C’est à Coulanges-sur-Yonne que, CAP couture en poche, elle a ouvert son atelier où, en plus de créations et de modèles sur mesure personnalisés, elle propose des cours de tous niveaux et de tous âges, allant même parfois à domicile pour cela, si nécessaire. Sur son stand, trônant au milieu de sa collection petite enfance, un millésime de bon aloi à la présence surprenante de prime abord : « en fait, en partenariat avec un viticulteur d’Irancy, je propose un coffret naissance avec, outre ce magnum avec étiquette personnalisée, une création pour le bébé… ». Ou comment bien partir dans la vie, sous le double signe de Dionysos et du « Fil des Fées » !
Le métier de « ferblantier » d’art : rare et…lucratif !
Dans un tout autre registre, venu en voisin de Saulieu, Thibault CERVERA présente ses objets en bois « foudroyés par électrisation » : « une technique revisitée, née de l’inventeur Lichtenberg, avec du bois foudroyé à 4 000, voire 10 000 volts et une électricité guidée par des pinces, que je vais déplacer selon le système nerveux du bois… ».
Avec au final des créations originales et uniques et un savoir-faire lui ayant permis d’en faire un métier lucratif : « soyons honnêtes, nous sommes assez rares à pouvoir vivre ainsi financièrement, de ce que l’on crée… ».
Ils ne sont pas nombreux en France, à exercer comme lui, la profession de « ferblantier d’art », à peine une dizaine confesse Romain SAPIN. Passé par les Compagnons du Devoir, le jovinien basé à Sépeaux-Saint-Romain s’est forgé une clientèle nationale, voire internationale : « historiquement, la girouette indiquait le métier, la fonction du propriétaire d’une demeure. Aujourd’hui, c’est un peu la « cerise sur le toit de la maison » et il y a encore beaucoup de gens souhaitant se faire plaisir ainsi… ».
Présentées au public, des œuvres en zinc, en cuivre, en laiton, même si, précise-t-il dans un sourire, il s’est interrogé avant de se lancer, compte tenu de son patronyme : « il est vrai que pendant mon apprentissage, j’ai longtemps hésité entre la charpente et la couverture ! ». (Rires).
Une lauréate qui accumule les récompenses !
Les JEMA 2025 auront également été l’occasion de mettre à l’honneur une artiste de Puisaye, passée maître dans l’art de la bijouterie, Laurette MICHEL. Déjà lauréate l’an passé du Premier prix départemental du concours des Métiers d’Art, dans la catégorie « Métiers de la création contemporaine », elle s’est vue cette année, couronnée du prix régional, devant sept autres candidates. Le fruit du travail commandé par une cliente souhaitant redonner une autre vie à un bijou cher à son cœur. Ses deux distinctions lui ont été remises en présence notamment de la présidente de l’Association des Artisans d’Art de l’Yonne, Armelle SABATIER, du président de la commission métiers d’art de la Chambre régionale de Métiers et d’Artisanat, Damien BONVARLET, ainsi que de l’adjointe en charge du Commerce et de l’Artisanat à la mairie d’Auxerre, Isabelle JOAQUINA, qui a profité de l’occasion pour rappeler ces quelques chiffres : « l’artisanat d’art en France représente quelque 280 métiers différents, pour environ 60 000 entreprises. Une filière qui est en train de mieux se structurer au niveau national sous l’impulsion du luxe français et qui rayonne à l’international, avec un fort impact économique, même en période de crise… ». Ne reste à espérer que le marché américain ne représente pas une part trop importante du secteur !
Dominique BERNERD