Retour à la case départ pour le monde agricole. Sans avoir touché les 20 000 euros remis de manière systématique par la banque à tout joueur ayant fait le tour complet du cadran sur le fameux jeu où l’on achète des biens immobiliers afin d’y construire des maisons et des hôtels, jeu qui enchante toujours petits et grands lors des sacro-saintes fêtes de fin d’année ! Celles-ci, malheureusement, pour les agriculteurs hexagonaux risquent une fois de plus d’avoir un goût amer, plein de bile et de fiel, d’ici quelques semaines…
Tant leur situation ne s’est pas améliorée depuis le mouvement social de l’hiver dernier. Pire, il s’est même aggravé devant l’inertie récurrente de nos politiques qui décidément abreuvent les filières professionnelles de tout bord de vaines promesses électoralistes qui ne sont jamais tenues en bout de course. Il suffit de regarder du côté du secteur industriel pour mieux comprendre vers quel naufrage le bateau « France » est en train de se diriger à l’échelle européenne et internationale…Un naufrage programmé depuis une trentaine d’années.
Des panneaux signalétiques jamais remis pour anticiper la future crise ?
C’est devenu presque une ritournelle mélancolique dont chacun connaît la chanson et la moindre note : le monde agricole est en souffrance. La faute aux conditions météo qui se modifient à la vitesse grand « V » du fait du réchauffement climatique, mais ce n’est pas que ! L’Europe et sa noria de normes, les prétextes géopolitiques à tout va accoucheurs de nouveaux conflits qui ont boosté les coûts des matières premières et ceux de l’énergie, les accords coopératifs avec d’autres pays qui produisent moins cher, moins bon, et sans contrainte : suivez mon regard, vous aurez reconnu entre les lignes le fameux traité du MERCORSUR…
A croire que les revendications de l’hiver dernier n’auront servi à rien, il n’y a qu’un pas que l’on pourrait allègrement franchir, en vérité. Et pourtant, les agriculteurs de France et de Navarre – ils s’étaient attiré une cote de sympathie et de popularité bien légitime et importante auprès de nos compatriotes – avaient mis le paquet au niveau de leur communication.
Souvenez-vous de ces fameux panneaux de signalisation à l’entrée des villes et villages de l’Hexagone, placés tête bèche pour bien insister sur l’aspect revendicatif de la démarche ! Bon nombre de communes n’ont même jamais pris soin de remettre les panneaux dans le bon sens, peut-être en anticipant une probable nouvelle action à venir ?
Donc, nous y voilà, en cette mi-novembre 2024 ! « On marche toujours sur la tête » ! Le nouveau slogan mobilisateur de celles et de ceux qui nourrissent la France, nous revient en tête de gondole de l’actualité sociale pour nous signaler que rien n’est terminé. Bien au contraire !
Toujours les mêmes revendications puisque rien n’a changé !
A l’appel de la FNSEA (Fédération nationale des Syndicats d’Exploitants agricoles), via leurs antennes départementales, et des JA, les Jeunes Agriculteurs, et les autres fédérations syndicales, le monde de l’agriculture a décidé de reprendre la main sur sa destinée. Du moins celle qui va lui permettre une fois de plus d’exercer la pression, avec l’appui des citoyens, sur un gouvernement déjà moribond qui, comme le précédent de l’ère MACRON, se sera contenter de gérer les affaires courantes dans cette crise profonde et insondable qu’est le milieu agricole.
Les revendications n’ont pas changé d’un iota depuis janvier dernier. Le monde agricole tricolore est en attente d’un signal fort de la France et de l’Europe en sa faveur. Soit la simplification administrative drastique d’un état de fait, appliqué au quotidien par des fonctionnaires trop zélés et sans l’once d’une souplesse professionnelle qui nuisent à la bonne santé des exploitants agricoles en subissant les frais.
Soit des textes législatifs qui remettent l’esprit d’entreprendre au centre des politiques agricoles en avant, au lieu de l’inverse avec son lot de multiples contraintes, quasi impossibles à résoudre. Soit une cohérence européenne et mondiale en faveur d’une vraie souveraineté alimentaire européenne.
Enfin, de réelles mesures conjoncturelles en matière de trésorerie pour les professionnels qui sont frappés de plein fouet par la crise économique et ses conséquences funestes sur les fins de mois.
Le monde agricole est à bout : il y a urgence !
Insatisfaits des mesurettes superficielles prises alors par le gouvernement ATTAL au printemps 2024, et avant la probable ratification ces jours prochains de l’accord avec le MERCORSUR (la plupart des pays de l’Amérique du Sud dont les poids lourds de l’Argentine et du Brésil qui va accueillir sous peu le futur G 20), les syndicats agricoles français ont décidé de reprendre les mobilisations afin de faire valoir leurs droits. A une vie meilleure et à une amélioration économique de leur situation, qui reste quasi catastrophique dans une majorité de cas. Ne parlons pas du nombre de fermetures des exploitations et des disparitions brutales et tragiques de leurs propriétaires, acculés irrémédiablement vers la faillite…
Mesdames et Messieurs les gouvernants, il serait grand temps de sortir de votre léthargie habituelle et de la lenteur coutumière qui est vôtre pour résoudre les dossiers d’extrême urgence : le monde agricole le revendique haut et fort, il est à bout ! Comme tant d’autres représentants de corporatisme et de castes dans ce beau pays qui est la France…Un pays qui socialement prend l’eau de toute part à l’image des crues qui détruisent les récoltes…
Thierry BRET