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Arnaud DANJEAN (LR) : « Donnons aux forces armées les moyens de se régénérer face aux enjeux stratégiques de demain… »

 « Le député européen Arnaud DANJEAN, invité par Guillaume LARRIVE aux Ateliers d’Auxerre des Républicains, a expliqué les enjeux stratégiques de la défense et de la sécurité nationale, déclinés selon la situation géopolitique actuelle… ».    « Le député européen Arnaud DANJEAN, invité par Guillaume LARRIVE aux Ateliers d’Auxerre des Républicains, a expliqué les enjeux stratégiques de la défense et de la sécurité nationale, déclinés selon la situation géopolitique actuelle… ».

Invité à venir s’exprimer ce 26 octobre dans le cadre des « Ateliers d’Auxerre », concept d’échange et de réflexion initié par le député Guillaume LARRIVE, le député européen Les Républicains, Arnaud DANJEAN, a évoqué l’un de ses thèmes de prédilection, consacré à la défense et à la sécurité nationale. Il devait mettre en exergue, face à un auditoire passionné, les conclusions d’un rapport diligenté par Emmanuel MACRON et supervisé par ses soins, servant de trame référentielle à la « Revue stratégique de défense et sécurité nationale » remis le 13 octobre à la présidence de la République. Une manière pertinente et sans compromis politique de la part de l’élu de Saône et Loire de jauger les atouts et les faiblesses actuelles des forces militaires françaises face aux risques géopolitiques accrus du moment…

VENOY : Egrenant en guise de préambule quelques chiffres faisant froid dans le dos lorsqu’il évoque les forces combattantes du jihad (plus de 17 000 jeunes français radicalisés dont 1 200 d’entre eux présents sur le terrain des opérations en Irak et en Syrie aux côtés d’environ 10 000 européens convertis à la cause du califat), l’eurodéputé Arnaud DANJEAN a su brosser durant une heure et demie d’intervention un état des lieux sans fioritures de la réalité géopolitique mondiale en matière de terrorisme et d’islamisme.

En provenance du Parlement européen de Strasbourg, le conseiller régional de Bourgogne Franche-Comté a réaffirmé haut et fort les axes stratégiques de la France en matière de défense et sécurité nationale, livrant au passage le fruit de son travail, fourni avec ses collègues entre juillet et octobre, dans le cadre de la rédaction de ce rapport devant procéder à un état des lieux des forces militaires françaises. Rapport qui devait être présenté dès le 13 octobre à l’Assemblée nationale : à sa lecture, il a traduit la préservation du consensus autour de la politique de défense actuelle.

« Les parlementaires sont à l’unisson par rapport à cette politique, devait-il confier, car aujourd’hui, il est fondamental de savoir se défendre et se protéger contre ce fléau incarné par le terrorisme. Aujourd’hui, les modalités d’application de ce terrorisme aveugle changent après les attentats sophistiqués que nous avons connus à Paris en novembre 2015 : elles deviennent plus rustiques et spontanées avec des attaques au couteau ou à la voiture dans les rues… ».

Le regard de l’opinion sur les forces armées s’est transformé. Le soutien de la population est sans commune mesure à leur égard. « Toutes les occasions se présentant à nos concitoyens, même celles qui sont parfois surannées comme les cérémonies patriotiques, doivent concourir à rassembler la Nation. Nous avons la grande chance d’avoir à nos côtés la présence de ces femmes et ces hommes qui défendent nos intérêts et nos vies : nous devons être de vrais patriotes et encourager la jeunesse, ce terreau de l’avenir parfois un maillon faible en matière de valeurs civiques, à suivre leurs exemples… ».

Tour d’horizon des situations conflictuelles de par le monde…

Délivrant ses messages forts et précis, Arnaud DANJEAN devait ensuite examiner attentivement la situation de la planète en matière de crises. Constatant que ces dernières sont partout et créent une instabilité traumatisante auprès des populations. « Cela devrait être durable, je le crains, surtout au niveau de la vague islamiste. Il suffit de regarder ce qui se passe au pourtour de l’Europe pour s’en inquiéter… ».

Lucide, sans vouloir être trop alarmiste, le député européen cite sans ambages les pays où la guerre se vit à fleur de peau : Lybie, Irak, Syrie, mais aussi les troubles régionalistes qui se développent au Moyen-Orient (Turquie, Yémen…).

« La défaite de DAESH à Raqqa n’est que symptomatique. Nous sommes en présence d’une tectonique sociale et géopolitique forte et il faudra longtemps avant que les sociétés de cette partie du globe ne se stabilisent réellement et optent pour le modèle démocratique… ».

Mais, le pire, selon le parlementaire européen, est à venir. Avec son lot de secousses…à l’est.

« Regardez ce qu’il se passe en Russie. Ce pays doit devenir un partenaire stratégique indiscutable de l’Europe mais il fait figure de voisin incertain. Avec un climat instable dans la plupart des anciennes républiques de l’ex-URSS. Ne parlons pas de la porosité des frontières au Sahel (5 millions de km2) et de son plan migratoire bafoué ! Là-bas, l’islam radical y poursuit son expansion. Des efforts sont nécessaires avec une large coopération européenne parce que cela ne va pas se régler ainsi en deux ou trois ans ! ».

Reprenant son identité LR, Arnaud DANJEAN profitera de cet exemple pour décocher quelques banderilles à l’intention de l’équipe gouvernementale précédente : « elle nous a donnés illusion que l’on pourrait se retirer très facilement de ce terrain opérationnel. C’est un leurre : depuis 4 ans, 4 000 hommes y sont en faction et plus personne n’évoque un retrait ni de réduire la voilure. Or, le langage de vérité n’a pas été tenu, entre les coûts du maintien de cette force, l’usure de nos soldats et des moyens techniques… ».

La place de la France dans le concert mondial de la défense

Autrefois, la dissuasion nucléaire calmait les ardeurs des plus belliqueux et permettait aux deux blocs (Américains et Russes) de limiter leurs invectives et autres soubresauts par l’intermédiaire des états tampons (Cuba, Vietnam, Afrique équatoriale). Mais, aujourd’hui, les choses évoluent dangereusement sur ce même registre. Et Arnaud DANJEAN de citer la complaisance internationale à l’égard de la Russie après l’annexion de la Crimée, de l’indifférence totale au surarmement de la Chine qui, en l’espace de dix ans, est devenue la deuxième puissance militaire mondiale, du rôle incompréhensible joué dorénavant par les Etats-Unis de Donald TRUMP, notamment sur le retrait de l’accord nucléaire avec l’Iran (« c’est une erreur stratégique majeure que fort heureusement les Européens ne suivent pas ! »), de l’affirmation régionale de pays tels que l’Iran, Arabie Saoudite, la Turquie, la Corée du Nord, le Japon…avec pour conséquence la prolifération des armes à forte puissance.

« A ce titre, c’est dans l’espace que nous pouvons aussi avoir de mauvaises surprises pour notre sureté, renchérit le parlementaire, avec un acteur privé qui peut y envoyer ses propres satellites. Il sera bientôt possible de placer en orbite des satellites tueurs de satellites. Quid alors des satellites de géolocalisation ? Quid également  des câbles sous-marins que certains états pourraient être amenés à sectionner ? Ce n’est plus de la politique fiction : c’est l’univers à la James Bond ! L’impact sur les entreprises et le monde de l’économie serait irréversible… ».

Et la France, pays si singulier en matière de défense, dans ce monde perturbé et inquiétant ? Arnaud DANJEAN se veut rassurant : « nous avons un statut à assumer et des caractéristiques que les autres pays européens n’ont pas. Même, si nous n’avons pas les moyens des trois grandes puissances que sont les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Mais, nous possédons des atouts intéressants. En étant le seul état d’Europe à être doté de l’arsenal nucléaire. Et de disposer d’un statut diplomatique prépondérant… ».

Pourvue d’un modèle militaire complet (terre, air, mer, du sous-marin le plus perfectionné aux satellites), la France ne doit plus agir isolé lors de ses interventions de maintien de la paix.

« Face à notre fragilité structurelle, parce que le gouvernement de François HOLLANDE les a trop sollicitées, les forces militaires françaises doivent posséder de nouvelles ambitions stratégiques plus raisonnables. Le manque de matériel est avéré. Les hommes sont trop exposés et ne se forment plus. La surutilisation de l’outil n’est plus concevable en l’état : il faut donner les moyens aux forces armées de se régénérer… ».

Certes, si l’outil de défense du pays est exceptionnel : il comporte aussi de sérieuses failles que ne manquera pas de pointer de l’index le politique des Républicains. « Savez-vous que 50 % des hélicoptères ne sont pas disponibles alors que le budget de fonctionnement de ce poste s’élève à 34 milliards d’euros à l’année ! ».

Des partenariats obligatoires avec les Européens et d’autres pays…

Quant à la lutte anti-terroriste, elle passe d’abord par l’optimisation des services de renseignements. Et la hausse obligatoire du budget de la défense, soit 1,7 milliard d’euros prévu jusqu’en 2022. « Pour obtenir une politique de la défense et de la sécurité nationale forte et ambitieuse, il faut travailler à la dimension européenne. Tous les états membres de l’Union doivent être concernés. L’Allemagne a envoyé à titre d’exemple 1 000 soldats au Sahel pour prévenir les vagues migratoires. Mais, nos voisins doivent venir nous aider, à la fois militairement et surtout financièrement…Sinon, notre singularité deviendra très vite notre solitude et à terme notre échec… ».

Pragmatique, le député européen ne plaide pas pour une avancée à 27 états sur ce dossier. « Il faut convenir de travailler par petites unités avec le groupe de pays ayant les moyens, la capacité et la volonté de le faire. L’Allemagne avec la dotation de matériel et de finances, l’Espagne et l’Italie dans le cadre de leurs intérêts migratoires mais aussi avec les pays Baltes et ceux de l’Est. Enfin malgré le BREXIT, la poursuite de la solidarité et du travail avec les Britanniques sont indispensables. Et de renforcer notre partenariat militaire avec eux…Quant aux expériences intéressantes de coopération avec l’Australie, elles sont intéressantes et nous permettent de réhabiliter notre présence militaire en Outre-Mer… ».

Une conférence tenant en haleine qui devait se conclure par le mea culpa de l’élu des Républicains sur les erreurs commises par le passé par son propre camp vis-à-vis des militaires. Erreurs qu’il faudra corriger très vite avant une éventuelle prochaine alternance…